La Presse Bisontine 222 - Octobre 2020

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon

2,

€ 80

OCTOBRE 2020

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon

www.presse-bisontine.fr

INDUSTRIE, COMMERCE, CULTURE…

CEUX QUI S’EN SORTENT,

CEUX QUI RAMENT

L'entreprise Mantion, un des gros employeurs de la ville, a trouvé des solutions pour faire face à la crise.

p. 32 Le loup aux portes de la ville Il aurait attaqué un troupeau entre Pirey et Besançon

p. 6 à 8

Le bien-être animal Le nouveau cheval de bataille de l’équipe Vignot

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

La Presse Bisontine n°222 - Octobre 2020

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Bus et trams gratuits lors des pics de pollution

Entre-soi Les chasseurs contre les défenseurs des animaux. Les agriculteurs contre les éco- logistes. Les gilets jaunes contre lamajorité silencieuse. L’autorité de l’État contre les casseurs. Le dénominateur commun à tout cela, c’est un dialogue devenu impossible. On le voit encore à travers le thème que nous avons choisi de mettre en lumière ce mois-ci : la défense de la cause animale, priorité affichée de la nouvellemunicipalité à Besançon. Une illustration de plus qui montre que les discussions sereines, les controverses argumentées, les échanges constructifs, les débats nourris n’existent plus. La fracturation de la société traverse aujourd’hui toutes les professions, toutes les catégories sociales, toutes les causes. Nous l’illustrons encore dans ce numéro à travers un dossier consacré à la chasse contre laquelle il est devenu de bon ton de tirer à boulets rouges, comme c’est devenu unemode de se défouler sur les agriculteurs. Le bashing - en français le dénigrement - est lemode opératoire le plus efficace pour décrédibiliser une cause avant même qu’elle ait tenté de prendre la parole pour se défen- dre. Les réseaux sociaux n’ont rien arrangé à ce phénomène qui n’est pas nouveau. Car les personnes actives sur ces réseaux se nourrissent des arguments de ceux qui partagent leurs opinions et deviennent ainsi persuadés de détenir la seule vérité. L’ex- plication est simple : cet entre-soi est ali- menté par les algorithmes des réseaux sociaux, programmés de telle sorte qu’ils alimentent une pensée qui tourne en rond : on est “ami” uniquement avec ceux qui pensent comme nous. Comment dès lors apprendre à douter, réfléchir, se poser et analyser, bref, les bases du raisonnement ? C’est devenu impossible.Alors on sombre dans la caricature en assimilant sans nuance les chasseurs à des viandards, les agricul- teurs à des pollueurs, les gilets jaunes à des “beaufs” et partant, l’autorité de l’État à une dictature. Cette déstructuration pro- gressive de la pensée, ce nivellement par le bas des idées, cet anéantissement du débat sont sans doute la cause de l’instabilité grandissante de nos démocraties, France comprise, où le dégagisme devient la règle, la désobéissance un art de vivre et la polé- mique stérile unmode d’expression. Céder à la facilité d’une vision manichéenne de la société, c’est la façon la plus aisée de renoncer à penser. n Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Jean-François Hauser. Ont collaboré : Sarah George, Bernadette Cordier, Frédérique Tandin. Contact publicitaire : Anne FAMILIARI au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Septembre 2020 Commission paritaire : 0225 D 80130 Créditsphotos:LaPresseBisontine,C.A.E.M., L.Cheviet,C.P.E.P.E.S.C.,D.Delfino-S.E.D.D.,G.B.M.-J.-C.Sexe,F.- N.Mathey,G.Ridel,R.Krucien,VilledeBesançon.

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, eux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. ous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Chasse au stationnement gênant, ça marche ?

C omme nous l’avions révélé dans notre numéro d’août, la Ville de Besançon a lancé en septembre une campagne contre le stationnement gênant. La maire de Besançon accom- pagnée de son adjoint à la sécu- rité Benoît Cypriani et de Marie Zéhaf, en charge de la voirie, ont organisé Grande rue un point-presse pour présenter leur plan devant l’église Saint- Maurice où une voiture empié- tait sur un trottoir. La méthode ? D’abord la communication, les prunes ensuite. Mi-septembre, c’était encore l’anarchie avec des voitures stationnées sur

Vignot. Il fait partie des incivilités qui dégradent la vie des citoyens au quotidien. Il est nécessaire que chacun respecte l'autre. La règle sera la même pour tous !” indique la première magistrate. Des discussions sont engagées avec les com- merçants, professions libérales. De nouvelles places de livrai- sons sont attendues : 15 au centre-ville, 15 à Battant, et des tarifs préférentiels. Il en coûtera 135 euros en cas de non-respect… Même après 19 heures, des patrouilles sont prévues. L’automobiliste ne pourra pas dire qu’il n'était pas prévenu. n

les trottoirs à Battant ou Grande rue. Contacté le 25 septembre, l’adjoint à la sécurité explique qu’il est encore un peu tôt pour juger de l’efficacité de la cam- pagne de communication. Des P.V. à 135 euros dressés par la Police municipale, combien y en a-t-il eu ? Pas de chiffre pour l’instant. Un artisan en maçon- nerie nous indique avoir reçu le même jour… 3 P.V. Sa déci- sion : il ne prendra plus de chan- tiers au centre de Besançon. La maire a promis qu’elle com- muniquera les données des P.V. sur le compte Facebook de la Ville. “Le stationnement sauvage nous préoccupe, confirme Anne

Une expérimentation de la gratuité lors des pics de pollution dans le Grand Besançon.

G rand Besançon Métropole a annoncé l’expérimentation de la gratuité des transports en commun et des parkings- relais en cas de pic de pol- lution, mesure qui concerne les bus et les trams. En moyenne, 6 pics sont enre- gistrés en moyenne dans l’année, chiffre qui devrait évoluer puisque la norme va se durcir. “À raison de 2 à 6 jours par an (appréciation sur la base des années anté- rieures), on peut estimer le coût de cette mesure entre 40 000 et 100 000 euros par an” indique G.B.M., autorité régulatrice des transports. Des coûts de communica- tion, pour rendre cette mesure efficace, sont éga- lement à prévoir. Cette décision - louable - a provoqué des crispations au

sein de l’assemblée de G.B.M. car la délibération a été présentée sans discus- sion préalable. Elle a tout de même été retenue. “Quel sera le coût si nous arrivons dès l’an prochain à 20 pics sachant que les normes sont appelées à se durcir ? Per- sonne n’a pu répondre” dit un maire qui regrette la méthode. L’autre point qui agace des élus de la péri- phérie, c’est la fréquence à laquelle transitent les bus dans leur commune, trop fai- ble à leur goût. Transdev qui exploite le réseau se dit prêt : “Techniquement, nous sommes opérationnels pour cette gratuité” prévient le délégataire qui va demander aux usagers de badger à la montée dans le bus ou le tram, même si celui-ci est gratuit. n

135 euros pour un stationnement sur un emplacement non matérialisé.

Rue de Belfort : “On menace de crever les pneus de mon fauteuil !”

E lle habite ici depuis plus 10 ans. Handicapée physique, cette mère de famille dit n’être plus en sécurité au 48 B, de la rue de Belfort. Intimidations de quelques squatteurs, insultes, Maria a décidé d’interpeller en août le procureur de la République suite à des insultes et harcèlements d’un locataire, la Police nationale et municipale, et son bailleur social G.B.H. “Il y avait 9 personnes installées sur la ram- barde d’escaliers. J’ai demandé à passer : on m’a répondu qu’on allait me crever les pneus de mon fauteuil.

bureaux de tabac, des tags, des incivilités et des dégradations en particulier au 48, rue de Belfort tandis que le Raid était mobilisé pour un tapage nocturne à l’Île aux Moi- neaux.” Les courriers de Maria n’ont - pour le moment - pas obtenu de réponse. n Maria dénonce des intimidations, des insultes dont elle se dit victime, rue de Belfort à Besançon.

Je n’en peux plus de ces incivilités, des chiens de S.D.F. lâchés en per- manence. J’ai appelé G.B.H. : on m’a dit d’appeler le 17” dit cette habitante qui n’a pas sa langue dans sa poche pour interpeller les fauteurs de troubles mais qui avoue être inquiète pour son quartier. “Aujourd’hui, pour ne plus avoir de problème avec ces personnes, je me tais” dit-elle tout en énumérant des faits divers qui ont émaillé l’été 2020. L’association Vivre aux Cha- prais le confirme : l’été a été agité avec “deux casses nocturnes de

Depuis 23 ans à votre service à BESANCON Rue Paul Eluard / ZAC CHATEAUFARINE BESANÇON / Tél. 03 81 41 11 41 ma.cuisinella / secretariat@cuisinella-besancon.com Membre du SNEC syndicat National de l’Equipement de la Cuisine

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n°222 - Octobre 2020

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POLITIQUE

La nouvelle adjointe bisontine à la Culture

“La culture doit participer pleinement à la relance économique” Aline Chassagne a été choisie par Anne Vignot

pour mener la politique culturelle de Besançon pour les six prochaines années. Quelle est la vision de la culture de cette nouvelle élue issue des rangs de la société civile ? Entretien.

L a Presse Bisontine : D’abord un mot sur votre parcours, vous qui venez d’entrer en politique ? Aline Chassagne : Après mon Bac passé au lycée Pergaud, je sou- haite me diriger vers la psycho mais ayant besoin de gagner ma vie, je vais en école d’infirmières. Je fais plusieurs stages au C.H.U., puis à Novillars. Je m’in- téresse alors beaucoup à la psy- chiatrie, je côtoie également le public S.D.F., ce qui enrichit mon bagage. Et c’est après avoir com- mencé dans la vie active que je choisis de repartir en fac où je fais un Master en socio-anthro- pologie avec option criminologie. Mon objectif à travers ce cursus est de mieux comprendre l’hu- main et ce qui fait société. Je souhaite ensuite faire une thèse mais je n’ai pas de financements. C’est alors que le C.H.U. cherche un ingénieur de recherche pour aller dans les prisons afin de faire une étude auprès des pro- fessionnels, et des détenus malades. C’est à ce moment-là que je rencontre le professeur Régis Aubry et ses équipes. Je suis aujourd’hui ingénieure de recherche salariée du C.H.U. et je donne des cours à l’Université en sociologie-anthropologie. L.P.B. : Comment est né le souhait de vous engager en politique ? A.C. : Dans les différentes acti- vités professionnelles que j’ai occupées, il y a un lien, c’est la santé. Et la façon dont on gère la santé, les malades, pour moi, c’est de la politique. En m’enga- geant depuis plusieurs années dans des groupes de réflexion et des instances de l’hôpital, je considère que c’est déjà de l’en- gagement politique. Les ques- tions éthiques relèvent aussi de la politique. Je n’ai jamais été encartée dans un parti et ce, même si j’ai été cooptée pour cette électionmunicipale en tant que membre de la société civile, par le Parti communiste. C’est la première fois en effet que j’ai eu envie de m’engager sous une autre forme.Mais je n’ai aucune ambition de carrière politique pour autant ! Si ça s’arrête dans six ans, ce ne sera pas la fin du monde pour moi ! J’ai déjà beau- coup de satisfaction et de recon- naissance dans mon travail, je ne ressens aucun besoin de me mettre en avant ou d’écraser les autres, ce qu’on reproche souvent au monde politique. L.P.B. :Comment vous êtes-vous retrou- vée en charge de ce gros morceau qu’est la culture ? A.C. : La culture est évidemment

un secteur qui me passionne mais je n’aurais jamais imaginé hériter de ce gros dossier. Fina- lement,mon profil a semblé faire consensus même s’il y avait sans doute pas mal d’autres préten- dants à ce poste d’adjoint ! J’ai une forte envie de comprendre et de soutenir les politiques cul- turelles sur cette ville, j’ai com- mencé à faire une analyse appro- fondie du paysage culturel avec beaucoup de rencontres. Je sou- haite rencontrer les acteurs de la culture et surtout faire avec eux. Dans cette ville, la culture compte beaucoup : 800 emplois directs sont liés à la culture, entre les musées, les biblio- thèques, la Citadelle, le patri- moine, etc.Dans cette délégation, on passe de l’archéologue au soi- gneur de la Citadelle, c’est un domaine très large et varié, pas- sionnant. L.P.B. :À très court terme, vous devrez gérer les conséquences de la crise sanitaire dans les milieux culturels bisontins. Quelle est votre approche de ce dossier sensible ? A.C. : C’est en effet la première mission à laquelle je m’attelle. Il est important d’abord d’avoir une vision d’ensemble des effets d la crise Covid sur les structures culturelles bisontines. Les ser- vices sont justement en train de recueillir des informations par différents biais. Notre idée est de réajuster nos critères de sub- ventions au regard des effets de la crise pour chaque structure. Car on est bien conscients que la culture doit participer plei- nement à la relance économique. Pour soutenir le milieu artis- tique, je serais également favo- rable à la mise en place d’un

Aline Chassagne, la nouvelle adjointe à la Culture à Besançon. Dans la vie, elle est ingénieure de recherche en sociologie- anthropologie.

vaille depuis plusieurs semaines. L.P.B. : Quid de la situation des bars de nuits ? A.C. : Nous sommes en dis- cussion avec des lieux comme le Bar de l’U ou l’Antonnoir. On réfléchit avec eux pour propo- ser des concerts dans les parcs de la ville, notamment Pla- noise et Clairs- Soleils. C’est

déjà, c’est tout l’enjeu. Des ini- tiatives menées par le collectif B.B.R.B.U., c’est par exemple quelque chose qui nous parle. C’est peut-être la base d’une bonne idée à développer. Mais sur ce point, on n’est pas dans l’urgence, mais dans une vision constructive et à plus long terme. Cette idée de grand événement est aussi à travailler avec les gens de Détonation et du festival international. Les musiques de rues sont sans doute un bon concept. D’ailleurs, les Bisontins n’avaient pas bien compris pour- quoi le concept avait été aban- donné au profit de Sonorama… L.P.B. : D’autres projets en tête ? A.C. : Je pense qu’il y a dans cette ville la place pour y créer un lieu de mémoire de la culture ouvrière, industrielle et sociale. Ce patrimoine immatériel très riche est à mon sens insuffisam- ment mis en valeur. L’idée d’un musée associé à ces questions, qui mêlerait aussi l’art urbain, le numérique, la photographie, est sans doute à réfléchir. L.P.B. : Combien de temps consacrez- vous à votre mandat d’adjointe ? A.C. : Je prends trois demi-jour- nées par semaine pour ça, sans compter les soirées et c’est qua- siment tous les soirs de la semaine. Cette délégation à la culture mérite du temps. La cul- ture, l’art, c’est la vie. Et comme le disait Sénèque : “Vivre, ce n’est pas attendre que l’orage passe, mais c’est apprendre à danser sous la pluie.” Je me retrouve très bien dans cette idée. n Propos recueillis par J.-F.H.

pour créer de la scénographie. Mon idée principale est de décloi- sonner les disciplines, partager les espaces. C’est comme cela qu’on fera de la culture pour tous. Car il faut bien avouer que certains spectacles ne s’adressent qu’à une certaine catégorie de population. Il faut éviter abso- lument l’entre-soi qui règne encore trop souvent en matière de culture. Mon travail consis- tera aussi à me mettre en rap- port avec mes collègues adjoints de quartier et leur dire que ça a du sens de présenter telle créa- tion dans tel quartier. C’est cela aussi le décloisonnement. L.P.B. : La gratuité des musées cet été a-t-elle été une expérience concluante ? A.C. : Cette mesure a permis que la fréquentation ne baisse pas par rapport à l’année précédente. Il y a même eu plus de visiteurs que l’an dernier au Musée du Temps. On s’est aperçu qu’il y a une vraie attente du public et notre ligne politique qui consiste à rendre l’art accessible au plus grand nombre ne s’en trouve que renforcée. Sur ce point, il ne faut rien s’interdire. L.P.B. : Avec la nouvelle équipe muni- cipale, verra-t-on ressurgir l’idée d’un grand événement festif sur Besançon. On se souvient encore du lancement, et de l’échec du festival Sonorama il y a une douzaine d’années… A.C. : Oui, on y réfléchira. Mais l’objectif ne sera pas de plaquer un concept qu’on nous vendrait, mais de s’appuyer sur le vivier qu’on a sur le territoire. Créer un grand événement sans pour autant fragiliser ce qui existe

ment ? A.C. : En plus du patrimoine, je veux clairement mettre en avant le “matrimoine” de cette com- mune. On sait qu’ici aussi l’his- toire des femmes a été écrite par les hommes, donc déformée. Il me paraît assez légitime de ren- dre un juste hommage aux femmes qui ont fait l’histoire de cette ville. Je pense notamment à Jeanne-Antide Thouret, à Jenny d’Héricourt… Le matri- moine, c’est aussi le devenir de la Maison Colette. Un travail a été engagé sur ce site, il faut le poursuivre et le renforcer. Je voudrais faire de cette maison un lieu d’émulation artistique. L.P.B. : Vous restez optimiste sur la santé des structures culturelles de cette ville ? A.C. : Les arts, c’est la vie. Quand on voit que les Livres dans la Boucle, le festival international et d’autres manifestations reprennent, tout cela c’est de l’espoir. Cela permettra de com- mencer à revivre des émotions collectives positives.Maintenant, pour que la machine reparte, je souhaiterais que le gouverne- ment se réveille enfin sur la question des spectacles enmode debout. Quand on voit le nombre de personnes qui peuvent s’en- tasser dans les gares ou dans le métro et qu’on n’ait toujours pas su régler la question des spec- tacles debout, les directives gou- vernementales paraissent pour le moins critiquables. Il faut approfondir rapidement le tra- vail notamment avec le monde desmusiques actuelles.ÀBesan- çon, c’est un sujet que l’on tra-

“Mon idée principale est de décloisonner les disciplines.”

une idée que l’on peut imaginer mettre en place au printemps prochain. L.P.B. :Votre programme de campagne mettait en avant l’accès à la culture pour tous. Qu’y aura-t-il derrière ce mot un peu fourre-tout ? A.C. : C’est tout simplement le fait de créer des espaces culturels accueillant différents publics. Beaucoup de belles initiatives sont nées à Besançon ces der- nières années comme la Friche artistique, les ateliers Vauban ou le collectif HôpHopHop,mais ce genre de lieux doivent se géné- raliser ailleurs dans la ville et doivent devenir autant de petites salles de diffusion, dans les quar- tiers de cette ville. On doit aussi développer l’interdisciplinarité, mélanger pratiques culturelles et pratiques sportives, s’appuyer pourquoi pas sur des recycleries pour récupérer des matériaux

fonds d’acquisi- tion d’œuvres pour les bâti- ments munici- paux, le C.H.U., etc., un nouveau fonds de com- mande publique qui participerait lui aussi à dyna- miser le secteur artistique local. J’ai notamment l’idée de statues qui pourraient rendre hom- mage à des femmes qui ont fait l’histoire de Besançon, et il y en a beau- coup. L.P.B. : Pour des femmes unique-

“Je veux mettre en avant le “matrimoine” de cette commune.”

BESANÇON

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SÉCURITÉ

Cyberattaque, quelles conséquences ? Pas de rançon mais des questions après la cyberattaque

La Ville de Besançon, le Grand Besançon et le C.C.A.S. sont les victimes d’un pira- tage informatique massif. Des informations envoyées dans des mails ainsi que des carnets d’adresses ont été subtilisés. Attention aux messages qui pourraient venir de ces structures. Une entreprise privée est de son côté victime d’un chantage…

I l s’appelle Émotet. Sans jeu de mots, il a cassé la tête du service informatique du Grand Besançon plusieurs semaines durant. Nom donné à ce cheval deTroie qui a pénétré le 4 septembre dernier les infra- structures informatiques de Grand Besançon Métropole, de laVille et du Centre Communal d’Action Sociale de Besançon, Repères l Parc informatique. La Ville de Besançon, G.B.M. et le C.C.A.S. disposent de 5 000 ordinateurs, 450 serveurs, 250 logiciels métiers, et 400 terras octets de données. l Formations. Des entreprises sont également spécialisées à l’image de l’agence Publipresse à Morteau qui délivre des for- mations aux entreprises pour éviter de telles déconvenues (renseignements au 03 81 67 90 80).

niquer officiellement sur la démarche à suivre à ses expé- diteurs ! Un temps long qui a peut-être permis au logiciel d’en contaminer d’autres. Pourquoi cette attaque est-elle jugée d’ampleur ? Parce que le contenu et les pièces jointes de courriels ainsi que des carnets d’adresses électroniques des agents ont été dérobés. Ces infor- mations sont actuellement uti- lisées, sans que la collectivité ne puisse agir à ce sujet, pour envoyer des mails piégés à nos contacts, qui usurpent l’identité

Émotet a bloqué partiellement les envois de mails entre les col- laborateurs de ces structures. “Nous avons eu une première attaque, qui a été repoussée. Ensuite, le cheval de Troie a muté dans la même journée, nous l’avons encore repoussé une seconde fois…mais pas la troi- sième” indique le directeur adjoint du service informatique à G.B.M. Cette attaque repose sur des logiciels malveillants inclus dans des mails, qui se propagent au sein du réseau informatique et dont l’un des objectifs est d’ex- filtrer des données de la collec- tivité. “La mobilisation immé- diate et soutenue des équipes informatiques, que nous remer- cions, a permis d’éviter le blocage du système d’information, de freiner la diffusion interne du virus pour progressivement l’éra- diquer et de stopper aussi rapi- dement que possible les fuites de données” poursuit Grand Besançon qui a toutefois attendu le 25 septembre pour commu-

L’attaque a concerné le Grand Besançon, la Ville de Besançon et le C.C.A.S. début septembre.

blance. Ils contiennent généra- lement des pièces jointesWord, P.D.F., ou autres formats mal- veillants. “Il convient donc d’être particulièrement vigilant sur le réel expéditeur du message et ne pas s’arrêter au nom appa- rent. Comme toujours en pareil cas, il est conseillé de ne pas ouvrir la pièce jointe et de sup- primer tout message douteux” précise Pierre-Yves Cachot, res- ponsable adjoint du service informatique. Et d’ajouter : “Dans l’état actuel des investi- gations, rien ne montre que d’au-

à Fournets-Luisans dans le Haut-Doubs a elle aussi été vic- time d’une semblable attaque. Malheureusement, les données ont toutes été cryptées et la pro- cédure de sauvegarde interne à la société n’a pas fonctionné. Les hackers ont demandé une rançon au gérant qui s’est rap- proché de spécialistes pour se sortir de ce mauvais pas. L’en- semble de ces plans de maisons ont été dérobés. Par chance, l’en- treprise avait les doubles… en papier. n E.Ch.

tres données que celles citées ci- dessus aient été volées. La C.N.I.L. ainsi que les instances nationales de sécurité avec les- quelles nos services sont en contact régulier, ont été informées de la situation.” Une demande de rançon a-t-elle été formulée ? Non, car le logiciel malveillant n’a pas crypté les données. Cette mésaventure, la commu- nauté de communes Jura Nord l’a subie quasiment dans les mêmes dates. Dans la foulée, elle a prévenu ses contacts. Une entreprise de construction située

de l’une des collectivités. Ces courriels d’hameçon- nage repren- nent le nom de certains agents et font référence à des échanges passés, ce qui leur donne une certaine vraisem-

Des carnets d’adresses et conversations piratés.

La Presse Bisontine n°222 - Octobre 2020 L’ÉVÉNEMENT

LE BIEN-ÊTRE ANIMAL, L’ AUTRE CHEVAL DE BATAILLE D’ANNE VIGNOT

Devenir des animaux à la Citadelle de Besançon, nomination d’une élue spécifiquement dédiée à la condition animale… Dans un contexte où les défenseurs des animaux ont de plus en plus d’audience, cette cause est devenue une des priorités de la nouvelle équipe municipale. Le sujet pourrait bien déchaîner certaines passions et cristalliser des divisions.

l Politique Sixième extinction de masse La nouvelle municipalité bisontine s’empare de la cause animale La condition animale sera un enjeu du nouveau mandat. Anne Vignot l’avait dit durant sa campagne et a confirmé sa position une fois élue, en y dédiant un poste de conseiller municipal. C’est Marie-Thérèse Michel qui se retrouve en charge de ces questions.

P arce qu’il y a urgence et que “les espèces dis- paraissent à un rythme alarmant” , comme le rappelle la nouvelle maire éco- logiste, cette dernière a voulu renforcer les moyens d’action. “Mon rôle consiste à prendre en compte la cause animale dans toutes les politiques municipales, avec l’aide des associations” , résume Marie-Thérèse Michel. Et sa condition de jeune retrai- tée ne sera pas inutile au vu de l’ampleur de la tâche. Déjà sub- mergée par les rendez-vous depuis sa prise de poste à la mi- juillet, la conseillère y voit “un gros challenge. Il faut tout remet- tre à plat et orchestrer les actions.

dra aussi gérer la question des animaux liminaires (rats, pigeons, ragondins…) en lien avec la D.D.C.S.P.P. L’un de ses gros dossiers sera bien sûr celui du jardin zoolo- gique de la Citadelle, autour duquel une nouvelle réflexion est déjà engagée. “Deux réunions ont eu lieu jusqu’ici avec les équipes sur place, qui sont plutôt satisfaites de la nomination d’un référent à la condition animale” , souligne la conseillère. L’annonce du départ des grands fauves par la municipalité, qui évoque à mots couverts les conditions de vie inappropriées pour ces espèces (lire page suivante), a très vite soulevé la question de

Mais j’en suis heureuse.” Sa fonction - nouvelle sur Besan- çon - est transversale. Elle aura à travailler avec le service des espaces verts et celui de la police municipale pour les questions

La nouvelle élue porte les couleurs des animaux jusque sur son masque !

relatives aux parcs canins et aux chats errants notam- ment, mais aussi avec celui des mar- chés publics “pour faire adopter une clause dans chaque contrat” ou des achats “pour veiller à l’adoption de cri- tères exigeants sur les produits ani- maux.” Il lui fau-

Le dossier épineux de la Citadelle.

bord du Doubs, ou l’avenir des sangliers du parc animalier de Chailluz. “On refera le point dans quelques mois” , invite Marie-Thérèse Michel, encore à la découverte de ses nouvelles fonctions.Les premières actions concerneront sans doute les chats errants (organisation de leur capture et stérilisation),

avec le développement des refuges L.P.O. et des parcs urbains pour chien. Une com- mission “portant principalement sur les animaux liminaires” va aussi voir le jour rapidement. L’élue est secondée dans sa tâche par une adjointe aux espaces verts et à la biodiversité. n S.G.

l’avenir du zoo. “Sa fermeture n’est pas envisagée dans l’im- médiat” , répond l’élue. “On va mettre en place un comité d’ex- perts pour décider des évolutions à apporter.” Difficile d’en dire plus pour l’heure, comme sur les moyens employés pour lutter contre la prolifération des ragondins au

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l Association Des êtres sensibles “Les animaux n’ont pas leur place en captivité”

Une plus large prise de conscience I nvestie sur d’autres sujets comme les cas de maltraitance, l’élevage en batterie et l’instauration de plats végétariens dans les cantines, l’as- sociation Humanimo se réjouit de la progression de la cause animale dans les mentalités. “On le voit sur le terrain. Les nouvelles générations ouvrent davantage les yeux, quand avant on mangeait son steak sans même se poser de questions” , remarque Virginie Vernay. La média- tisation aide à faire avancer la cause selon elle. “Les associations sont plus visibles.” Ce qui amène aussi à mettre à jour plus d’alertes. “Les dossiers de mal- traitance sur équidés, bovins et ovins s’empilent sur mon bureau, avec cette pression de la productivité.” La justice commencerait aussi à être plus dure “comme dans le cas des tortionnaires de vaches à Motey- Besuche où on a obtenu de la prison ferme. L’affaire du troupeau aban- donné à Saint-Vit s’est, elle, soldée par une interdiction d’exercer de l’éle- veur. Ce qui prouve que du chemin reste à faire” , estime la présidente de l’association. n

municipalité de Besançon s’étant enga- gée dès la fin août (et après seulement quelques mois d’exercice) au départ définitif de ces grands fauves. Or, le 23 septembre dernier, à la surprise de l’association, une nouvelle tigresse Naya, venue d’un zoo d’Angleterre, fai- sait son entrée dans le site Vauban. Cette femelle plus âgée va “tenir com- pagnie au tigre Cliff qui, pour des rai- sons médicales, ne peut pas quitter la Citadelle” , précisait la municipalité dans un communiqué, évoquant le res- pect d’un protocole déjà engagé auprès du programme européenE.E.P. Réponse de l’association (par communiqué inter- posé) : “Si les conditions de captivité n’étaient pas bonnes pour Cliff et Taïga, elles n’ont pas progressé aujourd’hui.” Virginie Vernay dit suivre “les choses de près” et s’inquiète tout autant du sort des autres occupants de la Citadelle. “Dans un site aussi prestigieux, il y a d’autres choses à faire que mettre des animaux derrière des barreaux. On voit bien ce que l’enfermement a donné chez les humains avec le confinement. C’est la même chose pour eux, avec en plus un instinct sauvage. Et si on veut rester sur la cause animale, on peut toujours utiliser des hologrammes.” n S.G.

L’association antispéciste Humanimo travaille depuis plusieurs années déjà au respect des droits des animaux. Elle alerte à nouveau sur les fauves de la Citadelle en évoquant un “jeu de cages musicales”.

C’ est l’un de ses gros dos- siers. Celui pour lequel elle investit beaucoup de temps et d’actions. Le jardin zoo- logique de la Citadelle est un non-sens aux yeux de l’association. “Nous avons déjà fait plusieursmanifestations devant le site pour qu’il y ait une prise de conscience. Les animaux n’ont pas leur place en captivité”, résume Virginie Vernay, sa présidente. “La question de la préservation des espèces et de la repro- duction peut être justifiée dans un parc naturel, mais pas dans un zoo !” , pour- suit-elle, tout en énumérant les animaux autrefois accueillis à la Citadelle. “On y trouvait une éléphante et des ours. C’étaient des conditions qui étaient monstrueuses pour eux.” Le manque d’espaces et les conditions de vie de ces espèces sauvages sont régulièrement décriés par l’association. “Le récent décès de la lionne Aya et la tigresse Saminka nous donne raison” , estime Virginie Vernay (N.D.L.R. : la

première a succombé après une opé- ration, tandis que la seconde est morte des suites d’une insuffisance rénale). Humanimo en fait un dossier d’autant plus important qu’elle estime que le deuxième décès (intervenu le 17 mars), a été passé sous silence. “Nous avons lancé l’alerte sur les réseaux sociaux avec d’autres internautes, ne la voyant plus à la sortie du confinement. Il y a une espèce d’omerta, beaucoup de choses se passent sans que les principaux inté- ressés ne soient au courant, comme pour le transfert précipité de Taïga” , estime Virginie Vernay.Cette jeune tigresse,

née il y a quatre ans à Besançon dans une portée comprenant deux autres mâles (envoyés depuis en Suède), faisait partie des derniers repré- sentants à la Cita- delle avec le tigre Cliff et le lion Hélios. La

Des hologrammes en remplacement !

Les singes seront-ils aussi appelés à quitter la Citadelle à courte échéance ?

l Son avis sur la chasse

“Les chasseurs nous privent de la nature”

Sans surprise, Humanimo est fermement opposée à la chasse et aux chasseurs pour des raisons d’éthique, de sécurité et de déséquilibre écolo- gique. Virginie Vernay explique pourquoi.

des vingt dernières années. Il y a un gros problème de régulation. Plusieurs raisons expliquent ce déséquilibre : les élevages privés, l’agrainage. Cette pratique encourage plus la reproduction qu’elle n’empêche les dégâts dans les champs de maïs. Les arbres qui fournissent les glands devraient suffire à alimenter les sangliers. La régulation s’est toujours faite naturellement avant que l’homme s’en mêle. Pour le sanglier aujourd’hui, c’est plus compliqué.À cause de l’homme, l’espèce est devenue beaucoup plus prolixe. L.P.B. : La chasse n’est plus en phase avec les attentes de la société selon

qui amène beaucoup plus de dés- agréments. L.P.B. : Un chasseur suit quand même une formation avant d’avoir son per- mis ? V.V. : Le permis de chasse, il suffit de payer.On vous le donnemême si vous êtes aveugle, handicapé. On remarque aussi que beau- coup de gens des villes viennent pratiquer la chasse en 4 x 4 dans nos campagnes. L.P.B. : C’est une vision assez carica- turale de la chasse ! V.V. : Je vous invite à venir voir dans quel état sont les chasseurs le dimanche après-midi après leurs gueuletons. On n’ose plus

vous ? V.V. : La chasse dérange beaucoup la population rurale. De plus en plus de personnes en ont assez de voir des chasseurs autour de leur village. Les chasseurs nous privent de la nature. C’est aussi une question de sécurité. On déplore chaque année une ving- taine de décès dus à des acci- dents de chasse. De septembre à février, on ne peut plus mettre un pied dans la nature sans se sentir agresser. L.P.B. : Vous êtes aussi anti-pêche ? V.V. : Bien évidemment, on n’est pas favorable à la pêche. En revanche, on n’est beaucoup moins virulent qu’avec la chasse

L a Presse Bisontine :Pourquoi êtes- vous contre la chasse ? Virginie Vernay : On estime que la chasse n’est plus acceptable au niveau éthique car c’est devenu un loisir alors qu’avant c’était unmoyen de subsistance. Chas- ser pour son plaisir, c’est une pathologie et non un loisir buco- lique. L.P.B. :La chasse peut aussi être consi- dérée comme un moyen de réguler les

populations de gibier, qu’en pensez- vous ? V.V. : L’abondance de gibier reflète un déséquilibre écologique qui reflète une mauvaise gestion entraînant des proliférations de certaines espèces. En 2019-2020, on dénombre 12 503 prélève- ments tous gibiers confondus. C’est 12 503 vies. Cela nous parle. 92 000 sangliers ont été abattus en France pour lamême saison contre 800 000 au cours

Virginie Vernay, présidente d’Humanimo.

sortir en forêt. Mais la chasse reste un gros lobbying protégé par les politiques. n Propos recueillis par F.C.

8 L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°222 - Octobre 2020

l Le président des chasseurs du Doubs Réaction “La chasse est attaquée, et avec elle la ruralité”

Président des chasseurs du Doubs, Jean-Maurice Boillon demande à ses chasseurs de relever la tête face à ce qu’il appelle les “anti-tout”, des “bobos qui confondent le bien-être des animaux et l’équilibre d’un biotope” dit-il. Pour cela, il dégaine les arguments.

tionnelles puis les autres modes de chasse qui seront attaqués comme celle au chien courant. Aujourd’hui, on vise les chas- seurs, demain ce sera les pêcheurs, les cavaliers parce qu’ils font mal aux chevaux, les apiculteurs parce qu’ils spolient le travail des abeilles ! L.P.B. :La chasse est-elle nécessaire ? Vos détracteurs disent que non. J.-M.B. : La chasse est nécessaire sinon il y aurait trop de dégâts dans les cultures, dégâts que les chasseurs indemnisent aux agri- culteurs. Quand j’entends que des personnes dans les milieux anti-spécistes veulent stériliser les animaux sauvages, je m’in-

le torse ou au contraire préfèrent baisser les armes ? J.-M.B. : Il faut être fier d’être chasseur, ne pas avoir honte. On doit pouvoir pratiquer notre loi- sir. Aujourd’hui, des miradors sont sabotés, d’autres actes mal- veillants apparaissent dans le Doubs. Il est clair que cette ambiance est une raison de l’éro- sion des effectifs. L.P.B. : Vous n’êtes plus attaqués sur la sécuritémais sur la condition animale. Que faire ? J.-M.B. : Être chasseur, c’est ana- lyser, observer, sélectionner. On ne choisit pas de tirer sur le pre- mier oiseau qui passe ! Des chas- seurs publient des images sur les réseaux sociaux : il faut s’abs- tenir car ce sont des prétextes pour nous critiquer. L.P.B. : La chasse dans le Doubs ne va pas vers de beaux jours malgré son rôle de gestion des espèces, son rôle social et économique. J.-M.B. : Les jours seront difficiles mais nous sommes sereins. Chasseurs, pêcheurs, cavaliers, possesseurs de parc animaliers, de cirque, tout le monde doit faire front, ensemble. n Propos recueillis par E.Ch.

L La Presse Bisontine :Depuis mi-septembre,environ 7 500 chasseurs du Doubs ont fait leur retour dans les bois et prairies, un chiffre en légère baisse. Pourquoi cette ouverture 2020 est-elle si différente des autres ? Jean-Maurice Boillon : Elle est déjà particulière en raison du Covid. Nos effectifs sont vieillissants :

chasse qui est menacée, mais la ruralité. L.P.B. : Un projet de référendum d’ini- tiative partagée (R.I.P.) a été lancé le 2 juillet par un journaliste, et deux grands patrons français. Il prévoit l’in- terdiction de l’élevage intensif,en cage, de la chasse à courre et des chasses dites traditionnelles. Pourquoi a-t-il

nous devons prendre soin de nos aînés pour ne pas les exposer. Mais la vraie problématique de fond concerne les attaques de nos opposants. Elles fusent de toute part : des animalistes, des anti-spécistes.Moi, je les appelle les “anti-tout”. On ne peut plus vivre dans nos campagnes car ce n’est pas uniquement la

autant de résonance dans vos rangs ? J.-M.B. : C’est soutenu par un public “bobo” qui confond le bien- être des animaux et l’équilibre d’un biotope. Savent-ils que ce sont les chasseurs, qui, avec leur argent replantent des haies dans le Doubs ? Savent-ils que nous avons été moteurs pour protéger le renard ici ? Savent-ils encore que les bagues achetées par les chasseurs servent notamment à payer les dégâts occasionnés aux cultures ? Savent-ils que nous protégeons la faune et les automobilistes des collisions dues au trafic routier ? Nous devons le faire savoir. L.P.B. :La chasse peut paraître violente, non ? J.-M.B. : Personne n’a d’égard à tuer une mouche, personne ne veut la mort d’un chevrillard, mais la vie des uns se nourrit toujours de la mort des autres ! La mort d’un animal, ça trau- matise, mais elle doit être la plus propre possible. Avec ce R.I.P., ce sont les chasses tradi-

quiète de cette ingérence ! On ne va plus à la chasse pour manger mais pour réguler. Et non, les chas- seurs ne tirent pas sur tout ce qui bouge. L.P.B. : Face à toutes ces attaques,vos chas- seurs bombent-ils

“Aujourd’hui la chasse, demain la pêche, l’équitation…”

Le président des chasseurs Jean- Maurice Boillon ici dans le hall de la Fédération, à Gonsans.

l Élevage

Un commerce controversé

Le marché de la fourrure sur le déclin ? Aujourd’hui en dépôt de bilan, l’élevage de visons d’Émagny a été l’un des combats emblématiques de la cause animale dans la région. Les militants réclament toujours la fermeture des quatre

La surpopulation en cage et les conditions insalubres d’élevage sont (photo C.P.E.P.E.S.C.) souvent pointées du doigt par les associations de défense animale.

derniers élevages français, dont celui de Montarlot-lès-Rioz en Haute-Saône.

pour 18 200 visons, l’élevage se retrouve en dépôt de bilan. “L’éle- veur a bien tenté de formuler un recours contre cet arrêté de refus, mais sa demande a été jugée irrecevable” , précise le président de Combactive, qui appelle aujourd’hui à sa fermeture défi- nitive, à travers une pétition qui a déjà réuni 113 500 signa- tures. “Le comble dans cette histoire est qu’on n’a pas obtenu gain de cause au motif de la cause ani- male mais de protection de l’en- vironnement. L’élevage de visons faisant partie des plus pol- luants.” Cette question environ- nementale (gestion des effluents, protection des sols…) ajoutée au désaveu de la fourrure, avec le renoncement successif des grandes marques de mode, par-

le tribunal administratif décide d’annuler les autorisations accor- dées en 2012 sur les requêtes de Combactive. S’ensuit une nouvelle demande pour élever, cette fois, 18 200 visons. Un autre pas sera alors franchi en 2016 avec la condamnation de

ticipe au déclin de cette indus- trie. Et si dans le dossier d’Émagny, Combactive déplorait le manque de dialogue avec l’éleveur, la situation est tout autre sur la ferme de Montarlot-lès-Rioz : dernier élevage de visons en Franche-Comté. “On est en contact avec son gérant, on arrive à discuter. La solution d’un reclassement en centre pédago- gique a été évoquée et il n’y est pas opposé sous réserve que le gouvernement le suive” , signale Fabien Robert. n S.G.

environnementales et adminis- tratives ont émaillé de longues années de procédure. L’élevage, dont l’autorisation initiale était fixée à 1 000 visons, a semble- t-il été peu inquiété jusqu’en 2010. “Tout a commencé en 2012 lorsque l’une de nos adhérentes m’a alerté. La C.P.E.P.E.S.C.* avait déjà mené de premières investigations et obtenu plusieurs victoires couronnées par de lourdes astreintes infligées à l’éleveur, à la préfecture ainsi qu’à la mairie d’Émagny” , indique Fabien Robert. Alors qu’il obtient en 2012 une autorisation préfectorale pour 5 000 animaux, l’éleveur se voit condamner pénalement deux ans plus tard (et pour la troi- sième fois) à une peine d’empri- sonnement avec sursis. En 2015,

A près la nouvelle diffu- sion d’images chocs, tournées au mois d’août, l’association de protection animale One Voice demande la fermeture de ces élevages de visons avant la fin de l’année par arrêté ministériel. Le sort de ces “fermes à fourrure” continue de préoccuper en France. Mais aussi ailleurs en Europe, où d’autres pays ont déjà légiféré sur la question. “Le dernier élevage de Bosnie-Her- zégovine a fermé en juillet, les Pays-Bas stopperont l’exploita- tion de leurs 160 élevages en 2021, et la Finlande, elle aussi, prévoit de clore définitivement ses 700 fermes à fourrure” , fait remarquer One Voice dans un

communiqué. Si aux Pays-Bas, la propagation d’un virus chez ces animaux et sa transmission à deux employés ont précipité la fin de cette indus- trie, les lignes tendent également à bouger côté français. “D’après les derniers pourparlers avec le gouvernement, quelque chose va être fait assez rapidement, mais on ne sait pas quoi encore” , glisse Fabien Robert, président de l’as- sociation locale de protection des droits des animaux Com- bactive. Lui a toujours le dossier d’Émagny en tête, pas complè- tement refermé (la liquidation de la S.C.E.A. Le Charmot étant toujours en cours).Dans cette exploitation du Doubs créée en 1985, plusieurs irrégularités

l’éleveur à 6 mois de prison ferme (effectuée sous bracelet électro- nique). “Une peine inédite en France et probablement en Europe” , relève Fabien Robert. Début 2018, après un nouveau refus préfectoral concernant une nouvelle demande d’autorisation

De la prison ferme pour l’éleveur.

*Commission de protection des eaux, du patrimoine, de l’environnement, du sous-sol et des chiroptères

10 BESANÇON

La Presse Bisontine n°222 - Octobre 2020

Énorme lifting pour l’internat des filles Il le fallait. Vétuste, l’internat des filles du lycée Pergaud à Besançon sera rénové du sol au plafond. 15 millions d’euros sont investis par la Région pour un chantier qui se veut modèle en termes de transition énergétique. LYCÉE Un chantier à 15 millions d’euros à Pergaud

ront sur une période de 4 ans. Pourquoi autant de temps ? “Parce que nous ne pouvons pas condamner l’ensemble du bâti- ment. Nous devons procéder par tranches” répond Jean-Luc Thé- venard, du cabinet Tria archi- tectes basé à Dijon. C’est lui qui pilote cette rénovation d’enver- gure qui va ravir les parents d’élèves qui réclament depuis des années des travaux… ne serait-ce que pour la sécurité de leurs enfants pensionnaires. L’an dernier, un surveillant a reçu une vitre sur le bras en voulant refermer une fenêtre. Résultat : plusieurs jours d’in- terruption temporaire de travail (I.T.T.). Tout ceci sera de l’histoire ancienne. Seuls les murs seront préservés. “On reprend l’ossature du bâtiment pour en faire un futur internat biosourcé avec des panneaux photovoltaïques qui produiront de l’électricité, des récupérateurs d’eau de pluie” indique le chef du projet tout en présentant une maquette 3 D. Les panneaux photovol- taïques ont été dimensionnés

R entrée inédite et en grande pompe au lycée Louis-Pergaud à Besan- çon, le plus grand de Franche-Comté avec ses 2 300 élèves, qui a reçu la visite le

1 er septembre dernier de la pré- sidente de Région, du recteur d’académie, d’un sénateur, d’un député et de la maire. Un par- terre d’élus - masqués - venus annoncer l’un des grands chan-

tiers de la rentrée : la réfection de l’internat des filles du lycée, piloté par la Région Bourgogne- Franche-Comté qui investit là 15millions d’euros ! Les travaux débutent en octobre. Ils s’étale-

Jean-Louis Gorgol, le proviseur : “Un projet travaillé avec les élèves”.

afin qu’ils produisent assez (mais pas trop) de courant car un établissement de ce type n’en utilise pas durant les périodes de vacances scolaires. Fin du chantier en 2024. 432 lits sont concernés par cette opération “travaillée avec les élèves, la communauté éducative, la Région” précise Jean-Luc Gor- gol, le chef d’établissement. D’autres établissements de

Besançon ont été modernisés ou vont l’être d’ici la fin de l’an- née. C’est le cas du lycée Pasteur avec une modernisation du bâti- ment Ducat (10,3 millions d’eu- ros) et du lycée Jules-Haag avec la restructuration de la demi- pension (6,8 millions d’euros). Au total, la collectivité investit 307 millions d’euros pour ses 129 lycées. n E.Ch.

L’internat des filles

sera en travaux

d’octobre 2020 à fin 2024.

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BESANÇON

11

La Presse Bisontine n°222 - Octobre 2020

SOCIAL mmigration Aidés puis délaissés, le drôle de parcours des jeunes migrants Épineux dossier que celui des jeunes migrants arrivés mineurs à Besançon. Protégés au titre de l’aide sociale à l’enfance, ils ont pour la plupart suivi une formation, ont cherché à s’intégrer. Majeurs désormais, 11 d’entre eux sont menacés par une obligation de quitter le territoire, promulguée par la préfecture. L'association SolMiRé leur vient aide. D’un coup, ils ont été mis à la rue.

I ls ont souhaité qu’on les pré- nomme Pierre et Paul pour préserver leur anonymat. Sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (O.Q.T.F.) délivrée par la préfecture du Doubs, Pierre et Paul, rencontrés à la terrasse d’un café au cen- tre-ville, ont déposé un recours auprès de la justice pour rester sur ce sol bisontin qui les accueille depuis deux ans. La décision est attendue d’ici la mi- octobre. Ils font partie de ces 11 jeunes majeurs que le Départe- ment ne reconnaît plus depuis le 31 août, date de leur fin de contrat. Guinéens, ils sont arrivés en France en 2018. “C’était le 28 août”, se souvient précisément Pierre. Après le décès de son père, il est accueilli chez un oncle au Sénégal où il explique avoir été maltraité. Comme d’autres,

il rêve d’Europe. Le garçon tra- verse la Méditerranée, accoste en Italie, prend la direction de la France, arrive à Paris puis monte dans un train pour dit-il arriver à un terminus : Besan- çon.Voilà comment il foule pour la première fois le sol comtois. La suite ? Il est accueilli par le Département du Doubs dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance (A.S.E.) qui le loge, le protège, le nourrit, l’accompagne via des travailleurs sociaux. Il débute des études dans un lycée pro- fessionnel bisontin où il apprend un métier en alternance durant deux ans. Son entreprise lui pro- met une embauche. “Ses appré- ciations sont excellentes, il ne fait pas parler de lui comme tous les jeunes qui ont des contrats” relate une bénévole de l’asso- ciation SolMiRé qui leur vient aide. ciations est bafoué d’un coup, gaspillé. Je demande l’humanité pour ces jeunes : notre devoir est de les héberger jusqu’à ce que les procédures soient allées au bout. Nous en avons les moyens, faisons-le !” dit-il. L’élu fait référence au budget du Département qui s’est consolidé. Il en appelle à la solidarité. n

Depuis le 31 août et malgré ces pièces versées au dossier, leur contrat est arrêté.Tous sont sous le coup d’une O.Q.T.F. sonnant la fin de la protection par le Département du Doubs et par conséquent la fin des aidesmaté- rielles (logement, nourriture). Le Département (lire par ail- leurs) applique une décision pré- fectorale. “Ils n’ont plus rien à manger. C’est comme si du jour au lendemain ils étaient laissés à l’abandon alors que desmilliers d’euros ont été investis !” regrette une bénévole. Pour éviter la rue, il leur est conseillé d’appeler le 115. La réponse ne sait pas fait attendre : plus de place. LaVille de Besançon a expliqué vouloir trouver une solution “le temps de la procédure administrative.” Elle n’a pas fait évoluer positi- vement le dossier. Accueillis par des associations qui offrent nourriture ou soutien administratif, ces Guinéens sont restés dans le logement que leur prêtait le Département. Ils ont reçu fin septembre une lettre de la collectivité leur demandant de quitter les lieux avec menace du recours à la force publique. Sans autre solution, ils ont choisi de ne pas partir… avec cette épée de Damoclès nommée “tri- bunal administratif”. Leur sort sera scellé courant octobre. En cas d’expulsion, la France leur aura enseigné une formation d’électricien, de boulanger, cui- sinier…mais va les renvoyer. n

Une manifestation des associations, des syndicats de travailleurs sociaux, pour médiatiser le sort de ces jeunes majeurs migrants (photo : R. Krucien).

La réponse du Département “Ils n’ont pas été lâchés du jour au lendemain” Le Département dit suivre les directives

de l’État. Il a dépensé l’an dernier 11 millions d’euros pour l’accompagnement de ce public, soit 10 % de plus qu’en 2019.

D ans le Doubs, 389 mineurs non accompa- gnés (moins de 18 ans) sont accueillis par le Départe- ment et protégés. Lorsqu’ils passent le cap de la majorité, ces migrants peuvent signer un contrat jeune majeur, pro- cédure qui les engage à suivre une scolarité ou apprendre un métier. Lorsque le contrat se termine, comme notre exemple énoncé plus haut, “c’est ensuite la justice qui décide” tient à rappeler la collectivité qui se défend de tout abandon. 115 contrats jeunes majeurs sont actifs dans le Doubs. “Chacun de ces contrats à une fin (sou- vent un an). Une fois qu’il est terminé, le dossier n’est plus

dans nos mains. Pour le cas de ces jeunes majeurs, le Dépar- tement a prolongé leur contrat en raison du Covid.” Durant le confinement, 60 jeunes en attente d’évaluation ont été prolongés jusqu’au 31 août. C’est un investisse- ment pour que personne ne reparte dans la nature” témoigne Odile Faivre-Petit- jean, élue en charge de ce dos- sier. Pour répondre à la hausse du nombre de M.N.A. arrivant dans le Doubs, le Département a ajusté son budget enfance- famille à la hausse et se défend de tout abandon : “Notre poli- tique n’est pas seulement de leur trouver un lit mais de leur proposer un véritable accom-

“C’est de l’investissement en formation bafoué et gaspillé” C onseiller départemental d’opposition, Raphaël Kru- cien demande de l’huma-

pagnement à ces jeunes. Nous avons fait par exemple appel à l’A.D.D.S.E.A. pour augmen- ter les capacités d’accueil. Ce n’est pas trouver une place d’hé- bergement qui coûte de l’argent mais le personnel pour les enca- drer. Nous sommes dans un département qui accueille bien” argumente la collectivité. n Odile Faivre-Petitjean en charge du dossier au Département du Doubs.

nité et du bon sens : “Le Dépar- tement du Doubs, sans prendre en compte ces recours et sans attendre leurs issues, va mettre à la rue ces jeunes. Tout l’inves- tissement en formation et inté- gration des services et des asso-

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