La Presse Bisontine 131 - Avril 2012

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 131 - Avril 2012

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ENTREPRISES Le C.J.D. De jeunes dirigeants entreprenants… et confiants S on entreprise, c’est comme son enfant, hérité de son père et de son grand-père, qu’il fait grandir avec les joies et les peines qui vont avec. l’atteste Michel Meunier : “90 % des entreprises qui ont déposé le bilan depuis le début de la crise sont des P.M.E. ou des T.P.E. Il faut aujour- d’hui une prise de conscience du poli- tique” dit-il. Rembourser l’argent public si les objectifs ne sont pas remplis est une des préconisations de Michel Meunier, président national du C.J.D., venu visiter l’entreprise S.T.S.I. à Chemaudin.

d’un soutien financier pour la création de la plate-forme, de l’assainissement. Une aide financière nécessaire. Mais est-ce à la collectivité de financer l’investissement privé ? “Si les clauses du contrat ne sont pas respectées, l’entreprise devra rembourser. Il faut être clair sur ce sujet” fait remarquer le président national qui parcourt la France à la visite des jeunes entre- preneurs. Et selon lui, la Franche-Com- té a des qualités à faire valoir. Mais reste un problème de taille à résoudre : la formation des jeunes. Dimitri Fournier s’est emporté face à la dépréciation du métier de l’industrie alors que lui-même recrute. La pro- bable fermeture d’une formation au lycée Jules-Haag, avec seulement six lycéens, spécialisée dans l’industrie l’inquiète. “On a encore cette mauvai- se image de travail non gratifiant, où il faut travailler dans l’huile, la salis- sure. Vous voyez de la saleté ici ?” deman- de-t-il pendant que les machines-outils tournent à plein régime. Effectivement non, l’usinage de précision relève de la précision, quasiment un jeu multi- média grandeur nature. Les salaires ont eux été valorisés, moyen de gar- der le savoir-faire. Poumon de l’économie, les P.M.E. et les T.P.E. demeurent fragiles comme

Dimitri Fournier est un jeune chef d’entreprise de 38 ans à la tête de S.T.S. Industrie, basée à Chemaudin, une société au chiffre d’affaires de 2,1 mil- lions d’euros composée de 20 salariés et spécialisée dans la sous-traitance automobile, le médical, l’aéronautique et le luxe.Membre du centre des jeunes dirigeants du Doubs, il accueillait le 17 février dernier Michel Meunier, le président national de ce mouvement créé il y a 72 ans pour “partager, défendre des valeurs et se former au métier de dirigeant entrepreneur.” Invité par Édouard Sassard (président régional du C.J.D.), Michel Meunier a été surpris d’une chose, plutôt agréa- blement d’ailleurs : que le Doubs dis- pose d’aides publiques versées aux entreprises. C’est ce que l’on appelle les prêts d’honneurs versés par le Conseil général du Doubs qui ont per- mis l’installation de l’entreprise dans la zone industrielle. Ce n’est pas le cas dans tous les départements de Fran- ce. Conseiller général du canton d’Audeux, Gérard Galliot a notamment rappelé que l’entreprise a bénéficié

Après S.T.S.I., les membres du C.J.D. ont rendu visite à l’entreprise Buro- com, spécialisée dans le secteur de la bureautique et du mobilier profes- sionnel depuis 1988. Le thème de la formation professionnelle des jeunes handicapés de 14 à 20 ans a été abor- dé grâce à une vidéo réalisée par l’Institut médico-éducatif du Grand Besançon. Un seul mot réunit ces jeunes chefs d’entreprise : l’économie au service de l’Homme.

E.Ch.

Trois questions à Éric Burnel “Sensibiliser les jeunes à l’entreprise et au travail”

Le centre des jeunes dirigeants du Doubs (C.J.D.) est conscient du fossé qui s’est creusé entre l’école et l’entreprise. Éric Bur- nel, le président du C.J.D. du Doubs, propose des solutions pour que ces deux mondes, qui s’opposent, se réunissent. La Presse Bisontine : Que représente le centre des jeunes dirigeants et quel est son rôle ? Éric Burnel : Le C.J.D. est un mouve- ment de jeunes dirigeants, représen- tatif du tissu économique qui défend l’idée d’un libéralisme responsable. Dans le Doubs, nous sommes deux sections, soit environ 90 personnes (à Besançon et dans l’Aire urbaine). La limite d’âge est de 45 ans pour prendre des fonctions électives au sein dumou- vement composé de chefs d’entreprises ou de cadres dirigeants. Dans le Doubs, nous avons toujours tenté d’avoir un

équilibre entre les métiers représen- tés. Nous avons environ 15 % d’industriel. Nous sommes là pour promouvoir des idées nouvelles, rendre l’entreprise plus compétitive et rompre l’isolement. Nous fonctionnons com- me une famille. L.P.B. : Dimitri Fournier, membre du C.J.D. et responsable d’une société industrielle, regret- te que l’école ait dénigré l’industrie. Que fai- re pour que les besoins du patron soient en adéquation avec l’école ? E.B. : Nous créons un programme de sensibilisation de l’entreprise et orga- nisons une matinée de découverte du monde du travail en classe de C.M.2. Elle se déroulera le 31 mars au gym- nase Saint-Claude à Besançon. Ce sera un premier test avec un consul- tant qui sensibilisera les jeunes à l’entreprise. Monter un outil qui pour- rait intéresser 780 000 enfants et le monde scolaire. C’est à cet âge que le process d’entreprendre se met en pla-

ce. Nous allons nous rendre, en autom- ne, au Québec pour un voyage d’étude car des programmes avec les écoles et entreprises sont mis en place dès le plus jeune âge là-bas. Les élèves québécois ont des projets à réaliser et sont déjà sensibilisés à la création, à la tenue d’un budget. Nous présente- rons notre étude au recteur. L.P.B. : Le C.J.D. va-t-il ouvrir ses portes aux professeurs ou à d’autres ? E.B. : Nous souhaitons effectivement des directeurs d’école ou des personnes du monde associatif. Ils ont des choses à nous apprendre. Propos recueillis par E.Ch. Président du C.J.D. du Doubs, Éric Burnel veut éveiller le désir d’entreprendre dès le plus jeune âge.

Dimitri Fournier et l’entreprise S.T.S. Industrie accueillaient Michel Meunier (à gauche),

président du C.J.D. national.

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