La Presse Bisontine 131 - Avril 2012

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n° 131 - Avril 2012

Les vrais chiffres du tramway Depuis le lancement du projet, le coût du tram a toujours suscité les réactions quand ce n’est pas les polémiques. La Presse Bisontine décortique le budget du tram et fera taire, peut-être, les voix dissonantes. Pas sûr… LE FEUILLETON DU TRAM Le budget

A lors, 228millions, 218, 256, 261, voire 292 millions d’euros ? Tous les chiffres ou presque ont déjà cir- culé sur ce que coûtera le tram- way duGrand Besançon qui rap- pelons-le, doit êtremis en service au début de l’année 2015. Pour- tant le président de l’agglo Jean- Louis Fousseret le répète à qui veut l’entendre : “Il n’y a pas de cadavre dans le placard, tout est transparent, rien n’est obs- cur.” Quel est donc le bon chif- frage ? Selon Jean-Louis Fousseret, il n’a pas changé depuis le début : le tramway est estimé à 228 mil- lions d’euros, plus ou moins 5 %, en valeur 2008. Soit, en valeur 2015, à la mise en service du tram, 255,1 millions d’euros. “Dans tout projet, le prix que l’on annonce est le prix de départ. Le prix payé à la fin n’est que l’effet de l’actualisation des mar-

Battant et sur le réseau élec- trique, sommes qui seront prises en charge au final par la Ville de Besançon et le Syded (syn- dicat d’électricité). D’où le chiffre officiel annoncé par l’agglo de 261,8millions. “Mais ces 6,7mil- lions correspondent à une avan- ce que la C.A.G.B. fait. La Ville et le Syded nous les rembourse- ront” poursuit M. Baulieu. Le coût au kilomètre du tram- way bisontin sera donc de 17,6 millions d’euros. Par com- paraison, à Angers, qui réalise également son tramway, le coût au kilomètre avoisinera les 25 millions d’euros. Il convient néanmoins d’ajouter que la Ville de Besançon abon- dera au budget du tram à hau- teur de 20 millions d’euros sous forme de subvention à la C.A.G.B., et 20 millions d’euros dits “de travaux connexes” qui serviront à financer par exemple le pont Battant, le boulevard

chés, de l’évolution de l’indice de la construction et de l’érosion de la monnaie. Ce qui valait 228 millions en juin 2008 en vaudra 255 en 2015” explicite Gabriel Baulieu, le M. Finances de l’agglo. En valeur 2011, par ce jeu de l’actualisation, le tram valait 242 millions d’euros en 2011. “Depuis 2008, nous avons appliqué 2 % par an comme coef- ficient d’actualisation. Et 3 % à partir de 2012. C’est ainsi que l’on arrive à ces 255 millions en

2015” ajoute le premier vice-pré- sident de la C.A.G.B. À ces 255 mil- lions d’euros, il convient pour l’instant d’ajouter 6,7mil- lions d’euros cor- respondant aux travaux sur les ponts Canot et

Les marchés attribués jusqu’en 2011 coûteront 218 millions d’euros en valeur 2011. La plateforme du tram coûtera à elle seule 98 millions d’euros.

Le coût sera peut-être inférieur aux prévisions.

Diderot ou les abords du C.H.U. Ce sont donc bien des impôts des Bisontins sur ce volet pré- cis. Mais selon le maire de Besançon, “ces travaux auraient été faits, tram ou pas tram. Il ne faut pas oublier que ces tra- vaux du tram donneront une fantastique bouffée d’oxygène à la ville sur 15 km.” Comment cette fois seront finan- cés ces 261,8 millions d’euros ? D’abord par des subventions publiques à hauteur de 52,6 mil- lions d’euros : 30,6 millions d’euros en provenance de l’État, 20 millions d’euros, on l’a vu, de la Ville et 900 000 euros des fonds européens F.E.D.E.R. “Au départ, on tablait sur 60 mil- lions de subventions en comp- tant sur la Région, mais la Région financera l’infrastructure ferroviaire Nord entre Viotte et Auxon pour 7,3 millions d’euros, ce qui sera autant que la C.A.G.B. ne paiera pas” note Jean-Louis Fousseret. Outre ces 52,6 millions de sub- ventions, 64,5 millions d’euros seront financés par le “verse- ment transport”, la fameuse

taxe que paient depuis 2001 toutes les entreprises privées et publiques du Grand Besan- çon de plus de 9 salariés. Notons que cette taxe continuera à financer aussi le réseau de bus et la future liaisonT.C.S.P. entre la gare Viotte et la Bouloie, par bus. Pour arriver à ces 261 millions d’euros, reste donc à trouver 138 millions d’euros, soit près de la moitié du budget global. Ils seront assurés par l’emprunt, sur 20, 25 “voire 40 ans” sug- gère M. Baulieu. À ce jour, 93,7 millions d’euros sont déjà obtenus avec l’engagement de la Caisse des dépôts et Consi- gnations (C.D.C.). “Il nous res- te donc 40 à 50 millions d’euros à trouver, un financement dont on aura besoin à partir du deuxième semestre 2013” note Gabriel Baulieu. Les discus- sions avec la B.E.I. (banque européenne d’investissement) sont en cours, mais “nous n’excluons aucune hypothèse avec d’autres banques” laisse entendre Jean-Louis Fousse- ret.

Pour l’instant, et sous réserve de trouver l’emprunt encore manquant, la C.A.G.B. serait donc largement dans les clous de son budget prévisionnel. Mieux, avec 95 % des marchés déjà attribués, la somme réser- vée aux aléas qui devait être de 7 millions d’euros atteint les 24 millions, les marchés ayant été attribués à des sommes infé- rieures aux prévisions. M. Fousseret prévient tout de suite : “Je n’accepterai pas que les entreprises mettent des dépenses imprévues pour fac- turer plus cher. Je serai impi- toyable.” Au final, le coût du tramway sera donc peut-être inférieur aux prévisions. C’est en tout cas ce qu’espèrent encore de tout cœur les élus de l’agglo. Ils pourraient ainsi annoncer une bonne nouvelle aux Grands Bisontins, histoire de faire un peu mieux passer la pilule des travaux qui commencent sérieu- sement à empoisonner leur quo- tidien. Et ce n’est qu’un début.

J.-F.H.

ZOOM

Valeur 2011, source C.A.G.B. La ventilation des dépenses du tram

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