La Presse Bisontine 131 - Avril 2012

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

Les SHOES

2, 50 €

N° 131

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr

AVRIL 2012

GARES T.G.V.

LE CAUCHEMAR DES BISONTINS

- Retards et annulations en série. - Mécontentement des usagers. - Navettes surchargées. - Nouvelle gare mal indiquée. - Les nouvelles haltes T.E.R. en question.

L’ÉVÉNEMENT en p. 6 et 7

ÉCONOMIE p. 38 CES PHARMACIENS BISONTINS AU CHÔMAGE Ce métier que l’on croyait en “or” est confronté à une baisse d’activité. Au début de l’année à Besançon, 22 pharmaciens et 17 préparateurs poin- taient à Pôle emploi. La concurrence explique en partie ce phénomène.

POLITIQUE Le dossier en p. 21 à 27 Présidentielle 2012 La parole aux militants du Grand Besançon

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - www.presse-bisontine.fr - redaction@groupe-publipresse.com

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 131 - Avril 2012

F.R.A.C. : “Je déplore l’angle polémique et non il n’y a plus de fuites”

Saint-Ferjeux l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de

Pathétique Il y avait quelque chose de pathétique dans la réunion organisée par quelques affidés du maire de Besançon dans une brasserie bisontine fin février dernier. Sous la houlette de l’adjoint Yves-Michel Dahoui, quelques adjoints et conseillers municipaux plutôt du genre discret, et en l’absence du principal intéressé, le maire, ce rassemblement d’arrière-bou- tique avait pour intention de faire savoir urbi et orbi que le vert Éric Alauzet n’était pas un bon candidat aux législatives sur la circonscription reluquée avec gour- mandise par Jean-Louis Fousseret. Mal- heureusement pour lui, l’accord natio- nal entre le parti écologiste et le P.S. aura été fatal au maire, réservant cet- te fameuse circonscription bisontine à un Vert. Et c’est justement ce Vert, Éric Alauzet, que les suppôts du maire pas- sent depuis des semaines sous leurs fourches caudines. De quoi ont-ils peur vraiment ? Que la deuxième circons- cription soit reprise par la gauche ? Cer- tainement pas. Ils prétextent à qui veut l’entendre que seul le P.S. est capable de renverser l’U.M.P. Jacques Grosper- rin de son mandat de député. Et ils se trompent certainenement. Par leurs ges- ticulations actuelles - leur petite trou- pe semble d’ailleurs de plus en plus ché- tive - ils cherchent à obtenir d’Éric Alauzet la garantie que les écologistes ne pré- senteront pas de liste aux prochaines municipales de 2014. Pas né de la der- nière pluie, Éric Alauzet sait pertinem- ment qu’un tel engagement signerait sa mort politique en cas de défaite aux législatives. Le principal problème des alliés de Jean-Louis Fousseret dans cet- te affaire et partant, du maire lui-même, ce n’est pas tant l’accord national Verts- P.S. que la personne même d’Éric Alau- zet, un des élus les plus pertinents de la classe politique bisontine et qui a montré à plusieurs reprises que sur cer- tains grands dossiers, sa position était plus juste que celle de la majorité. Les réfractaires du P.S. seraient bien inspi- rés de s’en référer à la sagesse d’une Paulette Guinchard, premier soutien de M. Alauzet dans cette affaire, qui pré- dit qu’à l’avenir, écologistes et socia- listes combattront sous la même ban- nière. La catastrophique campagne d’une Éva Joly portée à la candidature par l’obstination idéologique des militants écologistes, est une preuve supplé- mentaire du caractère salutaire que revêtrait pour la gauche ce rapproche- ment logique. Cela éviterait aussi bien des sueurs froides au sein de la majo- rité bisontine. Jean-François Hauser Éditorial

a enfin son marché

P lusieurs fois annoncée, puis reportée, lʼarrivée dʼun marché dominical est enfin une réalité dans le quartier de Saint-Ferjeux. À partir du 25 mars, les étals se déploieront tous les dimanches matins sur la place de la Bascule. “Onze commer- çants ont confirmé leur présence. Ils propose- ront des fruits et légumes (bio pour certains), du miel, des produits régionaux (fromages…), du pain et de la pâtisserie, des plats cuisinés…” énumère la Ville de Besançon .Cʼest à lʼinitiative du Conseil Consultatif dʼhabitants de Saint-Ferjeux que ce marché a pu voir le jour. Selon la volonté des membres du conseil, ce marché de quartier sera réservé aux produc- teurs, primeurs, et métiers dits “de bouche”, dont une rôtisserie et un boulanger. Lʼouverture de ce marché, annoncée lors du conseil municipal du 7 juillet dernier, était pro- grammée pour le 18 septembre. Des raisons dʼorganisation ont contraint les initiateurs à repousser cette date au printemps. “Fin août,

Notre dossier sur le “F.R.A.C. gouffre financier” fait réagir la présidente de Région.

nous nʼavions pas assez de candidatures pour lancer le marché. Aujourdʼhui, nous en avons largement assez et dʼautres voudraient déjà venir” ajoute la Ville. La présidente du Conseil Consultatif dʼhabitants de Saint-Ferjeux, Fran- çoise Roiron, ne cachait pas son impatience : “Les études avaient montré une véritable atten- te des habitants du quartier” explique-t-elle. Le C.C.H. avait également choisi de mettre à lʼhonneur les denrées locales. Bien que la plupart des adhérents du syndicat des commerçants non- sédentaires de la ville soient des vendeurs de textiles, sa présidente, Renée Vigot sʼétait réjouie de cette ouverture. “Un marché qui ouvre, cʼest toujours une bonne nouvelle” dit-elle. Cette ouver- ture est un soulagement pour le quartier de Saint- Ferjeux qui était dépourvu de marché depuis la fin des années 1960. Les commerçants et les consommateurs devraient être au rendez-vous. La mairie estime que même “pour les commer- çants du quartier, ce marché sera une saine concurrence. Cʼest lʼintérêt de tout le monde.”

D ans son précédent numéro, La Presse Bisontine consacrait son “événement” au fonctionne- ment du Fonds Régional d’Art Contemporain (F.R.A.C.) et au “gouffre financier” qu’il impliquera en terme de fonc- tionnement (salaires du per- sonnel, achats d’œuvres, ouverture au public). La présidente de Région Marie-Guite Dufay a répon- du dans un courrier adressé à notre rédaction en faisant part de son “étonnement.” Après s’être exprimée chez nos confrères de France 3 Franche-Comté où elle a rap- pelé que l’investissement de la Cité des Arts (projet mené avec la communauté d’agglomération du Grand Besançon) était “tenu au plus juste” , Marie-Guite Dufay a néanmoins convenu “qu’elle n’ouvrirait pas le F.R.A.C. si l’État se désengageait.” Une réponse pour le moins sur- prenante… Si l’investissement du bâti- ment (46,4 millions d’euros) est en effet tenu, le coût de

fonctionnement demeure bien au centre du débat comme nous avons pu le souligner, “mais la notion d’ambition n’est pas incompatible avec celle de rigueur, surtout lors- qu’il s’agit de l’utilisation des moyens publics, annonce la présidente de Région. Pour mener à bien son projet, le F.R.A.C. aura évidemment besoin d’accroître son bud- get, et les négociations sont en cours avec l’État, qui est co-pilote, en ce qui concer- ne les moyens qui lui seront consacrés dans le futur. Il n’y a donc pas de place pour la polémique, mais bien une volonté partagée de travailler à une entrée dans les meilleures conditions pos- sibles de l’équipe du F.R.A.C. dans ses nouveaux murs. Vous comprendrez donc que je regrette que des éléments budgétaires, encore très pros- pectifs, puissent ainsi donner lieu à la polémique” conclut l’élue qui assure que les pro- blèmes de fuites au niveau de la toiture “sont bien réglés.”

La place de la Bascule troquera tous les dimanches ses places de parking contre les étals de producteurs locaux à partir du25 mars.

Le pont de Bregille à double sens

L e boulevard Diderot a été rendu à la circulation le 1 er mars dernier après 16 mois de travaux. Les véhicules y circulent désormais dans les deux sens. Et avant la fin du mois de mars, ce sera au tour du pont de Bregille d’être ouvert à la circulation à double sens, permettant aux habitants de l’Est bisontin de quitter la ville vers la côte de Morre, sans avoir à emprunter le pont de la République. Une petite révolution dans les habitudes de transport, censée permettre de désen- gorger le secteur République aux heures de pointe. Le boulevard Diderot était entré dans une phase de grands travaux d’assainissement en octobre 2010, et de requalification de la voirie. Un énorme collecteur d’assainissement de 2 m de diamètre et d’1 km de long, avec prolongation ave- nue Droz, vient d’être achevé. 3,5 millions d’euros ont été consacrés à l’opération. Un second chantier va démarrer d’ici quelques semaines pour un coût de 4,5mil- lions d’euros : l’installation d’un immen-

se bassin de stockage enterré de 5 500 m 3 destiné à recueillir les eaux pluviales. “Ces deux ouvrages diminueront considéra- blement les rejets d’eaux usées dans le milieu naturel et les débordements consta- tés avenue Fontaine-Argent lors des forts événements pluvieux” commentent les services de la Ville. Le boulevard Diderot désormais à double sens est bordé de bandes cyclables de part et d’autre. Le coût des aménage- ments de voirie s’est élevé à 4,1 millions d’euros. En 2013, une dernière phase de travaux aura lieu dans ce secteur : la création d’une nouvelle rue qui reliera le boulevard Diderot à la rue de Chalezeule (500 000 euros), évitant aux automobi- listes d’emprunter le carrefour du cime- tière des Chaprais. Le boulevard Diderot a été rendu à la circulation automobile et cycliste début mars.

est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction :

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Crédits photos : La Presse Bisontine, Famille Castro-Balbi, T.U., Ville de Besançon.

BESANÇON

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TRAVAUX

7,5 millions d’euros Le pont Battant vit ses dernières semaines Un pont en métal, plus large que l’actuel, remplacera le tablier en béton contraint datant de 1953. Il sera démonté par tronçons durant la dernière semaine d’avril. Le nouveau pont Battant rouvrira à la circulation en mars 2013.

L’actuel pont avait été inauguré le 4 décembre 1953. Il aura vécu près de soixante ans (photos Ville de Besançon). Le vieux pont romain avait résisté à toutes les affres de l’Histoire jusqu’à sa destruction par les

L a dernière semaine d’avril sera fatale à l’actuel pont Battant dont le visage actuel date du 4 décembre 1953, jour de son inauguration par le maire de l’époque Jean Minjoz. Soixante ans plus tard, un nouveau pont, tout aussi long (60 mètres) mais plus large que l’actuel (24 m contre 17 aujourd’hui), le rem- placera, notamment pour accueillir le passage du tram- way. Mais il faudra près d’un an pour changer le visage du pont Battant. Actuellement, la passerelle provisoire destinée aux piétons, aux modes doux et au passage des réseau d’eau et de téléphone, est en cours d’aménagement. Tout se jouera ensuite à partir de la dernière semaine d’avril. “On transférera les piétons sur la passerelle à ce moment-là et dès le lendemain, les travaux de

la fin août.” Le nouveau pont Battant, métallique, sera consti- tué de 18 éléments de métal de 22 m de long chacun, 4,50 m de large et 2,50 de hauteur, pesant un peumoins de 100 tonnes cha- cun. Spectaculaire, le montage de ces éléments au moyen de grues disposées place Jouffroy et au bout de la Grande rue, le sera certainement. Unmois sera nécessaire pour poser ces élé- ments métalliques qu’il faudra ensuite souder entre eux avant de pouvoir poser les rails, cou- ler le tablier en béton et amé- nager les parapets, ce qui “nous amènera avec des délais serrés, à mars 2013” ajoute Pascal Gudefin. Le coût de reconstruction du pont Battant est de 7,5 millions d’euros, payés pour moitié par la ville (sur la fameuse enve- loppe des 20 millions de travaux connexes) et pour moitié par la C.A.G.B. Durant un an, la cir-

découpage du pont seront enta- més” indique Pascal Gudefin, le responsable du chantier du tram à la C.A.G.B. Il faudra alors près de trois mois pour scier les 10 poutres de béton de 60mde long qui constituent la structure du pont. “Chaque poutre sera sciée en trois parties et les 30 mor- ceaux de poutres seront descen- dus au fur et à mesure sur des barges flottant sur le Doubs, puis évacués jusqu’au parking Bel- levaux. Le béton récupéré res- servira à la construction de la plate-forme du tram” poursuit

bombes en 1940.

vilégiée en 1953 pour sa recons- truction. Et soixante ans plus tard, c’est le métal qui est choi- si. Point névralgique d’entrée dans la Boucle, le pont Battant voit passer chaque jour plus de 10 000 piétons. Comme l’avait dit en son temps Jean Minjoz lors de l’inauguration de l’actuel pont en 1953 : “Le pont Battant est mort…vive le pont Battant.” J.-F.H.

çon. Le pont romain, à cinq arches, “soumis à l’épreuve du temps, nécessita de nombreuses réparations, ainsi en 1453, 1506, 1688, 1729. S’il fut épargné en 1870, l’autorité militaire en plein désarroi le fit sauter en 1940” rappelle l’historien bisontin Jean Defrasne. Après deux mille ans de pont en pierre, c’est donc l’option béton à une arche qui a été pri-

culation des bateaux de touris- me sera totalement interrom- pue. Les vedettes bisontines feront demi-tour avant Battant, les derniers réglages sont en cours avec les professionnels du tourisme fluvial afin que leur activité soit maintenue. Le pont Battant n’en est pas à sa première métamorphose. Il fut longtemps, dès l’époque romaine, le seul pont de Besan-

M. Gudefin. Cet- te opération de découpage qua- si chirurgicale durera donc près de trois mois. La construction du nouveau pont Battant démar- rera avant l’automne, “dès

La circulation des bateaux totalement interrompue.

L’ÉVÉNEMENT

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GARES T.G.V. : LA GRANDE IMPOSTURE

Taper sur des trains qui n’arrivent pas à l’heure, c’est facile. Trouver des usagers satisfaits du service mis en place par la S.N.C.F. depuis le 11 décembre, c’est plus délicat. Si la société ferroviaire dit remédier aux problèmes, elle manque sérieusement de moyens au point que Besançon semble s’être éloignée de Paris alors que les allers-retours n’ont jamais été aussi nombreux. Retards et annulations ont sapé la publicité “Paris à 2 h 05 !”. Consciente du malaise, la S.N.C.F. dit avoir pris des mesures qu’elle présentera fin mars à la présidente de Région. La création fin 2012 des haltes ferroviaires d’École-Valentin, de Miserey-Salines (2013) et des Portes- de-Vesoul (2014) annoncent un nouveau plan de mobilité pour le Nord de l’agglomération. Une expansion qui sera orchestrée par la zone économique proche de la nouvelle gare… que la C.A.G.B. dit pouvoir remplir d’ici 2014. Il faudra (re)passer à la caisse Si la première phase de la L.G.V. est terminée, il faudra financer la seconde. Réseau Ferré de France (R.F.F.) annonce 16 minutes de gagné pour se rendre à Strasbourg (dʼici 2018). Certains élus se montrent prudents, échaudés quʼils sont par lʼaugmentation des tarifs sur un billet. Toutefois, la majorité régiona- le sʼest prononcée sur le financement de cette deuxième phase qui comprend la réalisation de 50 km de voies à grande vitesse, dont 15 km à lʼOuest entre Villers-les-Pots et Genlis, et 35 km entre Petit-Croix (Territoire-de-Belfort) et Lutterbach (Haut-Rhin) à lʼEst. Le coût aujourdʼhui estimé à 1,2 milliard dʼeuros (850 millions dʼeuros pour la partie Belfort-Mulhouse) sera supporté par les Régions Alsace, Bourgogne et Franche-Comté. Ces dernières avaient conclu un pacte visant au financement de la suite du chantier, avec une répartition attribuant 53 % des dépenses incombant à lʼAlsace, 27 % la Franche-Comté et 20 % à la Bourgogne. Les travaux pourraient commencer en 2014 avec une mise en service probable fin 2016, soit cinq ans après la mise en service de la première tranche. Au final, 1 km réalisé coûtera 24 millions dʼeuros.

AMBIANCE Retards, annulations, gare mal indiquée… La S.N.C.F. déraille, l’usager est à quai Le chemin de fer : un chemin de croix pour les Bisontins. Depuis le 11 décembre, les retards ou annulations de trains polluent la vie des usagers. Comment les convaincre que la gare Besançon Franche-Comté T.G.V. est une avancée ?

“P aris à 2 h 05 de Besan- çon” qu’ils disaient ! Oui, mais depuis où ? Si le T.G.V. est bien arrivé, il a laissé sur le quai les Bisontins obli- gés de prendre une navette pour rejoindre la nouvelle gare Auxon, qu’il faut baptiser ainsi et non “Besançon Franche-Comté T.G.V.” perdant au pas- sage de précieuses minutes. Sans dou- te les politiques se sont-ils trompés en voulant la nommer “Besançon”. Là est l’erreur car fin février lorsque vous réserviez un billet de transport, rien ne vous disait si vous atterrissiez au centre-ville ou à Auxon. Depuis, tout est heureusement rentré dans l’ordre. La S.N.C.F. a donc joliment manœu- vré, et ce dès 1997, pour asseoir la créa- tion d’un espace multimodal en dehors de la ville. Les collectivités y ont cru et ont largement financé

Sur le quai de la gare, difficile de déni- cher un usager heureux. Florilège des incidents qui incitent (ou contraignent) les usagers à descendre du train pour utiliser leur voiture ou le système D. Lundi 12 mars, suppressions de trains. C’est le jour de la rentrée scolaire. 6 heures du matin en gare de Besan- çon. Surprise. Le train de 6 h 11 pour Belfort est définitivement supprimé. Aucune explication de la S.N.C.F. ni de message au préalable. Le train sui- vant (6 h 32) est alors pris d’assaut alors que seulement deux wagons sont proposés. Conséquence : les usagers sont debout, y compris dans le four- gon interdit aux passagers, et le T.E.R. s’arrête dans les 10 gares du parcours menant à Belfort. Mardi 13 mars, un T.G.V. en gare de “Besançon Franche-Comté” attend une

l’investissement de la nouvelle ligne ferroviaire qui dessert mieux les inté- rêts de nos voisins belfortains.Aujour- d’hui, la Région paye. Les taxis ont dû négocier serré pour ne payer 3 000 euros le ticket d’entrée à la nouvelle gare comme le demandait au préalable “Gare et connexions”, filiale de la S.N.C.F. Idem pour les bus… sans compter le tarif du parking fixé par une autre filiale. Au final, l’usager du centre-vil- le est davantage à 2 h 30 de la Tour Eiffel qu’à 2 h 05. Celui du plateau de Saône décolle plus tôt de son lit. Ce détail des minutes “non gagnées” vers la capitale aurait pu être une brou- tille si les T.G.V. ou T.E.R. arrivaient à l’heure. Or, ce n’est pas le cas, au point que la Région Franche-Comté est sur les nerfs (lire par ailleurs). Elle menace de ne plus payer les 90 mil- lions d’euros.

permis de me rappeler que je devais être dans le train deux minutes avant l’heure du départ. Un comble : j’étais arrivé à l’heure mais par défaut d’affichage, je suis allé sur le mauvais quai. Je veux porter plainte” dit cet usa- ger qui a demandé l’aide à l’Association des usagers des Transports bisontins pour mener son combat. Besançon Franche-Comté T.G.V. enfin indi- quée. À Auxon, les habitants ont de nombreuses anecdotes à raconter, com- me cet automobiliste perdu devant l’église ou la mairie cherchant déses- pérément la gare. De nouveaux pan- neaux indiquant la gare ont été appo- sés que ce soit sur la Route nationale 57 ou à Besançon. Néanmoins, les sites de localisation genre “viamichelin” ne trouvent toujours pas Besançon Franche-Comté T.G.V. Ils vous emmè- nent à Viotte… Ces atermoiements polluant la vie des usagers devraient “se résorber” indique la S.N.C.F. (lire ci-contre). À défaut d’y croire, les voyageurs pren- nent leur mal en patience en atten- dant 2014 et l’expérimentation de la mise en concurrence des T.E.R. visant à ouvrir le marché au T.E.T. (Trains d’équilibre du Territoire). E.Ch.

correspondance. Les voyageurs sont déjà installés mais un message à l’attention des voyageurs indique que le T.G.V. partira avec 10 minutes de retard. La raison : la navette prove- nant de la gare Besançon-Viotte est… en retard. La S.N.C.F. n’a pu expliquer les raisons. Samedi 18 mars. Un “accident de per- sonne” à 12 h 10 sur la ligne T.E.R. Belfort-Héricourt implique un retard de 2 heures se répercutant jusqu’à Besançon. Nouveaux horaires, nouvelle galère. Sep- tembre 2011, le train est à 6 h 19 pour un lycéen voulant se rendre dans l’Aire urbaine. Le 11 décembre, il est à 6 h 11. Le réseau de bus Ginko adapte son horaire pour la ligne 10. Aujourd’hui, le départ est avancé à 5 h 57… trop tôt pour les bus. Un employé bisontin sur les nerfs. “J’utilise les “services” T.E.R. depuis un an avec une fréquence quasi quotidienne pour me rendre sur mon lieu de travail en utilisant l’ex-ligne Corail Strasbourg- Lyon. J’ai noté un service déplorable depuis octobre.Rame non chauffée quand il faisait froid, pas un seul train n’est à l’heure, sans compter le retard lié au rocher de Baume-les-Dames. Le comble a été atteint lorsque le chef de gare s’est

Perdue en gare Viotte, cette utilisatrice demande avant le départ de la navette si elle pourra échanger son billet en gare d’Auxon au contrôleur.

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AVENIR

Soulager la R.N. 57 Une halte ferroviaire pour École-Valentin et Miserey… et des questions L’A.U.T.A.B. et la F.N.A.U.T. sont les Saint-Bernard des usagers. Ils expliquent pourquoi tout va si mal en matière de transport ferroviaire. Pour l’avenir économique à proximité de la nouvelle gare, il “se dessine” nous promet-on.

“O n a marre de compter les coups entre la politique et la S.N.C.F.” lâche Patrick Noblet, président de l’Association des Usagers des Trans- ports de l’Agglomération Bisontine qui œuvre avec la F.N.A.U.T. (Fédération nationale des associations des usagers des transports) à l’amélioration des transports. Opposés à la création de la gare “Besançon Franche-Comté

lisation de ce projet” explique Jean- Claude Roy, adjoint en charge des trans- ports à l’agglo. Les habitants de Mise- rey-Salines devront patienter jusqu’en 2014 pour prendre le train à destina- tion de Besançon-Viotte en cinq minutes. “Notre objectif est de créer un maillage pour favoriser les déplace- ments domicile-travail ou domicile- campus car la route nationale est sur- chargée, tout ceci en pensant à l’environnement” dit la C.A.G.B. L’A.U.T.A.B. fait connaître son inquié- tude sur un probable manque de finan- cement : “Qui va payer les arrêts ? La Région qui a déjàmis beaucoup d’argent ne reconnaît pas cette ligne comme une desserte régionale. Elle a voté 7,5 mil- lions d’euros alors que le budget est de 11millions d’euros” indique l’A.U.T.A.B. qui se demande qui paiera la diffé- rence (3,5 millions d’euros). L’agglo se montre confiante sur ce dos- sier comme elle peut l’être sur la futu- re zone économique située à deux pas de la nouvelle gare, vide pour l’instant. “Nous avons des entreprises du secteur du tertiaire qui sont intéressées pour s’installer” répète Jean-Pierre Martin, en charge de l’économie. À horizon 2014, les premiers employés pourraient prendre leur service dans cette zone aménagée, au cœur de la verdure. L’intérêt de la desserte péri-urbaine ferroviaire prendra alors tout son sens.

T.G.V.” comme le furent Les Verts à l’époque, ils tentent aujourd’hui d’apposer des rustines où le réseau fuit enmilitant pour la desserte péri-urbai- neViotte-École-Valentin-Miserey-Portes de Vesoul. “On a voulu faire un caden- cement à la française mais nous n’avons pas les moyens financiers comme cela existe en Suisse ! Les Bisontins sont les grands perdants du T.G.V. : nous avons moins d’arrêts pour Marseille

mais il faut admettre que nous avons une meilleure offre pour Paris” consta- te Patrick Noblet. Dans ce marasme, l’A.U.T.A.B. entre- voit une éclaircie avec la construction des haltes ferroviaires à École-Valen- tin et à Miserey-Salines sur la ligne de Devecey. “Fin 2012, la halte ferro- viaire d’École-Valentin fonctionnera. 80 entreprises situées dans la zone de Valentin nous soutiennent dans la réa-

RETARDS

La SNCF dit-elle la vérité ?

La S.N.C.F. dit

entendre la menace

Pour calmer la colère de Marie-Guite Dufay qui menace de ne plus payer les 90 millions d’euros, la S.N.C.F. dit avoir remédié aux problèmes en affichant entre 93 et 95 % de ponctualité. L’opérateur ferroviaire rendra des comptes fin mars.

Patrick Noblet : “On souhaite un train toutes les demi-heures pour la desserte péri-urbaine.”

GRAND ANGLE L’Aquitaine brandit la menace judiciaire L’Aquitaine, elle aussi en bisbille la S.N.C.F. La Région Aquitaine veut attaquer la société pour obtenir des com- pensations financières. “On est passé d’une relation de confiance à la défiance” dit le conseiller régional au T.E.R. aquitain.

Marie-Guite Dufay et son

vice-président Alain Fousseret (en charge des transports) vont-ils parvenir à faire infléchir la S.N.C.F. ?

U n peu plus tôt que Marie-Guite Dufay, son compère Alain Rousset de la RégionAquitaine s’en est pris à la S.N.C.F. pour service non ren- du alors que les Aquitains versent 132,56 millions d’euros à la société par an pour que les trains fonctionnent… et arri- vent à l’heure. Environ 10millions d’usagers utilisent chaque année ce mode de trans- port. Pour calmer la colère venue du Sud-Ouest, la direction nationale de la S.N.C.F. a pris des engagements, “comme mobiliser des moyens humains supplémentaires, fournir à cette région un récapitulatif des problèmes rencontrés et des mesures proposées pour y remédier, finaliser sous 15 jours un plan de progrès comprenant des indicateurs per- mettant une évaluation régulière.” C’était en février.

Un mois plus tard, le compte n’y est pas à écouter Patrick Du Fau de Lamothe, conseiller régional délégué aux T.E.R. et à l’intermodalité : “Nous sommes à peine à 85 % de ponctualité et le taux de disponi- bilité de matériel n’est toujours pas satis- faisant. Nous ne sommes toujours pas reve- nus à une situation normale et allons revoir

L es courriers d’usagers mécontents s’amoncellent sur le bureau de la pré- sidente de Région. C’en était trop pour Marie-Guite Dufay qui a frappé d’un grand coup sur la table en convoquant la presse le 23 février pour annon- cer son désir de ne plus payer la S.N.C.F. si cette dernière n’améliorait pas rapidement le service rendu aux Francs-Com- tois. La Région a de quoi être irritée : elle a procédé à une ral- longe de 6 millions d’euros pour augmenter l’offre en T.E.R. en 2012 en plus des 90 millions d’euros qu’elle verse. Et le ser-

vice n’est toujours pas rendu ! Est-ce une posture politique ? “Je suis trop atteinte (elle cou- pe) et je pense que je m’autoriserai à ne pas payer si rien n’a évo-

mars, nous avons remédié à de nombreux problèmes en lançant un plan de transport adapté qui semble porter ses fruits avec une ponctualité qui avoisine les 93- 95 % désormais. Nous ne vou- lons pas crier victoire trop vite et vous tiendrons au courant des avancées lors d’une conférence de presse” indique la communi- cation de l’instance ferroviaire. Entre-temps, Marie-Guite Dufay recevra la direction pour un point détaillé. En espérant que les deux parties soient sur la même ligne…

lué.” L’ultimatum est lancé. La direction de la S.N.C.F. que nous avons tenté de joindre répond laconiquement : “Nous avons connaissance des difficultés que nous avons pu rencontrer. Depuis le mois de

le mécanisme de pénalité” dit l’élu qui estime être passé d’une situation de confiance “à une situation de défiance.” Même les uti- lisateurs ne croient plus aux plans de transports. L’Aquitaine menace de fai- re appel à la justice pour obtenir une compensation financière. La Franche- Comté est prévenue.

“93-95 % de ponctualité.”

“Il y a peu d’évolution.”

E.Ch.

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 131 - Avril 2012

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LÉGISLATIVES 2 ème circonscription Éric Alauzet “excuse” Jean-Louis Fousseret Jean-Louis Fousseret s’est-il rallié à Éric Alauzet ? Lors du lancement officiel de sa campagne le 24 février, le candidat de l’union P.S.-E.E.L.V. qui a déjà le soutien des cadres locaux du P.S. a excusé Jean-Louis Fousseret qui avait visiblement prévu être à ses côtés…

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peu hasardeuse, semble-t-il le 24 février. C’est en effet un militant du parti socialiste proche du maire de Besan- çon qui est venu lui souffler à l’oreille, quelques minutes avant la séance, que l’intéressé regrettait de ne pas pou- voir être là. Principe de courtoisie poli- tique envers les personnalités pré- sentes ce soir-là, coup de bluff ou initiative cavalière d’un militant dans le but d’embrouiller plus encore une situation à gauche qui l’est déjà suf- fisamment ? Info ou intox ? Si l’on en croit Jean-Louis Fousseret, tout est bidon. “Je n’avais pas prévu d’y aller. Je n’ai pas demandé à ce que l’on m’excuse” déclare l’élu qui n’a toujours pas renoncé à se présenter sur la

deuxième circonscription. “Je suis tou- jours en train d’observer la situation. Pour l’instant, ma priorité n’est pas les législatives mais la présidentielle. Je consacre mon énergie à faire gagner François Hollande.” Jean-Louis Fous- seret en dira plus sur ses intentions au lendemain de cette échéance élec- torale. Ces excuses paraissaient d’autant plus surprenantes que le matin même dans un café de Besançon, Yves-Michel Dahoui, Franck Monneur, Emmanuel Dumont, et une poignée d’autres élus socialistes bisontins ainsi que quelques jeunes militants, favorables à la can- didature de Jean-Louis Fousseret aux législatives, organisaient une confé- rence de presse pour faire part de leur étonnement suite à la mobilisation de cadres du P.S. derrière Éric Alauzet. “Cette précipitation nous a surpris car elle ne semble pas dans les priorités d’aujourd’hui” explique Yves-Michel Dahoui, adjoint à la culture. “La prio- rité justement est de faire gagner Fran- çois Hollande complète Franck Mon- neur. On comprend que des camarades socialistes respectent l’accord P.S.- E.E.L.V. et fassent campagne pour Éric Alauzet. Mais leur action est préma- turée sur le terrain.” Lors de cette conférence de presse, ces élus ont éga- lement formulé leur souhait d’obtenir des garanties de la part des Verts (par exemple qu’ils s’engagent à ne pas présenter de liste aux prochaines muni- cipales) avant d’envisager de mobili- ser des militants socialistes derrière Éric Alauzet. C’est à ce prix que la situation s’apaisera au sein du P.S. bisontin en proie à des querelles intes- tines depuis la signature de cet accord national avec Europe Écologie-Les Verts. T.C.

L e 24 février, à Saône, devant les militants, Éric Alauzet a lancé officiellement sa campagne pour les législatives. Le candidat de l’union P.S.-E.E.L.V. sur la deuxième circonscription était entouré pour l’occasion des ténors du parti socia- liste qui lui apportent leur soutien au nom du respect de l’accord signé entre ces deux partis à l’automne dernier. Marie-Guite Dufay, présidente du Conseil régional, Claude Jeannerot, président du Conseil général, Bara- bara Romagnan (candidate P.S. sur la 1 ère circonscription), Nicolas Bodin, secrétaire départemental du P.S. et

Paulette Guinchard, présidente de son comité de soutien étaient à ses côtés à la tribune. Il ne manquait à la table que Jean-Louis Fousseret. Or, le mai- re de Besançon aurait dû être présent si l’on en croit Éric Alauzet qui l’a excusé en avant-propos en indiquant qu’il était retenu ailleurs. Cette déclaration a surpris l’assemblée réunie dans l’espace du Marais à Saô- ne. Et pour cause ! Chacun sait que les relations sont tendues entre les deux hommes depuis la signature de cet accord qui a abouti, dans le Doubs, à l’investiture d’Éric Alauzet. Le lea- der local d’Europe Écologie-Les Verts,

hérite de la circonscription sur laquel- le lorgnait Jean-Louis Fousseret. Au nom du respect de cet accord, le mai- re de Besançon aurait dû mettre son poing dans sa poche et apporter son soutien au candidat comme le font aujourd’hui les ténors du parti socia- liste. Amer, Monsieur Fousseret n’est pas rentré dans le rang, même s’il était permis de penser le contraire après qu’Éric Alauzet l’a excusé de façon un Éric Alauzet (E.E.L.V.) se serait avancé un peu vite en excusant Jean-Louis Fousseret.

ADMINISTRATION Effectif le 2 avril La Chambre régionale des comptes ferme ses portes La fusion avec Dijon entraîne la fermeture de l’antenne franc-comtoise de la Chambre régionale des comptes. Le personnel redoute

que la mission d’investigation qui incombe à cet organisme spécialisé, entre autres, dans l’examen de la gestion des collectivités locales soit sérieusement diminuée sur ce territoire.

U n décret fixe au 2 avril la fermeture défi- nitive de sept chambres régionales des comptes en France, y compris celle de Franche-Comté. Elle est absorbée par son homo- logue bourguignonne implantée à Dijon avec laquelle elle fusionne. Ce rapprochement ne réjouit pas le personnel et les magistrats bison- tins qui persistent à penser “que cette réforme porte atteinte à la qualité du contrôle financier local exercé jusqu’à présent par des juridictions indépendantes” disent-ils. La C.R.C. a pour mission de contrôler la ges- tion des collectivités locales (communes, dépar- tements, régions), des établissements publics (hôpitaux) et des administrations. Son inter- vention permet de confirmer une gestion sai- ne, ou au contraire, de mettre le doigt sur des anomalies qui appelleront le cas échéant des explications et des ajustements. La C.R.C. n’a pas de pouvoir de sanction, mais elle est un garde-fou pour la comptabilité publique. Elle mène une action de proximité, sans concession, autour de trois missions : l’examen de la gestion (15 contrôles par an), le jugement des comptes des comptables (une cen- taine de contrôles) et les examens budgétaires quand les comptes administratifs des communes sont en déséquilibre (25 à 50 contrôles par an). Pour cela, la juridiction de Franche-Comté emploie une trentaine de personnes dont des magistrats basés rue Sarrail à Besançon. Ces derniers redoutent que la fusion avec la Bour- gogne limite le niveau des investigations de la Chambre en Franche-Comté. “L’amoindrissement de ce contrôle, sans lequel le bon fonctionnement de la démocratie locale dans une France décen- tralisée ne saurait être garanti, ne sera pas sans conséquences pour le contribuable franc-com- tois” préviennent les syndicats. Selon eux, cet- te réforme montre “malheureusement le peu d’intérêt porté par les plus hautes autorités de l’État à la région Franche-Comté et à ses col- lectivités territoriales.” Le 2 avril correspondra à une fermeture juri- dique de la C.R.C. de Besançon. À partir de cet- te date, c’est donc à Dijon que se prendront les décisions de contrôler des structures en Franche- Comté. La fermeture des bureaux de la rue Sar- rail est programmée au maximum à la fin de l’année 2013. “La mission est de fermer la

Chambre et de trouver une solution de reclas- sement en local pour les personnels qui ne veu- lent pas ou ne peuvent pas aller travailler à Dijon. Nous allons travailler au cas par cas” indique la présidente de la C.R.C. de Franche- Comté. Elle assure qu’une fois la fusion effec- tuée, les moyens de la Chambre régionale des comptes seront utilisés au mieux pour qu’elle continue à intervenir dans notre région com- me elle le faisait jusqu’à présent.

Les locaux de la rue Sarrail à Besançon seront libérés au plus tard fin 2013 (photo archive L.P.B.).

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La direction de l’hôpital dément

SANTÉ

Amiante à Minjoz L’hôpital malade de son amiante

Réaction de la direction L a direction de lʼhôpital a réagi aux propos de lʼintersyndicale en se fendant dʼun communi- qué : “Le C.H.R.U.B. tient à la dis- position des autorités compétentes tous les éléments de ce dossier, et notamment les actions de préven- tion et dʼinformation qui ont été engagées. À ce titre, lʼétablissement entend rappeler les principales mesures prises : réalisation des diagnostics prévus par la loi, mise en place dʼune cellule “sécurité” dès 2008, avec la création dʼun pos- te dʼingénieur spécialisé dans lʼanalyse et la prévention des risques, décision prise en 2009 de faire pro- céder au retrait total de lʼamiante sur le site Minjoz dans le cadre des travaux demodernisation et demise aux normes, le plan de retrait pré- senté en 2010 à la médecine du travail, aux organisations syndi- cales, a été soumis et approuvé par lʼinspection du travail, les tra- vaux de désamiantage déjà réali- sés ou en cours ont été confiés à des entreprises extérieures, spé- cialisées et agréées, le dossier amiante a été régulièrement exa- miné dans le cadre des séances du comité dʼhygiène, de sécurité et des conditions de travail (C.H.S.C.T.)” précise la direction.

A ujourd’hui, aucun employé n’est plus confronté à l’amiante au centre hospitalier Jean-Minjoz de Besan- çon mais l’inquiétude demeure chez ceux qui ont été, de près ou de loin, en contact. La direction de l’hôpital dit avoir pris toutes les mesures pour que ses employés ne soient exposés (lire par travail a conclu à une infraction de mise en danger de la vie d’autrui. La police judiciaire de Dijon enquête sur demande du procureur. Jusqu’en avril 2010, un ou plusieurs salariés de Jean- Minjoz ont été exposés à l’amiante. L’inspection du

L’inter- syndicale de l’hôpital dénonce les erreurs impu- tables au C.H.U. en matière de pré- vention face à l’amiante.

République débouchent sur l’ouverture d’une information judiciaire. Comment en est-on arrivé jusque-là ? En avril 2010, plusieurs salariés ont été en contact avec des particules lors des travaux relatifs à la requalification du site com- me l’atteste le rapport de l’inspecteur du travail qui a conclu à “une infrac- tion de mise en danger de la vie d’autrui.” Le personnel craint pour sa santé, la maladie pouvant se révéler après tren- te années. “J’ai travaillé dans des zones amiantées dans la salle informatique de stockage et percé des trous sans com- binaison, dit un technicien. Aujourd’hui, je n’ai même pas de fiche d’exposition (1)” explique l’agent qui a tenu à gar- der l’anonymat. L’intersyndicale qui a souvent posé des questions à la direc-

tion, “restées sans réponses” dit-elle, a donc tenu à alerter la presse. Reste à savoir combien d’employés du C.H.U. et combien de salariés d’entreprises sous-traitantes ont été exposés ? Personne ne peut le dire. Deux incidents avérés ont été recensés : le premier en avril 2010, lorsqu’un ouvrier a percé un plafond contenant un floca- ge en amiante dans un local de stoc- kage informatique sur le site de Jean- Minjoz. Lors du perçage, de la poussière d’amiante serait tombée. Le second inci- dent est l’utilisation de colle pour les sanitaires à base de produits amian- tés. Un comité sur la sécurité, fin mars, permettra d’en savoir plus. Selon l’intersyndicale, l’hôpital a failli à son devoir de protection des travailleurs

car “la direction était en possession des informations permettant de protéger ses agents depuis 2006 et, de façon plus pré- cise, depuis 2009, grâce à l’élaboration d’un diagnostic amiante avant travaux” précise Vincent Maubert, du syndicat C.F.D.T. En attendant le complément d’investigations, les liens sont rompus entre les deux parties. L’intersyndicale réclame des fiches d’exposition pour assurer aux salariés une prise en char- ge si la maladie venait à se déclarer. (1) : Une fiche d’exposition amiante ouvre droit au suivi médical post-profession- nel pour les personnes qui ont quitté l’établissement (retraités, pré-retraités, chômeurs, inactifs)

ailleurs), ce que conteste fortement l’intersyndicale (C.F.D.T., C.G.T., Sud-San- té, F.O., U.N.S.A.) qui a écrit une lettre ouverte au ministère de la Santé et à l’Agence régionale de santé en février dernier. L’intersyndicale se réser- ve le droit d’ester en jus- tice contre la direction si les investigations menées par le procureur de la

De la colle et au plafond.

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SOCIAL

Enquête présentée en février Besançon analyse ses besoins sociaux

Chaque année, la Ville de Besançon et le C.C.A.S. (centre communal d’action sociale) publient l’analyse des besoins sociaux. Ce document dresse un état des lieux de la situation sociale dans la capitale régionale, quartier par quartier. Pour étayer ce travail, plusieurs thématiques sont étudiées comme le loge- ment, le surendettement, la pauvreté, la petite enfan- ce, la démographie, la sécurité… Ce diagnostic annuel précis permet à la collectivité d’ajuster sa politique en fonction des besoins recensés. Voici quelques extraits de ce rapport qui ont retenu notre attention dans une époque marquée par la crise.

Globalement, la majorité des Bisontins se sentent en sécurité dans leur quartier.

1 - Plus de 5 000 ménages perçoivent le R.S.A.

les allocations personnalisées au loge- ment qui pèse sur les budgets que l’aug- mentation du coût des charges autour du logement. 5 - Un nombre d’enfants en baisse Le nombre d’enfants de moins de 15 ans a diminué de 11 % entre 1999 et 2008 (ils représentent 15 % de la population bisontine). C’est la tranche d’âge qui s’est la plus réduite entre les deux recensements. Les moins de 3 ans sont 4 014 en 2008, soit 3,4 % de la population bisontine. Planoise est le quartier qui compte le plus d’en- fants de cet âge (1 118) et c’est Velot- te qui en compte le moins (65). Le centre-ville et Battant enregistrent aussi les taux les plus bas. Les moins de 15 ans représentent plus de 20 % de la population dans les sec- teurs suivants : Tilleroyes, Clairs- Soleils, Grette et Planoise. À l’inver- se, leur faible représentation se situe plutôt dans les secteurs de la Bouloie, du centre-ville et du quartier Battant. Les mineurs représentent au total 21 222 personnes, soit 18 % de la popu- lation bisontine. 6 - La question de l’insécurité quartier par quartier en 2011 Centre-ville : les habitants du centre- ville sont plus nombreux à se sentir en sécurité dans leur quartier qu’en 2009 (78,5 % contre 71,6 %). La part des habitants déclarant se sentir en sécurité devient même supérieure à la moyenne de la ville (78,5 % contre 69,3 %, moyenne des Bisontins). Velotte : 83,3 % des habitants se sentent en sécurité dans leur quartier, soit une part supérieure à la moyen- ne bisontine (69,3 %). Grette-Butte : Les habitants se sen- tent plus en sécurité dans leur quar- tier que la moyenne des Bisontins. Ce sentiment se dégrade cependant au fil des enquêtes puisqu’ils étaient 86 % à répondre positivement en 2007 et 80,3 % en 2011. Battant : Les habitants sont moins nombreux à se sentir en sécurité dans leur quartier que lamoyenne des Bison- tins. 45,5 % des habitants partagent ce sentiment. Ils sont également 58,1 % à constater une dégradation de la situa- tion dans leur quartier et ce sentiment grandit. Chaprais-Les Cras : Les habitants de ce quartier sont plus nombreux à ce sentir en sécurité que la moyenne des Bisontins (74,7 % contre 69,3 %). Cependant, ce sentiment de sécurité s’érode au fil des enquêtes. Bregille : 78,9 % des habitants de Bregille disent se sentir en sécurité dans leur quartier. Saint-Ferjeux-Rosemont : En 2011,

Besançon dénombre 5 112 ménages bénéficiaires du R.S.A. (revenu de soli- darité active) en 2010, soit 8,5 % des ménages bisontins, précise le rapport. Les bénéficiaires sont jeunes : les deux tiers ont moins de 40 ans et un tiers a moins de 30 ans. La moitié des Bison- tins qui perçoivent le revenu de soli- darité active (le montant du R.S.A.- socle pour une personne seule sans enfant est de 460,09 euros par mois) vit seule. Les familles monoparentales représentent un tiers des bénéficiaires. Enfin, la part des bénéficiaires du R.S.A. au sein des différents quartiers de Besançon est très inégale. Ils repré- sentent plus de 20 % des ménages dans les différents secteurs de Planoise (Époisses-Bourgogne, Époisses-Cham- pagne, Île de France, Piémont, Dide- rot, Cassin) et Grette. 2 - Augmentation du nombre de ménages sous le seuil de bas revenu En 2010, le nombre de ménages bison- tins sous le seuil de bas revenu aug- mente de 3,5 % par rapport à 2009. La barre des 10 000 ménages est franchie. Le rapport précise que chaque année depuis 2008, 400 nouveaux ménages entrent dans cette catégorie. 3 - Revenu : les écarts se creusent d’un quartier à l’autre Selon les secteurs, le revenu médian annuel des ménages s’échelonne de 13 067 euros à Piémont à 34 858 euros à Chapelle-des-Buis. Les secteurs qui enregistrent un revenu médian des ménages inférieur à 18 000 euros sont : Grette, Marulaz, rue Battant, Bouloie, Chopin, Palente, et différents secteurs de Planoise (Époisses-Bourgogne, Époisses-Champagne, Île de France, Piémont, Diderot, Cassin,Victor Hugo). 4 - Le surendettement toujours présent En 2010, 217 927 dossiers de suren- dettement ont été déposés en France, dont 3 907 en Franche-Comté, 1 631 dans le Doubs et 551 à Besançon. L’en- quête stipule que les individus tou- chés par le surendettement dans la capitale régionale sont plutôt des per- sonnes isolées, plutôt des hommes seuls âgés de 50 à 60 ans qui rencontrent des difficultés liées à l’alcool. Les femmes en situation de surendettement sont divorcées pour la plupart, ou mères célibataires. La cause principale est l’insuffisance des ressources (en Fran- ce, 83 % des surendettés disposent de ressources inférieures à 2 000 euros). Les charges courantes ne peuvent plus être assumées. Le poste “logement” est le plus important. C’est moins l’aug- mentation des loyers compensée par

Planoise : C’est dans ce quartier qu’en 2011, les habitants se sentent le moins en sécurité (45,1 % des réponses sont négatives). Les habitants de Pla- noise sont par ailleurs 56 % à consta- ter une dégradation de leur quartier en matière de sécurité. Tilleroyes : Les habitants de ce quar- tier se sentent plus en sécurité que la moyenne des Bisontins à 84,2 %.

c’est dans ce quartier que les habitants disent se sentir le plus en sécurité. Le taux atteint 85,7 %. Montrapon-Montboucons : Les habitants de ce quartier partagent à 71,6 % un sentiment de sécurité. Mais ce sentiment s’érode là encore au fil des enquêtes. Saint-Claude-Torcols : 71,3 % des habitants se sentent en sécurité dans leur quartier. Un chiffre en baisse puis-

qu’ils étaient 82,4 % à répondre posi- tivement en 2009. Palente-Orchamps-Saragosse : Les habitants de ce quartier se sen- tent en sécurité à 76,3 %. Un chiffre stable depuis 2009. Les Vaîtes : 65,9 % des habitants se sentent en sécurité. Ils sont cepen- dant 14,6 % à constater une amélio- ration de leur quartier en matière de sécurité.

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INDUSTRIE

EN BREF

Décision le 2 avril Jean-Louis Dabrowski vend son entreprise Altitude

Céramique Manifestation autour de la céramique, organisée par l’association “Les DoloMythiques” le 12 et 13 mai à Busy. Ce marché accueillera de nombreux exposants ainsi que des animations sur le thème de l’argile sous toutes ses formes. Contact : nathalie.gigon@lapost e.net Entreprise Envie de créer ou de reprendre une entreprise ? La Boutique de Gestion de Franche-Comté organise à Besançon une formation à la création-reprise d’entreprise (280 heures de formation + 35 heures de stage en entreprise ou de prospection terrain). Prochaine session : du 23 avril au 28 juin. Rens. 03 81 47 97 00. Santé Comment se nourrir aujourd’hui afin de préserver notre santé et l’environnement ? Vendredi 23 mars à 20 h 30 à la Maison Develçoise (salle 3) à Devecey, conférence réalisée par Évelyne Aymard, docteur en Pharmacie, diplômée en nutrition. Entrée libre.

Président de la C.C.I. puis de la C.R.C.I., Jean-Louis Dabrowski avait démissionné de ses fonctions pour reprendre en main son entreprise à Morteau placée en redressement judiciaire. Désormais pour sauver Altitude, le patron envisage de la vendre.

L e 2 avril, le tribunal de commerce de Besançon examinera à nouveau la situation de la société mortuacienne Altitude qui est en redressement judiciaire depuis le 3 octobre. Pour l’instant, elle ne parvient pas à redresser la barre. Aux pertes financières (130 000 euros en 2010) et au recul de son chiffre d’affaires (- 11 % en 2009 et - 9 % en 2010), d’autres problèmes sont venus charger la barque en 2011. “Nous avons peut-être déposé le bilan trop tard remarque le directeur Jean-

Il semble que la survie du fabri- cant de stations météo et de compas de relèvement pour la navigation de plaisance passe aujourd’hui par son rachat.Alti- tude est à vendre. Jean-Louis Dabrowski a engagé des dis- cussions avec deux industriels afin d’envisager une solution de reprise. “L’un est Italien et l’autre Allemand. Ils sont positionnés sur des activités proches des nôtres. Ils fabriquent des pro- duits dont une partie au moins sont des produits marins. Ils ont tous les deux l’intention de pour- suivre l’activité àMorteau” affir- me-t-il. Les salariés ont été infor- més de la situation. Un dossier de reprise pourrait être déposé avant le 2 avril, ou le jour même de l’audience au tribunal de commerce. Un des scénarios possibles est que la reprise d’Altitude passe par le stade préalable de sa liquida- tion judiciaire. “Mon objectif est que le 3 avril au matin l’entreprise travaille” insiste Jean-Louis Dabrowski. Selon lui, cette société a beaucoup

Jean-Louis Dabrowski pensait que sauver Altitude était un objectif réaliste. Il s’est peut- être trompé (photo archi- ve L.P.B.).

Louis Dabrowski. Il y a eu une pério- de de non-activité, et tout cela en plein milieu de ce qui est pour nous la hau- te saison qui s’étend de sep- tembre à décembre. Cela a été très pré- judiciable.” L’avenir d’Altitude est plus que jamais incertain.

d’atouts pour intéresser des investisseurs. Ses difficultés ne sont liées ni à son savoir-faire, ni à la qualité de ses produits. “Nous disposons en plus d’un très bon réseau de distribution en France et dans toute l’Europe. Notre marque Vion est leader dans son domaine” conclut Jean- Louis Dabrowski. Élu président de la Chambre régionale de commerce et de l’industrie en janvier 2011, il avait démissionné de ses fonc-

tions pour reprendre en main Altitude. “Je pensais que c’était un objectif réaliste.” Tout est dit. L’incertitude a gagné les sala- riés. Certains pensent déjà que les jours de l’entreprise sont comptés. On se souvient qu’à l’époque de sa démission, dans les couloirs de la C.R.C.I., cer- tains disaient que Jean-Louis Dabrowski prenait une sage décision en s’arrêtant à temps avant d’être frappé par ce qu’ils appellent dans leur jargon “le

syndrome du président.” Ils dési- gnaient par ces termes les pré- sidents de Chambres de Com- merce qui accaparés par le pouvoir en oublient qu’ils sont aussi patrons d’une entreprise. “Tous ne flinguent pas leur socié- té, mais il y a une forte propen- sion à avoir des difficultés éco- nomiques quand on occupe cette fonction” commente un expert des questions économiques locales. T.C.

“Un Italien et un Allemand.”

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