La Presse Bisontine 213 - Octobre 2019

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 213 - Octobre 2019

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POLITIQUE

Karim Bouhassoun, candidat indépendant

“Nous faisons le pari du renouveau” Co-fondateur du mouvement Bisontines, Bisontins,

Karim Bouhassoun se lance officiellement dans la course aux élections municipales. Inattendu, le quadragénaire propose une nouvelle manière de faire de la politique, avec une liste citoyenne et libre.

L a Presse Bisontine : Votre mouve- ment citoyen, né en juillet 2018, est à l'origine de ce match de foot très médiatisé entre force de l’ordre et jeunes de quartier. Il a aussi organisé ce concert pour les Restos du cœur et fait don d’un piano au C.H.U. Minjoz. Pourquoi avoir décidé de le créer ? Karim Bouhassoun : Nous avons constaté qu’il y avait une rupture de confiance entre les citoyens et la politique. Nous nous sommes dit qu’il fallait, plutôt que de critiquer, semobiliser pour un “réveil citoyen”. Et que nous pourrions prendre notre part aux problèmes existants en menant des actions, nous- mêmes, sans demander d’autori- sation ou de subventions. L.P.B. : Voulu au départ a politique, vous annoncez aujourd’hui candidater à la mairie. Qu’est-ce qui explique ce revire- ment ? K.B. : Au fil du temps, nous avons rencontré des habitants qui par- tageaient nos attentes et nos envies. Plusieurs propositions sont ressor- ties de nos réunions mensuelles et de la grande consultation citoyenne, menée de mars à juin dans les quar- tiers, et il y avait cette demande à ce que nous nous engagions poli- tiquement. Nous en sommes venus à nous poser la question d’incarner une offre nouvelle. 2 000 personnes qui vous disent qu’il faut faire quelque chose, cela fait forcément peser des responsabilités sur vos épaules.Nous en sommes conscients et nous le faisons avec beaucoup de gravité L.P.B. : L’absence d’un rassemblement et la situation de la majorité sortante vous ont-elles poussé à pren- dre cette décision ?

différents partis dans notre mou- vement, de gauche comme du cen- tre-droit, qui sont compatibles avec nos idées. On appelle surtout à un rassemblement et à une recomposition. Sans agrégation à d’autres mouvances. L’idée est de se réunir derrière un projet et des valeurs, plutôt que sous une étiquette politique. La société civile dans son ensemble est la base de notre mouvement qui réu- nit chefs d’entreprise, retraités, agriculteurs, personnes de l’éco- nomie sociale et solidaire… et cela se traduira sur notre liste. Nous sommes démocrates, répu- blicains, progressistes et huma- nistes. C’est ça la force des Bison- tines, Bisontins, avec la liberté et l’indépendance. L.P.B. : Ne craignez-vous pas que votre position d’outsider vous desserve par rapport aux autres candidats ? K.B. : Notre mouvement a grandi extrêmement vite et les diffé- rentes actions que nous avons portées ont montré qu’on était capable d’agir. On entend souvent dire qu’on est sur une élection jouée d’avance avec des impé- trants qui sont les mêmes. Mais on ne se reconnaît pas dans ces femmes et hommes politiques qui utilisent des méthodes du passé. Nous avons choisi de faire le pari du renouveau, celui des visages et des idées, et nous invitons tous les Bisontins à nous suivre. L.P.B. : Qu’est-ce qui vous différencie de la candidature de Nicolas Bodin, du duo Vignot-Lime ou encore d’Éric Alau- zet ? K.B. : C’est le lien aux citoyens. Nous avons rassemblé 300 pro- positions ensemble et en avons débattu. Il en ressort 40 orienta- tions que nous allons présenter et à nouveau discuter lors de réu- nions publiques en différents endroits de la ville à partir de la fin septembre et jusqu’à la mi- décembre. On veut arriver à équi- librer notre vision et les attentes des habitants. L.P.B. : Quels grands projets portez-vous pour la ville ? K.B. : Nous nous sommes fixé trois grands axes de travail. Sur l’en- vironnement d’abord, on veut ins- taurer la gratuité des transports publics par étapes, en commen- çant par les moins de 26 ans et les seniors dès le début du man- dat. On souhaite aussi intervenir sur le parc de logements pour réduire les factures de chauffage et lancer un réseau de fermes urbaines (avec le foncier existant, en végétalisant les toitures des espaces publics…) pour arriver

Karim Bouhassoun a grandi dans un quartier populaire du Val de Marne et travaillé comme conseiller dans de grands groupes et ministères, avant de rejoindre sa ville de cœur : Besançon.

ne font pas partie de la ville. Il s’agira bien sûr pour moi d’en faire une priorité. Le mot d’ordre sera l’emploi et la tranquillité. Cela peut être fait avec la média- tion et la police, qui n’a aujourd’hui pas les moyens d’agir. On ne veut plus d’une ville dans la ville. L.P.B. : Pour finir, quel bilan tirez-vous des années Jean-Louis Fousseret ? Serez-vous en rupture ? K.B. : C’est un des maires histo- riques de la ville, beaucoup l’ou- blient. Personnellement, j’ai de la considération pour ce qu’il a donné à sa ville. Nous ne voulons pas détricoter tout ce qui a été fait, mais apporter du renouveau et repenser ce qui ne va pas, en mettant Besançon à la pointe. Il faut faire entrer cette ville dans le XXI ème siècle. Pour l’heure, on est dans de la gestion. Le but est de se sentir bien dans sa ville quel que soit son âge et on ne peut pas y arriver en faisant de la den- telle. n Propos recueillis par S.G.

d’euros pour la réalisation des projets dans les quartiers. L.P.B. : Vos fonctions de conseiller de la pré- sidente de Région seront-elles compa- tibles si vous êtes élu ?

à 25 % de production locale d’ici la fin du mandat. Besançon pour- rait également devenir la pre- mière ville à bannir le plastique. Sur le plan économique, on pour- rait aider à la reprise d’entreprises (en offrant par exemple les pre- miers mois de loyers à des com- merces), créer une cité du numé- rique à Temis qui réunirait chercheurs, incubateur, école de développeurs web… : sorte de Silicon Valley à la française, ou encore développer les partenariats avec la Suisse pour mieux valo- riser nos savoir-faire (en favori- sant la mobilité de nos voisins jusqu’à Besançon). On aimerait aussi installer une cité de la crois- sance verte à Saint-Jacques avec un pôle hydrogène. Enfin, vis-à-vis de la cohésion urbaine et sociale, nous voulons créer un service de médiation autour de la tranquillité publique, ainsi qu’une assemblée citoyenne qui remplacerait les conseils consultatifs d’habitants, avec un budget participatif de 2 millions

Bio express

“Besançon, première ville à bannir le plastique.”

K.B. : Le fait que l’on assiste à une course aux ambitions nous a amenés à nous sou- lever. Beaucoup de partis nous ont aussi fait des propositions avant notre candida- ture officielle, avec parfois même des compromissions. Ce qui est regrettable et qui a contribué à jeter un peu plus le discrédit sur ce qui se fait au niveau local. L.P.B. : Quelle est votre couleur politique ? Est- ce que vous agrégerez autour de vous la mou- vance Edge ou Place publique ? K.B. : On s’est ouvert à tous. Nous avons déjà eu des élus de

l Né en 1979 dans un quartier populaire du Val de Marne l Diplômé de Sciences Po Paris en 2006 l Il commence sa carrière dans un cabinet de conseil en stratégie et intervient auprès de grands groupes et de l’Éducation nationale Ex-directeur adjoint de cabinet à Nevers, il devient conseiller technique de Marie-Guite Dufay en 2014. Auteur de “Quatre nuances de France” et “Que veut la banlieue ?” l l

K.B. : J’ai décidé de quitter ses fonc- tions, même s’il m’était possible de les conserver, pour me consacrer plei- nement à cette campagne. Cela nécessite à mon sens le plus com- plet des engagements. L.P.B. :Auteur d’un livre sur les quartiers et l’intégration, quelles solutions pré- conisez-vous pour lutter contre l’insé- curité et les dealers à Planoise ou ailleurs à Besançon ? K.B. : message donné aux habitants des quartiers populaires est qu’ils “On veut faire entrer cette ville dans le XXI ème siècle.”

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