La Presse Bisontine 131 - Avril 2012

La Presse Bisontine n° 131 - Avril 2012

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AVENIR

Soulager la R.N. 57 Une halte ferroviaire pour École-Valentin et Miserey… et des questions L’A.U.T.A.B. et la F.N.A.U.T. sont les Saint-Bernard des usagers. Ils expliquent pourquoi tout va si mal en matière de transport ferroviaire. Pour l’avenir économique à proximité de la nouvelle gare, il “se dessine” nous promet-on.

“O n a marre de compter les coups entre la politique et la S.N.C.F.” lâche Patrick Noblet, président de l’Association des Usagers des Trans- ports de l’Agglomération Bisontine qui œuvre avec la F.N.A.U.T. (Fédération nationale des associations des usagers des transports) à l’amélioration des transports. Opposés à la création de la gare “Besançon Franche-Comté

lisation de ce projet” explique Jean- Claude Roy, adjoint en charge des trans- ports à l’agglo. Les habitants de Mise- rey-Salines devront patienter jusqu’en 2014 pour prendre le train à destina- tion de Besançon-Viotte en cinq minutes. “Notre objectif est de créer un maillage pour favoriser les déplace- ments domicile-travail ou domicile- campus car la route nationale est sur- chargée, tout ceci en pensant à l’environnement” dit la C.A.G.B. L’A.U.T.A.B. fait connaître son inquié- tude sur un probable manque de finan- cement : “Qui va payer les arrêts ? La Région qui a déjàmis beaucoup d’argent ne reconnaît pas cette ligne comme une desserte régionale. Elle a voté 7,5 mil- lions d’euros alors que le budget est de 11millions d’euros” indique l’A.U.T.A.B. qui se demande qui paiera la diffé- rence (3,5 millions d’euros). L’agglo se montre confiante sur ce dos- sier comme elle peut l’être sur la futu- re zone économique située à deux pas de la nouvelle gare, vide pour l’instant. “Nous avons des entreprises du secteur du tertiaire qui sont intéressées pour s’installer” répète Jean-Pierre Martin, en charge de l’économie. À horizon 2014, les premiers employés pourraient prendre leur service dans cette zone aménagée, au cœur de la verdure. L’intérêt de la desserte péri-urbaine ferroviaire prendra alors tout son sens.

T.G.V.” comme le furent Les Verts à l’époque, ils tentent aujourd’hui d’apposer des rustines où le réseau fuit enmilitant pour la desserte péri-urbai- neViotte-École-Valentin-Miserey-Portes de Vesoul. “On a voulu faire un caden- cement à la française mais nous n’avons pas les moyens financiers comme cela existe en Suisse ! Les Bisontins sont les grands perdants du T.G.V. : nous avons moins d’arrêts pour Marseille

mais il faut admettre que nous avons une meilleure offre pour Paris” consta- te Patrick Noblet. Dans ce marasme, l’A.U.T.A.B. entre- voit une éclaircie avec la construction des haltes ferroviaires à École-Valen- tin et à Miserey-Salines sur la ligne de Devecey. “Fin 2012, la halte ferro- viaire d’École-Valentin fonctionnera. 80 entreprises situées dans la zone de Valentin nous soutiennent dans la réa-

RETARDS

La SNCF dit-elle la vérité ?

La S.N.C.F. dit

entendre la menace

Pour calmer la colère de Marie-Guite Dufay qui menace de ne plus payer les 90 millions d’euros, la S.N.C.F. dit avoir remédié aux problèmes en affichant entre 93 et 95 % de ponctualité. L’opérateur ferroviaire rendra des comptes fin mars.

Patrick Noblet : “On souhaite un train toutes les demi-heures pour la desserte péri-urbaine.”

GRAND ANGLE L’Aquitaine brandit la menace judiciaire L’Aquitaine, elle aussi en bisbille la S.N.C.F. La Région Aquitaine veut attaquer la société pour obtenir des com- pensations financières. “On est passé d’une relation de confiance à la défiance” dit le conseiller régional au T.E.R. aquitain.

Marie-Guite Dufay et son

vice-président Alain Fousseret (en charge des transports) vont-ils parvenir à faire infléchir la S.N.C.F. ?

U n peu plus tôt que Marie-Guite Dufay, son compère Alain Rousset de la RégionAquitaine s’en est pris à la S.N.C.F. pour service non ren- du alors que les Aquitains versent 132,56 millions d’euros à la société par an pour que les trains fonctionnent… et arri- vent à l’heure. Environ 10millions d’usagers utilisent chaque année ce mode de trans- port. Pour calmer la colère venue du Sud-Ouest, la direction nationale de la S.N.C.F. a pris des engagements, “comme mobiliser des moyens humains supplémentaires, fournir à cette région un récapitulatif des problèmes rencontrés et des mesures proposées pour y remédier, finaliser sous 15 jours un plan de progrès comprenant des indicateurs per- mettant une évaluation régulière.” C’était en février.

Un mois plus tard, le compte n’y est pas à écouter Patrick Du Fau de Lamothe, conseiller régional délégué aux T.E.R. et à l’intermodalité : “Nous sommes à peine à 85 % de ponctualité et le taux de disponi- bilité de matériel n’est toujours pas satis- faisant. Nous ne sommes toujours pas reve- nus à une situation normale et allons revoir

L es courriers d’usagers mécontents s’amoncellent sur le bureau de la pré- sidente de Région. C’en était trop pour Marie-Guite Dufay qui a frappé d’un grand coup sur la table en convoquant la presse le 23 février pour annon- cer son désir de ne plus payer la S.N.C.F. si cette dernière n’améliorait pas rapidement le service rendu aux Francs-Com- tois. La Région a de quoi être irritée : elle a procédé à une ral- longe de 6 millions d’euros pour augmenter l’offre en T.E.R. en 2012 en plus des 90 millions d’euros qu’elle verse. Et le ser-

vice n’est toujours pas rendu ! Est-ce une posture politique ? “Je suis trop atteinte (elle cou- pe) et je pense que je m’autoriserai à ne pas payer si rien n’a évo-

mars, nous avons remédié à de nombreux problèmes en lançant un plan de transport adapté qui semble porter ses fruits avec une ponctualité qui avoisine les 93- 95 % désormais. Nous ne vou- lons pas crier victoire trop vite et vous tiendrons au courant des avancées lors d’une conférence de presse” indique la communi- cation de l’instance ferroviaire. Entre-temps, Marie-Guite Dufay recevra la direction pour un point détaillé. En espérant que les deux parties soient sur la même ligne…

lué.” L’ultimatum est lancé. La direction de la S.N.C.F. que nous avons tenté de joindre répond laconiquement : “Nous avons connaissance des difficultés que nous avons pu rencontrer. Depuis le mois de

le mécanisme de pénalité” dit l’élu qui estime être passé d’une situation de confiance “à une situation de défiance.” Même les uti- lisateurs ne croient plus aux plans de transports. L’Aquitaine menace de fai- re appel à la justice pour obtenir une compensation financière. La Franche- Comté est prévenue.

“93-95 % de ponctualité.”

“Il y a peu d’évolution.”

E.Ch.

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