La Presse Bisontine 213 - Octobre 2019

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

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OCTOBRE 2019

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon

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LE C.H.U. MINJOZ À LA POINTE CANCER, INNOVATIONS MÉDICALES… L’ESPOIR À BESANÇON

L’équipe de recherche sous la direction du Professeur Olivier Adotevi travaille sur un vaccin capable de stimuler l’immunité contre le cancer.

p. 30 L’ancienne députée bisontine Barbara Romagnan règle ses comptes avec la gauche

p. 6 à 8

Le sujet fait encore polémique La majorité se déchire autour des pesticides

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La Presse Bisontine n° 213 - Octobre 2019

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Carrefour des collectivités : il sera question de la gestion de l’eau

Fidélité Loin du brouhaha dont commencent à résonner les couloirs de la politique locale, retirée pour l’instant de la vie publique, en retrait des dissensions qui déchirent les multiples ailes d’une gauche bisontine salement divisée, l’ancienne députée du Doubs Barbara Romagnan a pris du recul. Retournée à la vie civile, elle a choisi d’en- seigner le français au collège, elle le fait également auprès des personnes incar- cérées pour tenter de leur redonner les premières clés d’une hypothétique réin- sertion. Ce silence médiatique et politique ne la rend pas moins bavarde. C’est sur les deux cents pages d’un livre qu’elle a décidé de s’exprimer. Dans un ouvrage fraîchement sorti intitulé “Mon pays me manque” (aux Éditions Libre et Solidaire), cette écorchée vive qui a visiblement “mal à sa France” a décidé de régler ses comptes à une gauche qui l’a profondé- ment déçue. Dans ce réquisitoire, elle n’épargne personne, aucun de ses ex- camarades socialistes, l’ancien président Hollande en tête, qu’elle accuse d’avoir piétiné une à une les valeurs de gauche qu’elle avait espoir de relayer quand elle était parlementaire. Ses belles illusions ont vite été douchées, elle le raconte dans cet ouvrage. Le maire sortant de Besançon n’est pas épargné non plus, lui l’ancien socialiste devenu marcheur. Au-delà de l’amer constat d’appartenir à une majorité qui a foulé du pied toutes ses profondes convictions d’humaniste de gauche, ce qui transparaît tout au long du livre de Barbara Romagnan, c’est d’abord la fidélité absolue à des idéaux et à sa conscience de femme de devoir. Sa position jusqu’au- boutiste de frondeuse lui a peut-être valu d’échouer à conserver son mandat de députée, emportée elle aussi par la vague macroniste. Mais à l’approche d’une nou- velle échéance électorale, le parcours de Barbara Romagnan a peut-être de quoi inspirer ceux qui, en quête d’un nouveau mandat, se demandent pourquoi tant de leurs concitoyens se sont éloignés, par méfiance, de leurs discours politiques mouvants au gré des vents. Sans doute parce que ce que que ces citoyens cher- chent avant tout, c’est une loyauté dans la démarche. Si Barbara Romagnan est loin de faire l’unanimité, personne ne pourra lui retirer cet attribut devenu rare en politique : la fidélité. Cette femme l’a élevée en valeur cardinale, quitte à y perdre ses électeurs. n Jean-François Hauser Éditorial

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, eux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. ous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Le P.C.F. enmode circuit court

2 euros le kg de pêche, Made in France, et bio, qui dit mieux ? Personne. À part la section du Parti com- muniste français du Grand Besançon qui a organisé ven- dredi 6 septembre l’opération “Action fruits et légumes”, la sixième du genre. But de l’opé- ration ? Proposer dans les quar- tiers populaires de Palente (place des Tilleuls), Clairs-Soleils (rue d’Anglas) et Planoise (Ile-de- France), une vente en direct de produits que les membres du parti étaient partis chercher la veille avec une camionnette chez un producteur dans le sud

tout à fait inaccessible pour un grand nombre de familles, sans parler du bio 70 % plus cher que les produits conventionnels. La grande distribution exploite le producteur et les consom- mateurs” poursuit le parti qui voit dans les circuits courts la solution. Encore faut-il que les personnes en difficulté aient le réflexe d’acheter chez un producteur, de s’y rendre, de cuisiner. C’est justement ce que tente de faire, à son échelle, le P.C.F. du Grand Besançon. Le 6 septembre, le parti a fait des gens heureux. Un bon début. n

est de la France. “Nous voulons démontrer qu’il est possible d’organiser des circuits courts bénéfiques à la fois aux consom- mateurs et aux producteurs… et dénoncer les marges appli- quées par la grande distribution, faites sur le dos des consom- mateurs et des producteurs” présente Thibaut Bize, membre du parti, adjoint à la Ville de Besançon. Cette année, 600 kg de produits ont été acheminés par camion jusqu’à Besançon et très vite, ils ont trouvé preneur. “La recommandation “Mangez 5 fruits et légumes par jour” est

Jean-Louis Fousseret, Vincent Martin, Patrick Genre, Éric Vermot.

L e Carrefour des collec- tivités se déroule à Micropolis jeudi 10 et vendredi 11 octobre, moment devenu incontournable pour les professionnels des Tra- vaux Publics et les maires de la région. Sont attendues envi- ron 2 300 personnes, dont des élus en provenance du Doubs, de Haute-Saône, du Jura et du Territoire de Belfort, et des entreprises de travaux publics, venues soumettre leurs innovations aux collec- tivités locales. Le métier du T.P. va beaucoup mieux. Les collectivités inves- tissent à nouveau. Le thème 2019 tournera autour de “la gestion de l’eau, tous res- ponsables”. “Il faut mettre l’accent non pas sur l’eau

captée mais sur celle que l’on perd” explique Vincent Martin, président de la F.R.T.P. Les maires en sont conscients… “Environ 20 à 25 % des pré- lèvements d’eau dans les nappes se perdent à cause des fuites dans les installa- tions” ajoute Patrick Genre, président des A.M.F. franc- comtoises. Un travail d’inter- connexion entre les réseaux doit être mené. “30 ateliers seront présents sur le salon où l’on parlera de croissance verte” Éric Vermot, président du cluster Éco-chantiers. Les élus locaux apprécient ce ren- dez-vous qui leur permet d’échanger et découvrir les dernières innovations. Ren- seignements : carrefour-col- lectivites.com n

La section Grand Besançon du P.C.F. a vendu des fruits français achetés en direct comme ici à Palente. Elle dénonce la marge des grandes surfaces.

La dernière rentrée de Jean-Louis Fousseret

L e maire de Besançon, qui ne se représentera pas aux élections muni- cipales, a tenu sa tradi- tionnelle réunion de rentrée fin août. La dernière du genre, durant laquelle il s’est positionné en rassembleur. Le rendez-vous, donné sur le chantier du pôle tertiaire Viotte, se voulait forcément particulier. Symbolique aussi. Installé au sixième étage avec une vue plongeante sur la ville, le maire sortant a pris de la hauteur, pour dresser un bilan des derniers mois. Satisfait de la fréquenta- tion de la piscine de Chalezeule depuis sa réouverture (42 000 visiteurs), de celle de la plage d’Osselle “qui va continuer à s’agrandir” , de la Citadelle

au moins de le démarrer” , concède-t-il au sujet de ce der- nier. “Peu importe si je suis là à son inauguration. Après 2020, la vie va continuer à Besançon.” D’autres dossiers auront aussi encore le temps d’être portés. “Je veux trouver des crédits pour refaire le toit de la maison Colette” , glisse en exemple l’élu. Sur de bons rails, le dossier “tramway” reste, à ses yeux, une réussite. Regardant avec intérêt cette rentrée politique, Jean-Louis Fousseret ne pouvait, enfin, faire l’impasse sur les municipales de 2020. Face à une majorité sortante plus divisée que jamais, l’élu a déclaré qu’il ne voyait aucun candidat déclaré en mesure de rassembler. “Cette

(155 088 visiteurs à fin juillet) ou du nouveau Musée des beaux-arts (avec déjà 125 000 visiteurs), il a également évoqué les projets urbains en cours (école des Vaîtes, ouverture du parc et nouvelle halle nautique aux Prés-de-Vaux, salle d’es- calade…), et mis l’accent sur tout ce qu’il reste à réaliser. Jean-Louis Fousseret l’a affirmé : il travaillera “jusqu’à la dernière minute.” À sept mois des élections, l’élu se trouve dans la dernière ligne droite. De grands chantiers sont tout juste mis sur les rails comme la réhabilitation de Saint- Jacques (avec la désignation prochaine d’un cabinet d’archi- tecte) ou la rénovation duMusée de la déportation. “Mon but était

est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645

Jean-Louis Fousseret a appelé à un rassemblement, pour décider au mieux du cap à prendre pour la ville.

Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Contact publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Octobre 2019 Commission paritaire : 0220 D 80130 Crédits photos : L.P.B., M. Jeanningros - A.D.E.M.E.,

comme j’ai pu le faire sur mes différentes listes.” Et de conclure, sans citer de nom : “Certains pensent qu’ils peuvent faire seuls. S’ils refusent le rassem- blement, cela sera leur respon- sabilité.” n

situation ne me convient pas, je ferai tout pour que cela change. Ne pas se rassembler serait suicidaire” , a-t-il estimé. “Il faut se mettre d’accord sur le cap que cette ville doit prendre et accepter les divergences

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L’INTERVIEW DU MOIS

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POLITIQUE

Karim Bouhassoun, candidat indépendant

“Nous faisons le pari du renouveau” Co-fondateur du mouvement Bisontines, Bisontins,

Karim Bouhassoun se lance officiellement dans la course aux élections municipales. Inattendu, le quadragénaire propose une nouvelle manière de faire de la politique, avec une liste citoyenne et libre.

L a Presse Bisontine : Votre mouve- ment citoyen, né en juillet 2018, est à l'origine de ce match de foot très médiatisé entre force de l’ordre et jeunes de quartier. Il a aussi organisé ce concert pour les Restos du cœur et fait don d’un piano au C.H.U. Minjoz. Pourquoi avoir décidé de le créer ? Karim Bouhassoun : Nous avons constaté qu’il y avait une rupture de confiance entre les citoyens et la politique. Nous nous sommes dit qu’il fallait, plutôt que de critiquer, semobiliser pour un “réveil citoyen”. Et que nous pourrions prendre notre part aux problèmes existants en menant des actions, nous- mêmes, sans demander d’autori- sation ou de subventions. L.P.B. : Voulu au départ a politique, vous annoncez aujourd’hui candidater à la mairie. Qu’est-ce qui explique ce revire- ment ? K.B. : Au fil du temps, nous avons rencontré des habitants qui par- tageaient nos attentes et nos envies. Plusieurs propositions sont ressor- ties de nos réunions mensuelles et de la grande consultation citoyenne, menée de mars à juin dans les quar- tiers, et il y avait cette demande à ce que nous nous engagions poli- tiquement. Nous en sommes venus à nous poser la question d’incarner une offre nouvelle. 2 000 personnes qui vous disent qu’il faut faire quelque chose, cela fait forcément peser des responsabilités sur vos épaules.Nous en sommes conscients et nous le faisons avec beaucoup de gravité L.P.B. : L’absence d’un rassemblement et la situation de la majorité sortante vous ont-elles poussé à pren- dre cette décision ?

différents partis dans notre mou- vement, de gauche comme du cen- tre-droit, qui sont compatibles avec nos idées. On appelle surtout à un rassemblement et à une recomposition. Sans agrégation à d’autres mouvances. L’idée est de se réunir derrière un projet et des valeurs, plutôt que sous une étiquette politique. La société civile dans son ensemble est la base de notre mouvement qui réu- nit chefs d’entreprise, retraités, agriculteurs, personnes de l’éco- nomie sociale et solidaire… et cela se traduira sur notre liste. Nous sommes démocrates, répu- blicains, progressistes et huma- nistes. C’est ça la force des Bison- tines, Bisontins, avec la liberté et l’indépendance. L.P.B. : Ne craignez-vous pas que votre position d’outsider vous desserve par rapport aux autres candidats ? K.B. : Notre mouvement a grandi extrêmement vite et les diffé- rentes actions que nous avons portées ont montré qu’on était capable d’agir. On entend souvent dire qu’on est sur une élection jouée d’avance avec des impé- trants qui sont les mêmes. Mais on ne se reconnaît pas dans ces femmes et hommes politiques qui utilisent des méthodes du passé. Nous avons choisi de faire le pari du renouveau, celui des visages et des idées, et nous invitons tous les Bisontins à nous suivre. L.P.B. : Qu’est-ce qui vous différencie de la candidature de Nicolas Bodin, du duo Vignot-Lime ou encore d’Éric Alau- zet ? K.B. : C’est le lien aux citoyens. Nous avons rassemblé 300 pro- positions ensemble et en avons débattu. Il en ressort 40 orienta- tions que nous allons présenter et à nouveau discuter lors de réu- nions publiques en différents endroits de la ville à partir de la fin septembre et jusqu’à la mi- décembre. On veut arriver à équi- librer notre vision et les attentes des habitants. L.P.B. : Quels grands projets portez-vous pour la ville ? K.B. : Nous nous sommes fixé trois grands axes de travail. Sur l’en- vironnement d’abord, on veut ins- taurer la gratuité des transports publics par étapes, en commen- çant par les moins de 26 ans et les seniors dès le début du man- dat. On souhaite aussi intervenir sur le parc de logements pour réduire les factures de chauffage et lancer un réseau de fermes urbaines (avec le foncier existant, en végétalisant les toitures des espaces publics…) pour arriver

Karim Bouhassoun a grandi dans un quartier populaire du Val de Marne et travaillé comme conseiller dans de grands groupes et ministères, avant de rejoindre sa ville de cœur : Besançon.

ne font pas partie de la ville. Il s’agira bien sûr pour moi d’en faire une priorité. Le mot d’ordre sera l’emploi et la tranquillité. Cela peut être fait avec la média- tion et la police, qui n’a aujourd’hui pas les moyens d’agir. On ne veut plus d’une ville dans la ville. L.P.B. : Pour finir, quel bilan tirez-vous des années Jean-Louis Fousseret ? Serez-vous en rupture ? K.B. : C’est un des maires histo- riques de la ville, beaucoup l’ou- blient. Personnellement, j’ai de la considération pour ce qu’il a donné à sa ville. Nous ne voulons pas détricoter tout ce qui a été fait, mais apporter du renouveau et repenser ce qui ne va pas, en mettant Besançon à la pointe. Il faut faire entrer cette ville dans le XXI ème siècle. Pour l’heure, on est dans de la gestion. Le but est de se sentir bien dans sa ville quel que soit son âge et on ne peut pas y arriver en faisant de la den- telle. n Propos recueillis par S.G.

d’euros pour la réalisation des projets dans les quartiers. L.P.B. : Vos fonctions de conseiller de la pré- sidente de Région seront-elles compa- tibles si vous êtes élu ?

à 25 % de production locale d’ici la fin du mandat. Besançon pour- rait également devenir la pre- mière ville à bannir le plastique. Sur le plan économique, on pour- rait aider à la reprise d’entreprises (en offrant par exemple les pre- miers mois de loyers à des com- merces), créer une cité du numé- rique à Temis qui réunirait chercheurs, incubateur, école de développeurs web… : sorte de Silicon Valley à la française, ou encore développer les partenariats avec la Suisse pour mieux valo- riser nos savoir-faire (en favori- sant la mobilité de nos voisins jusqu’à Besançon). On aimerait aussi installer une cité de la crois- sance verte à Saint-Jacques avec un pôle hydrogène. Enfin, vis-à-vis de la cohésion urbaine et sociale, nous voulons créer un service de médiation autour de la tranquillité publique, ainsi qu’une assemblée citoyenne qui remplacerait les conseils consultatifs d’habitants, avec un budget participatif de 2 millions

Bio express

“Besançon, première ville à bannir le plastique.”

K.B. : Le fait que l’on assiste à une course aux ambitions nous a amenés à nous sou- lever. Beaucoup de partis nous ont aussi fait des propositions avant notre candida- ture officielle, avec parfois même des compromissions. Ce qui est regrettable et qui a contribué à jeter un peu plus le discrédit sur ce qui se fait au niveau local. L.P.B. : Quelle est votre couleur politique ? Est- ce que vous agrégerez autour de vous la mou- vance Edge ou Place publique ? K.B. : On s’est ouvert à tous. Nous avons déjà eu des élus de

l Né en 1979 dans un quartier populaire du Val de Marne l Diplômé de Sciences Po Paris en 2006 l Il commence sa carrière dans un cabinet de conseil en stratégie et intervient auprès de grands groupes et de l’Éducation nationale Ex-directeur adjoint de cabinet à Nevers, il devient conseiller technique de Marie-Guite Dufay en 2014. Auteur de “Quatre nuances de France” et “Que veut la banlieue ?” l l

K.B. : J’ai décidé de quitter ses fonc- tions, même s’il m’était possible de les conserver, pour me consacrer plei- nement à cette campagne. Cela nécessite à mon sens le plus com- plet des engagements. L.P.B. :Auteur d’un livre sur les quartiers et l’intégration, quelles solutions pré- conisez-vous pour lutter contre l’insé- curité et les dealers à Planoise ou ailleurs à Besançon ? K.B. : message donné aux habitants des quartiers populaires est qu’ils “On veut faire entrer cette ville dans le XXI ème siècle.”

POLITIQUE

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MUNICIPALES Ce qu’il faut savoir en quelques lignes Les Off de campagne À partir de ce mois-ci et jusqu’aux municipales de mars 2020, cette rubrique suit et dévoile l’envers du décor de la politique locale. Peaux de bananes mais aussi belles histoires sont attendues.

" O f f d e c a m p a g n e "

l Grosperrin plébiscité

l Préparer ses arrières

Jean-Yves Pralon fait de la résistance

l

Chez les Républicains, Jacques Grosperrin devrait bien être tête de liste pour son parti, Les Répu- blicains, aux municipales. Il doit l’annoncer début octobre. Selon nos informations, le sondage sur les intentions de vote aux pre- mier et au second tour, com- mandé par son parti serait excel- lentes pour le sénateur. l Les Républicains fâchés contre le maire de Pirey Robert Stepourjine, maire de Pirey, est-il en passe de dérouler le tapis rouge à un socialiste ? C’est ce que pensent des mem- bres du parti Les Républicains qui n’apprécient guère que le maire veuille adouber Patrick Ayache comme son futur suc- cesseur. Rappelons que Patrick Ayache fut le directeur général des services de laVille de Besan- çon sous Jean-Louis Fousseret. Il est désormais vice-président du Conseil régional aux côtés de Marie-Guite Dufay.

Ex-journaliste pour la radio R.C.F. à Besançon,Margot Bris- son avait intégré le cabinet du maire Jean-Louis Fousseret lorsque celui-ci était passé En Marche. Début septembre, elle était derrière Éric Alauzet au lancement de sa campagne. Après avoir posé sa démission, elle va intégrer en octobre l’équipe de la députée Fannette Charvier comme attachée de presse. Les départs s’enchaînent dans le camp Fousseret-Cordier. Reviens Manu Emmanuel Dumont, conseiller municipal délégué aux arts urbains, n’est pour le moment avec personne. Il dit vouloir s’en- gager par la voie associative durant ces municipales. Constance Nicole Friess sera candidate aux municipales et conduira, on vous le donne en mille, les couleurs de Lutte Ouvrière. Au moins chez les rouges, c’est clair. l l

Le maire de Tallenay depuis 1989 a décidé de lâcher “sa” com- mune où il ne se représentera pas. En revanche, il s’active tou- jours en politique. Il est un sou- tien affiché à Éric Alauzet peut- être pour revenir à Besançon ? Le candidat KarimBouhassoun - conseiller de la présidente P.- S. de la Région – estime que la séparation gauche-droite n’a plus de sens aujourd’hui. Sans doute. Sauf que son tract d’in- dépendance politique était récemment distribué en ville par l’actuelle secrétaire nationale du P.-S. Le Bisontin Luc Bardi est tou- jours conseiller régional mais plus sous l’étiquette Parti socia- liste. Il a affiché son soutien au député et candidat à Besançon Éric Alauzet. Pour quel rôle ? l Indépendant mais trop l Conseiller régional dans les filets

l Animal Le Bisontin Jean-PhilippeAllen- bach, candidat “régionaliste” à la prochaine municipale de Besançon, a décidé d’intégrer parmi ses propositions de cam- pagne la mise en place, en par- tenariat avec les associations de défense des animaux, d’une structure d’accueil chargée de prendre en charge les animaux domestiques des Bisontins pen- dant les vacances d’été, et ce, gratuitement pour les ménages dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 2 500 euros. Comme le rappelle le candidat : “Qui n’aime pas les animaux, n’aime pas les hommes”. n Éric Alauzet, premier des candidats déclarés à avoir dévoilé les grandes lignes de son programme. C’était le samedi 31 août à L’Échappée belle, café à Besançon.

l MoDem Intervention remarquée de Lau- rent Croizier (MoDem) au conseil municipal de Besançon. Il s’en est pris à Anne Vignot (Europe Écologie-Les-Verts). Un virage écolo pour mieux se rapprocher d’Éric Alauzet ? On a aperçu Jacques Bahi, pré- sident de l’Université, comme soutien à Alauzet. Il est encore président de l’Université pour quelques mois. Fantôme F.N. Il avait disparu de la circulation le conseiller municipal Julien Acard (ex-Front National). Absent à lamajorité des conseils municipaux depuis un an, il est revenu en septembre à sa place. L’élu P.C.F.Thibaut Bize lui avait alors demandé de démissionner. l l Le Président de l’Université se mouille

l Qui à L.F.I. ? SandrineVèzies et ClaireArnoux sont deux représentantes de La France Insoumise. Le 25 sep- tembre, le parti devait désigner un binôme homme-femme lors d’une assemblée communale. Ancien conseiller municipal de Besançon, gaulliste, puis au R.P.R. et enfin à Debout la France, Jean-Claude Chomette fut un des tout premiers élus de l’ex-district, un homme d’expé- rience. Il n’appartient aujourd’hui à aucun parti. Il a décidé de soutenir Alauzet. “Je reste fidèle à mes convictions, s’il s’agissait d’une liste “La République en Marche” je ne serais pas présent, mais Éric souhaite une équipe ouverte à d’autres sensibilités.” l Girouette Jean-Claude Chomette ?

L’ÉVÉNEMENT

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OÙ SONT-ILS DANS LE GRAND BESANÇON ? PESTICIDES :

l Pesticides Bilan après 15 ans d’action 25 agriculteurs du Plateau de Saône ont réduit de 40 % l’utilisation de phytos C’est un exemple unique en France. La mesure vise à protéger la source d’Arcier qui alimente en eau potable les Bisontins. En contrepar- tie, les exploitants sont aidés financièrement pour cultiver autrement. La population n’en veut plus. Les pesticides autorisés en agriculture ne sont pas légion dans le Grand Besançon comme sur le Plateau de Saône où une protection du périmètre de la ressource en eau d’Arcier a permis depuis 10 ans de limiter les épandages. À Besançon, deux parcelles sont concernées. Un sujet qui a encore fait débat au conseil municipal (photo d’introduction D.R.).

Christian Morel,

agriculteur à Saône, fait partie des exploitants qui ont fortement diminué l’utilisation de phyto- sanitaires.

D ans ses 150 hectares de champ situés aux alentours de Saône, Christian Morel, éle- veur de montbéliardes en zone A.O.P. comté-morbier, a choisi comme 24 autres collègues - sur les 42 que compte la zone du Plateau - de réduire de 40 % l’utilisation de glyphosate et de fongicides. Le G.A.E.C. de laVie du Frêne au Gratteris (A.O.P. morbier) a fait de même et y trouve des bénéfices : le rende- ment des parcellesn’a pas baissé alors que la facture d’achat annuel de produits phytosani- taires est passée de 6 200 à 4 511 euros (- 30 %, chiffre de 2015). Rien n’oblige ces exploitants à moins traiter que le seuil auto- risé. Et pourtant, voilà déjà 15

couvre une surface de 102 km 2 et englobe 9 communes (1). En charge de l’eau, l’élu communiste réunit les agriculteurs pour leur proposer ce deal, sans rien impo- ser.À l’époque, personne ne par- lait vraiment des conséquences de ces produits sur l’environne- ment et sur la santé. En 2012, la source d’Arcier est déclarée “captage prioritaire Grenelle”.De là naît un programme d’actions volontaires axées sur la réduction des engrais et des pesticides afin de faire diminuer les concentra- tions en molécules à la source d’Arcier. Des partenaires sont mobilisés : la F.R.E.D.O.N. (fédé- ration régionale de défense contre les organismes nuisibles) qui se charge des analyses, l’Agence de l’Eau qui apporte un appui finan- cier et le syndicat du mixte du Marais de Saône un appui tech-

nique et une présence sur le bas- sin-versant. Les résultats sont là : les champs de céréales, les plus consomma- teurs de fongicides, ont été rem- placés par les prairies. Pour cer- tains, comme l’élue bisontine Anne Vignot, ce n’est pas assez : “Je suis même surpris qu’ils ne soient qu’à - 40 %. Il faut arriver à 0 % de produits car cette zone est le bassin-versant qui alimente Besançon en eau potable” tranche l’élue. Le Grand Besançon précise que les analyses d’eau à la sortie du robinet prouvent l’absence de phyto l’eau une fois traitée. La source d’Arcier abrite toujours des molécules du glyphosate et l’A.M.P.A. (molécule de dégra- dation du glyphosate). Il est très difficile de mesurer la baisse ou la hausse des taux car les résul-

tats des mesures dépendent notamment du lessivage des sols. “On peut espérer une diminution de leur concentration dans la source pour les années à venir depuis janvier denier, date où les phytos ont été interdits chez les particuliers” indique le service du Grand Besançon. La meil- leure chose pour le plateau et la source d’Arcier serait que la filière comté passe en bio même si elle n’est pas la seule respon- sable des rejets de phytos. Les particuliers, souvent donneurs de leçons, sont les premiers res- ponsables. n E.Ch. (1) Les communes concernées : Saône, Mamirolle, Montfaucon, Gennes, La Vèze, Fontain, Le Gratteris, Naisey- les-Granges, La Chevillotte.

ans que ça dure. Ils épandent moins d’engrais que la norme. En contrepartie, ils bénéficient d’une aide à la reconversion. À noter que celles qui devaient être versées par l’Europe ne sont tom- bées dans les poches des exploi- tants, ni en 2016 ni en 2017. Seront-ils tentés de revenir en arrière ? Christian Morel, qui est aussi vice-président de la Chambre d’agriculture duDoubs ne l’espère pas : “Je le crains… mais nous agriculteurs savons que la demande en produits sains est là. Nous ne voulons pas de produits qui ont une incidence sur la santé de nos clients qui sont aussi nos voisins, notre famille. Nous avons donc tout intérêt à poursuivre dans ce sens. Bien que j’aie perdu légèrement en rendement sur mes parcelles,

j’économise par exemple 3 000 euros sur les produits phy- tosanitaires que je n’utilise plus ! Les aides compensent la perte même si j’attends celle des années passées” expose-t-il. Ce qui se passe sur le Plateau est un des rares exemples en France de limitation des phytos, une action engagée il y a près de 15 ans grâce à un travail de concertation mené à l’époque

par Christophe Lime avec laCham- bre d’Agriculture. Tout a débuté en 2004 lorsqu’un arrêté préfectoral instaure un péri- mètre du captage des eaux de la source d’Arcier dont le bassin-versant

Les aides financières 2016 et 2017 ne sont pas arrivées..”

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l Enquête

Qui sont les cochons ?

Des agriculteurs soucieux

Les vrais pollueurs du Plateau, ce sont les particuliers 314 kg de glyphosate ont été vendus aux particuliers par les grandes surfaces et enseignes spécialisées du secteur de Saône en 2015. À l’inverse, les agriculteurs n’ont utilisé “que” 96 kg. Le résultat de l’étude est surprenant.

agroenvironnementales et climatiques (M.A.E.C.). L’as- pect financier a été un levier important, admet Sébastien Bonnet qui dirige la ferme avec Jean-Michel Vanicat. L’indicateur de fréquence de traitement en herbicides a été divisé par deux pour cette exploitation sur une période 2010-2015, les charges annuelles en achat de phyto sont passées de 6 201 à 4 511 euros (- 30 %) et en parallèle, les rendements n’ont pas diminué sur cette période 2010-2015” évoque le professionnel qui n’est tou- tefois pas passé au bio. L’exploitation a fait évoluer d’autres pratiques : elle pra- tique le labour, technique qui offre l’avantage de diminuer l’apparition des mauvaises herbes. Davantage que la limitation d’herbicides, ce sont les changements clima- tiques qui inquiètent les hommes de la terre. n

Moins de traitements ne veut pas dire moins de rendement. Cas concret. L’ exemple du G.A.E.C. du Frêne au Gratteris est parlant. L’exploita- tion de 55 vaches laitières pour 135 hectares de surface agricole produit de l’orge et de la betterave qui alimentent le bétail, et du blé qui est vendu. Depuis 2016, elle a arrêté le maïs en ensilage et s’est engagée dans la pro- tection de la source d’Arcier en limitant l’utilisation des phytosanitaires. “ On avait conscience de l’impact néga- tif des herbicides sur l’envi- ronnement et la santé humaine, c’est ce qui nous a motivés pour réduire les quantités utilisées via nos engagements en mesures

Les quantités de glyphosate pour les 14 communes du Plateau de Saône. Depuis le 1er janvier, les particuliers ne peuvent plus en acheter.

T oujours balayer devant sa porte. Pointés du doigt par les habitants dès lors qu’ils accrochent un pulvérisa- teur au cul de leur tracteur, les agriculteurs pourront commenter cette étude que nous nous sommes procurée. Elle va dans leur sens. Vengeance. En 2015, 314 kg de glyphosate ont été vendus aux particuliers par les grandes sur- faces et enseignes spécialisées à Saône et environs. Ces données sont issues de la Banque Natio- nale des Ventes de produits phy- topharmaceutiques. En parallèle, les collectivités ont utilisé 4,5 kg

de (enquête F.R.E.D.O.N.) et les agriculteurs 96 kg enquête Chambre d’Agri- culture 25 690. Les particuliers “consomment” 3 fois plus de gly- phosate ! Certes, ils n’ont plus la possibilité d’en acheter depuis le 1er janvier 2019. Un vendeur glyphosate

programme d’action qui s’adresse à tous, collectivités, particuliers et agriculteurs, permettra une reconquête de la qualité de l’eau d’Arcier.” L’augmentation du glyphosate constatée sur le graphique s’ex- plique par une pression foncière toujours plus forte sur le secteur de Mamirolle, Saône, Gennes, Fontain… Qui dit plus de mai- sons, dit potentiellement plus de traitements par les particuliers. Il va falloir apprendre à laisser pousser les mauvaises herbes. n E.Ch.

était parti avec 6 bidons… pour avoir du stock et désherber son jardin” indique ce professionnel. Autant dire que des habitants ne se gênent pas pour pulvériser malgré l’interdiction. “Quand on sait que le taux de transfert par ruissellement est de l’ordre de 1 à 10 % sur les surfaces agricoles, et de 35 à 95 % sur les surfaces non agricoles, on ne doute plus de l’existence d’une pression des particuliers sur la ressource en eau d’Arcier, indique un respon- sable agricole. Les responsabilités sont donc partagées, et seul un

spécialisé sur le Plateau (qui sou- haite ne pas apparaître) se souvient d’un client venu faire le stock de gly- phosate quelques jours avant l’in- terdiction. “Il

Il dévalise le stock de phyto avant l’interdiction.

l Mesure Quel bilan de l’action, 15 ans plus tard ? “Il fallait du gagnant-gagnant” Si des molécules de glyphosate sont toujours présentes dans la source d’Arcier, mais pas dans le robinet, le Grand Besançon compte bien voir leur nombre réduire rapidement.

Q Quel bilan 15 ans après ? Une étude menée en 2015 pour évaluer l’impact des actions sur la qualité de l’eau a démontré que les concentrations “n’ont pas augmenté alors que l’utilisation des produits phyto- sanitaires sur le plan national a augmenté ainsi que la pression foncière sur le secteur de Saône, Mamirolle, Gennes, Fontain… ” répond le Grand Besançon qui a commandé ce suivi. L’impli- cation du monde agricole pour la préservation de l’eau est donc

cité en 2017 l’exemple du Pla- teau qui, il faut l’avouer, a cette chance d’être une zone en poly- culture, qui plus est en zone A.O.P. comté. Ce laboratoire de 102 km 2 , la collectivité aurait eu plus de mal à l’imposer dans une zone céréalière. Du travail, il en reste. La source d’Arcier, déclarée captage prio- ritaire Grenelle, abrite toujours des molécules du glyphosate et l’A.M.P.A. (molécule de dégra- dation du glyphosate).Après les agriculteurs, ce sont les com- munes du secteur qui ont été

réelle… Les discours ont également beaucoup changé, l’état d’esprit avec. Rappelons-le, la protection du captage d’eau de la source d’Arcier, c’était en juin 2004. Alors élu en charge de l’eau, Christophe Lime se souvient bien du contexte : “Les agricul- teurs m’ont vu arriver, moi, élu communiste. On ne parlait pas ou peu des conséquences de ces produits sur la santé. Je n’ai rien voulu imposer mais proposer un programme d’actions volon- taires sur la réduction des phy-

tosanitaires. Il y a eu beaucoup d’échanges. Il fallait ne pas contraindre mais leur expliquer pourquoi nous leur demandions de réduire, c’est-à-dire pour la qualité de l’eau, pour la santé des agriculteurs, et surtout il fallait aller vite avec du gagnant- gagnant” se souvient celui qui n’était pas en terrain conquis. Finalement, la Chambre d’agri- culture et la collectivité ont noué un partenariat unique qui per- dure dans le temps. Alors secrétaire d’État à la bio- diversité, Barbara Pompili avait

Pour le Grand Besançon, Frank Laidié (maire de Pugey), Christophe Lime (Besançon) et Denis Jacquin (maire de Torpes), travaillent sur le sujet eau-assainissement.

que la loi ne l’impose. Lente- ment, les résultats de ce travail de fond devraient couler de source… n

priées de changer leurs méthodes avec l’arrêt de l’utili- sation des phytos par les employésmunicipaux bien avant

ÉVÉNEMENT L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 213 - Octobre 2019

8

l Justice Des maires déboutés Le tribunal annule l’arrêté anti-pesticides de Boussières Le tribunal administratif de Besançon a mis un terme aux arrêtés pris cet été par deux communes. Devecey attend son jugement.

l Politique Anne Vignot explique sa position L’argument de l’Intergroupe :

contraindre les entreprises

L’ Intergroupe fait-il de la politique poli- ticienne avec l’ar- rêté anti-pesticides comme le lui a reproché Jean- Louis Fousseret puis Laurent Croizier (MoDem) lors du conseil municipal de septem- bre ? Un peu. Besançon est un exemple en la matière. À leur décharge, les écolos repré- sentés par AnneVignot furent les premiers à parler de ce sujet avant que les autres ne comprennent sinon l’urgence, dumoins la gravité de ces pro- duits. Attaquée, la tête de liste pour les municipales sort un argu- ment : “Les collectivités comme Les sociétés intervenant dans les espaces verts des particuliers ont le droit d’utiliser du glyphosate. Un paradoxe selon l’élue qui voit dans l’arrêté une solution.

S.N.C.F. qui a limité la pulvé- risation sur ses voies ferrées. Elle reste en France la pre- mière consommatrice de gly- phosate

herbes ou les arbres sous les lignes. Dans son nouveau poste électrique de Saône qui approvisionne 200 000 habi- tants du Grand Besançon, une plate-forme avec cailloux a été installée. Cette dernière limite l’apparition de mauvaises herbes et donc les traitements. Dans certains lieux, elle a appelé des moutons à la res- cousse. Ce sont ces actions, mises bout à bout, qui produi- ront des effets. n

laVille de Besançon ont montré l’exemple. Les particuliers - depuis le 1 er janvier 2019 - n’ont plus le droit d’utiliser ce genre de produit. Il faut aller plus loin. Car si vous faites intervenir une entreprise chez vous, elle a le droit de pulvé- riser ! Les particuliers ne com- prennent pas” explique Anne Vignot. L’arrêté d’un maire pourrait donc contraindre. C’est un fait. D’autres entreprises ont réa- lisé des efforts comme la

(0,4 % de la consomma- tion fran- çaise). R.T.E. (le réseau de transport d’électricité) déteste éga- lement les mauvaises

“Les particuliers ne comprennent pas.”

L es maires s’interrogent. À quoi servent-ils, sinon à ramasser les chiens écrasés ? BertrandAstric, maire de Boussières, s’est fait attaquer par le préfet du Doubs sa décision d’interdire l’utilisation de tout produit contenant du gly- phosate sur l’ensemble de sa com- mune. Idem pour la maire d’Au- dincourt. Le 13 septembre, le tribunal admi- nistratif de Besançon a rendu sans surprise la même décision qu’à Langouët (Ille-et-Vilaine) considérant qu’interdire les pes- ticides est du ressort duministère de l’Agriculture et non du ressort du pouvoir de police des maires. Les maires de Mandeure et de Devecey ont pourtant emboîté le pas. Partant “d’une réflexion per- sonnelle et partagée avec les adjoints” , le maire de Devecey Michel Jassey qui représente Le député, candidat aux muni- cipales à Besançon, trouve les arrêtés trop brutaux. “Il ne faut pas mettre les agriculteurs sur la paille en leur demandant du jour au lendemain de changer de modèle ! Il faut faire comme avec le tram : accompagner finan- cièrement ces agriculteurs pour les aider à cette transition.” Il avait préparé une motion pour le conseil municipal de septembre qui n’a pas été présentée. n La proposition d’Éric Alauzet pour ne pas mettre les “agriculteurs sur la paille” Une seule parcelle, de céréales, a été traitée (sur 7 hectares) sur l’ensemble du territoire de Besançon. Manque sur cette photo Chapelle-des-Buis où il n’y a pas d’utilisation de pesticides.

1 500 habitants a pris avec son conseil municipal l’arrêté le 29 août. Les habitants sont sou- vent les premiers à soutenir leur édile. La décision du tribunal est attendue. Rappelons qu’en France, l’usage du glyphosate est déjà restreint, interdit depuis début 2019 pour les particuliers et banni depuis 2017 pour les espaces verts

publics. L’abandon du glyphosate était une promesse du candidat Emmanuel Macron. Le gou- vernement a pro- mis qu’il serait interdit “dans ses principaux usages” d’ici à 2021 et “pour tous les usages” d’ici à cinq ans. n

Du ressort du ministère, pas d’un maire.

Anne Vignot (E.E.L.V.) pour l’Inter- groupe.

l Besançon La mise au point de Jean-Louis Fousseret “Il n’y a pas l’écologie d’Anne Vignot et celle de Jean-Louis Fousseret”

À Besançon, une seule parcelle concernée par le glyphosate

B esançon, c’est 2 300 hec- tares de bois et 2 000 de surfaces agricoles culti- vées. Lors du conseil municipal de Besançon, Laurent Croizier (MoDem) s’en est pris vivement à Anne Vignot, lui reprochant sa “posture” concernant ce sujet. Elle n’aurait - à la différence de lui - jamais interrogé ni même rencontré les agriculteurs de Besançon, la Chambre d’agri- culture, les syndicats… afin de

rappelle la demande d’Anne Vignot (Europe Écologie-Les Verts) de prendre un arrêté anti-pesticide, il la remet en place : “Il n’y a pas l’écologie d’Anne Vignot et celle de Jean- Louis Fousseret ! Je respecte la justice administrative qui déboute en ce moment tous les arrêtés anti-pesticide pris par des maires. Je suis contre ces produits mais je ne signerai pas cet arrêté, même avec un fusil sur la tempe” dit-il. Le maire rappelle tout ce qui a déjà été mis en place à Besan- çon comme le zéro phyto utilisé par la Ville bien avant que la loi ne l’impose. “Il faut changer la loi ! Je ne veux pas prendre un arrêté qui va embouteiller cette justice mais je m’interroge car en ce moment, beaucoup de personnes font des propositions, mais qui va payer ?” n connaître la nature et la quantité des surfaces traitées. Lui est allé à la source : “À Besançon, il y a une seule parcelle concer- née par les pesticides qui est au-delà des 150 mètres de zone urbanisée. Je trouve désolant que vous Anne Vignot n’ayez pas privilégié le dialogue avec les agriculteurs. Vous aviez une occasion d’agir localement. Démagogie ou réalité de terrain, je vous invite à choisir. ” n

Le maire de Besançon refuse toujours de signer un arrêté anti-pesticide sur sa commune… même s’il est contre son utilisation. Il tacle son adjointe.

L es pesticides fanent les mauvaises plantes. En ce moment à Besançon, ils dopent les propo-

convoque les journalistes sans lui demander son aval sur le sujet de l’arrêté anti-pesticide qui le concerne - selon lui - au premier chef…Agacé qu’on lui

sitions politiques et les attaques. Lassé de celles-ci, Jean-Louis Fousseret fait une mise au point. Il n’a pas appré- cié que son adjointe écologiste

10 DOSSIER BESANÇON

La Presse Bisontine n° 213 - Octobre 2019

ANALYSE

Un pilier de la droite bisontine dit stop Après 25 ans d’opposition, Pascal Bonnet se dit “usé” Fidèle parmi les fidèles aux Républicains, le conseiller municipal ne sera pas de la bataille 2020. Âgé de 58 ans, il fera le service minimum pour son parti qui l’avait privé de la tête de liste aux municipales, en 2014.

Pascal Bonnet, homme de dossiers, fin connaisseur de “sa” ville, ne siégera plus au conseil après 25 ans de loyaux

L a Presse Bisontine : Confirmez-vous votre souhait de ne pas vous représenter aux municipales ? Pascal Bonnet : Effectivement, je ne me représenterai pas aux prochaines élections munici- pales mais ce n’est pas un arrêt de la vie politique. Je reste engagé dans mon parti mais j’arrête au bout de quatre mandats… L.P.B. :25 ans durant lesquels vous avez toujours été dans l’opposition ! P.B. : C’est frustrant mais ce fut pas- sionnant car j’aime ma ville. 90 % des dossiers sont aujourd’hui en dehors des clivages gauche-droite et le conseil municipal est devenu tellement aty- pique (il sourit) qu’il m’arrive de sou- tenir un socialiste contre une adjointe verte pendant que lemaire reste neutre. Nous, la droite, restons sur nos prin- cipes. Nous nous n’avons pas changé. C’est en face que ça ne ressemble plus à grand-chose… L.P.B. : Finalement, n’avez-vous pas annoncé trop vite votre désir d’arrêter puisque jamais la droite n’a eu autant de chance de remporter cette élection ! P.B. : Je suis usé. Je crois qu’il ne faut pas faire le mandat de trop. Je veux me recentrer sur mon métier de psy- chiatre, avoir du temps pour réfléchir, écrire, m’intéresser à d’autres sujets.

l’ai fait par le passé pour préparer une élection. L.P.B. : Parce qu’il y a une mésentente avec certains membres de votre groupe ? P.B. : Nous avons des désaccords mais nous, on s’entend ! Nous avons moins désaccord dans notre groupe que dans la majorité. Certes, nous avons tous nos ambitions. Lorsque j’ai été tête de liste en 2014, c’est Jacques Grosperrin qui a été choisi et même si nous n’avions pas le même projet pour la ville, j’ai été loyal envers lui et j’ai travaillé durant tout le mandat sans aucun souci. J’ai une lassitude, peut-être due à l’opposition. J’ai moins d’appétit pour l’atmosphère politique actuelle. L.P.B. : Alors, plutôt pro Grosperrin ou pro Fagaut ? P.B. : Je ne me prononce pas car je ne sais pas ce que veulent l’un et l’autre. Je constate que Jacques Grosperrin a voulu être candidat la dernière fois et que la commission d’investiture n’a pas réfléchi longtemps. Je n’ai pas été choisi : j’ai assumé. Et puis, il a été investi par notre parti aux sénatoriales dans l’optique de préparer Besançon. Il était donc le candidat naturel mais c’est aussi à ce moment que je me suis rendu compte que si je n’étais pas tête de liste en 2020 alors je ne servais à plus grand-chose au regard de l’expé-

L.P.B. : Beaucoup, même dans l’opposition, vous reconnaissent comme loyal, bosseur… mais pas tueur. C’est ce qui vous a manqué pour vous imposer ? P.B. : Sans doute n’ai-je pas été assez tueur. Je suis le recordman en termes de présence aux commissions : j’ai tou- jours préféré le travail dans l’ombre plutôt que me rendre à une inaugura- tion serrer des mains. Peut-être est- ce mon tort. L.P.B. :Vous n’avez pas répondu à la question posée précédemment : la droite a-t-elle une chance de prendre Besançon ? P.B. : C’est l’incertitude totale. Elle peut gagner comme elle peut perdre. D’abord, nous n’avons pas de candidat officiel et nous sommes dans une telle situation politique nationale et locale que per- sonne ne peut prédire ce qu’il va arriver.

services à son parti.

rience acquise. Jacques Grosperrin n’a pas dit qu’il n’était pas candidat : c’est, je pense, un moyen de verrouiller les candidatures. Pour Ludovic Fagaut, je n’en n’ai pas discuté avec lui. C’est quelqu’un de brillant et travailleur mais j’ignore si sa dynamique l’emmène à la ville lui qui est au Département. Je constate que la droite n’a jamais su présenter le bon candidat en mesure de gagner au bon moment. L.P.B. : Vous pensez à vous ! P.B. : Non, à Jean-Claude Duverget en 2001. Jean Rosselot est arrivé à ce moment-là, comme un bulldozer. L.P.B. : Certaines de vos publications sur les réseaux sociaux laissent penser que vous avez des affinités avec Éric Alauzet (LaRem). Est- ce le cas ? P.B. : J’ai peut-être paru favorable car j’ai plus attaqué les soutiens du maire qu’Alauzet. Dans les soutiens dumaire, il y a des soutiens de droite qui nous menacent plus qu’Alauzet.

L.P.B. Un mot sur Jean-Louis Fousseret que vous avez connu comme P.B. : J’ai des rela- tions plus cordiales que d’autres élus avec lui parce que je le connais depuis 25 ans. Nous n’avons jamais eu de contentieux. Je constate que les élus après 70 ans, survolent les dossiers et ne sont pas aussi impliqués. Ils s’isolent et rejettent ceux qui s’opposent à eux. C’est le cas pour Jean-Louis Fousseret comme ce le fut pour Robert Schwint et d’autres. Je peux dire tout de même que Jean-Louis s’est battu pour sa ville. Taper sur lui, ça ne sert à rien, comme ça ne sert plus à rien non plus de parler de Besançon comme “la belle endor- mie”. L.P.B. : S’il y avait un souvenir à garder de ces années ? P.B. : Lorsque j’annonce (il était alors secrétaire départemental) la victoire et le score de Nicolas Sarkozy devant les Bisontins. n Propos recueillis par E.Ch.

Le traditionnel pronos- tic de dire “que la droite va perdre à Besançon” n’est plus pertinent. L.P.B. : Quel rôle allez-vous jouer dans cette élection ? P.B. : Un rôle de soutien mais je ne serai pas sur la liste. Aujourd’hui, je ne suis pas prêt à met- tre mon travail entre parenthèses au sein de mon cabinet comme je

“Jacques Grosperrin a verrouillé.”

COMMERCE

Au 8, rue Pasteur L’artisanat local regroupé dans une boutique

Six créatrices de Besançon et des alentours se sont rassemblées autour d’une association,“La Boutique des créateurs”, et gèrent collectivement un espace de vente au centre-ville.

aime venir ici” , rapportent deux Dijonnaises de passage. Comme Nicolle, certains Bison- tins sont également devenus des fidèles. “Cela me rappelle les boutiques allemandes, avec des choses de bon goût, pas uni- formisées. C’est idéal pour faire des cadeaux.” Le lieu sert de vitrine à ces créatrices, qui ont décidé de l’ouvrir en parallèle à six à sept autres artisans, pour des dépôts temporaires. “Ils sont renouvelés tous les trois mois. Cela permet d’exposer d’au- tres créations” , précise Jeanne- Antide. Loin de craindre la mise en concurrence, elle y voit une façon de créer une dynamique autour de l’artisanat. “Tout seul, on ne pourrait pas ouvrir de boutique à Besançon.” La créa- tion d’un collectif autour de tous ces espaces de vente partagés est d’ailleurs dans les tuyaux pour offrir encore plus de visi- bilité. n S.G.

O n les voit fleurir un peu partout, prenant le contre-pied des grandes enseignes de distribu- tion. Ces petits magasins portés par des créateurs passionnés se montrent en vogue auprès d’une clientèle davantage dési- reuse de se tourner vers l’arti- sanat et l’achat local. “Il y a à la fois cette volonté de nous encourager dans notre travail et cette reconnaissance de la qualité” , souligne Jeanne-Antide Sulter, l’une des associées de la Boutique des créateurs. Leur magasin, qui a ouvert depuis un peu plus d’un an au 8, rue Pasteur, vient de se restructurer autour d’une asso- ciation qui regroupe au total six créatrices. “Nous nous par-

les fuites aumoment de changer bébé. “Ceux qui viennent ici veulent sortir des sentiers battus” , recon- naît Jeanne-Antide. “Ils appré- cient aussi de nous rencontrer et de pouvoir poser des questions

tageons les lieux et les perma- nences d’accueil du public.” Ce qui permet de rencontrer en fonction des jours de la semaine, une céramiste, une mosaïste, des bijoutières… À l’instar de “La Petite manu- facture” dans le quartier Rivotte ou du “Bocal” à Salins-les-Bains, on ne présente ici que des pièces de fabrication artisanale. Cela va des sacs en tissus colorés (signés Arti’Jane), aux bagues en argent (Sarah B), en passant par les tenues enfants brodées main (Mary&lau) et les lampes… Avec des prix qui débutent à une dizaine d’euros et un panier d’achat moyen de 50 euros. On retrouve aussi quelques originalités, comme ces tipis à pipi imaginés pour

sur la fabrica- tion.” Cet été, les touristes étran- gers ont notam- ment été nom- breux à pousser les portes du magasin. Tout comme les clients venus de l’exté- rieur de la ville. “Il y a peu de bou- tiques de créa- teurs chez nous, c’est pour ça qu’on

“Tout seul, on ne pourrait pas ouvrir de boutique.”

La boutique est ouverte du mardi au samedi de 10 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h 30.

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