La Presse Bisontine 213 - Octobre 2019

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 213 - Octobre 2019

OÙ SONT-ILS DANS LE GRAND BESANÇON ? PESTICIDES :

l Pesticides Bilan après 15 ans d’action 25 agriculteurs du Plateau de Saône ont réduit de 40 % l’utilisation de phytos C’est un exemple unique en France. La mesure vise à protéger la source d’Arcier qui alimente en eau potable les Bisontins. En contrepar- tie, les exploitants sont aidés financièrement pour cultiver autrement. La population n’en veut plus. Les pesticides autorisés en agriculture ne sont pas légion dans le Grand Besançon comme sur le Plateau de Saône où une protection du périmètre de la ressource en eau d’Arcier a permis depuis 10 ans de limiter les épandages. À Besançon, deux parcelles sont concernées. Un sujet qui a encore fait débat au conseil municipal (photo d’introduction D.R.).

Christian Morel,

agriculteur à Saône, fait partie des exploitants qui ont fortement diminué l’utilisation de phyto- sanitaires.

D ans ses 150 hectares de champ situés aux alentours de Saône, Christian Morel, éle- veur de montbéliardes en zone A.O.P. comté-morbier, a choisi comme 24 autres collègues - sur les 42 que compte la zone du Plateau - de réduire de 40 % l’utilisation de glyphosate et de fongicides. Le G.A.E.C. de laVie du Frêne au Gratteris (A.O.P. morbier) a fait de même et y trouve des bénéfices : le rende- ment des parcellesn’a pas baissé alors que la facture d’achat annuel de produits phytosani- taires est passée de 6 200 à 4 511 euros (- 30 %, chiffre de 2015). Rien n’oblige ces exploitants à moins traiter que le seuil auto- risé. Et pourtant, voilà déjà 15

couvre une surface de 102 km 2 et englobe 9 communes (1). En charge de l’eau, l’élu communiste réunit les agriculteurs pour leur proposer ce deal, sans rien impo- ser.À l’époque, personne ne par- lait vraiment des conséquences de ces produits sur l’environne- ment et sur la santé. En 2012, la source d’Arcier est déclarée “captage prioritaire Grenelle”.De là naît un programme d’actions volontaires axées sur la réduction des engrais et des pesticides afin de faire diminuer les concentra- tions en molécules à la source d’Arcier. Des partenaires sont mobilisés : la F.R.E.D.O.N. (fédé- ration régionale de défense contre les organismes nuisibles) qui se charge des analyses, l’Agence de l’Eau qui apporte un appui finan- cier et le syndicat du mixte du Marais de Saône un appui tech-

nique et une présence sur le bas- sin-versant. Les résultats sont là : les champs de céréales, les plus consomma- teurs de fongicides, ont été rem- placés par les prairies. Pour cer- tains, comme l’élue bisontine Anne Vignot, ce n’est pas assez : “Je suis même surpris qu’ils ne soient qu’à - 40 %. Il faut arriver à 0 % de produits car cette zone est le bassin-versant qui alimente Besançon en eau potable” tranche l’élue. Le Grand Besançon précise que les analyses d’eau à la sortie du robinet prouvent l’absence de phyto l’eau une fois traitée. La source d’Arcier abrite toujours des molécules du glyphosate et l’A.M.P.A. (molécule de dégra- dation du glyphosate). Il est très difficile de mesurer la baisse ou la hausse des taux car les résul-

tats des mesures dépendent notamment du lessivage des sols. “On peut espérer une diminution de leur concentration dans la source pour les années à venir depuis janvier denier, date où les phytos ont été interdits chez les particuliers” indique le service du Grand Besançon. La meil- leure chose pour le plateau et la source d’Arcier serait que la filière comté passe en bio même si elle n’est pas la seule respon- sable des rejets de phytos. Les particuliers, souvent donneurs de leçons, sont les premiers res- ponsables. n E.Ch. (1) Les communes concernées : Saône, Mamirolle, Montfaucon, Gennes, La Vèze, Fontain, Le Gratteris, Naisey- les-Granges, La Chevillotte.

ans que ça dure. Ils épandent moins d’engrais que la norme. En contrepartie, ils bénéficient d’une aide à la reconversion. À noter que celles qui devaient être versées par l’Europe ne sont tom- bées dans les poches des exploi- tants, ni en 2016 ni en 2017. Seront-ils tentés de revenir en arrière ? Christian Morel, qui est aussi vice-président de la Chambre d’agriculture duDoubs ne l’espère pas : “Je le crains… mais nous agriculteurs savons que la demande en produits sains est là. Nous ne voulons pas de produits qui ont une incidence sur la santé de nos clients qui sont aussi nos voisins, notre famille. Nous avons donc tout intérêt à poursuivre dans ce sens. Bien que j’aie perdu légèrement en rendement sur mes parcelles,

j’économise par exemple 3 000 euros sur les produits phy- tosanitaires que je n’utilise plus ! Les aides compensent la perte même si j’attends celle des années passées” expose-t-il. Ce qui se passe sur le Plateau est un des rares exemples en France de limitation des phytos, une action engagée il y a près de 15 ans grâce à un travail de concertation mené à l’époque

par Christophe Lime avec laCham- bre d’Agriculture. Tout a débuté en 2004 lorsqu’un arrêté préfectoral instaure un péri- mètre du captage des eaux de la source d’Arcier dont le bassin-versant

Les aides financières 2016 et 2017 ne sont pas arrivées..”

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