La Presse Bisontine 131 - Avril 2012

ÉCONOMIE 38

La Presse Bisontine n° 131 - Avril 2012

SANTÉ

La pharmacie cherche des remèdes à la crise Besançon : des pharmaciens au chômage !

Ce métier que l’on pensait en “or” est confronté à une baisse d’activité depuis 2010. En janvier à Besançon, 22 pharmaciens et 17 préparateurs pointaient à Pôle emploi. Diminution des marges sur les médicaments et concurrence expliquent en partie ces symptômes.

Jacques Simonin, pharmacien à Besançon et ancien président de l’ordre : “Les marges sur les médicaments ont baissé.”

L es pharmaciens ne vont pas bien et aucun professionnel n’a déniché le remède pour guérir d’un nouveau mal : la baisse du chiffre d’affaires de la majorité des offi- La baisse des marges Mode de calcul de la marge d’un médicament Lamarge desmédicaments et la remi- se sur le générique sont toujours cal- culées sur le prix fabricant hors taxes (P.F.H.T.). Le prix public d’un médi- cament se décompose ainsi : P.F.H.T. + marge grossiste + marge pharma- cien + T.V.A. 2,1 %. Lamarge du pharmacien sur les prin- ceps est unemarge lissée à 3 tranches à laquelle se rajoute un forfait de 0,53 euro par boîte. Exemple pour unmédicament ayant un P.F.H.T. de 40 euros, lamarge sera de 8,22 euros (marge = 0,53 euro + 5,97 euros + (40 euros - 22,90 euros) x 10 % = 8,22 euros). Leprixdesmédicamentsremboursables est le même dans chaque officine.

cines du département, à Besançon plus particulièrement. Selon une étude réalisée par le centre de gestion agréé de Franche-Comté, les résultats des pharmacies en décembre 2011 par rapport à décembre 2010 ont diminué d’1 % à Besançon et de 2,1 % en Franche-Com- té. La baisse d’activité est plus pro- noncée en centre-ville (- 3,7 %). Dans l’arrondissement, la baisse est de 0,5 % alors qu’une quasi-stagnation est obser- vée à Besançon hors centre-ville (+ 0,1 %). Dernier exemple en date, la fermetu- re rue des Granges il y a un an d’une pharmacie remplacée par… une bou- tique de vêtements. La clientèle a bien été rachetée mais la boutique fermée. “Sur le plan national, en 2010, l’industrie pharmaceutique a connu pour la pre- mière fois des baisses d’effectifs liés à la crise économique et du fait des évo- lutions structurelles du secteur (fusion, externalisation de la production…) voi- re dumanque de visibilité sur les pertes de brevets. Concernant les préparateurs en pharmacie, l’industrie recrute de moins en moins ces profils. Pour les officines en secteur urbain, l’emploi est un peu saturé” concède Pôle emploi. Si le métier n’est pas déprimé, les pro- fessionnels s’inquiètent pour leur ave-

la répercutent directement sur la mar- ge des pharmaciens. Conséquence, la marge sur un médicament pour un professionnel varie de 6 à 8 % (lire le zoom) d’autant que les pharmaciens sont dans l’impossibilité de se regrou- per pour réaliser des commandes grou- pées. La loi les y interdit. Le déremboursement des médicaments, pilule difficile à avaler pour la pro- fession, est néanmoins nécessaire pour la Sécurité sociale qui réduit son défi- cit. Ou comment guérir un aux dépens de la santé de l’autre. E.Ch. (1) : le numerus clausus qui définit le nombre de pharmaciens pour 2012 n’est pas encore arrêté Évolution du nombre de demandeurs d’emploi recherchant un emploi dans la pharmacie ou préparation depuis janvier 2010 dans le bassin de Besançon. (Source : Pôle emploi).

nir : “Il existe un réel problème écono- mique dû en partie au dérembourse- ment des médicaments, confie Made- leine Heme de Lacotte, présidente de l’ordre des pharmaciens. Aujourd’hui, peu de pharmacies augmentent leur chiffre d’affaires ou embauchent dans notre région. Si les patients doivent payer un médicament, ils ne l’achètent plus” dit-elle. Ville universitaire, Besançon est tou- chée par une offre plus importante que la demande si bien que les jobs de phar- maciens (Bac + 6) ou préparateurs en pharmacie (Bac + 2) sont recherchés et les annonces vite pourvues. “Il y a dix ans, j’ai vraiment peiné à trouver un adjoint, témoigne Jacques Simonin, propriétaire d’une officine située rue Pasteur à Besançon et ancien président de l’ordre. Aujourd’hui, les offres sont plus nombreuses et si mes stagiaires ont tous trouvé un emploi dans les 3 à 4 mois suivant leur diplôme, je ne peux malheureusement embaucher person- ne pour le moment” explique-t-il. À l’inverse, les zones rurales recherchent

des professionnels et l’activité semble semaintenir, notamment sur les bandes frontières (Haut-Doubs et Haut-Jura). Le numerus clausus (1) qui était de 70 pharmaciens à la faculté de Besançon en 2011 ne semble pas en cause selon les spécialistes. Comme l’atteste une élève en sixième année de faculté qui terminera ses études en juin prochain après la présentation de sa thèse sur le régime sans sel,l’inquiétude est davan- tage d’obtenir son diplôme que d’être au chômage. Enmoyenne, les deux-tiers des diplômés travailleront dans une officine, un tiers dans l’industrie phar- maceutique et 5 % dans les analyses médicales. Si la concurrence des parapharmacies installées en zones commerciales est une des causes de la baisse du chiffre d’affaires, c’est bien le dérembourse- ment qui est à l’origine du mal. Les clients préfèrent abandonner leur achat si unmédicament n’est pas remboursé. Autre phénomène : la baisse des prix des médicaments diminue les marges des laboratoires pharmaceutiques qui

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