La Presse Bisontine 222 - Octobre 2020

DOSSIER I

La Presse Bisontine n°222 - Octobre 2020

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l Bijouterie Le président du directoire “Nous comptons fêter les 70 ans de Maty dans une plus grande sérénité”

Patrick Cordier, président du directoire de Gemafi, la société propriétaire de Maty.

L.P.B. : La stratégie d’ouverture de magasins lancée en 2010 n’était donc pas la bonne ? P.C. : Notre stratégie était d’allier le digital et le physique et nous croyons toujours à cela,mais nous nous sommes aperçus que certains magasins tels qu’ils avaient été conçus, dans les cen- tres-villes, sont insuffisamment ren- tables pour continuer à vivre. D’où cette décision récente de supprimer 8 de nos 37 magasins. Je précise qu’on ne décide pas de fermer ces 8 magasins parce qu’ils ne sont pas suffisamment rentables, mais parce qu’ils ne sont pas rentables du tout. Aucun magasin de la partie Est de la France n’est concerné. Parallèlement, le web n’a pas compensé entièrement la baisse des ventes par correspondance. On s’aperçoit qu’il est beaucoup plus dif- ficile de fidéliser les clients sur le web

C’est la deuxième fois seulement de son histoire, après un premier plan social en 1993, que le bijoutier bisontin Maty procède à une vague de licenciements. La croissance devrait être de retour en 2021 prédit Patrick Cordier, président du directoire du groupe Gemafi propriétaire de Maty. Interview.

qu’avant avec la vente par catalogue. Ajoutons à cela les mouvements sociaux de fin 2018, fin 2019, et la crise sanitaire de ce printemps, et on aboutit à cette obligation de procéder à ce plan de suppression d’emploi que nous avons taillé au plus juste. 16 postes essen- tiellement de logistique sont également concernés au siège bisontin. La hausse du cours de l’or ne nous a pas aidés non plus. L.P.B. : Ce plan ne risque-t-il pas d’en annoncer d’autres ? P.C. : Non. Nous comptons sur un retour à la rentabilité dès l’année prochaine. Ce redressement se fera grâce à des actions dans les domaines de l’offre en matière de collections, ainsi que par une politique marketing digital entièrement revue avec une partie “data” qui nous permettra de mieux connaître nos clients. Nous sommes en train de refondre entièrement nos méthodes sur le web, c’est un travail énorme. L.P.B. : Plusieurs directeurs se sont succédé chez Maty ces dernières années et aucun n’a réussi à redresser la barre. D’où votre retour aux commandes directes de l’entreprise ? P.C. : Je devais en effet partir en retraite à l’été 2019 et le conseil de surveillance m’a rappelé. Nous sommes en train de recruter un nouveau directeur. Un nouveau directeur marketing est déjà en place. Tous ensemble nous remet- trons la barque Maty à flot en reposi- tionnant l’entreprise sur l’A.D.N. qui a fait son succès. La promesse de Maty, c’est l’accessibilité de ses bijoux, mais dans toutes les gammes de prix, et c’est aussi le service.

L.P.B. : Le temps presse ? P.C. : Nous voulons faire les choses bien, mais en effet, Maty a épuisé sa marge de sécurité ces cinq dernières années. C’est le redressement des ventes qui sauvera Maty. Nous sommes confiants car nous nous donnons tous les atouts pour repartir dans la bonne direction. Nous comptons bien fêter les 70 ans de Maty l’année prochaine dans une plus grande sérénité. Depuis la fin du confinement, l’évolution de notre com- merce tend à démontrer que les orien- tations récentes que nous avons prises en recentrant nos gammes de bijoux vont dans le bon sens. Nous retrouvons des niveaux de paniers plus intéres- sants. Mais le vrai test, ce sera la fin de l’année. n Propos recueillis par J.-F.H. Maty, en chiffres l La société Maty (distribution de bijoux) réalise 61 millions d’euros de chiffre d’affaires l Le groupe Gemafi (qui comprend aussi la société de fabrication des bijoux, la S.F.M., et Gem’services, une société de routage) totalise 80 mil- lions d’euros de chiffre l Le groupe emploie au total 550 sala- riés, dont environ 250 sur Besançon (435 à la distribution et une centaine à la fabrication), plus la holding et Gem’services l Le groupe Gemafi appartient à 100 % aux 4 enfants du fondateur Gérard Mantion

L a Presse Bisontine : Vous annonciez fin août, 54 suppressions d’emplois chez Maty qui accumule les pertes depuis plusieurs années. Êtes-vous inquiet pour la pérennité de l’entreprise ? Patrick Cordier : Sur le long terme, non, je ne suis pas inquiet. Deux raisons me poussent à l’optimisme. D’abord la structure du groupe Gemafi. Malgré les ennuis de Maty, le groupe reste financièrement solide avec des fonds propres importants. Les fondateurs et la famille Mantion ont toujours su pré-

voir les éventuels coups durs.Avec ses différentes sociétés, le groupe Gemafi est quasiment à l’équilibre sur 2019. La deuxième raison qui me pousse à être confiant, c’est le recentrage que l’on est en train d’opérer sur l’A.D.N. de Maty, à savoir une offre de qualité qui n’est pas orientée bas de gamme mais qui reste accessible. Le plan mar- keting qui accompagnera ce reposi- tionnement devrait porter ses fruits dans les prochains mois.

Maty emploie encore près de 250 salariés au siège bisontin.

l Économie

6 mois de chiffre perdu

L es derniers commen- taires du préfet du Doubs au moment où notre département pas- sait en zone rouge Covid ne ras- sureront guère les patrons de bars et boîtes de nuit bisontins : “Nous avions un temps évoqué la possibilité de les autoriser à ouvrir en formule bar unique- ment. Hélas, ce n’est plus le cas. On comprend les difficultés de ces professionnels, il va falloir que la solidarité nationale leur vienne en aide” observe Joël gérants de bars de Besançon quant aux sanctions adminis- tratives, le B.B.R.B.U. a réclamé la tenue d’une table ronde. Il s’agit de trouver d’urgence et ensemble, des solutions avant que la situation des bars bison- tins ne devienne catastrophique. L’évocation de sanctions ou d’un durcissement des protocoles ne peut et ne doit pas découler du comportement de certains et donc nuire à l’ensemble de la profes- sion estimeAntonin Borie. Nous souhaitons avant toute chose que cette ville reste vivante et que l’ensemble des commerçants que nous représentons (ou non) puis- sent envisager de survivre à cette période, qui s’annonce encore plus difficile l’hiver venu.” n J.-F.H. Le cauchemar des établissements de nuit se poursuit Les espoirs de réouverture des boîtes et établissements de nuit, même en formule bar, ont été douchés par le passage du Doubs en zone Covid rouge. On parle désormais d’avril 2021. Mathurin. Pas de quoi redonner du baume au cœur à une pro- fession qui n’a pas travaillé depuis plus de six mois. Le coup de pouce annoncé par Anne Vignot la présidente de G.B.M. (300 000 euros pour les six établissements bisontins concernés : le Teasing, le Q.G., le Styl, le Privé, le Bristol et l’An- tonnoir) suffiront à couvrir six mois de charges fixes pour ces établissements dont l’intégralité du personnel est au chômage depuis la mi-mars. “Et en aucun cas cette somme, même si elle est la bienvenue, ne prend en compte le chiffre d’affaires perdu” note Antonin Borie, patron de l’An- tonnoir et porte-parole de ces établissements de nuit. L’État met également la main à la poche avec une aide plafonnée à 1 500 euros par mois et par établissement sur présentation de justificatifs et ce, pendant trois mois.Mais tous n’y ont pas droit, notamment certains éta- blissements bisontins, sous pré- texte que leur chiffre d’affaires de l’année dernière était suffi- samment haut pour pouvoir pré- tendre à une couverture de l’État. Avec le passage du Doubs en alerte rouge, l’échéance du 30 octobre, initialement envisa- gée pour la réouverture de ces bars et boîtes, est donc à ranger au rayon des faux espoirs. La date d’avril 2021 est désormais envisagée. “Et pendant tout ce temps, les soirées sauvages avec tous les risques sanitaires qu’elles comportent, se poursuivent. La décision de maintenir fermés nos établissements est avant tout politique, il faut que l’État nous permette de tenir jusqu’à ce qu’on puisse rouvrir” estime Antonin Borie. Des initiatives de soutien via des cagnottes en ligne ont fleuri à Besançon, mais “on pré- fère faire appel aux aides de l’État plutôt que de demander aux clients de cracher au bassinet. L’État doit assumer ses positions fermes” ajoute le patron en colère qui constate, en Suisse, que le traitement réservé aux disco- thèques et bars de nuit a été radicalement différent. “J’ai assisté récemment à un festival électro dans le Valais. Il a été organisé avec les mesures sani- taires et la jauge adéquates et tout s’est bien passé !” affirme Antonin Borie. Ce dernier est également à l’ini- tiative dumouvement B.B.R.B.U. (Bars, boîtes et restaurants de Besançon unis) qui se bat éga- lement pour le maintien d’une vie musicale et nocturne à Besançon à l’heure où le préfet et la municipalité de Besançon annoncent un renforcement des contrôles et des sanctions. “Suite aux récents débordements dus à la rentrée étudiante et à une inquiétude grandissante des

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