La Presse Pontissalienne 230 - Décembre 2018

HAUT-DOUBS

La Presse Pontissalienne n°230 - Décembre 2018

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BIANS-LES-USIERS Polémique Des poules invitées à aller pondre ailleurs Le projet d’ouvrir un atelier de 6 000 poules pondeuses à 250 mètres de la nouvelle école suscite pas mal de réactions, le lancement de pétitions papier et numérique, la distribution de tracts. Jacasseries.

“B ientôt entre l’école et l’église de Bians- les-Usiers : 6 000 poules.” Le titre du tract n’a rien de rassurant. Les images et les propos qui accom- pagnent le document abondent dans cette vision industrielle, polluante, dangereuse à la san- té propre à toute concentration agricole. On est loin de l’image de la basse-cour fermière. Un immense bâtiment, un terrain mis à nu. On parle de maladie, grippe aviaire, sources mena- cées, tonnes de fientes, rats, odeurs,mouches,pollution visuel- le, dévalorisation du patrimoi- ne immobilier… Le poids des mots, le choc des photos. La pétition aurait réuni à fin novembre plus de 700 signatures de locaux et de soutiens venus de partout. Contacté par mail , le collectif du Val à l’origine de la contestation n’a pas répon- du…La porteuse du projet, Élo- die Dornier-Brunner n’a rien vu

correspond au seuil de rentabi- lité pour ce type d’élevage qui va impliquer la construction d’un bâtiment de 1 150 m 2 avec un espace extérieur. “En termes d’impact, de quantité d’effluents, c’est l’équivalent d’une ferme avec 60 vaches laitières, ce qui ne choque personne dans le Haut- Doubs. On est dans le cadre d’un élevage extensif avec 4 poules par m 2 à l’extérieur et 6 poules par m 2 à l’intérieur. Ce projet est soumis à la réglementation des installations classées.” Là où le tract évoque “nous crai- gnons une contamination de l’eau et des sols par les tonnes de fien- te déversées” , elle explique que les fientes à l’intérieur sont récu- pérées une fois pendant le vide sanitaire pour être revendues à des céréaliers bio, ceux-làmêmes qui livrent la minoterie Dornier fabricant l’aliment bio qu’elle utilisera pour nourrir ses poules. La boucle est bouclée. Sur la question des risques pour

venir. Elle dénonce le contenu du tract bourré selon elles de fausses informations. Fille d’agri- culteur, titulaire d’un B.T.S. agri- cole, cette jeune maman de trois enfants, bientôt quatre, pensait initialement exploiter un éle- vage caprin mais ce projet n’a pas abouti. “Le contexte a évo- lué. Mon père a pris sa retraite

Le bâtiment avicole se situerait à 250 m de l’école et 85 m des habitations les plus proches.

la santé des petits écoliers, elle rappelle qu’étant elle-même maman, elle n’aurait jamais pris le moindre risque pour sa pro- géniture. “Le tract parle d’un élevage au cœur du village alors qu’il est à la sortie du bourg avec un bâtiment à 250 m de l’école et à 85mdes habitations les plus proches. La distance minimale est zone montagne est de 25 m.” Quid des odeurs ? Elle conseille aux sceptiques d’aller voir d’autres élevages avicoles et admet qu’il pourrait avoir quelques effluves nauséabonds lors des vides sanitaires mais rien de pire que les épandages de lisier qui embaument leHaut- Doubs au printemps et à l’au- tomne. Aujourd’hui, elle est dans l’at- tente de la validation du permis

de construire instruit par les services de la D.D.T. et qui a reçu l’avis défavorable dumaireAndré Salomon. Lequel s’est prononcé en concertation avec ses élus. “Au préalable, je suis allé la ren- contrer pour lui signaler que l’on ne s’oppose pas au projet mais à son emplacement qui pose à mon sens des questions de salu- brité vis-à-vis des riverains, des écoliers, de question de pollution des sols. Le bâtiment sera réali- sé sur un terrain en pente avec des risques de ruissellement des eaux chez les voisins, sans oublier de signaler la présence de deux sources non captées sur le ter- rain concerné.” Élodie Dornier rappelle qu’un drain de récupération des eaux sera creusé tout autour de l’ins- tallation. La commune lui a aus-

si proposé un échange de ter- rain pour qu’elle puisse s’ins- taller en dehors du village. Pro- position refusée par l’intéressée. “L’échange est compliqué car le terrain sur lequel je comptais construire est dans l’indivision familiale. Il nem’appartient qu’en partie. D’autre part, cela suppo- serait de partir du côté de laVri- ne loin de mon domicile, sans compter les surcoûts induits par ce transfert en termes de viabi- lisation.” Les pourparlers n’ont pas abou- ti. André Salomon estime qu’il n’y a pas de dialogue possible. Lui aussi est dans l’attente de l’avis de la D.D.T. qui devrait statuer d’ici la fin de l’année. Des recours sont toujours envi- sageables. n F.C.

en nous laissant ainsi des disponi- bilités foncières. L’opportunité de créer un atelier de poules pondeuses bio s’est présentée” , résume ÉlodieDor- nier-Brunner qui entame alors son parcours à l’ins- tallation accompa- gnée par la chambre d’agri- culture du Doubs et la D.D.T. Pourquoi 6 000 poules ? Ce nombre

Pas de dialogue possible

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