La Presse Bisontine 213 - Octobre 2019

LE GRAND BESANÇON 32

La Presse Bisontine n° 213 - Octobre 2019

DOUBS

Santé Agriculteurs sous pression : les suicides continuent d’inquiéter

Solidarité Paysans s’indigne des nouveaux chiffres du suicide publiés par la Mutualité sociale agricole. La situation interpelle l’ensemble du modèle de production d’après le réseau national et l’antenne locale.

dans l’agriculture dominante.” À ses yeux, “tant que les agriculteurs ne seront considérés que comme des machines à produire de la balance com- merciale et fournissant des denrées à bas prix, ils seront en compétition et continueront à se détruire mutuelle- ment.” Éric regrette également les rac- courcis rapides autour du suicide, qui reste tabou dans le milieu. “On dit après qu’il buvait, qu’il ne menait pas sa ferme pas comme il fallait, qu’il a loupé le coche des quotas… Le fait de savoir si nous ne sommes pas tous un peu responsables n’est, en revanche, guère évoqué.” Plus que des problèmes financiers, les agriculteurs locaux éprouveraient sur- tout un mal-être lié au stress et à la pression. “Dans une récente enquête de la M.S.A. Franche-Comté, 15 % des répondants se disaient en burn-out” , rappelle Ferjeux Courgey qui co-préside Solidarité paysans - A.P.A.D. 25. “On voit aussi beaucoup de situations pré- caires chez les salariés agricoles.” Sur les 605 suicides dénombrés en 2015 en France, 233 les concernaient.

“L e suicide est un fait réel chez les paysans.” Éric (pré- nom d’emprunt) en sait quelque chose pour l’avoir lui-même envisagé. Cet éleveur de vaches laitières dans le Haut-Doubs a fait appel à Solidarité paysans et l’association partenaire des agriculteurs en difficulté du Doubs (A.P.A.D. 25) il y a quelques années au moment de son divorce. “Je me sentais dans une situation délicate et vulnérable face à tout ce qu’il fallait gérer” , confie-t-il. Le soutienmoral qu’il y a trouvé, ajouté au regard de ses enfants et de ses proches, le pousseront finalement à s’en sortir. Pour lui, “le métier est différent d’il y a 30 ans. Une erreur a vite fait d’avoir des conséquences importantes.” Évo- quant les possibles découragements,

il pointe aussi du doigt le manque de réactions des acteurs des politiques agricoles. “Lorsqu’on est fragilisé, on comprend que l’agriculture ne se soucie pas de ses paysans. On le voit par le comportement de certains voisins gour- mands et sans scrupule, favorisés par

Les agriculteurs du Doubs sont davantage victimes de stress et de burn-out que de problèmes financiers.

le mécanisme des primes P.A.C. non pla- fonnées et toute une politique agricole pro- ductiviste. On le voit aussi par le nombre de paysans qui chu- tent et la production globale qui augmente, cela n’encourage pas à s’accrocher au bou- lot, on a l’impression d’être inutile et de ne pas avoir de place

Un manque de considération.

30 % des fermes arrivent à redémarrer après ça.” Et si notre département, en lait à comté, n’est pas le plus en difficulté, comme le concède ce responsable bénévole, les situations de détresse n’en sont pas moins présentes. Relations tendues dans les G.A.E.C., solitude… : les causes sont multiples. “On a déjà eu 12 appels depuis le mois de janvier.” n S.G.

“Parfois, un problème familial peut aussi générer des problèmes financiers” , souligne Ferjeux Courgey, qui traitait encore dernièrement un dossier où la banque avait tout bloqué. “On aide alors à enclencher une procédure de liquidation ou de redressement judi- ciaire, ce qui permet de geler les dettes. Cela n’existait pas avant les années quatre-vingt et Solidarité paysans a poussé à faire changer ça.Aujourd’hui,

EN BREF

CUSSEY-SUR-L’OGNON Immobilier L’achat de leur maison vire au cauchemar

Vendanges La Ville de Besançon a vendangé pour la septième fois les 30 ares de sa vigne le 17 septembre dernier, chemin d’Avanne à Velotte. Plantée en 2010, la vigne propose 3 cépages - trousseau, pinot noir et chardonnay. Depuis 2015, la vendange bisontine est officiellement labélisée “biologique”. Les vendanges sont assurées par des agents municipaux de la Direction des Espaces Verts, des élus municipaux et des membres du Centre Omnisports Pierre Croppet, l’association des terrasses des collines bisontines et d’ailleurs, et l’association pour le renouveau de la vigne à Besançon. Comme chaque année, le raisin récolté sera confié au viticulteur jurassien, Géraud Fromont, natif de Besançon, pour être servi à l’occasion de vins d’honneur organisés par la Ville. Cryla À l’occasion de l’inauguration de ses nouveaux locaux de Témis (14, rue Sophie-Germain), Cryla Group a fait appel à deux artistes contemporains reconnus, Philippe Lebru et Renato Manese, pour créer une œuvre artistique hybride de 20 m 2 . Une exposition “Calame, la naissance de Cryla Group” a été montée dans les 3 000 m 2 des ateliers de production de Cryla.

Une famille, contrainte de n’occuper qu’une partie de sa maison en raison de malfaçons, désespère de voir la situation s’arranger après deux ans et demi de procédure.

C e qui devait être un nou- veau départ pour la famille Philippe a pris des allures d’impasse. “On habitait dans le Jura à Rang et on voulait se rapprocher de Besançon, travaillant tous les deux à Miserey-Salines et École-Valentin” , raconte Jenni- fer, la maman. Après la vente rapide de leur maison, ils éplu- chent les annonces immobilières sur le Bon coin et tombent sur ce bien à Cussey-sur-l’Ognon, composé d’une habitation de 1965 et de deux extensions plus récentes construites entre 2005 et 2008 (une partie de la construction fait partie d’une décennale). “La grande surface de garage et l’absence de vis-à-vis nous ont séduits. Seule la partie la plus ancienne était à revoir” , explique le couple. La visite faite avec le propriétaire, agent immobilier de profession, achève de les convaincre et l’acte de vente est signé en septembre 2016 pour un peu plus de 200 000 euros. Histoire classique s’il en est, mais le couple va rapidement aller de déconvenues en décon- venues. Les travaux d’extension réalisés par le propriétaire se montrant non conformes.

“Trois mois plus tard, on a constaté une infiltration dans la chambre de notre fille. D’abord quelques gouttes puis cela coulait de plus en plus. Le propriétaire est venu voir cela avec un ami plaquiste. On lui a montré d’au- tres défauts dont des fissures au niveau des jointures de plafond, qui avaient été recouvertes de silicone et il s’est braqué, deman- dant à prendre un expert.” Le rapport n’arrivera jamais. Le couple prend avis auprès d’une avocate spécialisée dans le bâtiment et se voit conseiller de monter un dossier. Après mise en garde, la procé-

dure est finale- ment lancée. Un deuxième expert est alors man- daté par la jus- tice et reconnaît les malfaçons, proposant 16 000 euros et 2 000 euros de dommages et intérêts. “Ce qui ne nous conve- nait pas au vu de l’ampleur des dégâts” , note Jennifer. Car entre-temps, une

Infiltration, fissures…

Le couple assure qu’on ne l’y reprendra plus et en vient à déconseiller d’acheter dans l’ancien.

autre fuite dans la seconde extension et d’autres problèmes s’étaient fait jour. “Le plancher de l’extension bois, sous lequel se trouve le garage, est très ban- cal et vibre quand on marche dessus, la pose de bardage est non conforme (posé sans grille et à ras du sol) si bien qu’on a été infesté de souris…” , énumère le couple. “Nous avons pris un maître d’œuvre qui a fait un

tour et a jugé que le deuxième expert avait minimisé les choses. Il a, lui, estimé le préjudice à 60 000 euros. Une contre-exper- tise a été demandée.” Après de nombreux passages dans divers tribunaux et près de 10 000 euros de frais débour- sés, la famille se désespère. “Mon garçon et ma fille qui ont quatre ans d’écart doivent par- tager la même chambre, alors

que la maison en a quatre ! Plus le temps passe, plus on paye et plus on a de problèmes” , se lamente Jennifer. Le tout devant rester en l’état dans l’attente de la décision de justice. “On ne veut pas mettre sur la paille l’ex- propriétaire, mais juste faire ce qu’il y a à refaire.” n

S.G.

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