La Presse Bisontine 213 - Octobre 2019

10 DOSSIER BESANÇON

La Presse Bisontine n° 213 - Octobre 2019

ANALYSE

Un pilier de la droite bisontine dit stop Après 25 ans d’opposition, Pascal Bonnet se dit “usé” Fidèle parmi les fidèles aux Républicains, le conseiller municipal ne sera pas de la bataille 2020. Âgé de 58 ans, il fera le service minimum pour son parti qui l’avait privé de la tête de liste aux municipales, en 2014.

Pascal Bonnet, homme de dossiers, fin connaisseur de “sa” ville, ne siégera plus au conseil après 25 ans de loyaux

L a Presse Bisontine : Confirmez-vous votre souhait de ne pas vous représenter aux municipales ? Pascal Bonnet : Effectivement, je ne me représenterai pas aux prochaines élections munici- pales mais ce n’est pas un arrêt de la vie politique. Je reste engagé dans mon parti mais j’arrête au bout de quatre mandats… L.P.B. :25 ans durant lesquels vous avez toujours été dans l’opposition ! P.B. : C’est frustrant mais ce fut pas- sionnant car j’aime ma ville. 90 % des dossiers sont aujourd’hui en dehors des clivages gauche-droite et le conseil municipal est devenu tellement aty- pique (il sourit) qu’il m’arrive de sou- tenir un socialiste contre une adjointe verte pendant que lemaire reste neutre. Nous, la droite, restons sur nos prin- cipes. Nous nous n’avons pas changé. C’est en face que ça ne ressemble plus à grand-chose… L.P.B. : Finalement, n’avez-vous pas annoncé trop vite votre désir d’arrêter puisque jamais la droite n’a eu autant de chance de remporter cette élection ! P.B. : Je suis usé. Je crois qu’il ne faut pas faire le mandat de trop. Je veux me recentrer sur mon métier de psy- chiatre, avoir du temps pour réfléchir, écrire, m’intéresser à d’autres sujets.

l’ai fait par le passé pour préparer une élection. L.P.B. : Parce qu’il y a une mésentente avec certains membres de votre groupe ? P.B. : Nous avons des désaccords mais nous, on s’entend ! Nous avons moins désaccord dans notre groupe que dans la majorité. Certes, nous avons tous nos ambitions. Lorsque j’ai été tête de liste en 2014, c’est Jacques Grosperrin qui a été choisi et même si nous n’avions pas le même projet pour la ville, j’ai été loyal envers lui et j’ai travaillé durant tout le mandat sans aucun souci. J’ai une lassitude, peut-être due à l’opposition. J’ai moins d’appétit pour l’atmosphère politique actuelle. L.P.B. : Alors, plutôt pro Grosperrin ou pro Fagaut ? P.B. : Je ne me prononce pas car je ne sais pas ce que veulent l’un et l’autre. Je constate que Jacques Grosperrin a voulu être candidat la dernière fois et que la commission d’investiture n’a pas réfléchi longtemps. Je n’ai pas été choisi : j’ai assumé. Et puis, il a été investi par notre parti aux sénatoriales dans l’optique de préparer Besançon. Il était donc le candidat naturel mais c’est aussi à ce moment que je me suis rendu compte que si je n’étais pas tête de liste en 2020 alors je ne servais à plus grand-chose au regard de l’expé-

L.P.B. : Beaucoup, même dans l’opposition, vous reconnaissent comme loyal, bosseur… mais pas tueur. C’est ce qui vous a manqué pour vous imposer ? P.B. : Sans doute n’ai-je pas été assez tueur. Je suis le recordman en termes de présence aux commissions : j’ai tou- jours préféré le travail dans l’ombre plutôt que me rendre à une inaugura- tion serrer des mains. Peut-être est- ce mon tort. L.P.B. :Vous n’avez pas répondu à la question posée précédemment : la droite a-t-elle une chance de prendre Besançon ? P.B. : C’est l’incertitude totale. Elle peut gagner comme elle peut perdre. D’abord, nous n’avons pas de candidat officiel et nous sommes dans une telle situation politique nationale et locale que per- sonne ne peut prédire ce qu’il va arriver.

services à son parti.

rience acquise. Jacques Grosperrin n’a pas dit qu’il n’était pas candidat : c’est, je pense, un moyen de verrouiller les candidatures. Pour Ludovic Fagaut, je n’en n’ai pas discuté avec lui. C’est quelqu’un de brillant et travailleur mais j’ignore si sa dynamique l’emmène à la ville lui qui est au Département. Je constate que la droite n’a jamais su présenter le bon candidat en mesure de gagner au bon moment. L.P.B. : Vous pensez à vous ! P.B. : Non, à Jean-Claude Duverget en 2001. Jean Rosselot est arrivé à ce moment-là, comme un bulldozer. L.P.B. : Certaines de vos publications sur les réseaux sociaux laissent penser que vous avez des affinités avec Éric Alauzet (LaRem). Est- ce le cas ? P.B. : J’ai peut-être paru favorable car j’ai plus attaqué les soutiens du maire qu’Alauzet. Dans les soutiens dumaire, il y a des soutiens de droite qui nous menacent plus qu’Alauzet.

L.P.B. Un mot sur Jean-Louis Fousseret que vous avez connu comme P.B. : J’ai des rela- tions plus cordiales que d’autres élus avec lui parce que je le connais depuis 25 ans. Nous n’avons jamais eu de contentieux. Je constate que les élus après 70 ans, survolent les dossiers et ne sont pas aussi impliqués. Ils s’isolent et rejettent ceux qui s’opposent à eux. C’est le cas pour Jean-Louis Fousseret comme ce le fut pour Robert Schwint et d’autres. Je peux dire tout de même que Jean-Louis s’est battu pour sa ville. Taper sur lui, ça ne sert à rien, comme ça ne sert plus à rien non plus de parler de Besançon comme “la belle endor- mie”. L.P.B. : S’il y avait un souvenir à garder de ces années ? P.B. : Lorsque j’annonce (il était alors secrétaire départemental) la victoire et le score de Nicolas Sarkozy devant les Bisontins. n Propos recueillis par E.Ch.

Le traditionnel pronos- tic de dire “que la droite va perdre à Besançon” n’est plus pertinent. L.P.B. : Quel rôle allez-vous jouer dans cette élection ? P.B. : Un rôle de soutien mais je ne serai pas sur la liste. Aujourd’hui, je ne suis pas prêt à met- tre mon travail entre parenthèses au sein de mon cabinet comme je

“Jacques Grosperrin a verrouillé.”

COMMERCE

Au 8, rue Pasteur L’artisanat local regroupé dans une boutique

Six créatrices de Besançon et des alentours se sont rassemblées autour d’une association,“La Boutique des créateurs”, et gèrent collectivement un espace de vente au centre-ville.

aime venir ici” , rapportent deux Dijonnaises de passage. Comme Nicolle, certains Bison- tins sont également devenus des fidèles. “Cela me rappelle les boutiques allemandes, avec des choses de bon goût, pas uni- formisées. C’est idéal pour faire des cadeaux.” Le lieu sert de vitrine à ces créatrices, qui ont décidé de l’ouvrir en parallèle à six à sept autres artisans, pour des dépôts temporaires. “Ils sont renouvelés tous les trois mois. Cela permet d’exposer d’au- tres créations” , précise Jeanne- Antide. Loin de craindre la mise en concurrence, elle y voit une façon de créer une dynamique autour de l’artisanat. “Tout seul, on ne pourrait pas ouvrir de boutique à Besançon.” La créa- tion d’un collectif autour de tous ces espaces de vente partagés est d’ailleurs dans les tuyaux pour offrir encore plus de visi- bilité. n S.G.

O n les voit fleurir un peu partout, prenant le contre-pied des grandes enseignes de distribu- tion. Ces petits magasins portés par des créateurs passionnés se montrent en vogue auprès d’une clientèle davantage dési- reuse de se tourner vers l’arti- sanat et l’achat local. “Il y a à la fois cette volonté de nous encourager dans notre travail et cette reconnaissance de la qualité” , souligne Jeanne-Antide Sulter, l’une des associées de la Boutique des créateurs. Leur magasin, qui a ouvert depuis un peu plus d’un an au 8, rue Pasteur, vient de se restructurer autour d’une asso- ciation qui regroupe au total six créatrices. “Nous nous par-

les fuites aumoment de changer bébé. “Ceux qui viennent ici veulent sortir des sentiers battus” , recon- naît Jeanne-Antide. “Ils appré- cient aussi de nous rencontrer et de pouvoir poser des questions

tageons les lieux et les perma- nences d’accueil du public.” Ce qui permet de rencontrer en fonction des jours de la semaine, une céramiste, une mosaïste, des bijoutières… À l’instar de “La Petite manu- facture” dans le quartier Rivotte ou du “Bocal” à Salins-les-Bains, on ne présente ici que des pièces de fabrication artisanale. Cela va des sacs en tissus colorés (signés Arti’Jane), aux bagues en argent (Sarah B), en passant par les tenues enfants brodées main (Mary&lau) et les lampes… Avec des prix qui débutent à une dizaine d’euros et un panier d’achat moyen de 50 euros. On retrouve aussi quelques originalités, comme ces tipis à pipi imaginés pour

sur la fabrica- tion.” Cet été, les touristes étran- gers ont notam- ment été nom- breux à pousser les portes du magasin. Tout comme les clients venus de l’exté- rieur de la ville. “Il y a peu de bou- tiques de créa- teurs chez nous, c’est pour ça qu’on

“Tout seul, on ne pourrait pas ouvrir de boutique.”

La boutique est ouverte du mardi au samedi de 10 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h 30.

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