La Presse Bisontine 68 - Juillet-Août 2006

L’ÉCONOMI E

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A RTISANAT

La Chambre de métiers en mutation Christian Jacquet : “Nous devons moderniser notre image”

Le président de la Chambre de métiers et le vice-président Robert Gazziero fixent le cap à tenir pour adapter cet organis- me aux besoins des entreprises.

Christian Jacquet et Robert Gazziero, le président et

le vice-président de la Chambre de métiers et de l’artisanat.

L a Presse Bisontine : L’artisa- nat souffre d’un déficit d’ima- ge actuellement auprès des jeunes qui ont du mal à s’en- gager dans ces filières. Qu’en est-il dans le Doubs ? Christian Jacquet : Aussi para- doxal que cela puisse paraître, si l’on s’en réfère à ce que l’on voit, le nombre de personnes qui s’inscrivent au stage de for- mation pour créer leur entre- prise artisanale est en aug- mentation de 20 %. Il y a toujours plus de créations que de radiations. En 2001, nous enregistrions 6 340 artisans, ils sont 6 740 aujourd’hui dans le département. L.P.B. : Le manque de main d’œuvre reste cependant un problème majeur des entreprises artisanales. Selon la C.A.P.E.B., entre 50 000 et 60 000 postes sont à pouvoir dans les métiers du bâtiment en France ? Robert Gazziero : Les différents métiers manquent de main d’œuvre. C’est vrai. Mais on fait actuellement de gros efforts pour intéresser les jeunes à ces professions à travers des opé- rations comme CinéMétier, qui permettent de montrer à ce public que l’on peut s’épanouir

et gagner sa vie dans une pro- fession artisanale. C’est dans cet esprit-là qu’il faut avancer. Je crois que le pire est derriè- re nous. L.P.B : L’artisanat sort de la crise ? R.G. : Ce n’est pas une crise puis- qu’il y a un véritable potentiel d’emplois à pourvoir. Il faut simplement être plus cohérent dans le discours. Nous parve- nons petit à petit à montrer aux jeunes qu’il y a dans l’ar- tisanat des professions nobles et intéressantes. Résultat, les candidats à ces métiers n’y entrent plus par défaut. L.P.B : Que pensez-vous du retour de l’apprentissage à 14 ans ? C.J. : On ne peut pas dire à un jeune d’entrer en apprentissa- ge à 14 ans sans qu’il sache dans quelle voie il s’engage. Ce que l’on souhaite, c’est qu’une année de transition existe entre l’école et l’apprentissage. Pen- dant cette période, l’élève aurait le temps d’aller dans différentes entreprises artisanales pour comprendre la réalité d’un métier avant de s’y engager.

difficulté des artisans à transmettre leur entreprise. Quelle est votre ana- lyse ? C.J. : Dans les dix ans à venir, 30 % des entreprises artisa- nales seront à transmettre. On remarque que l’artisan qui a su s’adapter aux techniques, qui a su investir pour se mettre aux normes par exemple, n’au- ra pas de difficultés à trans- mettre sa société. Par contre, celui qui n’a pas évolué aura les plus grandes difficultés. La transmission d’une entreprise se prépare sur cinq ans. L.P.B. : Quel est le rôle de la Chambre de métiers sur ces grands dossiers d’actualité ? C.J. : La Chambre de métiers a des collaborateurs sur le ter- rain qui suivent et accompa- gnent les artisans dans la trans- mission d’entreprise. Actuellement dans le Doubs, nous sommes à l’équilibre. Il y a 300 cédants pour 300 repre- neurs. L.P.B. : Quel discours tenez-vous face aux porteurs de projets de création ? R.G. : Il y a une recrudescence du nombre de projets. Mais ces projets d’entreprise sont aus-

appartient à la ville de Besan- çon de nous faire une proposi- tion acceptable sur le prix de vente. Propos recueillis par T.C. Repères La chambre de métiers et de l’artisanat du Doubs compte 36 élus dont 12 sont membres du bureau. Élus pour cinq ans, ils sont issus de trois sec- teurs : bâtiment, métiers de bouche et métiers de servi- ce. C’est un organisme sous la tutelle de l’État. Son rôle est de mettre en place les outils pour défendre l’artisa- nat. 35 salariés s’emploient à cette tâche à Besançon.

cités et de l’autre, il y en a qui ne réussissent pas. C’est la preuve qu’il faut être gestion- naire en plus d’être technicien. Il faut la tête et les bras. L.P.B : Le déménagement du centre- ville vers de nouveaux locaux est la pierre d’achoppement de la nouvelle image que vous voulez donner à la Chambre ? C.J. : C’est clair que des nou- veaux locaux nous permet- traient de casser cette image de vieille administration. Si on concrétise un projet, il se fera dans ce mandat. Il faut que dans quatre ans nous ayons déménagé. Un terrain “Porte de Vesoul” nous intéresse. Il

si plus risqués. On se deman- de finalement si les porteurs de projet sont vraiment moti- vés. Nous avons surtout l’im- pression qu’ils décident de créer leur société pour créer leur emploi sans savoir vraiment où ils vont. C’est notre rôle que de les mettre en garde sur les risques et de vérifier que leur projet correspond à la réalité d’un marché. On le fait lors d’un stage de cinq jours qui pré- cède l’immatriculation de l’en- treprise. Sur dix sociétés créées en moyenne, quatre environ déposent le bilan chaque année. Ce qui est paradoxal, car d’un côté, on constate que les arti- sans sont extrêmement solli-

L.P.B. : On parle aujourd’hui de la

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