La Presse Bisontine 68 - Juillet-Août 2006

L a Presse Bisontine : Pourquoi avoir écrit ce livre ? Jacques Pautard : C’est le dra- me de ma vie que je racon- te. Je suis le fils d’un noir, soldat de la première armée française qui a libéré la Fran- ce, né en Haute-Saône. Je suis Français et pourtant ce serait un mensonge de dire que je ne suis que cela. Il y a des écrivains noirs qui écri- vent, mais c’est souvent sur la nostalgie des Antilles ou de l’Afrique. C’est très diffi- cile d’écrire sur son identité française locale, très Fran- ce profonde même, pour dire son expérience d’homme noir. C’est dire une contradiction. Dans une chanson, Noah chante le bonheur du métis- sage, mais c’est pour le show- biz . Métis, c’est un déchire- ment. On ne peut pas s’identifier à ce que l’on est. C’est une situation inferna- le pour les hommes de ma génération. Une crise iden- titaire avec laquelle je mour- rai probablement. L.P.B. : Le livre parle beaucoup du racisme ordinaire… J.P. : Les deux pôles du dra- L I V R E S Les douloureux déchirements de l’identité LIVRE - UN OUVRAGE INTIMISTE Agenda N é en 1975, Bertrand Daudey a passé son enfance à Roche-lez- ROMAN - PREMIER OUVRAGE “On est plus beau en lumière jaune” À 31 ans, le Bisontin d’origine Bertrand Dau- dey publie son premier roman. La tranche de vie d’un publicitaire trentenaire qui tente de se faire une place dans un monde féroce. “Métis, c’est un déchirement. On ne peut pas s’identifier à ce que l’on est”, affirme Jacques Pautard. Duos d’une seule voix, aux éditions Cêtre me, c’est les racistes et les anti-racistes qui veulent nier toute différence. Cela vous tue presque autant que le racisme. Le racisme, c’est énorme et à la fois, ça n’exis- te pas, c’est extrêmement ambigu et insaisissable. Mais je souffrais horriblement. Ce n’est pas une question de couleur, c’est juste que l’hom- me a besoin d’affronter l’hom- me. Et il prend ce prétexte de la différence de couleur, de sexe ou d’origine géogra- phique pour le faire. L.P.B. : Le style de l’ouvrage est très particulier, entre poésie et récit… J.P. : La forme est particuliè- re parce que je n’aurais pas pu écrire dans une forme classique, cela aurait sonné faux. Écrire dans un style exotique aurait été tout aus- si faux. Je me suis exprimé dans la langue qui est mien- ne. C’est un peu un O.V.N.I. Une biographie ne se rédige pas comme cela. Ce n’est pas non plus de la poésie. Propos recueillis par S.D. Avec “Duos d’une seule voix”, Jacques Pautard livre un récit tantôt intimiste, tantôt militant sur le racisme et sa difficulté à vivre ses deux identités, entre être noir de peau et être profondément Franc-Comtois.

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Réservation : 03 81 80 86 03 MAXIME LE FORESTIER CHANTE BRASSENS

Lundi 23 octobre 20 h Le Kursaal

L I T É R AT U R E

à partir de

34 euros

ROCH VOISINE

Samedi 21 octobre 20h30 Micropolis

Enfermé dans cet univers taylorien, hanté par l’échec de son unique expérience amoureuse, il lutte, en proie à la solitude, contre un ave- nir figé dont il ignore les voies de sortie. Il ira jusqu’à risquer son apparent équi- libre, ses illusions et idolâ- trer la première venue pour conjurer le sort.

Beaupré. Scolarisé au collè- ge Proudhon puis aux Clairs- Soleils, il quitte Besançon en 1994 après l’obtention de son bac. Il part pourAix-en- Provence pour étudier l’éco- nomie, la communication et le journalisme. Il y a sept

“On est plus beau en lumiè- re jaune” prend le contre-pied du monde de la publicité, perçu à tort comme un

ans, il intègre un poste à respon- sabilité dans une agence de pub aixoise. C’est dans cette vie profession-

Le contre-pied du monde de la publicité.

show-business et une sphè- re de paillettes. Ce premier roman observe et analyse la vie au quotidien, à travers le regard d’Antoine, un per- sonnage résigné qui appré- hende l’existence comme une épreuve et l’homme comme un être condamné à se débattre dans un univers forcément hostile.

nelle que Bertrand Daudey a puisé la substance de ce premier roman, véritable tranche de vie dans une agence de province où les campagnes de communica- tion à petits budgets s’en- chaînent et se bouclent à la va-vite, “là où le talent se mesure à la circonférence de l’horloge” raconte l’auteur.

Bertrand Daudey est originaire de Roche-lez-Beaupré.

37 euros à partir de

“On est plus beau en lumière jaune” Éditions Amalthée - 16 euros

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