La Presse Bisontine 131 - Avril 2012

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 131 - Avril 2012

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La direction de l’hôpital dément

SANTÉ

Amiante à Minjoz L’hôpital malade de son amiante

Réaction de la direction L a direction de lʼhôpital a réagi aux propos de lʼintersyndicale en se fendant dʼun communi- qué : “Le C.H.R.U.B. tient à la dis- position des autorités compétentes tous les éléments de ce dossier, et notamment les actions de préven- tion et dʼinformation qui ont été engagées. À ce titre, lʼétablissement entend rappeler les principales mesures prises : réalisation des diagnostics prévus par la loi, mise en place dʼune cellule “sécurité” dès 2008, avec la création dʼun pos- te dʼingénieur spécialisé dans lʼanalyse et la prévention des risques, décision prise en 2009 de faire pro- céder au retrait total de lʼamiante sur le site Minjoz dans le cadre des travaux demodernisation et demise aux normes, le plan de retrait pré- senté en 2010 à la médecine du travail, aux organisations syndi- cales, a été soumis et approuvé par lʼinspection du travail, les tra- vaux de désamiantage déjà réali- sés ou en cours ont été confiés à des entreprises extérieures, spé- cialisées et agréées, le dossier amiante a été régulièrement exa- miné dans le cadre des séances du comité dʼhygiène, de sécurité et des conditions de travail (C.H.S.C.T.)” précise la direction.

A ujourd’hui, aucun employé n’est plus confronté à l’amiante au centre hospitalier Jean-Minjoz de Besan- çon mais l’inquiétude demeure chez ceux qui ont été, de près ou de loin, en contact. La direction de l’hôpital dit avoir pris toutes les mesures pour que ses employés ne soient exposés (lire par travail a conclu à une infraction de mise en danger de la vie d’autrui. La police judiciaire de Dijon enquête sur demande du procureur. Jusqu’en avril 2010, un ou plusieurs salariés de Jean- Minjoz ont été exposés à l’amiante. L’inspection du

L’inter- syndicale de l’hôpital dénonce les erreurs impu- tables au C.H.U. en matière de pré- vention face à l’amiante.

République débouchent sur l’ouverture d’une information judiciaire. Comment en est-on arrivé jusque-là ? En avril 2010, plusieurs salariés ont été en contact avec des particules lors des travaux relatifs à la requalification du site com- me l’atteste le rapport de l’inspecteur du travail qui a conclu à “une infrac- tion de mise en danger de la vie d’autrui.” Le personnel craint pour sa santé, la maladie pouvant se révéler après tren- te années. “J’ai travaillé dans des zones amiantées dans la salle informatique de stockage et percé des trous sans com- binaison, dit un technicien. Aujourd’hui, je n’ai même pas de fiche d’exposition (1)” explique l’agent qui a tenu à gar- der l’anonymat. L’intersyndicale qui a souvent posé des questions à la direc-

tion, “restées sans réponses” dit-elle, a donc tenu à alerter la presse. Reste à savoir combien d’employés du C.H.U. et combien de salariés d’entreprises sous-traitantes ont été exposés ? Personne ne peut le dire. Deux incidents avérés ont été recensés : le premier en avril 2010, lorsqu’un ouvrier a percé un plafond contenant un floca- ge en amiante dans un local de stoc- kage informatique sur le site de Jean- Minjoz. Lors du perçage, de la poussière d’amiante serait tombée. Le second inci- dent est l’utilisation de colle pour les sanitaires à base de produits amian- tés. Un comité sur la sécurité, fin mars, permettra d’en savoir plus. Selon l’intersyndicale, l’hôpital a failli à son devoir de protection des travailleurs

car “la direction était en possession des informations permettant de protéger ses agents depuis 2006 et, de façon plus pré- cise, depuis 2009, grâce à l’élaboration d’un diagnostic amiante avant travaux” précise Vincent Maubert, du syndicat C.F.D.T. En attendant le complément d’investigations, les liens sont rompus entre les deux parties. L’intersyndicale réclame des fiches d’exposition pour assurer aux salariés une prise en char- ge si la maladie venait à se déclarer. (1) : Une fiche d’exposition amiante ouvre droit au suivi médical post-profession- nel pour les personnes qui ont quitté l’établissement (retraités, pré-retraités, chômeurs, inactifs)

ailleurs), ce que conteste fortement l’intersyndicale (C.F.D.T., C.G.T., Sud-San- té, F.O., U.N.S.A.) qui a écrit une lettre ouverte au ministère de la Santé et à l’Agence régionale de santé en février dernier. L’intersyndicale se réser- ve le droit d’ester en jus- tice contre la direction si les investigations menées par le procureur de la

De la colle et au plafond.

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