La Presse Bisontine 222 - Octobre 2020

La Presse Bisontine n°222 - Octobre 2020

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l Association Des êtres sensibles “Les animaux n’ont pas leur place en captivité”

Une plus large prise de conscience I nvestie sur d’autres sujets comme les cas de maltraitance, l’élevage en batterie et l’instauration de plats végétariens dans les cantines, l’as- sociation Humanimo se réjouit de la progression de la cause animale dans les mentalités. “On le voit sur le terrain. Les nouvelles générations ouvrent davantage les yeux, quand avant on mangeait son steak sans même se poser de questions” , remarque Virginie Vernay. La média- tisation aide à faire avancer la cause selon elle. “Les associations sont plus visibles.” Ce qui amène aussi à mettre à jour plus d’alertes. “Les dossiers de mal- traitance sur équidés, bovins et ovins s’empilent sur mon bureau, avec cette pression de la productivité.” La justice commencerait aussi à être plus dure “comme dans le cas des tortionnaires de vaches à Motey- Besuche où on a obtenu de la prison ferme. L’affaire du troupeau aban- donné à Saint-Vit s’est, elle, soldée par une interdiction d’exercer de l’éle- veur. Ce qui prouve que du chemin reste à faire” , estime la présidente de l’association. n

municipalité de Besançon s’étant enga- gée dès la fin août (et après seulement quelques mois d’exercice) au départ définitif de ces grands fauves. Or, le 23 septembre dernier, à la surprise de l’association, une nouvelle tigresse Naya, venue d’un zoo d’Angleterre, fai- sait son entrée dans le site Vauban. Cette femelle plus âgée va “tenir com- pagnie au tigre Cliff qui, pour des rai- sons médicales, ne peut pas quitter la Citadelle” , précisait la municipalité dans un communiqué, évoquant le res- pect d’un protocole déjà engagé auprès du programme européenE.E.P. Réponse de l’association (par communiqué inter- posé) : “Si les conditions de captivité n’étaient pas bonnes pour Cliff et Taïga, elles n’ont pas progressé aujourd’hui.” Virginie Vernay dit suivre “les choses de près” et s’inquiète tout autant du sort des autres occupants de la Citadelle. “Dans un site aussi prestigieux, il y a d’autres choses à faire que mettre des animaux derrière des barreaux. On voit bien ce que l’enfermement a donné chez les humains avec le confinement. C’est la même chose pour eux, avec en plus un instinct sauvage. Et si on veut rester sur la cause animale, on peut toujours utiliser des hologrammes.” n S.G.

L’association antispéciste Humanimo travaille depuis plusieurs années déjà au respect des droits des animaux. Elle alerte à nouveau sur les fauves de la Citadelle en évoquant un “jeu de cages musicales”.

C’ est l’un de ses gros dos- siers. Celui pour lequel elle investit beaucoup de temps et d’actions. Le jardin zoo- logique de la Citadelle est un non-sens aux yeux de l’association. “Nous avons déjà fait plusieursmanifestations devant le site pour qu’il y ait une prise de conscience. Les animaux n’ont pas leur place en captivité”, résume Virginie Vernay, sa présidente. “La question de la préservation des espèces et de la repro- duction peut être justifiée dans un parc naturel, mais pas dans un zoo !” , pour- suit-elle, tout en énumérant les animaux autrefois accueillis à la Citadelle. “On y trouvait une éléphante et des ours. C’étaient des conditions qui étaient monstrueuses pour eux.” Le manque d’espaces et les conditions de vie de ces espèces sauvages sont régulièrement décriés par l’association. “Le récent décès de la lionne Aya et la tigresse Saminka nous donne raison” , estime Virginie Vernay (N.D.L.R. : la

première a succombé après une opé- ration, tandis que la seconde est morte des suites d’une insuffisance rénale). Humanimo en fait un dossier d’autant plus important qu’elle estime que le deuxième décès (intervenu le 17 mars), a été passé sous silence. “Nous avons lancé l’alerte sur les réseaux sociaux avec d’autres internautes, ne la voyant plus à la sortie du confinement. Il y a une espèce d’omerta, beaucoup de choses se passent sans que les principaux inté- ressés ne soient au courant, comme pour le transfert précipité de Taïga” , estime Virginie Vernay.Cette jeune tigresse,

née il y a quatre ans à Besançon dans une portée comprenant deux autres mâles (envoyés depuis en Suède), faisait partie des derniers repré- sentants à la Cita- delle avec le tigre Cliff et le lion Hélios. La

Des hologrammes en remplacement !

Les singes seront-ils aussi appelés à quitter la Citadelle à courte échéance ?

l Son avis sur la chasse

“Les chasseurs nous privent de la nature”

Sans surprise, Humanimo est fermement opposée à la chasse et aux chasseurs pour des raisons d’éthique, de sécurité et de déséquilibre écolo- gique. Virginie Vernay explique pourquoi.

des vingt dernières années. Il y a un gros problème de régulation. Plusieurs raisons expliquent ce déséquilibre : les élevages privés, l’agrainage. Cette pratique encourage plus la reproduction qu’elle n’empêche les dégâts dans les champs de maïs. Les arbres qui fournissent les glands devraient suffire à alimenter les sangliers. La régulation s’est toujours faite naturellement avant que l’homme s’en mêle. Pour le sanglier aujourd’hui, c’est plus compliqué.À cause de l’homme, l’espèce est devenue beaucoup plus prolixe. L.P.B. : La chasse n’est plus en phase avec les attentes de la société selon

qui amène beaucoup plus de dés- agréments. L.P.B. : Un chasseur suit quand même une formation avant d’avoir son per- mis ? V.V. : Le permis de chasse, il suffit de payer.On vous le donnemême si vous êtes aveugle, handicapé. On remarque aussi que beau- coup de gens des villes viennent pratiquer la chasse en 4 x 4 dans nos campagnes. L.P.B. : C’est une vision assez carica- turale de la chasse ! V.V. : Je vous invite à venir voir dans quel état sont les chasseurs le dimanche après-midi après leurs gueuletons. On n’ose plus

vous ? V.V. : La chasse dérange beaucoup la population rurale. De plus en plus de personnes en ont assez de voir des chasseurs autour de leur village. Les chasseurs nous privent de la nature. C’est aussi une question de sécurité. On déplore chaque année une ving- taine de décès dus à des acci- dents de chasse. De septembre à février, on ne peut plus mettre un pied dans la nature sans se sentir agresser. L.P.B. : Vous êtes aussi anti-pêche ? V.V. : Bien évidemment, on n’est pas favorable à la pêche. En revanche, on n’est beaucoup moins virulent qu’avec la chasse

L a Presse Bisontine :Pourquoi êtes- vous contre la chasse ? Virginie Vernay : On estime que la chasse n’est plus acceptable au niveau éthique car c’est devenu un loisir alors qu’avant c’était unmoyen de subsistance. Chas- ser pour son plaisir, c’est une pathologie et non un loisir buco- lique. L.P.B. :La chasse peut aussi être consi- dérée comme un moyen de réguler les

populations de gibier, qu’en pensez- vous ? V.V. : L’abondance de gibier reflète un déséquilibre écologique qui reflète une mauvaise gestion entraînant des proliférations de certaines espèces. En 2019-2020, on dénombre 12 503 prélève- ments tous gibiers confondus. C’est 12 503 vies. Cela nous parle. 92 000 sangliers ont été abattus en France pour lamême saison contre 800 000 au cours

Virginie Vernay, présidente d’Humanimo.

sortir en forêt. Mais la chasse reste un gros lobbying protégé par les politiques. n Propos recueillis par F.C.

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