La Presse Bisontine 213 - Octobre 2019

LE GRAND BESANÇON 30

La Presse Bisontine n° 213 - Octobre 2019

SAÔNE

Municipales 2020 Benoît Vuillemin sera tête de liste à Saône Le maire actuel Yoran Delarue se range derrière le chef d’entreprise qui a déjà une équipe avec lui. Le point sur ses intentions.

9 heures au Café du Marais à Saône, des hommes discutent. L’un d’eux se lève, s’approche de Benoît Vuillemin alors entouré de Yoran Delarue, maire de Saône, de Rémy Cavagna et Marion Bellile. Il lui serre la main. “Bonjour M. Vuille- min, vous aurez ma voix !” lâche ce Saônois, la cinquantaine. Benoît Vuil- lemin sourit, le remercie. Alors qu’il n’a pas encore officiellement communiqué sur sa candidature à la mairie de Saône pour les municipales de 2020, des habitants sont déjà au courant. Tout se sait dans cette com- mune, la troisième en taille de la Com- munauté urbaine. Pour ce chef d’en- treprise, né et habitant à Saône, cela ressemble fort à un retour en politique pour celui qui s’était présenté aux législatives de 2012 (sans étiquette). L’intéressé dont son père, Jean-Louis, fut maire de Saône (de 1984 à 1989 puis de 1989 à 1995) et à l’origine de la création du District, se défend de tout calcul politique : “Saône n’est ni un Plan B ni un tremplin politique pour moi. Gérer une commune comme celle-ci nécessite de l’engagement ! Il faut surtout qu’elle pèse de tout son poids au sein de la Communauté urbaine” annonce le quadragénaire. D’ailleurs, le maire actuel Yoran Dela- rue ne l’aurait pas adoubé s’il avait

été étiqueté : “C’était le deal : être sans éti- quette. Je ne me repré- senterai pas comme tête de liste car c’est usant et difficile. J’ai beau- coup appris mais j’es- time que je n’aurai pas les compétences pour peser à la Communauté urbaine. Benoît le fera” dit celui qui dirige encore Saône pour six mois. “Je voulais m’im- pliquer dans la conti- nuité de l’équipe en place, avance Benoît Vuillemin. Je repars avec des gens compé- tents donc nous serons tout de suite dans l’ac-

“Il faut quelqu’un qui pèse à la Communauté urbaine.”

tion. On a des idées précises sur des opérations au cœur du bourg, mener le projet urbanistique (230 logements sur 10 ans) au niveau de la gare et le projet commercial, favoriser les trans- ports avec la création d’une navette, favoriser le développement durable car nous sommes au cœur du marais, dans une zone Natura 2000” dit-il. Le projet se construit, comme l’équipe d’ailleurs. Reste à savoir si une seconde liste apparaîtra. n E.Ch.

Benoît Vuillemin (au centre) entouré par (de gauche à droite) Rémy Cavagna, Marion Bellile, Yoran Delarue (le maire actuel) et Christian Morel.

POLITIQUE

L’ancienne députée socialiste “Le gouvernement a des pratiques qui confinent au racisme” L’ancienne parlementaire de la Ière circonscription du Doubs Barbara Romagnan sort un livre dans lequel elle rend compte de ses cinq années passées à l’Assemblée nationale et règle ses comptes avec ses anciens camarades socialistes.

L a Presse Bisontine : Ce livre où vous rendez compte de votre travail de parlementaire et de vos déceptions par rapport aux promesses non tenues des socialistes, c’est un peu l’histoire d’une grande désillusion ? Barbara Romagnan : C’est d’abord en effet un compte rendu sous forme de bilan de ces cinq années que j’ai passé en tant que par- lementaire.À part le livre-bilan de François Hollande “Les leçons du pouvoir”, aucun autre minis- tre ou parlementaire n’avait essayé dans un livre de tirer le bilan de ce mandat. Ce livre est aussi la conséquence de 20 ans d’engagement public, en 2017, c’était ma quatrième candida- ture à des législatives. On ne peut pas vraiment parler de dés- illusion car je ne me faisais pas trop d’illusions. Je pensais juste que nous allions appliquer ce que nous avions annoncé, mais nous n’avons même pas fait ce qu’on avait dit, notamment sur les questions d’égalité des droits. Et plus profondément, c’est sur

sée par conviction à de nom- breuses fois aux choix que ce gouvernement faisait et que conforte l’actuel gouvernement, des choix qui vont à l’encontre de mes convictions humanistes. L.P.B. : Sur la question de l’accueil des étrangers, vous insistez dans le livre sur la nécessité d’ouvrir les frontières, à rebours en effet des orientations actuelles. C’est la solution au problème selon vous ? B.R. : Le fait que les frontières soient fermées ne change rien au problème, à la différence près que la situation actuelle entraîne des morts et fait pro- liférer les passeurs. On sait que la question migratoire va s’ag- graver et on constate que là où des migrants ont été accueillis, ça s’est toujours bien passé. L’ar- rivée de population crée forcé- ment une dynamique pour un pays. L.P.B. : Sur un plan plus local, à Besan- çon, que conseillez-vous à la gauche pour qu’elle ait une chance d’être à

la question de la défense des droits de l’Homme et celle de l’accueil des étrangers que la gauche a été extrêmement déce- vante. C’est ce qui explique le titre de mon livre “La France me manque” : la gauche n’a même pas respecté des valeurs qui sont pourtant universelles et tellement attachées à l’histoire de notre pays. Le gouvernement précédent (comme l’actuel) a eu des pratiques qui à mon sens confinent au racisme enmatière de droit ders étrangers. L.P.B. : Vous racontez dans le détail les votes de certains textes emblé- matiques comme la déchéance de nationalité, ou encore l’état d’urgence que vous avez refusé de prolonger. Avec tant de désillusions,votre mandat s’est apparenté à un calvaire ! B.R. : Ce mandat a eu de très bons côtés, j’ai fait des rencontres très enrichissantes mais pour ce qui est du reste, on ne m’a pas laissé poser une seule ques- tion au gouvernement par exem- ple. Et bien sûr, je me suis oppo-

nouveau audible ? B.R. : Je milite pour qu’elle ras- semble le plus largement pos- sible, de la France Insoumise aux socialistes. Pour cela, il faut que chacun apprenne à faire des concessions. Mais je compte aussi et peut-être surtout sur la mobilisation des citoyens engagés dans des associations pour faire avancer les choses. On doit les intégrer non seule- ment dans une liste mais dans la préparation d’un vrai projet de gauche. L.P.B. : Vous n’épargnez pas Jean- Louis Fousseret dans votre livre que vous accusez de ne pas parler en connaissance de cause des questions liées à l’état d’urgence ? B.R. : Il s’est en effet permis de juger mon vote à l’époque et je n’ai pas vraiment aimé la façon dont il a parlé de la position que j’avais prise concernant mon opposition à la prolongation de l’état d’urgence. Cette position que trois ans plus tard, je ne regrette surtout pas.

Barbara Romagnan reversera l’intégralité des droits de son livre au Réseau Éducation Sans Frontières.

“Mon pays me manque” Aux Éditions Libre et solidaire Débat autour du livre prévu le 16 octobre aux Sandales d’Empédocle

L.P.B. :Vous êtes désormais une mili- tante de Génération.s. On vous reverra sur la scène politique ? B.R. : Ce n’est pas du tout exclu. Ce livre n’est pas un testament politique ! n Propos recueillis par J.-F.H.

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