La Presse Pontissalienne 230 - Décembre 2018

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p. 20 à 24 Taxe d’habitation Les communes qui baissent, celles qui augmentent

Mont-d’or-Lacs - Hauts du Doubs Le mariage forcé a du plomb dans l’aile p. 6 à 8

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RETOUR SUR INFO

La Presse Pontissalienne n°230 - Décembre 2018

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L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Pontissalienne revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité du Haut-Doubs.

Déclassement La force du mouvement des gilets jaunes qui n’a pas faibli pendant ses trois pre- mières semaines à Pontarlier notam- ment, c’est qu’il n’est pas d’origine syn- dicale, donc partisane. Il a fait sortir dans le froid des ronds-points la France du peuple, la France du nombre. On peut sans doute railler les arguments parfois poujadistes ou approximatifs de cer- tains, on est bien obligés de constater que cette marmite qui bout contient tous les ingrédients, aussi hétéroclites soient- ils, d’une vraie révolte populaire, faite de blessures profondes et d’un senti- ment d’injustice que l’on sentait poin- dre depuis deux décennies en France et qui explose au grand jour. François Hollande ou Nicolas Sarkozy avant Emmanuel Macron auraient pu pareil- lement en faire les frais. C’est sans doute d’ailleurs à ses prédécesseurs qu’il fau- drait crier son désarroi car contraire- ment à l’Allemagne qui il y a près de vingt ans a su, avec Gerhard Schröder, lancer les impopulaires mais indispen- sables réformes que lance aujourd’hui le gouvernement français, ici rien n’a été fait. Jacques Chirac l’avait pourtant théorisée cette fracture sociale dès 1995. Mais entre-temps, la mondialisation est passée par là et la fracture est devenue crevasse. Tellement béante que le dis- cours porté par les élites - le président Macron en est le bouc émissaire -, n’est même plus audible. Tout comme lui entend mais n’écoute pas, les gilets jaunes l’entendent, mais ne veulent plus l’écouter. Et si la grande distribution, et par là, toute l’économie, fait les frais de cette colère, c’est que ce système de consommation qui atteint peut-être ses limites, laisse de côté les petits pro- ducteurs au bénéfice des géants de l’agroalimentaire. C’est de cette France que les gilets jaunes ne veulent plus : un pays qui recule dangereusement dans l’échelle économique mondiale, qui vient de céder sa 6ème place au classement des pays par P.I.B., une France qui détient le triste record euro- péen des prélèvements obligatoires avec désormais plus de 48 % des richesses produites prélevées par l’État, une France qui abrite près de 9 millions de pauvres et une France qui se dissout lentement dans une mondialisation qu’aujourd’hui beaucoup de monde rejette. Les dégâts humains et écologiques qu’elle provoque cause les angoisses profondes de cette classe moyenne qui crie aujourd’hui sa détresse et refuse d’être un peu plus déclassée.  n Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Acollaboréàcenuméro :MagalieTroutet. Régie publicitaire : Anthony Gloriod au 03 81 67 90 80 Imprimé à Nancy-Print - I.S.S.N. : 1298-0609 Dépôt légal : Décembre 2018 Commission paritaire : 0222 D 79291 Crédits photos : L.P.P., J. Claude, E. Clotis, D. Lonchampt-Ung, R. Marceau, Ville de Pontarlier.

Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Le Département dévoile son nouveau plan déneigement

Pierre Blondeau commandeur des palmes académiques

E n visite le 14 novembre dernier au Service Terri- torial d’Aménagement de Pontarlier, la présidente Chris- tine Bouquin a dévoilé les nou- veautés du plan de viabilité hivernale. À compter de cet hiver, trois niveaux de service permettent d’adapter, en fonc- tion des événements météo- rologiques et de la fonction des voies de communication, le trai- tement des routes du Dépar- tement en période hivernale. De nouveaux panneaux de sen- sibilisation et d’information ont été installés sur les routes. Le Département rappelle ainsi aux usagers qu’il leur appartient d’équiper leurs véhicules de pneumatiques adaptés, de s’in- former sur l’état des routes et d’adapter leur conduite. En matière de déneigement, tout n’est qu’affaire de vigilance. Pour anticiper au maximum les difficultés que pourraient créer des conditions météorologiques difficiles sur le réseau routier, le Département assure une veille opérationnelle 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Selon les

prévisions météorologiques, les patrouilleurs sillonnent le réseau tous les jours dès 3 heures du matin pour per- mettre en fonction des obser- vations et de l’analyse qui en est faite de déclencher des interventions vers 4 heures, selon la distance des circuits de déneigement. Le réseau principal peut faire l’objet d’un traitement pré-curatif, à toute heure de la nuit, sur de la neige humide, l’objectif étant d’in- tervenir au plus près de l’évé- nement. Une série de webcams permettent de donner un aperçu en temps réel de l’état des routes. Ce dispositif est accessible aux usagers sur le site www.inforoute25.fr. Un outil de prévisions météorologiques permet l’appréhension du temps à court et moyen terme, ce qui facilite les services dans la prise de décision en matière de viabilité hivernale. Enfin des appareils de mesure de sali- nité permettent de déterminer la quantité de sels résiduelle sur la surface de la route. Le Département s’attache à maî-

triser le coût et l’impact envi- ronnemental en limitant les quantités de sels répandus, notamment par l’utilisation de la bouillie de sel dont l’effica- cité est optimale. L’ampleur du service hivernal varie d’un hiver à l’autre en fonction des condi- tions météorologiques : son coût est de 3,3 millions d’eu- ros en moyenne. n La viabilité hivernale en chiffres l 3 700 km de routes départementales l Plus de 250 agents mobilisés au quotidien l 134 circuits de déneigement : - 53 gérés en régie directe, - 81 confiés à des entreprises privées - 12 font l’objet de convention avec le bloc communal

Le fondateur du ciné-club se voit élevé au plus haut grade des palmes académiques.

À 92 ans, le fondateur du ciné-club Jacques Becker a été honoré du grade de commandeur des palmes académiques. Cette décoration lui a été remise le 25 novembre à son domicile pontissalien par le recteur de l’académie qui avait fait le déplacement. “Je suis très content d’avoir ce dernier grade” , explique l’in- téressé qui avait déjà été élevé au grade d’officier puis de chevalier des palmes aca- démiques à l’époque où il enseignait encore au lycée

Xavier-Marmier. Une belle reconnaissance pour toutes les actions enga- gées autour de la promotion du 7 ème art. Les cinéphiles se souviennent des rencontres cinématographiques avec les plus grands réalisateurs Schlöndorff, Scola, Angelo- poulos, Dino Risi… “Certains prolongeaient leur séjour pour animer des stages auprès des enseignants pontissa- liens. Cette œuvre d’éduca- tion populaire explique ces décorations ”, rappelle Pierre Blondeau. n

Des panneaux de sensibilisation fleurissent sur les routes départementales.

Il a fait le tour des popotes

C omme il l’avait indiqué en septembre dernier dans nos colonnes, Phi- lippe Ferrari commerçant pontissalien qui suggère d’appli- quer une T.V.A. à taux réduit de 10 % sur les produits retirés dans les commerces du centre-ville a rencontré plusieurs personnalités politiques. À commencer par la députée Annie Genevard qui n’a pas semblé franchement convain- cue. “J’attends un retour, explique Philippe Ferrari bien conscient qu’il faudrait certainement atten-

Nicolas Dupont-Aignan. C’est lui qui a été le plus à l’écoute.” Phi- lippe Ferrari a eu l’occasion en novembre de s’entretenir du sujet avec Patrick Genre et son adjoint au commerce Bertrand Guinchard. “Ils étaient intéressés. On doit se revoir en janvier.” n Philippe Ferrari milite pour le retrait des colis en magasin au centre-ville plutôt que l’envoi à domicile.

dre un ou deux ans avant qu’un tel projet se concrétise. J’estime sans me tromper que cela pour- rait représenter sans doute des milliards d’euros au profit des petits commerçants mais, pour l’heure, je voudrais confirmer ce volet finan- cier avec un spécialiste.” Le commerçant a également rendu visite à Éric Alauzet. Ce dernier n’a guère été emballé. La tournée des députés s’est achevée dans la circonscription parisienne où il tient son second commerce de musique. “J’ai pu discuter avec

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L’INTERVIEW DU MOIS

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SUISSE VOISINE Le “maire” de Lausanne “On va assister à une revanche des petites villes” À 43 ans, le socialiste Grégoire Junod est le syndic - l’équivalent du maire - de la Ville de Lausanne, la grande ville suisse “voisine” du Haut-Doubs. Comment l’élu suisse qui vient notamment de signer une convention avec Besançon voit-il la coopération transfrontalière ?

Lausanne attire les étudiants A vec une hausse de plus de 7 000 étudiants en cinq ans, les éta- blissements d’enseignement supérieur de l’Arc jurassien franco- suisse affichent une belle attractivité. Et cette hausse est davan- tage marquée dans la partie suisse de l’Arc jurassien. La raison : l’attractivité de plusieurs établissements qui contribue au dynamisme de l’enseigne- ment supérieur suisse et à son rayonnement à l’international, à l’image de l’E.P.F.L., l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Côté suisse, trois hautes écoles universitaires, six hautes écoles spé- cialisées et deux hautes écoles pédagogiques sont présentes dans l’Arc jurassien suisse et dispensent une formation à 43 200 étudiants. La pré- sence de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (10 500 étudiants), la plus réputée, renforce le poids de l’Arc jurassien suisse au sein de l’ensemble de la Suisse. Elle attire d’ailleurs de plus en plus d’étudiants français. Cette ouverture à l’international est d’ailleurs particulièrement marquée à l’École polytechnique fédérale de Lausanne : elle concer- ne la moitié des étudiants, issus de 120 nationalités différentes ! n Exemple du dynamisme du système suisse : l’E.P.F.L. de Lausanne qui accueille des étudiants de 120 nationalités différentes (photo archive L.P.P.).

L a Presse Pontissalienne : Quel est l’intérêt pour Lausanne de coopérer avec des villes françaises voisines ? Grégoire Junod : Parce qu’à mon sens, les villes de part et d’autre de l’Arc jurassien ont des intérêts communs, que ce soit en matière de sport, de culture, de santé ou encore de tou- risme. Sur le plan touristique, je suis persuadé qu’une fois que les visiteurs auront découvert toutes les capitales européennes saturées de tourisme, il y aura forcément de la place pour des petits breaks dans nos villes et nos régions. Je pense que dans les années à venir on

de Besançon, nous avons desmusées en cours de réhabilitation avec l’idée pourquoi pas d’échanger des col- lections, nous avons un réseau uni- versitaire développé de part et d’autre de la frontière. Au-delà des discours et des mots, si nous avons signé cette première convention avec Besançon, c’est parce que nous affichons une vraie volonté de col- laborer dans l’intérêt des acteurs des deux territoires, côté français et côté suisse. L.P.P. : Le principal obstacle entre Lau- sanne et les villes françaises proches res- te les infrastructures de transport. Il faut plus d’1 h 30 pour faire Lausanne-Pon- tarlier en train, près de 4 heures parfois depuis Besançon et c’est même plus rapi- de via Dijon ! C’est un vrai problème ? G.J. : Il faut reconnaître que les résultats entre la Région et le can- ton sont très mitigés en matière de transport ferroviaire et que nos deux régions sont particulièrement mal connectées. La route reste hélas le moyen le plus rapide. L’obstacle ferroviaire est indéniable. C’est aussi pour cela qu’on a tout à gagner à mieux se connaître.

loppement en cours à Lausanne ? G.J. : Lausanne connaît actuelle- ment la plus grosse phase de déve- loppement de son histoire. Nous sommes en train de construire une ligne de tramway, ainsi qu’un nou- veau métro. La somme d’1,5 mil- liard de francs est actuellement engagée dans la future gare de Lau- sanne qui est un des principaux nœuds ferroviaires de Suisse. Lau- sanne qui va accueillir en 2020 les Jeux olympiques de la jeunesse est en train de construire également un nouveau stade de football, une piscine olympique et une patinoi- re, le tout pour 350 millions de francs. L.P.P. : Vous donnez des chiffres à faire pâlir de jalousie vos homologues fran- çais ! Comment Lausanne finance-t-elle ces gigantesques investissements ? G.J. : Nous avons également nos contraintes budgétaires mais le système suisse est différent : les collectivités locales ont beaucoup plus d’autonomie fiscale, elles lèvent en partie l’impôt, y compris sur le revenu pour certaines. Et Lau- sanne, comme toute ville-centre, connaît elle aussi des difficultés financières. Chaque année, nous

Bio express Grégoire Junod est né en 1975 dans le canton de Vaud Il est membre du Parti socialiste suisse Il a commencé sa carrière professionnelle comme administrateur au syndicat Unia. l lI a été secrétaire de la section lausannoise du P.-S. entre 1997 et 2001, puis président entre 2004 et 2008 l l l l Il a été élu au législatif de la ville de Lausanne en 1998 puis, en 2007, au Grand Conseil du canton de Vaud où il est membre de la commission des finances. En 2011, il est élu à l’exécutif de la ville de Lausanne communales de 2016, il est à nouveau élu à la municipalité de l Lors des élections

assistera à une grande revanche des petites villes. L.P.P. : Mais Lau- sanne connaît un développement qui n’a rien de commun avec des villes com- me Pontarlier ou même Besançon ! G.J. : Néanmoins, nous avons à Lausanne un hôpital universi- taire, au même titre que le C.H.U.

“Lausanne est endettée, à hauteur de 2,4 milliards de francs.”

devons débourser 65 millions de francs rien que pour ces charges de ville-centre. Il faut dire aussi que le budget de la Ville, liée jus- tement au système fiscal, est plus élevé que les communes françaises de même taille. Lausanne gère un budget annuel d’1,9 milliard de francs, soit plus d’1,6 milliard d’eu- ros. Autre point : beaucoup de ser- vices publics importants, comme l’électricité, sont aux mains des communes, ce qui assure des res- sources. Ceci étant dit, la Ville de Lausanne est endettée, à hauteur de 2,4 milliards de francs. Et les budgets que nous votons sont défi- citaires depuis quelques années. L.P.P. : Vous évoquez les J.O. de la jeu- nesse qui se déroulent en janvier 2020 (voir notre article en page 38). Quelles peuvent être les retombées d’un tel évé- nement ? G.J. : À l’occasion de ces Jeux d’hi- ver, nous réalisons un véritable vil- lage olympique avec près de 2 000 logements qui seront ensuite mutés en logements étudiants. Tous ces investissements ont été imaginés dans une logique de durabilité. Et pour ces Jeux, une nouvelle fois la dimension transfrontalière est pré- sente car les épreuves de saut à ski auront lieu aux Tuffes, dans le Jura français. L.P.P. : Le sport tient donc une place à part à Lausanne, ville qui abrite le siège

du Comité international olympique (C.I.O.) ! G.J. : Nous accueillerons aussi les championnats du monde de hoc- key sur glace en 2020. Mais nous n’envisageons pas le sport que sous l’angle événementiel ou de haut niveau. Nous avons également, à l’image de Besançon avec ses “Grandes heures nature”, d’ambi- tieux projets autour du sport urbain et du sport santé à Lausanne, notamment dans le cadre du pro- gramme du C.I.O. “Global active city”. L.P.P. : Et sur le volet culturel, quelle est l’actualité à Lausanne ? G.J. : Nous construisons un nou- veau musée des beaux-arts dont l’ouverture est prévue à l’autom- ne prochain. Cette rénovation

Lausanne et en devient le syndic

L.P.P. : Quels sont les projets de déve-

intègre le projet plus global inti- tulé “Plateforme 10” qui consiste- ra à regrouper le musée cantonal des beaux-arts, le musée de la pho- tographie et le musée du design . Ce volet muséal représente là encore plus de 200 millions de francs d’investis- sement. n Propos recueillis par J.-F.H.

“La dimension transfrontalière pour les J.O. de la jeunesse.”

Grégoire Junod, le syndic de Lausanne, mise sur les relations transfrontalières.

HAUT-DOUBS

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BIANS-LES-USIERS Polémique Des poules invitées à aller pondre ailleurs Le projet d’ouvrir un atelier de 6 000 poules pondeuses à 250 mètres de la nouvelle école suscite pas mal de réactions, le lancement de pétitions papier et numérique, la distribution de tracts. Jacasseries.

“B ientôt entre l’école et l’église de Bians- les-Usiers : 6 000 poules.” Le titre du tract n’a rien de rassurant. Les images et les propos qui accom- pagnent le document abondent dans cette vision industrielle, polluante, dangereuse à la san- té propre à toute concentration agricole. On est loin de l’image de la basse-cour fermière. Un immense bâtiment, un terrain mis à nu. On parle de maladie, grippe aviaire, sources mena- cées, tonnes de fientes, rats, odeurs,mouches,pollution visuel- le, dévalorisation du patrimoi- ne immobilier… Le poids des mots, le choc des photos. La pétition aurait réuni à fin novembre plus de 700 signatures de locaux et de soutiens venus de partout. Contacté par mail , le collectif du Val à l’origine de la contestation n’a pas répon- du…La porteuse du projet, Élo- die Dornier-Brunner n’a rien vu

correspond au seuil de rentabi- lité pour ce type d’élevage qui va impliquer la construction d’un bâtiment de 1 150 m 2 avec un espace extérieur. “En termes d’impact, de quantité d’effluents, c’est l’équivalent d’une ferme avec 60 vaches laitières, ce qui ne choque personne dans le Haut- Doubs. On est dans le cadre d’un élevage extensif avec 4 poules par m 2 à l’extérieur et 6 poules par m 2 à l’intérieur. Ce projet est soumis à la réglementation des installations classées.” Là où le tract évoque “nous crai- gnons une contamination de l’eau et des sols par les tonnes de fien- te déversées” , elle explique que les fientes à l’intérieur sont récu- pérées une fois pendant le vide sanitaire pour être revendues à des céréaliers bio, ceux-làmêmes qui livrent la minoterie Dornier fabricant l’aliment bio qu’elle utilisera pour nourrir ses poules. La boucle est bouclée. Sur la question des risques pour

venir. Elle dénonce le contenu du tract bourré selon elles de fausses informations. Fille d’agri- culteur, titulaire d’un B.T.S. agri- cole, cette jeune maman de trois enfants, bientôt quatre, pensait initialement exploiter un éle- vage caprin mais ce projet n’a pas abouti. “Le contexte a évo- lué. Mon père a pris sa retraite

Le bâtiment avicole se situerait à 250 m de l’école et 85 m des habitations les plus proches.

la santé des petits écoliers, elle rappelle qu’étant elle-même maman, elle n’aurait jamais pris le moindre risque pour sa pro- géniture. “Le tract parle d’un élevage au cœur du village alors qu’il est à la sortie du bourg avec un bâtiment à 250 m de l’école et à 85mdes habitations les plus proches. La distance minimale est zone montagne est de 25 m.” Quid des odeurs ? Elle conseille aux sceptiques d’aller voir d’autres élevages avicoles et admet qu’il pourrait avoir quelques effluves nauséabonds lors des vides sanitaires mais rien de pire que les épandages de lisier qui embaument leHaut- Doubs au printemps et à l’au- tomne. Aujourd’hui, elle est dans l’at- tente de la validation du permis

de construire instruit par les services de la D.D.T. et qui a reçu l’avis défavorable dumaireAndré Salomon. Lequel s’est prononcé en concertation avec ses élus. “Au préalable, je suis allé la ren- contrer pour lui signaler que l’on ne s’oppose pas au projet mais à son emplacement qui pose à mon sens des questions de salu- brité vis-à-vis des riverains, des écoliers, de question de pollution des sols. Le bâtiment sera réali- sé sur un terrain en pente avec des risques de ruissellement des eaux chez les voisins, sans oublier de signaler la présence de deux sources non captées sur le ter- rain concerné.” Élodie Dornier rappelle qu’un drain de récupération des eaux sera creusé tout autour de l’ins- tallation. La commune lui a aus-

si proposé un échange de ter- rain pour qu’elle puisse s’ins- taller en dehors du village. Pro- position refusée par l’intéressée. “L’échange est compliqué car le terrain sur lequel je comptais construire est dans l’indivision familiale. Il nem’appartient qu’en partie. D’autre part, cela suppo- serait de partir du côté de laVri- ne loin de mon domicile, sans compter les surcoûts induits par ce transfert en termes de viabi- lisation.” Les pourparlers n’ont pas abou- ti. André Salomon estime qu’il n’y a pas de dialogue possible. Lui aussi est dans l’attente de l’avis de la D.D.T. qui devrait statuer d’ici la fin de l’année. Des recours sont toujours envi- sageables. n F.C.

en nous laissant ainsi des disponi- bilités foncières. L’opportunité de créer un atelier de poules pondeuses bio s’est présentée” , résume ÉlodieDor- nier-Brunner qui entame alors son parcours à l’ins- tallation accompa- gnée par la chambre d’agri- culture du Doubs et la D.D.T. Pourquoi 6 000 poules ? Ce nombre

Pas de dialogue possible

La Presse Pontissalienne n°230 - Décembre 2018 L’ÉVÉNEMENT MONT D’OR-DEUX LACS - HAUTS DU DOUBS LE MARIAGE A DU PLOMB DANS L’AILE

Mariées sans consentement mutuel, les communautés de communes des Hauts du Doubs et du Mont d’Or et des Deux Lacs restent toujours frileuses à l’idée de tout mettre dans le pot commun. Notamment sur le plan de l’harmonisation fiscale et surtout au niveau de la compétence scolaire : véritable pierre d’achoppement de la fusion. Tout n’est pas noir. La gestion de l’assainissement, du tourisme, de la culture ne suscite plus aucune friction. Point de situation.

l Politique

Esprit de clocher

“Il y a encore des communes acceptent difficilement la fusion” Les tensions sont toujours latentes au sein de la nouvelle communauté de communes des lacs et montagnes du Jura, ce qui ne facilite l’exercice d’harmonisation des compétences et de la fiscalité comme en convient Jean-Marie Saillard, un président sous pression. Confidences.

œuvré pour contenir le budget de fonctionnement et se laisser de la marge. La fusion n’est pas l’addition du nombre des délé- gués communautaires. Il y en a désormais 49 et l’exécutif comp- te neuf vice-présidents. L.P.P. : Qu’en est-il du départ de la commune des Fourgs ? J.-M.S. : Un ticket de sortie a été établi mais on n’est pas parve- nu à trouver un accord. Le dos- sier est aujourd’hui dans les mains du préfet. Seul regret sur ce projet : je me demande pour- quoi la commune des Fourgs n’a pas manifesté son envie de sor- tir en 2015 ou en 2016 à l’époque de l’élaboration du périmètre de la com’com. Je pense aussi au fait qu’aucune route n’ait été réalisée pour relier le plateau des Fourgs au secteur du Mont d’Or constitue une très grosse erreur. n Propos recueillis par F.C. “C’est une affaire de travail au quotidien mais ce n’est pas une contrainte quand on a la fibre du territoire.” Pas surpris par l’ampleur de la tâche, le président assume ses engagements.

L a Presse Pontissalienne : Où en est le processus de fusion ? Jean-Marie Saillard : La recon- naissance du périmètre à 32 com- munes remonte à mai 2017. Aujourd’hui, on est encore dans la construction de cet espace communautaire. On s’est fait accompagner par le bureau d’études Stratorial sur le volet financier et l’harmonisation de la fiscalité entre les deux anciennes com’com. On dispo- sait d’un délai d’un à douze ans pour finaliser l’exercice et on a pris la décision de le faire sur une année, ce qui n’est pas sans conséquences pour les contri- buables de l’ex-communauté de communesMont d’Or-Deux Lacs. L.P.P. : Comment expliquer les cris- pations persistantes autour de cemaria- ge forcé ? J.-M.S. : Il y a encore des communes qui l’acceptent difficilement. C’est

qui est logique car elle avait pris plus de compétences comme le scolaire. Avec la fusion, la C.C.H.D. a dû créer un S.I.V.O.M. pour gérer les compétences qui n’ont pas été transférées. L’har- monisation fiscale s’est tradui- te par une baisse sensible des taux intercommunaux au niveau de l’ancienne C.C.H.D. Cette baisse est compensée par une hausse des taux communaux, nécessaire au financement du S.I.V.O.M. On peut donc parler d’une opération blanche. L.P.P. : Qu’en est-il des économies d’échelle attendues suite à la fusion ? J.-M.S. : On n’a pas encore eu un exercice comptable entier. En 2017, on a compilé les budgets des deux com’com et c’est seu- lement à partir de 2018 qu’on a travaillé sur un budget commun. Il faudra donc attendre le comp- te administratif pour savoir ce qu’il en est, en sachant qu’on a

atout pour ce territoire qui a du sens en termes de périmètremal- gré tout ce que l’on peut entendre. L.P.P. : Comment se passe cette fusion au niveau des services ? J.-M.S. : On avance dans l’orga- nisation de la maison et je pen- se que tout sera au point pour que ceux qui seront élus en 2020 disposent d’un outil opération- nel. La communauté de com- munes emploie aujourd’hui 64 salariés en incluant lesA.T.S.E.M. qui interviennent dans les écoles maternelles. Le rôle du person- nel dans cette nouvelle com- munauté de communes n’a pas toujours été un exercice facile. L.P.P. : Les anciennes communes des Hauts du Doubs ont augmenté de façon significative les taux liés à la taxe d’ha- bitation. Une explication ? J.-M.S. : La C.C.H.D. avait des taux fiscaux plus importants que ceux de la C.C.M.O.2.L., ce

compréhensible car cette com’com n’avait aucune obligation de changer. Les choses évoluent néanmoins dans le dialogue. Sur certains sujets, on observe un consensus unanime alors que la situation est bien différente sur d’autres. Surtout quand on évoque la question de la com- pétence scolaire où l’harmoni- sation ne s’est pas faite vers le haut. On sent un vrai blocage comme on a pu le constater au dernier conseil communautaire du 13 novembre. La compéten- ce scolaire est restée aux com- munes pour le fonctionnement et les investissements en lais- sant uniquement à la com’com la compétence affaires scolaires qui englobe la gestion du per- sonnel, lematériel bureautique… J’aurais préféré qu’on prenne la compétence globale investisse- ment et fonctionnement. Forcé- ment, c’est la démocratie, j’en prends acte. Cette compétence

scolaire est un point très sen- sible qui sous-entend la ques- tion de devoir payer pour les autres. Personnellement, je suis plutôt favorable à l’harmonisa- tion des compétences vers le haut,sans affaiblir les communes, l’enjeu étant au niveau com- munautaire. L.P.P. : Les réticences s’expriment aus- si sur l’adoption des nouveaux statuts communautaires. J.-M.S. : Cette délibération n’a pas été votée à l’unanimité avec dix communes qui se sont pro- noncées contre. Pour autant, cet- te fusion, si difficile soit-elle, n’a pas gelé tous les projets. Je pen- se à l’assainissement, à la recherche en eau, au contrat de station. C’est important de conti- nuer à animer ce territoire. Cet- te fusion résulte de la loi N.O.T.R.E. Maintenant, on doit essayer de faire en sorte que cet- te figure imposée devienne un

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l Compétences

Le nouvelle com’com

Un des plus grands domaines nordiques de France

Assainissement Harmonisée sans difficulté depuis un an, cette compétence intègre de gros projets en cours d’élaboration. - D’ici 2020, la construction d’une sta- tion d’épuration aux Longevilles pour traiter les eaux usées des Longevilles et de Métabief. - En 2019, réalisation d’un ouvrage de stockage des eaux parasites à Mal- buisson. - Lancement d’un diagnostic sur le réseau de collecte et la station de Gel- lin qui traite les eaux des communes de Chaux-Neuve, Petite-Chaux, Mouthe, Sarrageois, Gellin, Les Vil- ledieu et le Brey. Eau potable La communauté de communes est maître d’ouvrage sur le dossier de prospection de l’eau duMont d’Or. “Le forage réalisé en novembre 2017 a don- né des résultats très intéressants, à savoir une pression de 8,5 bars, un débit de 100 m 3 /h. De quoi couvrir une grande partie des besoins et de ne plus dépendre de l’eau du lac Saint- Point en situation de crise. Aujour- d’hui, ce projet est en phase d’étude. Il faudra s’assurer de la potabilité de cette eau et savoir si le fait d’exploi- naissance à une communauté de communes qui ne manque pas d’atouts notamment sur le plan touristique et qui doit également gérer de gros dossiers. Détails. Loin d’être parfaite et aboutie, la fusion a donné

La nouvelle com’com a une belle carte nordique à jouer.

Contrat de station Ce dispositif implique les commu- nautés de communes des lacs et mon- tagnes du Haut-Doubs avec celle du Grand Pontarlier. L’union fait la visi- bilité. “Aujourd’hui, les financeurs veu- lent une lecture globale du dévelop- pement touristique du Haut-Doubs. On a tout intérêt à jouer sur la com- plémentarité des sites : château de Joux, station de Métabief, lacs…” pour- suit le président en signalant que la com’com est partie prenante de l’of- fice de destination. Nordique “Avec la fusion, on dispose aujourd’hui d’un des plus grands domaines nor- diques de France. On doit investir à bon escient en prenant en compte l’évo- lution du climat. L’harmonisation de cette compétence nordique n’a posé aucun souci car elle s’inscrit dans la logique des propositions tarifaires de l’Espace Nordique Jurassien.” n

ter cette ressource ne vienne pas en perturber d’autres. Ce projet implique aussi de gros travaux” , détaille Jean- Marie Saillard. La santé “On doit s’attacher à travailler sur un projet de santé, apporter un service. Notre rôle ne peut pas se limiter pas uniquement aux seules maisons de santé sans y adjoindre le travail en réseau, la mutualisation des actions. Je pense que les élus doivent être en symbiose sur les questions de santé comme plus généralement tous les autres services à la population.” Culture “En juin 2018, on a validé le princi- pe de regrouper les écoles de musique de Jougne et de Mouthe et les batte- ries-fanfares de Labergement-Sainte- Marie et de Mouthe. Ce projet est tou- jours en cours. C’est une bonne illustration du travailler ensemble.”

l Malbuisson

Le maire Claude Lietta

“Pas de précipitation dans la fusion” Toujours aussi sceptique sur le bien-fondé de cette fusion, le maire de Malbuisson n’a pas voté les nouveaux statuts. Pas opposé sur le fond, mais sur la forme d’un processus qu’il souhaiterait plus lissé dans le temps.

C omme la plupart des élus de la nouvelle com’com, Claude Lietta rappelle qu’il n’a jamais été favorable à ce rapproche- ment. “Au départ, personne n’a rien demandé à personne. C’est une obliga- tion de la loi N.O.T.R.E. appliquée aux communautés de communes de moins de 5 000 habitants avec la volonté, à mon sens, d’imposer une politique urbai- ne aux milieux ruraux sans prendre la mesure des territoires.” L’élu faisait partie de la fronde qui avait tenté en 2017 de s’opposer juri- diquement à cette fusion. En vain. S’il n’a bien sûr aucun grief envers les com- munes des Hauts du Doubs, le maire de Malbuisson constate que les deux communautés de communes n’offraient pas le même profil socio-économique et n’avaient pas du tout le même mode de fonctionnement sur certaines com- pétences. “On n’avait pas les mêmes taux d’impôts ni les mêmes modes de calcul. La communauté de communes des Hauts du Doubs avait tout intérêt à prendre en totalité la compétence sco- laire contrairement à ce qui s’est pas- sé sur Mont d’Or-Deux Lacs où la com’com verse seulement 50 % pour le fonctionnement des écoles et chaque commune assure l’investissement.” Claude Lietta sait que la fusion a pour objectif de gommer ces différences, d’harmoniser les taux et, in fine , de fai- re des économies d’échelle. “On n’est pas d’accord avec la méthode utilisée pour tendre vers ces objectifs. On esti- me qu’il faut prendre plus de temps pour lisser les différences. On main- tient cette position dans le souci de défendre l’intérêt de nos contribuables. À la prochaine rentrée scolaire, on va

l Métabief Gérard Dèque Fiscalité et tensions périscolaires

P ourquoi Gérard Dèque, vice- président de com’com, n’a pas voté les nouveaux statuts ? “J’étais favorable pour la pri- se de compétences totale mais mon conseil municipal souhaitait qu’on règle auparavant la question du péri- scolaire au niveau du R.P.I. regrou- pant les communes duTouillon, Saint- Antoine,Métabief, Les Hôpitaux-Neufs

et Les Hôpitaux-Vieux. À ce contexte local tendu, s’ajoute la hausse fisca- le assez brutale. Avec la fusion, on a pris 17,9 % d’un coup auquel il aurait fallu rajouter 6 à 7 % en acceptant la compétence scolaire. Cette fusion est douloureuse. Le président met toute son énergie pour essayer que cela fonc- tionne. Le temps va lis- ser les choses.” n

“Une hausse fiscale assez brutale.”

devoir investir dans l’ouverture d’une, peut-être deux classes. Ce projet prio- ritaire nous oblige à reporter d’autres travaux à Malbuisson. D’où l’intérêt de ne pas tout précipiter dans la fusion. C’est pour cela qu’on a voté contre les nouveaux statuts car cela supposait de prendre toutes les compétences et notam- ment l’investissement dans les bâti- ments scolaires.” n “On n’est pas d’accord avec la méthode utilisée pour harmoniser la fiscalité”, dénonce Claude Lietta le maire de Malbuisson.

Gérard Dèque admet que les choses sont compliquées.

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n°230 - Décembre 2018

8

l Mouthe

l Oye-et-Pallet

Daniel Perrin

Une opposition au calendrier

Du bon et du moins bon

Pas assez de réciprocité mais l’espoir subsiste

I l n’a toujours pas compris l’inté- rêt d’unir des territoires contre leur gré et qui plus est de préci- piter ce rapprochement en cours de mandat. “Sur le fond, je ne suis pas forcément opposé. Si cette fusion peut nous permettre de faire réellement des économies, là on est très favorable. Mais pourquoi vouloir couper ainsi le mandat alors qu’on aurait eu tout le temps d’ajuster compétences et de mesu- rer l’impact financier en se préparant dans la perspective 2020” , interroge Michel Faivre qui a démissionné de la com’com. Oye-et-Pallet est représenté par deux délégués, un adjoint et une conseillè- re municipale. Le maire se souvient de la création de la com’com Mont d’Or-Deux Lacs en 2000. il était alors conseiller. “Cette union entre deux ter- ritoires était voulue par les élus. On sait bien qu’un mariage forcé fonc- tionne rarement bien.” Pour autant, à l’heure où les dotations d’État diminuent, Michel Faivre voit plutôt d’un bon œil la reprise de cer- taines compétences à l’échelle inter- communale. Il cite le tourisme, les ordures ménagères, l’assainissement… Il tique lui aussi sur les écoles. Oye- et-Pallet fonctionne depuis 1996 en groupement avec Les Grangettes,Mal- pas et La Planée. Cette année, cela représente 170 enfants tous scolari- sés dans le même groupe scolaire à Oye-et-Pallet. “De ce fait, les quatre son désaccord reconnaît néanmoins la pertinence d’une gestion intercommunale sur certains points. Opposé depuis le départ à la fusion à mi-mandat, Michel Faivre le maire qui a d’ailleurs démissionné de la nouvelle com’com pour manifester

O ù certains assènent des pro- fils de territoire fort diffé- rents, Daniel Perrin le mai- re de Mouthe estime qu’il y a, au contraire, beaucoup de simili- tudes en termes de paysages, bassin d’emploi, densité de frontaliers… “Les communes de l’ex-C.C.H.D. ont fait beaucoup d’efforts en acceptant par exemple de participer au développe- ment du Mont d’Or et du lac Saint- Point alors que les communes de l’ex- Mont d’Or-Deux Lacs nous ont laissé des investissements qu’on devra finan- cer nous-mêmes. Je pense aux écoles,

au centre de vacances de Chapelles- des-Bois, au projet de développement de la Source du Doubs, au site Chez Liadet… Pour autant, je ne suis pas pessimiste. J’espère que les choses vont évoluer progressivement dans le bon

sens. N’oublions pas que l’on vit sur un territoi- re commun qui a beau- coup d’attraits avec des zones et des équipements particulièrement inté- ressants et complé- mentaires sur le plan touristique.” n

“Je ne suis pas pessimiste.”

Michel Faivre le maire regrette surtout qu’on n’ait pas attendu 2020 pour installer la nouvelle com’com.

27 %. “Cela correspond à la reprise des compétences. Cette hausse n’a rien d’illogique car l’impôt est l’un des seuls leviers pour récupérer les fonds contrai- rement aux communes qui ont d’autres ressources comme la forêt communa- le. Cette évolution fiscale ne s’est pas faite sur le dos de la taxe d’habita- tion.” La commune travaille actuellement sur un nouveau projet en lien avec la bibliothèque et le périscolaire. “La bibliothèque Pierre Bichet fonctionne très bien grâce au dynamisme de la personne qui s’en occupe. On va réa- liser une seconde entrée pour que les usagers puissent y accéder sans entrer dans l’école. Le périscolaire a été mis en place en 2005. Il est basé à la sal- le des fêtes qui sert également de can- tine. On souhaite investir pour faire en sorte que ce service soit attenant à l’école tout en maintenant la cantine au même endroit. Les enfants ne sor- tiront plus qu’une fois de l’enceinte scolaire pour aller manger. Ces pro- jets représentent un investissement dont le montant est estimé à 800 000 euros.” n

villages sont opposés au transfert de cette compétence. Des travaux impor- tants ont été engagés, on n’aurait jamais pris l’investissement” , poursuit Michel Faivre qui ne comprend pas non plus pourquoi on considère désormais d'an- ciennes charges d’investissement com- me des charges de fonctionnement. Oye-et-Pallet comme beaucoup d’autres petites communes rurales n’ont pas attendu les grands-messes intercom- munales pour travailler ensemble. “On mutualise déjà pas mal de choses comme l’épareuse partagée avec Mont- perreux et Malbuisson, la balayeuse

avec Malpas et La Planée. Cela va tout de suite mieux quand les élus sont deman- deurs !” Si la commune a approuvé les nou- veaux statuts, “car il faut bien avancer” , elle s’oppose toujours au transfert de la compétence scolaire. Sur le plan fiscal, la fusion équivaut à une augmentation de

Une augmentation fiscale de 27 %.

Daniel Perrin le maire de Mouthe garde espoir.

l Économie

Groupe Entreprise et Territoire

La com’com se met au G.E.T. 32 La nouvelle com’com et la C.C.I. du Doubs

L’heure n’est pas encore de pilo- ter une étude avec des actions à la clef. “On s’est d’abord enga- gé dans un processus d’écoute auprès des entreprises, des élus communautaires et des consom- mateurs” , explique Laurent Sage, directeur des études économiques à la C.C.I. du Doubs. Ces entre- tiens serviront à préparer le cahier des charges en vue de lan- cer l’étude. “Une dizaine d’élus ont été sollicités” , signale Chris- tian Coste, vice-président de la com’com en charge de la com- mission économie. Ce travail est mené avec les ser- vices de la C.C.I. qui apportent leurs expertises notamment dans le domaine des mutations du commerce et de l’économie fron- talière. “Rappelons que 55 % des actifs de ce territoire travaillent en Suisse. C’est le plus fort taux sur l’ensemble de la bande fron- talière. On a la chance de tra-

collaborent dans le cadre d’un Groupe Entreprises et Territoire (G.E.T.) pour construire la compétence économique communautaire.

L a contribution des col- lectivités au développe- ment économique se tra- duit généralement par l’aménagement de zones d’acti- vité ou la recherche, ou la mise à disposition de locaux profes- sionnels. Certaines com’com gèrent aussi des hôtels d’entre- prises, des bâtiments-relais ou investissent dans de l’immobi- lier d’entreprise qu’elles rétro- cèdent sous forme de crédit-bail comme le faisait d’ailleurs l’an- cienne communauté de com- munes des Hauts du Doubs. Cette politique correspond-elle aux besoins des acteurs écono- miques des territoires y compris

des salariés concernés par le télé-travail ? C’est tout le sens de ce partenariat engagé depuis cet automne. “Le soutien à l’éco- nomie est aujourd’hui porté par les communautés de communes et le Conseil régional Bourgogne- Franche-Comté. C’est le rôle de la C.C.I. d’accompagner le déve- loppement économique sur son territoire et de recréer du lien avec les élus” , explique Domi- nique Roy, le président de la C.C.I. du Doubs venu signer cet- te convention de partenariat le 30 novembre dans les locaux de la communauté de communes des Lacs et Montagnes duHaut- Doubs.

Élus communautaires et responsables de la C.C.I. du Doubs ont signé la convention de partenariat liée au Groupe Entreprises et Territoire mis en place sur les Lacs et Montagnes du Haut-Doubs.

de cette démarche ? “L’objectif, c’est d’être à l’écoute des entre- prises. On sait par exemple la difficulté des employeurs à loger des ouvriers dans une zone à for- te pression foncière où les loyers sont élevés. Il serait sans doute utile d’avoir sur notre territoire des constructions avec des loge- ments réservés à cette popula- tion.” Christian Coste imagine aussi

l’intérêt d’un “tiers lieu” avec des bureaux et tout ce qu’il faut com- me connexions à mettre à dis- position des personnes qui ne travaillent pas forcément en per- manence dans une entreprise. “Le statut de frontalier permet 25%du temps de travail enFran- ce, cela fonctionne bien sûr sur des métiers qui s’y prêtent.” n F.C.

vailler sur une toute jeune com- munauté de communes et, en cela, ce G.E.T. est particulière- ment innovant” , spécifie Lau- rent Sage en ajoutant qu’une démarche assez similaire est engagée sur la communauté de communes du Val de Morteau. Le calendrier du projet prévoit un rendu de l’étude au printemps 2019 avec la proposition de trois scénarios. Quelle est la finalité

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PONTARLIER 10 MOBILISATION

La Presse Pontissalienne n°230 - Décembre 2018

Après trois week-ends de lutte Les gilets jaunes pontissaliens ne désarment pas Il faut prendre le temps d’aller discuter avec eux pour se rendre compte que ces actifs, ces retraités ou ces demandeurs d’emploi ont tous une bonne raison de continuer leurs actions de contestation à l’entrée de Pontarlier.

U ne fin d’après-midi désormais comme une autre au rond-point de Doubs. Il est 16 h 30, le tra- fic de fin de journée s’intensi- fie et ils sont encore là. Cer- tains depuis trois semaines. Une tente blanche sous laquelle sont dressées quelques tables, une Thermos de café fumant, des gâteaux. “Tout ça ? Ce sont les gens qui nous les apportent. Ils nous soutiennent à fond” assure ce gilet jau- ne. Sa voix est couverte par le klaxon tonitruant d’un poids lourd qui ralentit au rond-point. Et c’est ainsi depuis le matin : un concert de klaxons assour- dissant comme autant d’encouragements à ceux qui tiennent cet improbable siè- ge. Eux, ils n’ont pas le sentiment d’en- traver la bonne marche économique du pays. “On ne bloque jamais qui que ce soit, les gens ralentissement à l’approche du rond-point, on discute avec eux, on leur offre un chocolat. En tout cas, on ne bloque pas plus que lors d’une grève des cheminots ou des routiers” lance ce gilet jaune qui reconnaît tout de même qu’on “ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs.” Les revendications de ces contestataires sont multiples, comme partout en Fran-

ce. “Dans les années quatre-vingt, le taux de prélèvements obligatoires était de 39 % en France. On ne vivait pas moins bien qu’aujourd’hui où ce taux est de 46 %, le plus élevé d’Europe. Où part le fric ? !” interroge ce salarié du privé en jaune. À côté de lui, un jeune retraité a fait ses comptes : “M. Macron avait dit qu’il ne prélevait que sur les retraites au-delà de 1 200 euros par personne. Avec ma fem- me, on déclare 18 000 euros par an, soit 1 500 euros par mois à deux et on nous dit qu’on est au-dessus du seuil. On nous a piqués un peu plus de 20 euros par mois. Avec le carburant, le gaz, l’électri- cité, on va finir où ?” dit-il.

est là l’augmentation du pouvoir d’achat ?” Un renfort arrive au guidon de sa moto qu’il gare sur le bas-côté. “Là où je me gare, je risque une amende. Et celui qui brûle une voiture ne risquera rien. C’est cette injustice que je combats” dit-il de son côté. Cet autre gilet, un regard poin- té vers les zones commerciales toutes proches dit son dégoût de voir une socié- té qui “désormais préfère faire venir de la viande d’Amérique du Sud avec l’ac- cord de libre-échange que M. Macron vient de signer, alors que dans les dépar- tements voisins, en Charolais notam- ment, des éleveurs ne peuvent même plus vivre de leur travail. C’est cette société qu’ils veulent nous imposer ? Nous, on n’en veut pas.” Celui-ci vient de perdre ses deux parents coup sur coup : “Mon père vivait avec une retraite de 822 euros, ma mère de 280 euros. Est-ce normal de voir ça en France ?” Un jeune gilet jau- ne évoque la transition énergétique confirmée par le gouvernement, “alors qu’ils avaient supprimé l’an dernier le crédit d’impôt sur le changement de fenêtres ! Où est la cohérence ?” Les voi- tures électriques ? “Les paysans d’Amé- rique du Sud sont en train de crever à cause du lithium qu’on prélève là-bas

Alors que sa taxe d’habi- tation a en effet baissé, conformément à la pro- messe du gouvernement, ce salarié de chez Arm- strong a également fait ses comptes. “Une fois retiré le bénéfice de la baisse de la taxe d’habitation, si je fais le calcul avec les récentes augmentations (carburant, électricité…), je perdrai finalement 180 euros sur un an. Elle

“Le travail n’est plus respecté en France.”

Ils distribuent papillotes et chocolats aux chauffeurs et automobilistes.

RÉACTION “Nous continuons à maintenir la marmite en ébullition”

Un des référents gilets jaunes les plus actifs de Pontarlier commente la situa- tion après trois semaines, non pas de blocage disent-ils, mais d’action.

L a Presse Pontissalienne : Après trois semaines de mobilisation, la pression ne retombe pas ? Germain Goffredo : Nous continuons à maintenir la marmite en ébul- lition, nous sommes toujours autant mobilisés. Nous sommes une quarantaine de référents, chargés notamment des rela- tions avec les autorités, et sur le terrain tous les jours dès 8 heures du matin, nous pou- vons être jusqu’à 200 certains jours. Et pas que des retraités, loin de là. Il y a des infirmières, des salariés, des commerçants, des artisans, des parents…Cha- cun participe selon son temps disponibles et son savoir-faire. L.P.P. : Pas de démobilisation et pas de ras-le-bol des usagers de la rou- te à force ? G.F. : Plus de 80 % des gens qui passent vers les ronds-points sont contents de notre action, nous soutiennent et nous encou-

ragent. Ils nous apportent du pain, du café, à boire, à manger. Et on s’est donné pour consigne de gêner le moins possible la circulation, en ne bloquant pas quand les gens partent au tra- vail le matin par exemple. Notre seule arme, c’est ce que la Consti- tution française nous donne en

fic. Nous n’empêchons pas de travailler les commerçants du centre-ville notamment. L.P.P. : Mais les grandes surfaces, si ! À quelques jours de Noël, est-ce bien raisonnable ? G.F. : On veut aussi faire com- prendre aux grandes surfaces que nous, gens modestes, on prend aussi de plein fouet cer- tains prix que les grandes sur- faces nous font payer. Elles ne jouent pas le jeu sur ce plan-là en pratiquant des tarifs de fron- taliers ou de Suisses. Nous n’avons pas tous un pouvoir d’achat de frontaliers ! n Propos recueillis par J.-F.H. Germain Goffredo, 37 ans de métier dans une entreprise privée du secteur est un des référents du mouvement pontissalien, un gilet orange.

nous permettant d’occuper l’espace public. L.P.P. : Vous évoquez les commerçants, mais certains d’entre eux ne vous soutien- nent pas vraiment… G.F. : Quand on leur parle de taxes, d’impôts, la plu- part nous com- prennent. Et nous ne bloquons pas l’accès aux zones, nous ne faisons que ralentir le tra-

“Les grandes surfaces ne jouent pas le jeu.”

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