La Presse Bisontine 222 - Octobre 2020

DOSSIER I

La Presse Bisontine n°222 - Octobre 2020

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l Commerce Magasin de cycles Chez les vélocistes, après le carton, des questions Il n’a jamais autant travaillé, pourtant il s’inquiète. Le magasin de vélo B.S.C. - comme les autres - a des difficultés à s’approvisionner en vélos neufs. Pour les réparations, c’est la main-d’œuvre qualifiée qui fait défaut. Un coup d’arrêt.

Bruno Marion, du magasin B.S.C. à Besançon : “Cette période nous inquiète plus que le confinement”.

D epuis le 11 mai, date de la réouverture de son magasin de cycles basé place Leclerc, Bruno Marion travaille envi- ron 75 heures par semaine. Le gérant ne se plaint pas mais sent le coup de pompe arriver d’autant qu’il ne peut pas toujours satisfaire ses clients : “Pour un simple pédalier, il faut 11 semaines avant de le recevoir quand il ne fallait que quelques jours aupa- ravant” détaille le spécialiste. N’imaginez pas vous rendre dans un magasin et repartir tout de suite avec votre monture, cheveux au vent sur la véloroute car “dans certaines gammes, si un client commande maintenant, il ne le recevra - au mieux - qu’en mars ou avril 2021…Chaque jour pour une prise de commande compte. Nous avons

réussi à rentrer 4 vélos électriques : ils sont partis en une semaine.” Où est le problème pour ce magasin de cycle qui avoue une hausse forte de l’activité depuis mai ? “Ces deux derniers mois,

rent également à cette forme de rareté en limitant toujours plus le nombre de modèles. Certains producteurs par- viennent à confectionner les cadres mais n’arrivent pas à sortir un vélo de l’usine parce qu’il manque une pièce, un dérailleur, un levier de frein. Chez B.S.C., un tiers des références manque à l’appel. Reste l’atelier de réparation pour se rattraper, mais là encore, tout n’est pas si simple. Un mécanicien est parti. Le gérant tente de recruter mais trouver la “pépite” en cemoment semble délicat. “Je recherche soit un apprenti, soit unmécanicien.” L’appel est lancé. n E.Ch.

l Commerce Aidé par le Covid Carton plein pour le bricolage L’activité est en plein boom

on perd de l’argent… car on vend beaucoup moins de vélos notamment dans cer- tains prix (moyenne de 500 euros). Franchement, cette situation fait plus peur que le confinement” explique Bruno Marion tout en remettant un câble de frein dans son atelier. La vente assure les meil- leures marges, d’où l’inquié- tude palpable de ce profes- sionnel installé ici depuis 2014. Les marques concou-

Une main- d’œuvre qui fait aussi défaut.

posait à nouveau de ses conseillers de vente. Le service autour des projets d’aménagement s’est fait, lui, uni- quement par téléphone durant encore un bon mois “pour éviter les contacts physiques trop longs.” Et aujourd’hui tout est revenu à la normale (y com- pris côté approvisionnement qui avait occasionné des retards de livraison), exception faite du port du masque obligatoire et de ces annonces régu- lières au micro pour rappeler les gestes barrières. “On continue à faire le maximum pour éviter la formation de cluster.s” Car c’est la plus grosse crainte actuel- lement : devoir fermer les magasins. Alors même que les acteurs sur le web, tel que Mano Mano ouAmazon, montrent des résultats exceptionnels. Et si les enseignes physiques de bri- colage s’en sortent aussi plutôt bien, elles n’ont pas encore rattrapé leur chiffre d’affaires perdu. L’engouement de la clientèle a également tendance à se tasser. Reste que ce secteur d’ac- tivité se portait bien, même avant confinement. “Le Français bricole et investit beaucoup, aidé par les crédits immobiliers bas.Du coup, on progresse et on recrute même comparé à d’au- tres” , observe Natalia Grankina. n S.G.

S i dans ce secteur comme ail- leurs, on s’est d’abord inquiété des impacts de la crise sani- taire, aujourd’hui on se mon- tre plus rassuré sur l’avenir, tout en restant vigilant sur la possible baisse du pouvoir d’achat. Le confinement a eu un effet positif sur les ventes. “On a vraiment ressenti le besoin des gens de rendre leur habitat plus confortable et plus agréable” , remarque Natalia Grankina, l’une des responsables du magasin Leroy Merlin à Châteaufarine. Fermé juste la première semaine, le temps de connaître les mesures appli- quées aux professionnels du bricolage, l’enseigne a mis en place un service de drive avec retrait sans contact après commande sur Internet jusqu’à lami-avril. “Il fallait pouvoir dépanner nos clients avec du petit outillage, rentrant dans la catégorie de première nécessité, pour du bricolage d’appoint (panne d’électricité, problème de plom- berie…).” Puis, face à la demande et au vu de l’évolution de la situation sanitaire, il a été décidé de rouvrir le magasin “uniquement avec les hôtesses de caisse et sans conseiller de vente dans les rayons” , précise Natalia Grankina. “Il y avait aussi une jauge limitée de clients.” Ce qui a entraîné des files d’attente à l’extérieur du magasin, mais aussi aux caisses. “On a eu beau- coup de demandes de peinture et sur le rayon jardinage.” À partir du 11 mai, Leroy Merlin dis- bisontins ont vu un afflux de clientèle pour de petits et grands travaux. depuis le confinement, qui a réactivé des envies d’aménagement dans la maison. Les magasins

l Grand Besançon 670 vélos à assistance électrique Ginko Vélo victime de son succès Les listes d’attente s’allongent pour obtenir un vélo à

D’ici l’an prochain, une flotte de 670 vélos à assistance électrique circulera dans le Grand Besançon (photo G.B.M.-J.-C. Sexe).

E lle est 617 ème sur la liste d’at- tente…Cette jeune Bisontine qui s’est inscrite en cette ren- trée au dispositif Ginko Vélo, le vélo à assistance électrique en loca- tion moyenne et longue durée (entre 1 mois et 1 an), a le temps de ronger son frein avant de pouvoir rouler…Le dispositif lancé l’an dernier par le réseau Ginko rencontre un succès ines- péré. “484 vélos ont été mis en circula- tion. Tous sont loués pour l’instant et la liste d’attente est en effet assez longue…” confirme Carol Ambrosini, directeur marketing, clients et mobilités chez Kéolis, la société gestionnaire du réseau bisontin Ginko. Gage de ce suc- cès : “94 % des locations ont été sous- crites pour la durée maximale d’un an” ajoute le responsable. “La liste d’attente est longue, c’est vrai, mais certains qui se sont positionnés cet été ne souhaite- ront peut-être pas confirmer leur inten- tion à l’approche de la mauvaise saison. Cela devrait libérer des vélos” tempère- t-il. Le dispositif Ginko Vélo devrait encore monter en puissance. D’ici l’année pro- chaine, “670 vélos seront disponibles assistance électrique (V.A.E.) auprès de Ginko. Effet Covid ou prise de conscience dura- ble ? Le vélo ne s’est jamais aussi bien porté à Besançon.

au total” indique Marie Zéhaf, la vice- présidente de Grand Besançon Métro- pole chargée des transports. Pour cela, la collectivité a mis les moyens : 650 000 euros d’investissement pour acheter les vélos. “La topographie de Besançon est particulièrement adaptée aux V.A.E. En lançant ce service, nous savions qu’il allait bien fonctionner, d’autant que le tarif est accessible (10 euros par mois pour la personne qui possède déjà un abonnement au réseau Ginko). Besançon est la seule ville à proposer une location orientée à 100 % sur les V.A.E. De plus, le four- nisseur est local” se félicite l’élue. C’est en effet la société R&RManufacturing (Proxy Cycle) qui a fourni les engins. Une fois son contrat de location réalisé, l’usager gère le vélo comme le sien et en assure l’entretien courant. Le gros

entretien (un contrôle technique au bout de six mois) est toutefois à la charge de G.B.M. via le Café Vélo de Proxy Cycle installé placeVictor-Hugo. Selon Carol Ambrosini, “l’effet crise a sans doute joué sur l’usage du vélo, et de la marche d’ailleurs. Nous pouvons le déduire au regard du succès de Ginko Vélo mais aussi des chiffres de fréquen- tation du bus et du tram depuis quelques mois. L’effet liberté joue indé- niablement en ce moment.” À noter que 66 % des usagers du service GinkoVélo résident à Besançon et donc qu’un bon tiers est issu des communes de la périphérie. Les V.A.E. Ginko font aussi des envieux moins scrupuleux. Le gestionnaire du réseau à déjà eu à déplorer trois vols sur son actuelle flotte. n J.-F.H.

Le rayon jardinage est toujours plébiscité (photo Leroy Merlin).

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