La Presse Bisontine 131 - Avril 2012

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 131 - Avril 2012

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Jean-Luc Moner-Banet : le bon numéro de la Loterie Romande Originaire des Combes, Jean-Luc Moner-Banet dirige la Loterie romande pesant 400 millions de francs suisses de chiffre d’affaires, dont la particularité est de reverser l’intégralité de ses bénéfices à l’utilité publique. Trucages, addiction aux jeux, votation populaire, le directeur répond à nos questions. INTERVIEW Un Français dirige la Loterie Romande

Originaire du Doubs, Jean-Luc Moner-Banet dirige la Loterie romande depuis Lausanne.

J.-L.M.-B. : Se développer commerciale- ment et se développer sur de nouveaux supports. Ce sont les jeux sportifs qui intéressent les jeunes désormais mais il faut contribuer pour que le sport res- te intègre. L.P.B. : Parlons justement des trucages. La Suisse en est-elle victime et craignez-vous un afflux de mauvaises intentions avec les Jeux Olympiques de Londres ? J.-L.M.-B. : Je suis sensible à ce sujet car je suis élu au comité exécutif de l’association européenne des loteries, chargée des paris sportifs. Nous avons beaucoup de problèmes avec les tru- cages pas tant pour les J.O. car c’est une épreuve médiatisée mais des sports comme le foot à petit niveau. Il y a des actions mafieuses, du blanchiment d’argent. L.P.B. : Est-ce le cas en Europe ? J.-L.M.-B. : Pas pour les grandes épreuves. C’est surtout vrai pour l’Asie. Ce qui est dangereux, c’est le fait de pouvoir parier sur n’importe quoi, comme le

directement à l’utilité publique. Envi- ron 1/6 ème de cette somme va aux sports, le reste à la culture, au social…Notre slogan est le suivant : jouez, de façon responsable, si vous gagnez tant mieux… et si vous perdez, votre argent financera la structure sportive où joue votre fils ou votre fille. L.P.B. : Une votation vient d’ailleurs d’asseoir votre pouvoir… J.-L.M.-B. : Effectivement. La question était de savoir si on libéralisait le jeu. Les Suisses ont voté non, ce qui exclut toutes les initiatives privées. L.P.B. : Comme la Française des Jeux, battez- vous des records et les Suisses sont-ils aus- si joueurs que les Français ? J.-L.M.-B. : Nous avons une forte crois- sance mais je pense qu’il y aura une stagnation à l’avenir. Pour ce qui est du jeu, les Suisses jouent deux fois plus que les Français. L.P.B. : Quels sont les objectifs dictés à vos équipes ?

fait qu’un corner va être tiré par l’équipe rouge. Il faut une moralisation mon- diale. Nous travaillons à cela en espé- rant créer une agence mondiale de l’intégrité du sport. L.P.B. : Outre le trucage, apparaissent des phé- nomènes d’addiction au jeu. Est-ce aussi le cas pour les Romands ? J.-L.M.-B. : Nous avons les mêmes obli- gations que la France et l’Europe pour prévenir de ces risques. L.P.B. : Dernière question, plus personnelle, comment percevez-vous le message des can- didats à la présidentielle sur les exilés, vous qui habitez à Lausanne ? J.-L.M.-B. : Je garde ma sensibilité poli- tique pour moi. Venir en Suisse a été une chance. Ici, on fait davantage confiance au privé qu’au public et on favorise l’entreprenariat. Je voterai à l’ambassade de France et espère que la situation va évoluer positivement pour la France, notamment au niveau du chômage. Propos recueillis par E.Ch.

L a Presse Bisontine : Si je vous deman- de gentiment les bons numéros à jouer pour remporter la super-cagnotte de l’Euromillions, vous me les donnez ? Jean-Luc Moner-Banet (Directeur général de la Loterie Romande) : (Rires). Si je les connaissais moi-même, je serais mul- timillionnaire. Bien évidemment, je ne les connais pas et nous nous veillons à la Loterie romande à ne rien dévoiler. L.P.B. : Comment un Français originaire de Morteau (ses parents habitants aux Combes) est-il parvenu à la tête de la Loterie roman- de qui réalise 400 millions de francs suisses de chiffre d’affaires, 200 millions de béné- fices, et dirige 280 personnes ? J.-L.M.-B. : Comment y arrive-t-on ? Par une conjugaison d’éléments et de chan- ce. J’ai commencé en 1985 à La Chaux- de-Fonds à travailler pour une entre- prise qui fournissait des biens et des services pour les loteries. De fil en aiguille, je suis entré en contact avec

la Loterie romande et les ai rejoints en 1998 pour occuper le poste de déve- loppeur de jeux électroniques, puis l’Euromillions (2003). Ensuite, on m’a proposé le poste de directeur. L.P.B. :L’Euromillions,parlons-en. Une Françai- se a saisi le tribunal estimant qu’il y avait plus de chance de remporter la super-cagnotte dans un pays autre que la France. Est-ce vrai ? J.-L.M.-B. : Non, et d’ailleurs cette per- sonne a été déboutée par le tribunal. Elle a fait un amalgame. La chance est exactement la même mais simplement il existe en Suisse comme dans d’autres pays des machines qui peuvent vous cocher les grilles. C’est forcément plus cher… donc rapporté à l’euro investi, vous avez autant de chances. L.P.B. : Pourquoi la Loterie romande est-elle si différente de la Française des Jeux ? J.-L.M.-B. : Chez nous (en Suisse), les bénéfices (200 millions de C.H.F.) vont

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