La Presse Bisontine 68 - Juillet-Août 2006

13 LE DOSSIER

C.D.T.

Créé depuis six mois “Il n’y avait pas de partenariat avec le monde du tourisme”

T EST

Numéro d’appel tourisme

Un numéro pour accrocher les touristes Le comité régional du tourisme a créé son centre d’appel fin mai pour orienter et conseiller les touristes potentiels. Nous l’avons testé. “A lors si vous cherchez une formule pour un week-end, je peux vous proposer une formule autour de la gas- tronomie.” Au bout du fil, la voix est agréable. Bienve- nu sur le numéro Azur 0 810 10 11 13, le numéro d’appel unique instauré depuis début mai par le comité régional du tourisme en France et à l’étranger. Elles sont quatre personnes chargées à plein-temps de répondre à toutes les questions et inquiétudes des touristes. “Conseiller, c’est important. Pour une région tou- ristique connue, c’est plus facile de faire des réservations par Inter- net. Mais pour nous, c’est important de pouvoir rassurer les gens. mité, dans un lieu de caractère. L’opératrice sait charmer, décrire les hôtels pour mettre l’eau à la bouche. Première proposition, un trois étoiles à Geneuille, “un château dans un parc, on est vrai- ment dans de l’hôtellerie de charme” , ajoute-t-elle. Sinon, plus loin à Arc-et-Senans, elle nous raconte connaître une chambre d’hôtes qui a du caractère, “logée dans des tours du XVI ème siècle.” Un peu trop loin. Et à Besançon même ? Elle cherche un instant. Il y a bien un hôtel au pied de la Citadelle. Un peu cher peu être, mais “c’est un bâti- ment du XVII ou XVIII ème , avec une cour intérieure magnifique. Un petit paradis qui a été totalement meublé par un antiquaire” , s’en- thousiasme-t-elle. L’opératrice explique l’avoir visité récemment, “mais pas pratiqué malheureusement.” On la croit et on la sent conquise. Autre proposition ? “On a des hébergements qui sont bien mais un peu plus à l’extérieur, 20 ou 25 kilomètres” , reconnaît-elle. Elle propose Ornans, une chambre d’hôtes “pleine de charme.” “De toute manière, c’est très facile pour vous déplacer, il y a la voie rapide. Et vous pouvez rayonner sur beaucoup de choses.” N’est-ce pas un peu trop loin de Besançon ? “Je pense que cela peut être sympa. Car au niveau de l’hôtellerie, il y a bien quelques hôtels mais les hôtels sympas sont pas mal en dehors de la vil- le”, reconnaît-elle. Tant pis pour la capitale régionale… “Des hébergements biens mais à l’extérieur.” Les gens nous posent des questions sur le temps, nous demandent s’il ne fait pas trop froid. L’hiver, ce sera l’enneigement” , explique Marion Le Blond, la responsable du centre d’appel. Pour tester ce numéro, on a affirmé cher- cher une formule pour un week-end tran- quille, si possible à Besançon où à proxi-

Président du comité départemental du tourisme (C.D.T.), qui remplace depuis fin 2005 l’A.D.E.D., Vincent Fuster revient sur les changements impliqués par la création du C.D.T.

L a Presse Bisontine : Un récent rapport de la chambre régio- nale des comptes sur l’A.D.E.D. note que les “instances associatives n’étaient pas consultées sur les axes de travail” dans le domaine du tou- risme. Qu’en est-il depuis que l’A.D.E.D. a laissé la place au C.D.T. fin 2005 ? Vincent Fuster : Cela change assez fondamentalement. Avant, au sein de l’A.D.E.D., il y avait le monde du tourisme et de l’éco- nomie en une même structure et le tourisme était moins bien représenté. Globalement, la préoccupation majeure, c’était l’économie. Il fallait redonner une place forte en tant que tel au tourisme. Cela ne veut pas dire que rien n’était fait. Il y a eu des choses innovantes, com- me le dispositif Navidoo, par exemple. Mais au niveau de la représentativité des profes- sionnels du secteur, elle n’était pas suffisante. L’agence de déve- loppement du tourisme fonc- tionnait sur elle-même. Il n’y avait pas de vrai partenariat avec le monde du tourisme.

V.F. : Avec le C.D.T., ils sont vrai- ment associés. On va vraiment travailler avec les profession- nels, on est en quelque sorte à leur service. Chercher à tenir compte des souhaits des acteurs du terrain. La création du C.D.T. a d’ailleurs été bien per- çue par ceux-ci. La structure a cinq mois, le directeur est arri- vé depuis trois mois seulement. On est en train de mettre en place la structure. Pour le moment, on continue les poli- tiques lancées jusqu’à présent et on va tranquillement pré- parer un plan d’action cohé- rent pour 2007. L.P.B. : Va-t-il y avoir d’avantage de moyens ? V.F. : Pas forcément plus de moyens. Le C.D.T. a déjà un budget de plus de deux mil- lions d’euros, dont 1,66 million de subventions duConseil géné- ral. C’est 50 000 euros de plus que l’année dernière. L.P.B. : L’hébergement est un des manques du tourisme du Doubs. Quelle est l’action du C.D.T. en ce domaine ?

Vincent Fuster est le président du nouveau comité départemental du tourisme (photo archive L.P.B.).

même temps ne pas voir trop de gens. Mais c’est quelque cho- se qui évolue. Au niveau de la communication, c’est indis- pensable de semettre ensemble. Sinon, on ne passera pas le cap des frontières de notre dépar- tement. On doit mener ensemble un vrai travail de concertation entre profession- nels du tourisme pour com- muniquer ensemble. Avant, on avait tendance à être les uns à côté des autres. On est en train de mettre en place des groupes de travail. Propos recueillis par S.D.

V.F. : Notre mission est de pous- ser les propriétaires à l’amé- liorer, à faire la démarche de se faire labelliser. Dans le Doubs, on est un peu en des- sous de ce qu’on voudrait avoir. Si on augmente la qualité de l’hébergement, on augmente aussi le taux de remplissage. On a un rôle d’accompagne- ment, de facilitateur de pro- jets. L.P.B. : Est-ce que cela veut dire que Besançon manque de culture du tou- risme ? V.F. : Ce n’est spécial au dépar- tement, mais les gens à la fois veulent faire du tourisme et en

L.P.B. : Et actuellement ?

H ÉBERGEMENT Améliorer la qualité L’hôtellerie bisontine pourrait s’enrichir

de deux hôtels quatre étoiles L’hôtellerie bisontine manque d’offres haut de gamme. Un han- dicap principalement vis-à-vis de la clientèle étrangère. Pour com- bler ce manque, deux projets d’hôtels de luxe sont à l’étude.

L’A.D.E.D. épinglée par la chambre régionale des comptes

L a chambre régionale des comptes a rendu début juinun rapport accablant sur la gestion de l’A.D.E.D., l’agence de développement éco- nomiqueet touristiqueduDoubs entre 1997 et 2004. L’A.D.E.D., dans son volet touristique, a été remplacée par le C.D.T. La juridiction reproche princi- palement à l’association son train de vie dispendieux. Frais deminibar dans les hôtelsmis sur les notes de frais, hôtel quatre étoiles loué par le pré- sident et le directeur de l’A.D.E.D. pour 4 132 F lors de la foire de Bâle par exemple, repas dans les grands restau- rants parisiens…La chambre juge certaines dépenses “exces- sives, s’agissant de deniers publics.” L’organisation des déplacements dudirecteurGuy Millet qui donne lieu au rem- boursement de “deux voyages

tés de fonctionnement de l’A.D.E.D. ne lui ont pas per- mis de remplir le rôle d’un comi- té départemental du tourisme.” Elle pointenotamment dudoigt la faible représentationdes pro-

dans la même journée vers des localités éloignées de Besançon et proches l’une de l’autre” devrait, selon la chambre être “pour lemoins rationalisée.” Le 23 septembre 2003, deux

C’ est un diagnostic sur lequel tout le monde aumoins est d’accord : Besançon manque d’hôtels de standing - de trois à quatre étoiles - tandis que les autres catégories sont pro- portionnellement sur-repré- sentées. “Si on veut gagner des parts demarché et correspondre à la demande, notamment étrangère, il faut augmenter ce parc des trois et quatre étoiles” , affirme-t-on au comité régio- nal du tourisme qui a fait de l’amélioration de l’hébergement l’un des six grands axes de son schéma régional de promotion du tourisme adopté à l’autom- ne prochain. Du côté de l’hôtel quatre étoiles, le dossier pourrait avancer pro- chainement. Deux investis- seurs privés s’intéresseraient

de près à l’agglomération bison- tine. “On a pour lemoment deux projets bien ficelés, l’un à Besan- çon et l’autre en périphérie, tous les deux un peu dans le même registre avec spa et équipement de loisir” , affirme un profes- sionnel du tourisme de Besan- çon. L’un des deux projets serait à un stade “très bien engagé.” Les hôtels haut de gamme actuellement - Besançon comp- te une demi-douzaine de trois étoiles à Besançon - sont loin d’afficher complet toute la sai- son. “Pour nous, la fréquenta- tion est même carrément très moyenne” , regrette le Novotel. Mais pour le directeur de l’of- fice de tourisme, Patrice Ruel- le, “c’est vrai que le marché est fragile, mais il faut compléter l’offre. C’est un autre type de clientèle qui ne s’intéresse pas

au territoire en ce moment qui pourrait être attiré par ce type de prestation. Le gâteau n’est pas figé, c’est à nous de l’agran- dir.” L’amélioration de l’offre d’hé- bergement est aussi patente dans le secteur des gîtes ruraux. En l’espace de trois ans, celle- ci a augmenté de 26 % sur le Grand Besançon et compte désormais 19 gîtes. Le nombre de chambre d’hôtes - 11 sur la C.A.G.B. - a lui augmenté de 36 % sur la même période. Et ces établissements montent en gamme. Sur tout le départe- ment du Doubs, les héberge- ments en gîtes ou chambres répertoriés trois ou quatre épis par les gîtes de France ont bon- di de + 48 %, selon l’associa- tion des gîtes de France. S.D.

fessionnels du tou- risme, très minori- taires au sein de l’assemblée généra- le et du conseil d’ad- ministration et l’ab- sence de délibérations sur le

voyages à Laberge- ment-Sainte-Maire et Arc-sous-Cicon ont ainsi été remboursés alors même que la seconde localité est sur la route de la pre- mière. La chambre

Une “certaine opacité” dans la gestion du personnel.

tourisme, le conseil d’adminis- trationse contentant d’être “une chambre d’enregistrements.” Enfin au niveau du schéma départemental de tourisme adopté en 2002, la chambre regrette la “conception isola- tionniste du tourisme dans le département alorsqu’une logique de massif et de réseau de sites n’aurait pas dû être ignorée.”

relève également une “certai- ne opacité” dans la gestion du personnel. Une remarque qui vise principalement le passa- ge de la responsable de la com- munication d’un temps partiel à un plein temps alors que cel- le-ci était en congémaladie, soit un coût de “3 750 euros pour 5 mois” pour l’A.D.E.D. Sur le plan touristique, la chambre note que “les modali-

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