La Presse Bisontine 131 - Avril 2012

SANTÉ

La Presse Bisontine n° 131 - Avril 2012

36

Gérard Thiriez au chevet des plus petits Depuis septembre 2010, il dirige un des plus importants services du C.H.U. bisontin. Gérard Thiriez se penche au chevet des prématurés et gère tous les bobos des enfants, du plus bénin au plus grave. L’humain prime dans ce métier sensible. LES POINTURES DU C.H.U. Pédiatrie

L a réanimation infantile, les urgences pédiatriques, la néonatalogie, la néphro- logie pédiatrique…Toutes ces disciplines regroupées au sein du service pédiatrie 2 (la pédiatrie 1 comprend la chirurgie) et sa centaine de collaborateurs, sont chapeautées par un seul hom- me, Gérard Thiriez, 44 ans, chef de service depuis l’automne 2010. Cet homme originaire du Nord de la France, qui a suivi son cursus médical à Paris, a rejoint à Besan- çon son épouse pneumologue. C’est

donc ici qu’il est arrivé en tant que chef de clinique en 1998. Par amour. Amour aussi dumétier car la pédia- trie est de loin, la discipline lamoins valorisée de toutes les spécialités médicales. “Il est vrai qu’un pédiatre gagne souvent moins qu’un géné- raliste. Mais c’est avant tout le tra- vail d’équipe qui me motive et je me suis très tôt intéressé à la réani- mation pédiatrique” justifie le chef de service qui a gravi tous les éche- lons avant d’accéder à ce poste il y a un an et demi. Le C.H.U. de Besan- çon présente la particularité de

regrouper à la fois les urgences, la réanimation et la néonatalogie, fai- sant de ce service un des plus vastes. Gérard Thiriez est donc au quoti- dien au chevet des plus petits patients. Des très petits même, les

prématurés. “Le taux de prématu- rés (moins de 37 semaines d’aménorrhée) est en augmentation ces dernières années, ils représen- tent aujourd’hui 6,5 % des nais- sances. Et les grands prématurés (moins de 33 semaines) représen- tent 1 à 1,2 % des naissances, soit environ 150 par an dans la région” illustre le professionnel. La première mission du service diri- gé par Gérard Thiriez est donc d’assurer la survie de ces bébés qui naissant parfois à 5 mois et demi de grossesse et qui ne pèsent guè- re plus de 500 g. On se situe sou- vent entre la vie et la mort préco- ce. Tout est question de jugement. “On a aujourd’hui des moyens tech- niques qui permettent de réanimer des enfants très immatures. On dis- cute alors au cas par cas pour savoir s’il est plus judicieux d’arrêter une réanimation. La grande évolution de la discipline, c’est qu’on ne se décide plus tout seul, “sous le man- teau”, on travaille véritablement en équipe” observe le professeur Thi- riez qui reconnaît évidemment la “grande part de psychologie qui exis- te dans ce métier.” L’hôpital de Besançon est depuis longtemps pionnier en matière de recherche épidémiologique sur les grands prématurés. Dès le début des années quatre-vingt-dix, le ser- vice aujourd’hui dirigé par Gérard Thiriez menait une grande étude régionale sur le devenir des grands prématurés, qui a ouvert la voie en 1997 à une autre étude, menée à

tabagisme augmente par deux le risque. La prématurité n’est pas pour autant signe de handicap pour l’enfant puisque seulement 9 % des grands prématurés connaîtront par la suite des séquelles motrices. “La grande majorité des “prémas” s’en sortent très bien” confirme M. Thi- riez. Le C.H.U. de Besançon est égale- ment un centre de référence pour la mort subite du nourrisson, ce phénomène heureusement rare – moins de 10 cas par an en Franche- Comté – mais pas encore totale- ment élucidé.Après moult batailles d’experts, il paraît désormais enten- du que le bébé doive être “couché sur le dos.” En toutes ces disciplines, il est une “spécialité” aussi fondamentale que les autres, c’est la prise en charge des parents. “On passe autant de temps en réunions éthiques ou avec les parents qu’en actes techniques” reconnaît le professionnel bison- tin. Le C.H.U. de Besançon se démarque enfin par son orientation vers les soins individualisés. “Les soins que l’on fait aux tout-petits peuvent être douloureux et stressants et ce stress peut avoir un retentissement à long terme. Au sein du service, on s’est donc formés pour faire des soins personnalisés à chaque enfant” explique le professeur. Quatre pra- ticiens sont ainsi formés depuis un an à cette technique hyper-ciblée. Le professeur Thiriez s’est égale- ment spécialisé dans les troubles du sommeil de l’enfant pour les- quels il organise des consultations, après une formation spécifique à Lyon et en Belgique auprès du ser- vice d’exploration du sommeil. GérardThiriez ne s’endort donc pas sur ses lauriers et cherche, toujours, l’amélioration continue. Seul ombre au tableau du service : la raréfac- tion des effectifs. En Franche-Com- té chaque année, seuls six nouveaux internes en pédiatrie sortent des rangs de la formation. Bien insuf- fisant pour combler la pénurie de pédiatres hospitaliers. Le C.H.U. de Besançon enregistre 300 admis- sions par an en néonatalogie, 650 en réanimation et voit passer plus de 17 000 enfants aux urgences. J.-F.H.

Le professeur

Gérard Thiriez

s’est sur- spécialisé dans les troubles du sommeil de l’enfant.

l’échelle nationale cette fois, document devenu très vite une référence sur le plan international. “On réalise actuellement une deuxième étude nationale avec une deuxième cohorte de plus de 8 000 grands prématurés que l’on va suivre sur une bon- ne dizaine d’années.” Si les causes de la prématurité ne sont pas toutes connues (infection du liquide amniotique, tension artérielle…), on sait déjà que l’effet du

“On passe autant de temps avec les parents.”

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online