La Presse Bisontine 131 - Avril 2012

DOSSIER

La Presse Bisontine n° 131- Avril 2012

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EUROPE ÉCOLOGIE-LES VERTS

Éva Joly

La campagne est difficile pour les militants qui soutiennent Éva Joly, discrète, qui plafonne à 2,5 % dans les sondages. Rencontre avec un militant, qui tracte pour la candidate, place du Marché à Besançon. Les écolos tentent de convaincre

Michel Boutanquoi prend le temps d’expliquer le programme d’Éva Joly qui viendra peut- être en meeting à Besançon, un exercice auquel

Les militants tentent de convaincre malgré les sondages toujours catastrophiques de leur candidate.

V endredi, jour de marché, place de la Révolution à Besançon. Une pile de tracts calée au creux du bras, Michel Boutanquoi tend poliment aux passants le pro- gramme d’Europe Écologie-Les Verts. Ce militant de longue date, habitué à l’exercice, s’ac- commode des réactions diverses que suscite la candidature d’Éva Joly. Il y a ceux qui attrapent le tract au vol, par réflexe, com- me ils le feraient avec n’impor- te quel autre parti politique. Sans un mot, ils passent leur chemin. D’autres le refusent carrément se fendant d’un “ non” pas toujours suivi d’un “ merci” , ou d’une remarque du genre “ économisez votre papier, ça va aller à la poubelle.” Parfois le propos est injustement agres- sif à l’égard du militant à qui on n’accorde même pas le béné- fice de l’indulgence. “ Vous êtes des rigolos les Verts” lance à Michel Boutanquoi avec mépris un monsieur d’un certain âge. Souvent le dialogue s’installe avec des concitoyens qui ne sont pas forcément partisans d’Éva Joly, mais qui s’intéressent à la campagne présidentielle. Indé- cis, ils veulent en savoir plus avant de se décider pour un can- didat. Place du Marché, le militant croise enfin des personnes qui ont une sensibilité écologique comme cette femme, qui vote- ra Éva Joly, mais qui estime que les Verts ont vendu leur âme dans l’accord avec le P.S. adop- té en novembre dernier. Alors Michel Boutanquoi, enseignant- chercheur à la faculté des sciences humaines, prend le temps d’expliquer, d’argumen- ter et finit par convaincre en montrant à quel point, au contraire, cet accord est la preu- ve de l’influence des Verts aujourd’hui. Il n’aura pas besoin de déployer autant d’efforts avec Élisabeth, une enseignante d’une cin- quantaine d’années qui rêve de donner sa voie à la candidate d’E.E.L.V. “ Je voudrais enfin pouvoir voter pour la candida- te qui me plaît. Je crois en l’éco- logie politique portée par Les Verts, qui se décline dans l’em- ploi, l’énergie, la solidarité” annonce-t-elle. Élisabeth met cependant un bémol. La place de Marine Le Pen dans les son- dages l’inquiète. Elle pourrait revenir sur sa décision et “voter utile” au premier tour en glis- sant dans l’urne le bulletin de François Hollande dans le but

de faire barrage au Front National. “ Et si par hasard le scé- nario de 2002 devait se reproduire avec un second tour Marine Le Pen-Nico- las Sarkozy, que je n’imagine pas, alors je m’abstiendrai.” La position de cet- te électrice, norma- lement acquise à la cause d’Éva Joly, montre à quel point la présidentielle est difficile pour la can- didate d’E.E.L.V.qui plafonne dans les

la candidate se plie assez rarement.

FRONT DE GAUCHE Une marche le 19 avril Le Front de gauche quadrille le terrain La stratégie lancée il y a plusieurs mois par le Front de gauche s’avère payante. La percée de Jean-Luc Mélenchon ne doit pas qu’à sa faconde, les militants y sont pour beaucoup. D eux mois après le passage du mentor Front de gauche à Besançon, le 24 janvier der- nier, Annie Ménétrier n’en

“Aller jusqu’au bout.”

sondages à 2,5 %. La campagne ne décolle pas pour Europe EÉco- logie-Les Verts malgré la mobi- lisation des militants sur le ter- rain. “ La question de savoir si nous devions ou non présenter un candidat à la présidentielle était pertinente. Cette fois-ci, nous y sommes, il faut aller jusqu’au bout” estimeMichel Boutanquoi. La partie est éprouvante pour les militants qui arpentent le terrain. “Nous sommes confron- tés à deux problèmes. Éva Joly souffre d’un manque de visibi- lité médiatique. La presse fait de cette campagne une campagne bipolaire :Nicolas Sarkozy-Fran- çois Hollande. Ensuite, les gens nous cantonnent encore à des défenseurs de l’environnement. Une planète plus propre n’est qu’un enjeu. L’écologie politique que nous revendiquons est plus que cela. Elle montre en quoi des modes de production sont des- tructeurs d’une qualité de vie. Or, la qualité de vie passe, par exemple, par une qualité de vie au travail. Dans ce programme “vivre mieux”, nous apportons une série de propositions sur l’école, l’agriculture, l’industrie, l’emploi, le nucléaire.” Pourtant, sans cesse les mili- tants doivent apporter la preu- ve de la crédibilité de leur pro- gramme, et lutter contre une vieille idée selon laquelle “ l’éco- logie est un truc de bobos qui mangent bio.” Une caricature tenace qui leur colle à la peau. À unmois du scrutin, cette cam- pagne est peut-être un coup pour rien (ou presque) pour E.E.L.V. “Nous allons nous rat- traper aux législatives, pour constituer un groupe écolo qui pèse à l’Assemblée nationale” annonce déjà Michel Boutan- quoi. On le sait, les élections de proximité réussissent mieux à Europe Écologie-Les Verts. T.C.

revient toujours pas. “C’est sans pré- cédent dans l’histoire de la gauche” s’enthousiasme-t-elle encore, elle et ses amis qui tablaient sur 2 000 mili- tants tout au plus et qui avaient vu déferler 4 600 personnes ce soir-là au Palais des Sports. Mais la mobilisation des militants Front de gauche remonte bien plus en amont, dès l’automne dernier avec l’idée de “mettre en place des comités locaux par canton” , histoire de véri- tablement quadriller le terrain. “Tout a démarré après la fête de l’Huma. On s’est rendu compte dès cet instant que quelque chose se passait” se sou- vient Thibaut Raistingue, du Parti Communiste à Besançon. Dans le Grand Besançon, ces comi- tés sont au nombre de 13, un par can- ton et plusieurs dans les quartiers de la ville. Leur mission : organiser des réunions publiques sur des thèmes sensibles de la campagne ou distri- buer des tracts. Charge pour un des cadres du P.C. local et du Parti de gauche de faire remonter toutes les informations en provenance des comi-

Élément nouveau :

beaucoup de jeunes parmi les sympathi- sants du Front de gauche.

tés locaux afin de coordonner les actions sur le terrain. Un comité dépar- temental du Front de gauche ouvert aux sympathisants chapeaute le tout. Pour le meeting du 24 janvier, pas moins de 100 000 tracts avaient été distribués sur le Grand Besançon. “Ces comités sont partis avec trois ou quatre personnes. Aujourd’hui, il y a parfois plus de 40 personnes par comi- té” se félicite Annie Ménétrier. À Thi-

se, le comité local organise une réunion sur la dette, dans le canton de Pla- noise, c’est sur la question du loge- ment, aux Clairs-Soleils, sur le thè- me du S.M.I.C. à 1 700 euros. “On a adapté la campagne par rapport aux attentes des citoyens.” Autre caracté- ristique de la campagne Front de gauche, la jeunesse des forces mili- tantes. “De plus en plus de gens nous appellent pour venir donner le coup de main.” La dynamique Front de gauche sur le Grand Besançon doit aller jusqu’au 22 avril. Deux grands événements sont programmés à Besançon, le 12 et le 19 avril “avec une grande marche.” Le Front de gauche compte aussi emmener ses militants au-delà de la présidentielle, puisque le mouvement présentera un candidat sur chacune des cinq circonscriptions du Doubs aux législatives de juin. Dans le Grand Besançon, il s’agira d’Emmanuel Girod (Parti de gauche) dans la première circonscription et d’Annie Ménétrier (Parti Communiste) dans la deuxiè- me. Le Front de gauche y croit dur comme fer. J.-F.H.

Le charisme de Jean-Luc Mélenchon a aussi beaucoup joué.

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