La Presse Bisontine 68 - Juillet-Août 2006

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

1,80 € N° 68 Juillet-août 2006 Le troisième lundi du mois Mensuel d’information de Besançon et des cantons d’Audeux, Boussières, Marchaux, Quingey et Roulans.

Tourisme :

mais que fait Besançon ?

Dans les entrailles de la voie des Mercureaux Un reportage photo de trois pages pour comprendre com- ment on prépare le chantier rou- tier de la décennie. Les tunnels sont percés, la voie des Mercu- reaux tant attendue devrait ouvrir d’ici quatre ans. p. 31 à 33 L’usine d’incinération est-elle dangereuse ? Le débat est plus que jamais d’actualité entre les gestionnaires de l’incinérateur de Planoise et la communauté scientifique qui confirme ses craintes concer- nant l’impact du site bisontin. L’événement p. 6-7 Comment vivent les Gitans à Besançon ? Un reportage au cœur de la com- munauté des gens du voyage. L’agglomération de Besançon doit leur construire cinq aires d’accueil. p. 28-29

OÙ EN EST LE SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT ? CE QU’IL RESTE À FAIRE. L’AVIS DES PROFESSIONNELS DU TOURISME. UNE COMMUNICATION DISCUTABLE.

Photo Denis Maraux

Lire le dossier p. 10 à 14

Cahier spécial vacances

Lire p. 34 à 37

Les manifestations dans le Grand Besançon,

les idées d’escapades dans le Haut-Doubs

EXEMPLES :

37,5 € 48,5 € 64,5 € 39,5 € 12,5 € 22,5 € 22,5 € 25 €

Chemisette “MARLBORO” orange - Réf. 37003

75 € 97 €

Sweat “QUIKSILVER” noir - Réf. 36353 Jean “LEVI’S” mod 1014 - Réf. 36172

129 €

Chaussure “GOLA” mod. HERO, blanc - Réf. 36186 Pull “LULU CASTAGNETTE” coton, blanc - Réf. 36326 Débardeur “ZOULOUK” , lycra orange - Réf. 336800 Chemise “GALLICE” coton, blanc - Réf. 36693 Sweat “DIESTER” coton, blanc - Réf. 37154 Chemisette “QUINZE” coton, ciel - Réf. 36946

79 € 50 € 25 € 45 € 45 €

*

50 €

100 €

* A partir du 28 juin 2006

BESANÇON

CHATEAUFARINE

PONTARLIER www.stocks25.com

Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 5 bis, Grande rue - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81

L’ INTERVI EW DU MOIS

2

Éditorial

U NESCO

Ambassadeur de France à l’Unesco, Jean Guéguinou s’est rendu fin mai à Besançon pour examiner le dossier présenté par le réseau Vauban (photo Yves Petit).

Candidature du Réseau Vauban

Ambassadeur de France auprès de l’Unesco, Jean Guégui- nou est l’un des hommes-clefs dans le dossier de classement au patrimoine mondial de l’Unesco des forteresses du réseau Vauban, dont la Citadelle de Besançon. Pour lui, le dossier bisontin est “l’un des mieux placés.” “Le réseau Vauban est l’un des candidats les mieux placés”

Tourisme En septembre 2002, la ville de Besan- çon lançait un ambitieux programme destiné à doper son tourisme et à ren- forcer son attractivité. Sept axes de tra- vail avaient été soigneusement ciblés, déclinés en une quarantaine d’actions précises. Quatre ans après, où en est- on ? Besançon commence timidement à se débarrasser de ses vieux haillons d’ancienne ville industrielle de l’Est - image pourtant encore très ancrée hors Franche-Comté - pour enfin commen- cer à montrer crânement et sans rou- gir l’étendue de ses richesses. Mais le statut de région touristique est encore loin d’être gagné. Parmi la quarantaine d’actions envisagées, quelques-unes ont déjà démarré. Par exemple, l’opti- misation du service des visites guidées, lamise en place d’une signalétique tou- ristique dans la ville, la valorisation des espaces verts, la rénovation du centre international de séjour ou le lancement d’une démarche-qualité. Mais l’essen- tiel, le plus palpable pour le visiteur, n’est toujours pas en place. Une seule illus- tration : la création d’aires réservées aux camping-cars, inexistantes sur leGrand Besançon ! La Communauté d’agglo- mération assure se pencher sérieuse- ment sur la question. Un “diagnostic” est envisagé qui doit aboutir à la réali- sation d’un “schéma directeur pour l’ag- glomération” . Que de lourdeurs et quel contraste entre un discours par trop ins- titutionnalisé et les préoccupations quo- tidiennes des acteurs du tourisme ! Veut- on vraiment se donner les moyens de dynamiser ce secteur d’activité qui pei- ne à atteindre un petit 5 % du produit intérieur brut dans notre région ? Les richesses patrimoniales et naturelles de la Franche-Comtémériteraient bien sûr une plus grande notoriété. Pourtant, l’argent public nemanque pas : le comi- té régional du tourisme n’hésite pas à dépenser 320 000eurospour cinqpetites semaines de campagne de promotion, dont la majorité est engloutie dans un site internet, quand le comité départe- mental du tourisme peine encore à fai- re oublier les dérives de l’A.D.E.D. - sa précédente appellation - rongée par les dérapages de ses dirigeants. La volon- té est là, c’est indéniable. Les moyens mis en œuvre et la rapidité d’exécution de ces ambitieux programme concoc- tés par les élus en charge du dossier tourisme sont quant à eux plus discu- tables. Même si la Franche-Comté ne sera jamais la Côte d’Azur en matière de tourisme. Je an-François Hauser

L a Presse Bisontine : Com- bien de candidatures sont déposées chaque année par la France auprès de l’Unesco ? Jean Guéguinou : Depuis quelques années, chaque pays ne peut plus présenter que deux candidatures devant l’Unesco, à condition que l’une d’entre elles concerne un pay- sage naturel. Au niveau du patrimoine culturel, la Fran- ce a présenté en 2006 la can- didature de la ville de Bor- deaux. En 2007, il devrait y avoir une autre candidature française. L.P.B. : Quels sont les critères qui président à la sélection du dossier porté par la France ? J.G. : Avant de déposer le dos- sier devant l’Unesco, il y a un gros travail préparatoire à fournir. Pour la France qui a la chance d’avoir 30 sites universelle et qui apportent un plus indéniable par rap- port aux monuments qui sont déjà inscrits au patrimoine mondial. L’année dernière, par exemple, c’est le centre historique du Havre qui a bénéficié de ce classement. Or Le Havre est un formi- dable témoignage - certaine- ment le seul en Europe - d’une ville entièrement pensée par un architecte, Auguste Per- ret, qui a reconstruit le centre en ruine après la seconde guerre mondiale. C’était aus- si la première fois que la Fran- ce présentait un témoignage architectural du XX ème siècle. Donc, pour que la France pré- sente un dossier, il faut que ce soit original par rapport à ce qui existe déjà. L.P.B. : Quels sont les atouts du dossier présenté par le réseau Vau- ban ? J.G. : L’atout du réseau Vau- ban est que le dossier est très au point. Car il faut que tech- niquement tout soit parfait. L’œuvre militaire telle qu’el- le a été construite par Vau- ban et rassemblée dans le réseau n’a nulle part d’exemple similaire. Et chaque site qui a été retenu pour faire partie du réseau est lui aussi profondément original et représente un cas particulier de l’architecture de Vauban. La force de la can- didature vient aussi de la logique du réseau. Quelles que soient les vertus de l’œuvre de Vauban à Besan- çon, il est certain que cela inscrits au patrimoi- ne mondial sur les 800 classés par l’Unesco, il est impor- tant de présenter des candidatures qui ont une véritable valeur

pas présenté chaque année un dossier à l’Unesco. En 2001, elle a présenté la can- didature de la ville de Pro- vins. Puis pendant deux ans, elle n’a pas posé de dossier, parce qu’aucun n’était suffi- samment mûr. L.P.B. : Y a-t-il un dossier suffi- samment mûr pour être présenté en 2007 ? J.G. : Àmon avis, sur les tren- te, il n’y en a pas plus de trois qui sont à même d’être pré- sentés. L.P.B. : Lesquels ? J.G. : Sans aucun doute, par- mi eux, il y a le dossier qui porte sur l’œuvre de Le Cor- busier. C’est un dossier très complexe, car pour être signi- ficatif, il doit être à dimen- sion internationale et reprendre des créations de l’architecte dans plusieurs pays.

datures par pays dont un seul site culturel vise à faire pas- ser de plus en plus de sites naturels. Dans le monde, de moins en moins de pays n’ont pas de sites classés au patri- moine mondial. Ceux qui res- tent ne l’ont souvent pas demandé. C’est par exemple le cas de la Birmanie dont le patrimoine culturel lui per- mettrait de figurer sur la lis- te de l’Unesco mais qui n’a pas envie de voir une orga- nisation internationale s’im- miscer dans sa gestion de son patrimoine. L.P.B. : Quelles sont les chances de la candidature du réseau Vau- ban ? J.G. : Je ne peux pas me pro- noncer sur cette question. Mais parmi les sites français, le réseau Vauban est l’un des mieux placés. Il est un de ceux qui remplissent le mieux les critères. La France n’a

n’aurait pas été nécessaire actuellement pour être pré- senté devant l’Unesco. Cela l’aurait été il y a 20 ans. Mais maintenant, les critères ont évolué. L.P.B. : Combien y a-t-il de pro- jets français à l’étude ? J.G. : En tout, une trentaine de projets ont été inscrits à l’inventaire de l’Unesco - la première étape en vue d’une inscription au patrimoine mondial (le réseau Vauban fait partie de cette liste depuis le début d’année) - et sont donc des candidats potentiels. Seuls 40 projets aumaximum peuvent être inscrits chaque année par le comité de l’Unes- co. Cette année, le comité qui se réunit à Vilnius n’aura pas à faire de choix limitatif puisque le nombre de dos- siers de candidatures est infé- rieur à la limite fixée. la notion de patrimoine mon- dial est l’un des plus grands succès de l’Unesco pendant ces trente dernières années. Il faut que les critères soient de plus en plus exigeants. Dans son choix, l’Unesco met en avant la qualité technique des dossiers et les disposi- tions envisagées pour main- tenir le site dans l’état qui est le sien aumoment du clas- sement et qu’il ne perde pas sa valeur. Car il y a des sites qui par le passé se sont dégra- dés.Aucun n’a encore été reti- ré de la liste du patrimoine mondial mais des problèmes se posent. L’Unesco déclare alors le site en danger, par- ce que l’état n’a pas les moyens de s’occuper de sa préservation ou parce qu’une catastrophe naturelle ou un conflit l’en empêche. Parfois, le site est inscrit en danger en même temps qu’il est clas- sé. C’est ce qui s’est produit pour les temples d’Angkor, au Cambodge. Depuis, il a été retiré de la liste des sites en danger, grâce au travail effectué sur place. Mais c’est une façon de protéger le patri- moine. L.P.B. : Le patrimoine naturel a une place de plus importante… J.G. : Cela vient d’une pres- sion des pays qui ne possé- daient pas de grand patri- moine culturel mais avaient au contraire des espaces natu- rels intéressants de rééqui- librer la liste en faveur du patrimoine naturel. Et le but de la règle des deux candi- L.P.B. : Les critères sont de plus en plus stricts ? J.G. : Il est normal qu’ils le soient car

L.P.B. : Quel est votre rôle en tant qu’ambassadeur auprès de l’Unes- co dans le processus de sélection ? J.G. : Au niveau français, quand les dossiers se prépa- rent, mon rôle est de donner un avis en tenant compte de ce que l’on sait des sensibili- tés des membres du comité de l’Unesco. Dire que dans ce contexte spécifique, telle ou telle candidature me paraît plus appropriée que l’autre, car elle tient mieux compte de l’état d’esprit du comité. Ce comité est composé de 21 États, qui sont renouvelés tous les quatre ans. Pour le moment, la France n’y siège plus. Je fais aussi partie du comité national qui est char- gé de sélectionner le projet qui sera porté par la Fran- ce. Propos recueillis par S.D.

“Il faut que ce soit original.”

est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 5 bis, Grande Rue B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81

E-mail : publipresse@wanadoo.fr Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Thomas Comte, Solène Davesne,

Jean-François Hauser. Régie publicitaire : Besançon Médias Diffusion - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04

Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Juin 2006 Commission paritaire : 1102I80130

Crédits photos : La Presse Bisontine, Fabrice Barbier, Franch’Country Festival, Institut Ledoux, Mairie d’Ornans, Denis Maraux, Syndicat du Marais de Saône, Yves Petit.

ZAC CHATEAUFARINE BESANÇON Tél. 03 81 41 11 41 www.cuisinella.com - E-MAIL : cuisinella.besancon@fr.oleane.ccom

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

4

Accès à Châteaufarine : les commerçants font leurs propositions

L’actualité bouge, les dossiers évoluent.

La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une

D ans notre précédente édition, nous fai- sions le point sur les travaux prévus par la ville de Besançon pour désen- gorger l’accès à la zone commerciale deChâ- teaufarine où transitent chaque jour plus de 25 000 véhicules. L’idée principale est d’élar- gir la rue René Char, l’épine dorsale d’accès à la zone, et de réserver intégralement une voie aux bus. Un rond-point desservant la rue Du Bellay fait également partie de ce pro- gramme de travaux financés à près de 80% par les commerçants eux-mêmes. L’association des commerçants de Châ- teaufarine qui s’est réunie mi-juin n’a pas

René Char mais qu’ils desservent plutôt la zone par la rue André Breton, le secteur pavillonnaire. Nous proposons de réserver l’accès à cette rue aux bus, grâce à une bor- ne, ce qui limiterait aussi le passage intem- pestif des voitures à cet endroit. Consé- quence : cela éviterait ainsi de faire une quatre voies rue René Char et limiterait ainsi le coût des travaux qui, je le rappelle, sont payés en grande majorité par les commerçants eux- mêmes.” Les commerçants de Châteaufa- rine comptent solliciter les services tech- niques de lamairie pour une nouvelle réunion de concertation sur le sujet.

tout à fait la même lecture du projet que la mairie. Elle l’a fait savoir aux élus par une série de propositions qu’elle juge plus adap- tées à cette zone commerciale. Bernard Lhuillier, commerçant membre de l’associa- tion, résume la position générale : “Engager ces sommes importantes juste pour faire cir- culer des bus ne nous paraît pas judicieux. Notre idée première est d’améliorer les accès au parking car ce qui bloque la circulation avant tout, c’est la difficulté qu’ont les voi- tures de se croiser à l’entrée ou à la sortie des parkings. Deuxième chose, nous pro- posons que les bus n’empruntent plus la rue

de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Fin de trafic rue Battant

Besançon : deux hommes arrêtés pour proxénétisme

L a rue Battant va retrouver son calme. Il aura fallu trois mois d’enquête et dix-sept sur- veillances au total pour arriver à ce résultat. “Maintenant, le trafic de cannabis dans la rue Battant, c’est terminé” , clame fièrement Nicolas Jolibois, le directeur dépar- temental de la sûreté départe- mentale. Sept personnes, de 21 à 29 ans, ont été interpellées le 29mai dernier et placées en garde à vue, pour trafic de drogue. Depuis plu- sieurs mois, le réseau organisait “de façon ostensible” son trafic sous les porches de la rue Bat-

tant, entre les numéros 53 et 71. “Une sorte de supermarché de la résine de cannabis” , notent les enquêteurs de la sûreté départe- mentale qui exaspéraient les habi- tants de la rue. Car le trafic allait aussi de pair avec tapage noctur- ne. “Si à l’occasion des réunions de quartiers, les riverains ont sur- tout exprimé leur ras-le-bol, j’ai eu dumal à trouver des bonnes volon- tés pour trouver des lieux de sur- veillance, des témoignages” , remarque pourtant Nicolas Joli- bois. Sauf un, tous les individus interpellés habitaient le quartier

Battant. Lors de la perquisition, cinq kilos de résine de cannabis ont été retrouvés dans un local technique à proximité du domici- le de l’un d’entre eux. Et tous étaient connus des services de police, certains ayant déjà plusieurs dizaines de procédures à leur encontre. Présentés en comparu- tion immédiate pour six d’entre eux, ils ont finalement été renvoyés devant le tribunal correctionnel pour le 23 juin prochain. Trois, dont le casier judiciaire était le plus four- ni, ont entre-temps été placés en détention provisoire.

“I ls cohabitaient à l’hôtel avec les filles, les déposaient le soir sur leur lieude travail et allaient les rechercher” , détaillent les enquê- teurs bisontins. Début juin, deux hommes de 29 et 40 ans ont été interpellés àBesançon pour proxé- nétisme et une prostituée placée en garde à vue pour racolage. Rien à voir avec un réseau organisé. Deux des filles, toutes originaires de la communauté turcophone bul- gare, étaient les compagnes des hommes incriminés. Le plus âgé,

un charpentier originaire de Valda- hon, présenté par les enquêteurs comme un peu naïf, aurait été uti- lisé par l’une des jeunes femmes dont il était tombé amoureux et n’a retiré aucun bénéfice financier de l’activité de sa compagne. “Mais la loi prévoit différents cas de proxé- nétisme,notammentceluiquiconsis- te à aider et assister une prostituée” , notent les enquêteurs. Le second, originairedeBesançonet déjàconnu des services de police pour des affaires de mœurs a effectué plu-

sieurs virements internationaux vers laBulgarie depuis son compte ban- caire. Il est convoqué devant le tri- bunal correctionnel en septembre, tandis que son ami ne fait l’objet que d’une convocation devant le procureur. Quant aux filles qui se prostituaient sur le parkingBattant, deux d’entre elles dont la petite amie du Valdahonnais sont repar- ties vers laBulgarie. Pour les quatre autres qui avaient été interpellées, seule une a été renvoyée devant le tribunal pour racolage.

Bévalot-Phox : la photo est UNE PASSION PARTAGÉE Le magasin de la rue Moncey à Besançon est reconnu pour son professionnalis- me dans le domaine de la photographie grand public comme professionnelle.

B évalot-Phox est toujours à l’avant-garde de la photogra- phie. Qu’il s’agisse de la ven- te de matériel photographique ou de traitement de l’image, le maga- sin bisontin situé 4, rue Moncey est à la pointe de la technologie. Il n’y a pas donc de hasard dans la longévité de cette enseigne du centre-ville, mais au Phox, c’est un conseil adapté à toutes les demandes. Que l’on soit photo- graphe amateur, averti, ou profession- nel, Jean-Pierre Bévalot et ses huit col- laborateurs prennent le temps nécessaire pour vous accompagner dans votre démarche d’achat, ou vous conseiller, entre autres, sur des techniques de pri- se de vue. Par ailleurs, en adhérant au réseau Phox (500 points de vente en France), Bévalot peut proposer des prix attractifs sur l’ensemble des équipe- ments commercialisés (appareils, objec- P U B L I - R E P O R TA G E contraire une constance dans la culture de la per- formance et du respect du client. Car Bévalot-

nologies les plus pointues. “Sur deman- de, nous pouvons retoucher une ima- ge. Lorsqu’elle est très abîmée com- me une photo ancienne, qu’il manque des morceaux même, nous sommes en mesure de la reconstituer.” Par exemple, il est possible ici de faire des agran- dissements d’images en tout genre, de réaliser un portrait d’enfant qui sera ensuite encadré, de copier sur un C.D. les clichés d’un album photo, ou de transférer des films sur des D.V.D., tout cela dans le respect de la qualité. Béva- lot Phox est entré dans l’ère du numé- rique et utilise au maximum toutes les nouvelles technologies numériques sur place. Les délais sont donc très courts (15 mn, 1h ou 4 h), Les commandes peuvent être donc passées par Inter- net et réexpédiées. “Notre site Internet regroupe donc tous les services : prises de vues anciennes, portraits, travaux photos, locations…” poursuit Jean- Pierre Bévalot, un homme dont le coup d’œil est reconnu par l’ensemble de la profession.

tifs, vidéo, trépieds, etc.). Dans cemaga- sin, la photo est une passion partagée. Elle se décline sous toutes les formes d’approche de l’image. Aujourd’hui, c’est le numérique qui pré- domine sur ce marché. Bévalot-Phox a depuis longtemps pris le pas de cet- te nouvelle technologie ce qui lui per- met de répondre aux attentes des consommateurs les plus exigeants. Par exemple, le commerce de la rue Mon- cey est équipé de bornes informatiques simples d’utilisation et en libre-servi- ce, où chaque client peut venir char- ger ses photos numériques et choisir de les imprimer en un simple clic. Le traitement se fait enmoins de 15minutes ! “L’image est tirée sur un papier photo traditionnel pour en conserver toute la qualité” indique le gérant Jean-Pierre Bévalot. D’autres services sont proposés par cette entreprise qui fait appel aux tech- “Sur demande, nous pouvons retoucher une image.”

BÉVALOT PHOX - 4, rue Moncey - 25000 Besançon Tél. : 03 81 25 02 25 - fax : 03 81 25 02 26 E-mail : bevalot.phox@wanadoo.fr - Adresse site : www.bevalotphox.com

BESANÇON

5

G ESTION

En bref

Musée du Temps et Marché Beaux-Arts

La Chambre des Comptes épingle la ville

Glace Le Besançon Skating Club pré- pare la rentrée. Elle aura lieu le lundi 4 septembre 2006 avec la reprise des entraînements. Le B.S.C. propose une for- mation dans trois disciplines : patinage artistique, le curling La prochaine édition du salon littéraire “Les Mots Doubs” est programmée du 22 au 24 sep- tembre. Les actions “Deviens chroniqueur littéraire à la télé” et le Prix des collégiens du Doubs sont renouvelées. Pour former le jury composé de col- légiens, le Conseil général du Doubs lance un appel à can- didature destiné aux classes de 5 ème et 4 ème . Les collégiens intéressés doivent rédiger leurs motivations et leurs aptitudes spécifiques pour tenir le rôle de chroniqueur littéraire. Rens. au 03 81 25 81 25. Vacances Le guide des vacances d’été pour les enfants et adolescents de 3 à 18 ans vient de paraître. Il répertorie les animations pro- posées par la ville de Besan- çon. Gratuit, il est disponible à Besançon Informations (bâti- ment de la mairie). et le hockey sur glace. Rens. 03 81 41 37 17. Mots Doubs

La C.R.C. a passé au crible les comptes de la ville de Besançon. Elle émet des reproches sur la conduite de deux grands projets structurants pour le centre de Besançon.

L a Chambre Régionale des Comptes vient de rendre son rapport sur la gestion de la ville de Besançon. ’organisme de contrôle des col- lectivités s’est arrêté sur la période 1996-2004. L’examen portait sur cinq thèmes : la situation financière de la com- mune, la gestion des person- nels, la gestion des achats, l’opé-

changé en cours de route” avec toutes les conséquences que cela comporte. La ville aurait donc à suppor- ter des surcoûts qui sont le fait des divergences de points de vue entre les différents archi- tectes des monuments histo- riques plus soucieux à ce que l’on reconnaisse leur style dans la rénovation du Palais Gran- velle, que du respect du bud- get. Dans son rapport, la Chambre Régionale des Comptes critique d’ailleurs le monopole de cette profession dans ce genre d’opération. Concernant le projet Marché Beaux-Arts, le coût d’objectif était de 30,7 millions d’euros en 1997. Au final, le coût net évalué par la ville est de 34,5 millions d’euros. La Chambre va jusqu’à émettre des réserves sur la pertinence du choix de la brasserie. “Si la ville reconnaît les difficultés de commercialisation” désormais passées puisque le restaurant aura bientôt un locataire, la C.R.C. conteste l’absence d’ana- lyse économique en amont. Jean-Louis Fousseret, le mai- re de Besançon justifie l’addi-

ces projets. Elle note que la rénovation du Palais Granvelle est passée d’un coût d’objectif évalué à 6,4 millions d’euros T.T.C. en 1995 à 10,6 millions d’euros T.T.C. La Chambre parle de “difficultés de gestion du pro- jet.” Michel Roignot, adjoint chargé du patrimoine, nuance ce commentaire en dénonçant

l’intervention suc- cessive de plusieurs maîtres d’œuvre, imposée réglemen- tairement sur ce chantier. “Il y a eu quatre architectes en chef des monu-

ration Musée du Temps, et l’opéra- tion Marché Beaux-Arts. Sur les trois premiers dossiers, la C.R.C. ne relève pas de dysfonctionne-

“L’histoire va retenir que ces projets sont un succès.”

L’opération Musée du Temps a fait les frais de l’intervention successive de quatre architectes des monuments historiques.

des chantiers publics. “Mais ce que l’histoire va rete- nir, c’est que ces deux projets, le Musée du Temps et l’opéra- tion Marché Beaux-Arts, sont des succès” conclut Jean-Louis Fousseret. La réussite n’excuse pas pour autant que l’on puisse tolérer la dérive des dépenses dans des investissements aussi enri- chissants soient-ils pour la vie bisontine. T.C.

tion. “Il y a eu la contrainte des fouilles, des partenaires ont été défaillants, et quelques conten- tieux. À tout cela est venue se greffer l’évolution de l’indice de construction” , et voilà comment un prix initial dérive au gré des soubresauts de la réalisa- tion du projet. Que l’on veuille s’en offusquer ou non, ce genre de situation n’a toutefois rien d’étonnant et n’est surtout pas propre à Besançon. Le surcoût est, qu’on en pense, le lot de la plupart

ments majeurs. À propos de la situation financière, elle conclut par exemple que “l’ensemble des indicateurs financiers pré- sente globalement de bons résul- tats. Pour le budget principal comme pour les budgets annexes.” En revanche, la Chambre émet davantage de réserves sur les deux grands chantiers cultu- rels de la ville que sont leMusée du Temps et Marché Beaux- Arts. Dans ces deux cas, elle pointe du doigt les surcoûts de

ments historiques. Ce sont des gens qui nous sont imposés. Chacun d’entre eux a voulu apporter sa patte au projet qui de facto , a été modifié. À chaque fois, nous avons perdu du temps. Cette opération ne consistait pas seulement à rénover le bâti- ment, mais bien à y aménager un musée. L’architecte en char- ge de la muséographie a dû s’adapter à ces différentes évo- lutions. À chaque fois cela s’est accompagné de pertes de temps. Le projet a considérablement Sainte-Ursule Les écoles, collèges et lycées Sainte-Ursule fêtent cette année les 400 ans de leur fondation. À cette occasion, un arbre de la paix a été planté le 16 juin dernier au 33, rue Brulard. Musique “Un air de famille”, c’est le thè- me du 59 ème festival de musique de Besançon-Franche-Com- té. Renseignements au 03 81 25 05 85. Espéranto Apprenez l’espéranto, langue internationale reconnue par l’Unesco. À Besançon, c’est Renée Correy qui le propose. Renseignements au 03 81 88 13 41. Bâtiment La confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (C.A.P.E.B. Franche- Comté) vient de nommer à sa présidence Joël Bullier, des constructions Biller (Jura). Passeports Il est vivement conseillé en ce moment de prendre toutes dis- positions pour solliciter unmois avant un départ en vacances prévu la délivrance d’une car- te d’identité ou d’un passe- port. Le délai est actuellement de trois semaines. En bref

T ROIS QUESTIONS À … Claude Mounié La menuiserie bisontine Mounié fête son centenaire À la tête de l’entreprise familiale, Claude est le troisième représentant des Mounié. Lamenuiserie du chemin de Vieilley comp- te 35 salariés pour un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros hors taxes.

C HAMBRE RÉGIONALE DES COMPTES Entre 2001 et 2004 Le musée de Nancray également passé à la moulinette Dans la foulée de ses rapports sur la gestion de la ville de Besançon et de l’A.D.E.D., la juridiction régionale a également adressé ses obser- vations au musée des maisons comtoises de Nancray. Extraits.

D écidément, les magis- trats de la chambre régio- nale des comptes sont en forme. Cette fois-ci, c’est la gestion du syndicatmix- te du musée de plein air des maisons comtoises de Nancray qui est passée au crible. Chose plutôt rare, c’est la présidente du syndicat elle-même - qui n’est autre que Paulette Guin- chard-Kunstler -, élus à ce pos- te en avril 2004, qui a deman- dé à la chambre des comptes de se pencher sur la gestion du musée “suite aux difficultés après sa prise de fonction.” Concernant la gestion cultu- relle et scientifique du musée, les magistrats de la chambre estiment que celui-ci “n’est tou- jours pas finalisé en 2005 et que cette absence d’objectif reconnu et avalisé en interne entraîne fatalement des dysfonctionne- ments dans la gestion quoti- dienne et ne permet pas d’éla- borer sereinement et avec efficience un projet d’avenir.” Plus grave, la chambre pointe du doigt “une instabilité chro- nique des équipes de direction.” Pas moins de sept directeurs se sont succédé entre 1997

L a Presse Bisontine : Sur quel cré- neau se positionne l’entreprise Mounié ? Claude Mounié : À sa création, la menuiserie couvrait toute la chaîne du bois, de la pre- mière transformation à la par- queterie. Depuis une vingtai- ne d’années, nous nous sommes orientés vers la

L.P.B. : Comment évolue votre métier ? C.M. : En menuiserie, beau- coup d’entreprises ont dispa- ru. Avant, une entreprise était jugée uniquement sur son savoir-faire technique. Aujour- d’hui, les marchés publics demandent des compétences en matière d’encadrement, les

entreprises ont besoin de per- sonnes sorties de formations supé- rieures. Nous souhaitons rester des généralistes, mais la gestion des chantiers,

menuiserie indus- trialisée et l’agen- cement. L.P.B. : Qui sont vos principaux clients ? C.M. : L’État et les collectivités locales. Parmi nos réfé-

Remettre de l’ordre au musée de Nancray.

“Un stock de 900 m3 dans 20 essences de bois.”

La gestion comptable dumusée enfin, n’aurait pas été des plus rigoureuses entre 2001 et 2004. La chambre observe notamment “le manque de rigueur” et “le caractère illégal dumaniement des fonds par des personnes non autorisées.” Les différentes visites effectuées sur le site par les magistrats de la chambre “ont permis de constater une désorganisation administrati- ve certaine.” Le constat est sévère pour un établissement public qui a tou- jours l’ambition de devenir un des principaux sites touristiques de Franche-Comté.

et 2005 ! Toujours sur le plan du personnel, le musée s’est vu reprocher une trop grande “dis- parité du statut du personnel” , avec 8 titulaires, 5 contractuels dont le directeur, deux “contrats Chevènement”, C.D.D. renou- velés sans interruption depuis 1997, deux agents en C.D.D. d’un an et trois emplois aidés en C.E.C. Pas de quoi “facili- ter le management du person- nel” selon la chambre. Les juges mettent aussi l’accent sur “la gestion des entrées gratuites au musée et leur inflation très consé- quente en 2003 et 2004.” Elle n’aurait “jamais été maîtrisée par le comité syndical.”

l’anticipation, le relationnel, tout cela a désormais autant d’importance que la technici- té. N’ayant que deux filles qui ne reprendront pas l’entre- prise, sa pérennité se fera d’ailleurs à travers son enca- drement actuel. Aussi, notre particularité tient au fait que nous avons un gros stock de bois, 900 m3 dans 20 essences de bois différentes.

rences à Besançon, il y a le Palais des Sports pour lequel nous avons réalisé des portes, châssis, cloisons, banques d’ac- cueil, etc. Il y a également eu la tour du palais Granvelle, le Palais de Justice, l’hôtel des impôts, la rénovation du théâtre il y a quelques années… Puis nombre de col- lèges, de lycées et d’hôpitaux dans le département ou la région.

6 L’ÉVÉNEMENT ’

Faut-il avoir peur de L’INCINÉRATEUR ?

L’incinérateur de déchets de Besançon est aux normes. Les fumées sont traitées. Et pour- tant, le professeur Jean-François Viel, méde- cin épidémiologiste du C.H.U. vient de rendre deux études successives dont une indique qu’il y a un risque 2,5 fois supérieur de déve- lopper un cancer (lymphomemalin non hodg- kinien) pour les populations qui vivent au Nord-Est de l’incinérateur, dans la zone de dispersion des fumées de l’installation. La seconde, présentée début juin, pointe du doigt un taux anormalement élevé de dioxi- ne (43 picogrammes) dans des œufs de pou- le prélevés sur cette même zone (à partir de 50 pg certains spécialistes estiment qu’il y a un risque pour la santé). Et pourtant, l’inci- nérateur est aux normes. Mais la durée de vie de la dioxine est telle que l’on paie (et pour longtemps encore) les émissions du passé. Malgré les résultats de ses travaux, le professeur Viel estime ne pas être en mesu- re aujourd’hui de démontrer que les dioxines issues de l’incinérateur sont responsables de ces cancers. Il a toutefois interpellé les ser- vices sanitaires de l’État qui vont lancer une vaste enquête sur une zone plus élargie autour de l’usine pour dresser ainsi un état des lieux de la situation. De son côté, le syndicat de traitement des déchets qui gère l’usine s’in- terroge sur la pertinence de remplacer un des deux fours qui arrivera en fin de course en 2009.

S ANTÉ Incinérateur et cancer Le lien n’est toujours pas formellement établi

L’incinérateur de Planoise en chiffres E n 2005, 53 770 tonnes d’ordures ménagères ont été incinérées à Besançon dans les deux fours que compte l’installation. Ces détritus pro- viennent de 220 000 habitants répartis dans 198 communes. Le volume inci- néré tend à baisser selon le Sybert (syn- dicat de Besançon et sa Région pour le traitement des déchets), puisqu’il était de 54 486 tonnes en 2004. Ce recul s’ex- plique par le passage au tri sélectif des derniers quartiers de Besançon. Mais cet- te chute est à minimiser depuis 2005, car l’usine de Besançon assure désormais l’incinération des ordures ménagères du Val Saint-Vitois (1 600 tonnes). Les fumées de l’incinérateur sont traitées. Des réac- tifs sont introduits pour piéger les pol- luants. Les 1 900 tonnes de résidus d’épu- ration des fumées sont enfouies au centre de Vaivre (Haute-Saône). Parmi les sous- produits de l’incinération, il y a les métaux ferreux qui passent de 2 133 tonnes en 2004 à 1 856 tonnes en 2005, et lesmétaux non ferreux qui représentent 80 tonnes (le chiffre est stable). Ces deux types dematé- riaux sont recyclés. Enfin, les mâchefers qui représentent 10 057 tonnes en 2004 contre 9 801 tonnes en 2005, dont une partie est valorisée en sous-couche rou- tière et le reste est enfoui à la décharge de Corcelles-Ferrières. Le coût actuel d’in- cinération des déchets est de 73 euros hors taxe la tonne, il passera à 75 euros en 2006.

Le professeur Viel et son équipe viennent de rendre les derniers résultats de leurs investigations sur l’hy- pothèse d’une influence de l’incinérateur de Besan- çon sur l’apparition de certains cancers.

en février dernier. Ils se sont mis en quête de personnes qui élevaient des poules dans des quartiers ciblés situés dans le panache de fumée de l’usine. “J’avais l’argent pour réaliser 11 pré- lèvements. Nous avons trouvé trois familles” dit-il. Les analyses des œufs ont dévoilé un taux anormal de dioxi- ne de “43 picogrammes, soit 14 fois plus que la normale. Je ne m’atten- dais pas à de tels résultats. Je ne peux pas affirmer pour autant que la sour- ce de contamination est l’incinérateur, car les poules sont soumises à plu- sieurs voies d’exposition.” L’usine reste cependant l’hypothèse la plus vraisemblable. L’expérience desœufs amontré qu’ils faisaient par- tie des facteurs qui participent à la surexposition, mais cela n’explique toujours pas l’incidence accrue sur le développement du cancer. “Il nous reste donc une chose à terminer et nous aurons fait le tour de cette question à Besançon. Nous devons finir une enquê- te qui porte sur 40 personnes atteintes d’un lymphome et 40 personnes non malades. Nous allons analyser leur sang, dans lequel se concentre la dioxi- ne pendant 8 ans. Nous verrons bien dans le temps si les gens atteints d’un cancer ont un taux plus élevé de dioxi- ne que les autres.” Avec cette dernière étape, le profes- seur Viel et son équipe apporteront peut-être la preuve qu’il y a bien un lien entre le risque accru de dévelop- per un lymphome et le fait de vivre au pied d’un équipement comme l’in- cinérateur. T.C.

Mais cette étape est une des plus dif- ficiles. On connaît la nocivité de la dioxine et sa durée de vie (de 25 à 100 ans). Une longévité qui confirme que si l’incinérateur deBesançonest aujour- d’hui aux normes et rejette des par- ticules dans des quantités extrême- ment faibles, “cela n’empêche pas que l’on paie encore les expositions du pas- sé.” Nous les paierons encore long- temps. Les dioxines se concentrent dans les graisses (viande, lait, œuf, volaille, fruits demer). L’alimentation est donc la principale voie d’expositionde l’hom- me à ces particules. Le chercheur bisontin et son équipe explorent cet- te piste. Le problème est que les témoins qui habitent dans la zone à risque ne vivent pas en parfaite auto- nomie. Ils n’élèvent pas de vaches, ni de poules, ni ne cultivent de jardin. Or, l’ingestion de ces produits soumis aux effets de l’incinérateur aurait per- mis de confirmer la source des dioxines, d’étudier leur transfert à l’organisme et de mettre en évidence une surex- position dans le périmètre de l’usine de traitement des déchets. Mais com- me nous tous, les habitants de ces quartiers de Besançon achètent leur lait en supermarché, tout comme leur viande et leurs légumes. Ces habitudes de consommation brouillent cette piste et la voie d’une contamination par voie aérienne inté- ressante pourtant, est techniquement inexploitable. Jean-François Viel et ses collaborateurs se sont malgré tout lancés dans l’étude de l’alimentation

J e ne suis pas capable de démon- trer aujourd’hui que les rejets de l’usine d’incinération de déchets de Besançon sont la cause à la sur- venue de lymphomesmalins nonhodg- kiniens” avoue avec prudence le pro- fesseur Jean-François Viel. Pourtant, les résultats de l’étude qu’il a menée avec son équipe, publiés récemment dans la revue de référence mondiale “Environnemental Science and Tech- nologie” confortent l’hypothèse d’une association entre l’exposition envi- ronnementale à la dioxine et l’appa- rition de lamaladie. Il y a 2,5 fois plus de risques de développer ce type de cancer “qui fait partie de ceux dont on connaît le moins de choses” lorsque l’on vit dans le périmètre le plus expo- sé aux rejets de dioxines de l’inciné- rateur. Cette étude valide une zone rouge de 3 km environ, qui se situe au Nord- Est de l’usine (la Bouloie, Les Tille- royes). Le risque s’estompe au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’ins- tallation. En revanche, l’enquête est plus réservée sur une zone située au Sud-Est de l’incinérateur (Château- farine,Avanne). “C’est beaucoup plus confus pour une raison simple liée à la topographie de ce secteur qui est

plus complexe et qui rend difficile la modélisation” dit-il. Le second volet de ses recherchesmet en évidence la nature des dioxines. Jusqu’à présent, les détracteurs du professeur Viel, pourminimiser la fia- bilité de ses travaux, lui objectaient qu’il existeplusieurs sources dedioxines comme la circulation automobile, et qu’il est donc inexact d’accuser de tous les maux l’incinérateur. Les analyses montrent le contraire. “Il y a des centaines de dioxines dif- férentes, c’est vrai. Elles sont réperto- riées suivant 17 formes chimiques dis- tinctes. Chacune d’elle a un profil spécifique. Nous sommes capables, en fonction du modèle analysé, de déter- miner sa source d’émission. Les 75 points de contrôle - 700 euros l’ana- lyse, financés par le ministère de la Santé - que nous avons analysés autour de l’usine ont tous la même signatu- re. Il n’y a donc qu’une seule source possible : l’incinérateur” affirme Jean- François Viel. Les suspicions sont donc fortes entre les rejets de cet équipement et l’ap- parition de lymphomes, mais le lien de cause à effet n’est pas encore éta- bli. C’est ce que tente de démontrer le chercheur.

7 L’ÉVÉNEMENT

Anticiper l’arrêt d’un four, et après ? D’ici la fin de l’année, le syndicat de Besançon et sa Région pour le traite- ment des déchets doit prévoir la succession d’un des deux fours de l’usine d’incinération. Le débat est ouvert entre nouveau four ou méthanisation.

R ÉACTION

Une enquête est prévue Les services sanitaires de l’État

récupèrent le dossier Suite au taux anormalement élevé de dioxine trouvé dans les œufs, les services de l’État poursuivent à leur tour les analyses engagées par le professeur Viel.

L e Sybert est à un tournant dans le mode de traitement des déchets. Un des deux fours (le numéro 3) de l’usine d’incinération deBesançonarrivera enbout de cour- se en 2009. La question se pose au syndicat de Besançon et sa région de remplacer ce four ou d’envisager d’autres alternatives à l’incinération. Pour cheminer dans cette réflexion, une étude confiée au Cabinet Triva- lor a permis de déterminer des manières différentes d’appréhender le traitement des orduresménagères. Sept scénarios ont été élaborés. Il semble que la priorité soit donnée à la valorisationdes déchets organiques plutôt que de les brûler. Trois hypo- thèses vont dans ce sens. Aujour- d’hui, 30%de cesmatières sont valo- risées, leSybert se fixecommeobjectif d’atteindre les 50 %. Pour y parve- nir, plusieurs pistes sont possibles dont une incitation massive au com- postage individuel. Pour le traitement des déchets rési- duels cette fois, quatre scénarios sont exposés : la construction d’un nou- veau four à Besançon ou à Tavaux dans le cadre d’un projet global qui pourrait concerner la Bourgogne et laFranche-Comté. Lesdeuxdernières hypothèses prévoient la méthanisa- tion des déchets résiduels en tout ou partie. La méthanisation est un pro-

cédé de dégradation de la matière organique par une flore microbiolo- gique en absence d’oxygène. Ce der- nier scénario impliquerait de déter- miner un nouveau site de deux hectares pour accueillir et traiter ces détritus. Selon nos sources, si cette possibilitéest retenue, le lieudemétha- nisation se trouverait entre Besançon et Corcelles-Ferrières. Les élus du Sybert auront à se pro- noncer sur l’un des sept scénarios après une phase de concertation d’ici la fin de l’année. Éric Alauzet, le lea- der des Verts, souhaite que le syndi- cat saisisse l’opportunité qui lui est donnée pour trouver une alternative à l’incinération. “Quand il existe un procédé comme laméthanisationque je défends depuis longtemps, je ne vois pas pourquoi nous ne nous enga- gerions pas dans cette voie. D’au- tant que l’on peut exploiter le bio gaz qui est produit par cette méthode.” Ce que redoute Éric Alauzet, c’est que les élus du Sybert “par facilité, choisissent de remplacer un four par un autre” ce qui reviendrait à ignorer le débat actuel autour de l’incinéra- tion et ses conséquences à long ter- me dont on ne connaît rien. Pour les défenseurs de l’environnement, ce procédé a vécu, il est temps de se donner les moyens de tourner la page.

familles où le chercheur bisontin a trou- vé des taux de dioxine important dans les œufs afin qu’elles évitent d’en consommer. Toutefois, l’heure n’est pas à l’inquiétude pour plusieurs raisons dont une en particulier. Avant d’ana- lyser les œufs, Jean-François Viel a étudié des poireaux, “des légumes qui peuvent recueillir les retombées atmo- sphériques. Les résultats étaient nor- maux” reconnaît-il. C’est la preuve que les données du problème méritent d’être remises à plat pour éviter de tirer des conclusions trop hâtives. Sans sombrer dans le catastrophisme, ce taux de 43 picogrammes interpelle. En 2001, à Gilly-sur-Isère (Savoie) lors de la fermeture de l’incinérateur qui dysfonctionnait, “nous avons relevé des taux qui ont atteint jusqu’à 70 pico- grammes (N.D.L.R. : la norme est à 3 picogrammes)” explique la direction des services vétérinaires de ce dépar- tement. Plus de 400 exploitations qui se trouvaient dans le périmètre de l’ins- tallation ont été placées sous contrôle. 7 000 bêtes ont été abattues et les fro- mages détruits. La crise aura duré 8 mois et coûté 15 millions d’euros. Un procès est en cours. En marge de l’af- faire, des études sont menées sur les populations locales qui ont consommé des produits sur cette zone afin de déter- miner si cet événement s’accompagne de conséquences à long terme sur l’or- ganisme humain. T.C.

L orsque les analyses ont démontré que le taux de dioxine présent dans les œufs était anormalement élevé (43 picogrammes), Jean- François Viel a alerté les autorités sani- taires pour leur transmettre les résul- tats de ses investigations. Le travail du professeur s’arrête là. “La recherche et la gestion du risque ne font plus par- tie de mon métier. C’est aux autorités compétentes de s’en charger” explique- t-il. Le 20 juin, tous les services de l’É- tat étaient réunis, dont la direction régionale des services sanitaires (D.R.A.S.S.) et la direction des services vétérinaires (D.S.V.), pour mettre en place un protocole de recherche. “L’objectif de cette mission est de véri- fier les résultats transmis par Jean- François Viel et d’élargir la zone de contrôle afin d’observer si des teneurs en dioxine sont identiques ou différentes d’un secteur à l’autre” explique un des membres du groupe de travail mobili- sé sur cette question. Toutes les personnes recensées qui auraient à leur domicile une basse-cour

et qui se trouvent sous le panache de fumée de l’incinérateur devraient donc intégrer à cette enquête qui “va débu- ter rapidement.” Le recensement de ces élevages est pratiquement bouclé, puisque “dans le cadre des mesures de confinement prises lors de la grippe aviaire, la ville de Besançon sait qui sont les particuliers qui ont un éleva- ge.” Les maires des communes de proches périphéries de Besançon devraient être également associés à ce projet. À la campagne de prélèvement succéderont les analyses. Les premiers résultats de cette investigation devraient être rendus “à l’automne” estiment les services de l’État. Il s’agit de démonter cette fois quelle est la source de contamination qui puis- se engendrer de tels taux. Elles peu- vent être très diverses et parfois très localisées puisque les habitudes d’un particulier peuvent véhiculer des dioxines (faire du feu à l’extérieur par exemple). En attendant, les services de l’État ont adressé un message de prévention aux

R ÉACTION

Une campagne de surveillance Jean-Pierre Martin : “On ne peut pas tout mettre sur le dos de l’incinérateur”

Le président du syndicat mixte de Besançon et de sa région pour le traitement des déchets réagit sui- te à la publication des études du professeur Viel.

sur la santé humaine n’ont nulle part été démontrés. Au Sybert, nous pre- nons nos responsabilités. Nous ne voulons pas faire peur aux gens inuti- lement. Je n’ai pas d’état d’âme par rapport à ceux qui sont contre l’inci- nération. Je suis pour le traitement des déchets, le respect de l’environ- nement et de la santé humaine, et la maîtrise du prix de traitement. Propos recueillis par T.C.

cinération. (N.D.L.R. : d’après l’étu- de du professeur Viel, les dioxines analysées dans la côte de Morre auraient la même signature que cel- le de l’incinérateur). L.P.B. : Vous écartez tout principe de pré- caution ? J.-P.M. : Le principe de précaution est de faire fonctionner dans lesmeilleures conditions l’incinérateur. Nous avons mis en place un plan de surveillan- ce. Et je vous rappelle que les effets

sence d’autres sources de production de dioxine et pas uniquement de l’in- cinérateur. Il y a par exemple la chauf- ferie urbaine, ou encore le crémato- rium qui ne traite pas ses fumées. On ne peut pas tout mettre sur le dos de l’incinérateur. Nous savons aussi que le trafic routier est générateur de dioxines, car nous sommes allés effectuer des mesures dans la côte de Morre où nous avons relevé des taux supérieurs à ceux que l’on trouve dans le panache de fumée de l’usine d’in-

L a Presse Bisontine : Dans un récent rapport, le Sybert relativise les études menées par le professeur Viel, en s’appuyant sur l’avis du Comité de la Prévention et de la Précaution. Qu’elle est votre position sur ce dossier ? Jean-Pierre Martin : Nous avons mis en

place une campagne de mesures dans le cadre de notre plan de surveillan- ce, qui montre que dans le panache de fumée de l’incinérateur, on note la présence de dioxines. Mais on constate qu’il y a des variations dans les résultats qui sont liées à la pré-

Barthod Le Vin, Le Restaurant, Le Magasin de produits régionaux, ses foies gras et ses paniers garnis

Rue Bersot - BESANÇON 03 81 82 27 14

BESANÇON

8

P OLITIQUE

N OUVELLES TECHNOLOGIES

Tentative d’accord

Vidéo intelligente

Une caméra intelligente pour les entreprises Créée il y a un an, la société bisontine Jet1œil développe depuis un cré- neau innovant : la caméra intelligente qui permet de surveiller à distance.

Les Verts font des appels du pied aux socialistes Au niveau national, les écologistes voudraient que le P.S. leur laisse trente circonscriptions. Et la 1 ère circonscription du Doubs en fait partie.

C ertes, officiellement lebut n’était pas politique et visait juste à “rendre compte à nos électeurs de notre action au sein de la municipalité, comme nous nous y étions engagés vis-à-vis de nos électeurs” , affir- meÉricAlauzet.Mais à un andes légis- latives, le bilan recto verso diffusé à 60 000 exemplaires dans les boîtes à

“L e problème avec les nou- velles technologies, c’est qu’il faut faire connaître l’idée. On a passé six pre- miers mois difficiles, les six mois sui- vants, on s’est développé et mainte- nant, on prend toute notre dimension. Au début, on avait l’impression de parler chinois” , s’amuse Sébastien Masure. Son domaine d’activité, c’est vrai, est innovant. Avec ses deux associés, l’homme a créé sa société Jet1œil, qui vend, entre autres, des caméras intelligentes. Une technologie suédoise développée depuis dix ans et qui permet de cou- pler une caméra à un ordinateur. La caméra peut ainsi être commandée depuis l’extérieur - via Internet - ou envoyer des messages et des S.M.S. à un signal. “La caméra devient autre chose qu’un outil de surveillance. Un P.D.G. peut ainsi présenter ses chaînes de production à distance à ses clients et n’a plus besoin de se déplacer si l’alarme sonne la nuit. Il lui suffit de vérifier via la caméra que rien n’est anormal. Une pharmacienne a aus- si fait installer le système à la porte

Pour les législatives de 2007, le parti écologistequi aimerait obtenir sonpropre groupe parlementaire - c’est-à-dire 30 députés - multiplie les appels du pied vis-à-vis du P.S. pour que celui-ci lui laisse des circonscriptions gagnables au niveau national. La première cir- conscription bisontine en fait partie. “C’est très ouvert. On n’a pas d’ a priori

lettres bisontines res- semble fort à un lance- ment de campagne. D’ailleurs reconnaît le chef de file des Verts bisontins, “si on a diffu- sé notre bilande cinqans d’action à la mairie

sur les prochaines élec- tions” , admet Éric Alau- zet qui s’est déjà déclaré candidat pour les Verts en mai et souhaiterait voir les socialistes sedésis- ter en sa faveur. La multiplicité des can-

“Si le maire s’était présenté, cela aurait posé un vrai problème.”

Avec deux associés, Sébastien Masure a créé la société Jet1œil qui propose entre autres des caméras intelligentes.

milliards d’euros. La caméra I.P. repré- sente actuellement 10 % du marché, la traditionnelle truste le reste. Dans les années qui viennent, la propor- tiondevrait s’inverser” , souritM.Masu- re. Pour gagner en envergure, l’entre- prise, qui propose aussi des visites virtuelles via Internet (notamment pour les agences immobilières), pour- rait d’ailleurs effectuer prochaine- ment une levée de fonds et se trans- former en société anonyme. S.D.

de sa pharmacie. Quand elle est de garde, elle peut voir les clients qui se présentent et leur demander ce qu’ils veulent avant de se rendre sur pla- ce” , détaille Sébastien Masure, qui entend développer son activité en direction des sociétés, des pharma- cies ou des sociétés spécialisées dans la réduction des coûts. Créée il y a un an, la société vise une croissance exponentielle dans les années à venir. “On sait que le mar- ché de la vidéo représente plusieurs

didatures au parti socialiste pour la 1 ère circonscriptionpourrait en tout cas jouer pour un accord avec les écologistes. “Si lemaire s’était présenté, cela aurait posé un vrai problème.Mais là, comme aucu- ne figure charismatique ne se dégage, Éric Alauzet se trouve aumême niveau que les autres. Cela pourrait même être bien vu par le P.S. d’opter pour un can- didat vert, en cas de débats internes” , note un militant écologiste. S.D.

maintenant, c’est parce que la loi élec- torale ne nous permettait plus de le fai- re après le 31mai.” Entre autresmotifs de satisfaction pour les écologistes, les 360 m 2 de capteurs solaires qui ali- mentent les véhicules électriques de la ville, les cyberbases dans les quartiers ou les 60 % de pistes cyclables supplé- mentaires. “Avec le P.S., le début de mandature a été difficile. Il reste des convergences mais les points de vue se rapprochent” , note Éric Alauzet.

Made with FlippingBook Annual report