La Presse Bisontine 131 - Avril 2012

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 131 - Avril 2012

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GARES T.G.V. : LA GRANDE IMPOSTURE

Taper sur des trains qui n’arrivent pas à l’heure, c’est facile. Trouver des usagers satisfaits du service mis en place par la S.N.C.F. depuis le 11 décembre, c’est plus délicat. Si la société ferroviaire dit remédier aux problèmes, elle manque sérieusement de moyens au point que Besançon semble s’être éloignée de Paris alors que les allers-retours n’ont jamais été aussi nombreux. Retards et annulations ont sapé la publicité “Paris à 2 h 05 !”. Consciente du malaise, la S.N.C.F. dit avoir pris des mesures qu’elle présentera fin mars à la présidente de Région. La création fin 2012 des haltes ferroviaires d’École-Valentin, de Miserey-Salines (2013) et des Portes- de-Vesoul (2014) annoncent un nouveau plan de mobilité pour le Nord de l’agglomération. Une expansion qui sera orchestrée par la zone économique proche de la nouvelle gare… que la C.A.G.B. dit pouvoir remplir d’ici 2014. Il faudra (re)passer à la caisse Si la première phase de la L.G.V. est terminée, il faudra financer la seconde. Réseau Ferré de France (R.F.F.) annonce 16 minutes de gagné pour se rendre à Strasbourg (dʼici 2018). Certains élus se montrent prudents, échaudés quʼils sont par lʼaugmentation des tarifs sur un billet. Toutefois, la majorité régiona- le sʼest prononcée sur le financement de cette deuxième phase qui comprend la réalisation de 50 km de voies à grande vitesse, dont 15 km à lʼOuest entre Villers-les-Pots et Genlis, et 35 km entre Petit-Croix (Territoire-de-Belfort) et Lutterbach (Haut-Rhin) à lʼEst. Le coût aujourdʼhui estimé à 1,2 milliard dʼeuros (850 millions dʼeuros pour la partie Belfort-Mulhouse) sera supporté par les Régions Alsace, Bourgogne et Franche-Comté. Ces dernières avaient conclu un pacte visant au financement de la suite du chantier, avec une répartition attribuant 53 % des dépenses incombant à lʼAlsace, 27 % la Franche-Comté et 20 % à la Bourgogne. Les travaux pourraient commencer en 2014 avec une mise en service probable fin 2016, soit cinq ans après la mise en service de la première tranche. Au final, 1 km réalisé coûtera 24 millions dʼeuros.

AMBIANCE Retards, annulations, gare mal indiquée… La S.N.C.F. déraille, l’usager est à quai Le chemin de fer : un chemin de croix pour les Bisontins. Depuis le 11 décembre, les retards ou annulations de trains polluent la vie des usagers. Comment les convaincre que la gare Besançon Franche-Comté T.G.V. est une avancée ?

“P aris à 2 h 05 de Besan- çon” qu’ils disaient ! Oui, mais depuis où ? Si le T.G.V. est bien arrivé, il a laissé sur le quai les Bisontins obli- gés de prendre une navette pour rejoindre la nouvelle gare Auxon, qu’il faut baptiser ainsi et non “Besançon Franche-Comté T.G.V.” perdant au pas- sage de précieuses minutes. Sans dou- te les politiques se sont-ils trompés en voulant la nommer “Besançon”. Là est l’erreur car fin février lorsque vous réserviez un billet de transport, rien ne vous disait si vous atterrissiez au centre-ville ou à Auxon. Depuis, tout est heureusement rentré dans l’ordre. La S.N.C.F. a donc joliment manœu- vré, et ce dès 1997, pour asseoir la créa- tion d’un espace multimodal en dehors de la ville. Les collectivités y ont cru et ont largement financé

Sur le quai de la gare, difficile de déni- cher un usager heureux. Florilège des incidents qui incitent (ou contraignent) les usagers à descendre du train pour utiliser leur voiture ou le système D. Lundi 12 mars, suppressions de trains. C’est le jour de la rentrée scolaire. 6 heures du matin en gare de Besan- çon. Surprise. Le train de 6 h 11 pour Belfort est définitivement supprimé. Aucune explication de la S.N.C.F. ni de message au préalable. Le train sui- vant (6 h 32) est alors pris d’assaut alors que seulement deux wagons sont proposés. Conséquence : les usagers sont debout, y compris dans le four- gon interdit aux passagers, et le T.E.R. s’arrête dans les 10 gares du parcours menant à Belfort. Mardi 13 mars, un T.G.V. en gare de “Besançon Franche-Comté” attend une

l’investissement de la nouvelle ligne ferroviaire qui dessert mieux les inté- rêts de nos voisins belfortains.Aujour- d’hui, la Région paye. Les taxis ont dû négocier serré pour ne payer 3 000 euros le ticket d’entrée à la nouvelle gare comme le demandait au préalable “Gare et connexions”, filiale de la S.N.C.F. Idem pour les bus… sans compter le tarif du parking fixé par une autre filiale. Au final, l’usager du centre-vil- le est davantage à 2 h 30 de la Tour Eiffel qu’à 2 h 05. Celui du plateau de Saône décolle plus tôt de son lit. Ce détail des minutes “non gagnées” vers la capitale aurait pu être une brou- tille si les T.G.V. ou T.E.R. arrivaient à l’heure. Or, ce n’est pas le cas, au point que la Région Franche-Comté est sur les nerfs (lire par ailleurs). Elle menace de ne plus payer les 90 mil- lions d’euros.

permis de me rappeler que je devais être dans le train deux minutes avant l’heure du départ. Un comble : j’étais arrivé à l’heure mais par défaut d’affichage, je suis allé sur le mauvais quai. Je veux porter plainte” dit cet usa- ger qui a demandé l’aide à l’Association des usagers des Transports bisontins pour mener son combat. Besançon Franche-Comté T.G.V. enfin indi- quée. À Auxon, les habitants ont de nombreuses anecdotes à raconter, com- me cet automobiliste perdu devant l’église ou la mairie cherchant déses- pérément la gare. De nouveaux pan- neaux indiquant la gare ont été appo- sés que ce soit sur la Route nationale 57 ou à Besançon. Néanmoins, les sites de localisation genre “viamichelin” ne trouvent toujours pas Besançon Franche-Comté T.G.V. Ils vous emmè- nent à Viotte… Ces atermoiements polluant la vie des usagers devraient “se résorber” indique la S.N.C.F. (lire ci-contre). À défaut d’y croire, les voyageurs pren- nent leur mal en patience en atten- dant 2014 et l’expérimentation de la mise en concurrence des T.E.R. visant à ouvrir le marché au T.E.T. (Trains d’équilibre du Territoire). E.Ch.

correspondance. Les voyageurs sont déjà installés mais un message à l’attention des voyageurs indique que le T.G.V. partira avec 10 minutes de retard. La raison : la navette prove- nant de la gare Besançon-Viotte est… en retard. La S.N.C.F. n’a pu expliquer les raisons. Samedi 18 mars. Un “accident de per- sonne” à 12 h 10 sur la ligne T.E.R. Belfort-Héricourt implique un retard de 2 heures se répercutant jusqu’à Besançon. Nouveaux horaires, nouvelle galère. Sep- tembre 2011, le train est à 6 h 19 pour un lycéen voulant se rendre dans l’Aire urbaine. Le 11 décembre, il est à 6 h 11. Le réseau de bus Ginko adapte son horaire pour la ligne 10. Aujourd’hui, le départ est avancé à 5 h 57… trop tôt pour les bus. Un employé bisontin sur les nerfs. “J’utilise les “services” T.E.R. depuis un an avec une fréquence quasi quotidienne pour me rendre sur mon lieu de travail en utilisant l’ex-ligne Corail Strasbourg- Lyon. J’ai noté un service déplorable depuis octobre.Rame non chauffée quand il faisait froid, pas un seul train n’est à l’heure, sans compter le retard lié au rocher de Baume-les-Dames. Le comble a été atteint lorsque le chef de gare s’est

Perdue en gare Viotte, cette utilisatrice demande avant le départ de la navette si elle pourra échanger son billet en gare d’Auxon au contrôleur.

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