La Presse Bisontine 131 - Avril 2012

LE GRAND BESANÇON 32

La Presse Bisontine n° 131 - Avril 2012

POLITIQUE

Deux visiteurs du N.P.A.

La course aux parrainages est terminée

Échaudés sans doute par le risque de voir leur nom publié, la plupart des maires du Grand Besançon n’auront parrainé personne cette année. Comment marche le système ?

À qui donner son par- rainage ? La question préoccupe les maires qui en discutent entre eux. Ils en débattent souvent avec leur conseil muni- cipal. Beaucoup prennent le temps de mûrir leur décision avant de donner leur signatu- re à un candidat à l’élection pré- sidentielle. Car tous savent que leur choix ne sera pas sans conséquences. En parrainant un candidat, ils affichent une couleur politique, tenace par-

Les petites mairies avaient été sollicitées beaucoup plus que les grandes.

fois, et s’exposent à des com- mentaires de la part de leurs administrés à partir du moment où leur choix est rendu public. Alors, pour éviter les critiques, certains préfèrent s’abstenir,

la plupart des élus n’ont sou- haité soutenir personne. “Je n’ai parrainé personne car nous sommes un village sans ban- nière politique. Sur les 22 conseillers, nous sommes tous partagés entre 1/3 gauche, 1/3 droite et 1/3 centre” répond Ber- nard Moyse, le maire de Thise. Son voisin de Chalezeule par- tage le même avis : “Non, je n’ai parrainé personne car nous sommes sur une liste ouverte à tout le monde. Je trouve ce mode de parrainage un peu ridicule”

tout en critiquant la méthode des parrainages.Votre maire soutient-il ou non un candi- dat ? Après avoir fait le tour des mairies, force est de constater que

Une avance de153 000 euros.

estime Raymond Reylé. Le dis- cours est souvent le même. Quelques-uns pourtant répon- dent plus aisément : “Je suis colorisé en rose, j’ai donc par-

par donner son parrainage au candidat Bruno Mégret (M.N.R.). C’était il y a dix ans, à l’approche de l’élection pré- sidentielle de mai 2002. Que n’avait-il pas fait là ! Pourtant, le maire des Alliés, qui se dit “non-raciste” avait par ce ges- te qu’il croyait anodin, provo- qué la colère de certains membres du conseil municipal. Il se souvient : “La jeune dame, sympathique d’ailleurs, était venue me voir quatre fois. Au bout de la quatrième fois, j’ai fini par signer. Élu depuis un an seulement, j’ignorais à peu près tout de ce système. Bien sûr que je le regrette. On ne m’y pren- dra plus. Je ne veux plus entendre parler de cette ques- tion dit-il. J’ai eu trop d’embêtements” dit aujourd’hui Christian Granié. Pour cet élu, cette question des parrainages est “comme le vote, un choix per- sonnel qui devrait rester ano- nyme.” Le maire de Saint-Vit, qui estime lui aussi que ce sys- tème est bancal (car les noms des 500 signataires sont ren- dus publics et publiés au Jour- nal officiel, mais pas tous, car lorsqu’un candidat a recueilli plus de 500 signatures, les 500 noms rendus publics sont choi- sis par tirage au sort), a un autre avis sur la question. Selon Pas- cal Routhier, “les maires devraient être autorisés à signer pour plusieurs candidats, trois par exemple. Cela ne me déran- gerait pas de parrainer en même temps quelques “petits” candi- dats, je suis partisan que tout le monde ait la parole dans une telle élection.” Dès la publication des candi- dats officiels, le 20 mars, la cam- pagne débute officiellement et celui qui obtient les 500 par- rainages devient officiellement candidat à l’élection présiden- tielle. Il reçoit de la part de l’État une avance de 153 000 euros pour sa campagne électorale. Cette année, dix candidats sont officiellement dans la course à l’élection présidentielle : Nico- las Sarkozy (U.M.P.), François Hollande (P.S.), François Bay- rou (MoDem), Jean-Luc Mélen- chon (Front de gauche), Éva Joly (E.E.L.V.), Philippe Pou- tou (N.P.A.), Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), Marine Le Pen (Front National) et Jacques Che- minade, membre d’aucun par- ti mais qui se prétend gaullis- te de gauche. Résultat des courses dimanche 22 avril au soir. J.-F.H.

rainé à gauche, François Hol- lande” répond Daniel Huot, le maire de Mamirolle. De son côté, le maire de Saint-Vit Pascal Routhier ne cache pas sa posi- tion, lui, l’élu U.M.P. qui est le suppléant de la députée Fran- çoise Branget : “Logiquement, j’ai donné mon parrainage à Nicolas Sarkozy. Les élus et les citoyens de Saint-Vit respectent ce choix qui est la règle du jeu, ce qui ne m’empêche pas d’avoir dans mon conseil des gens de droite et des gens de gauche et que nous fassions abstraction de ces questions politiques quand il s’agit de gérer la commune” commente M. Routhier. Le système est aux yeux de la plupart des maires, pour le moins bancal. Lorsque le géné- ral De Gaulle décide d’instaurer l’élection présidentielle au suf- frage universel en 1962, la ques- tion d’une pré-sélection des can- didats est évoquée. L’objectif est d’écarter toute candidatu- re fantaisiste et d’éviter de se retrouver avec une centaine de candidatures. Une règle simple a donc été instaurée : pour pou- voir se présenter, un candidat devait obtenir 100 signatures d’élus. Malgré tout, entre 1965 et 1974, le nombre de candidats n’a cessé d’augmenter : 6 en 1965, 7 en 1969 et 12 en 1974. D’où la volonté du législateur de changer les règles, en 1976 : la loi impose alors le parraina- ge de 500 élus locaux pour pou- voir être candidat. Mais ce sys- tème n’a pas empêché l’inflation de candidats, jusqu’à 16 pour l’élection de 2002. Tous lesmaires duGrandBesan- çon ont reçu le 25 février dernier par courrier recommandé les for- mulaires officiels de parraina- ge. Ils avaient jusqu’au vendre- di 16 mars pour faire connaître leur choix. En réalité, certains candidats entament la collecte presqu’un an avant l’élection pour recueillir des promesses de signatures. Par courrier, par télé- phone, par fax oumême par“mes- sagers interposés”, tout est bon pour convaincre. “J’ai reçu àmon domicile deux jeunes envoyés par Philippe Poutou duN.P.A. Je n’ai pas signé pour lui, mais juste signé la feuille des jeunes pour attester qu’ils avaient bien fait leur travail. Un justificatif pour eux qui leur donne la garantie d’être payés” raconte ce maire. Le système peut aussi se retour- ner contre certains élus. Ainsi la mésaventure qui avait coû- té cher à un maire du Haut- Doubs en 2002, Christian Gra- nié, toujours maire du petit village des Alliés. Par “souci de démocratie” dit-il, il avait fini

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