La Presse Bisontine 68 - Juillet-Août 2006

7 L’ÉVÉNEMENT

Anticiper l’arrêt d’un four, et après ? D’ici la fin de l’année, le syndicat de Besançon et sa Région pour le traite- ment des déchets doit prévoir la succession d’un des deux fours de l’usine d’incinération. Le débat est ouvert entre nouveau four ou méthanisation.

R ÉACTION

Une enquête est prévue Les services sanitaires de l’État

récupèrent le dossier Suite au taux anormalement élevé de dioxine trouvé dans les œufs, les services de l’État poursuivent à leur tour les analyses engagées par le professeur Viel.

L e Sybert est à un tournant dans le mode de traitement des déchets. Un des deux fours (le numéro 3) de l’usine d’incinération deBesançonarrivera enbout de cour- se en 2009. La question se pose au syndicat de Besançon et sa région de remplacer ce four ou d’envisager d’autres alternatives à l’incinération. Pour cheminer dans cette réflexion, une étude confiée au Cabinet Triva- lor a permis de déterminer des manières différentes d’appréhender le traitement des orduresménagères. Sept scénarios ont été élaborés. Il semble que la priorité soit donnée à la valorisationdes déchets organiques plutôt que de les brûler. Trois hypo- thèses vont dans ce sens. Aujour- d’hui, 30%de cesmatières sont valo- risées, leSybert se fixecommeobjectif d’atteindre les 50 %. Pour y parve- nir, plusieurs pistes sont possibles dont une incitation massive au com- postage individuel. Pour le traitement des déchets rési- duels cette fois, quatre scénarios sont exposés : la construction d’un nou- veau four à Besançon ou à Tavaux dans le cadre d’un projet global qui pourrait concerner la Bourgogne et laFranche-Comté. Lesdeuxdernières hypothèses prévoient la méthanisa- tion des déchets résiduels en tout ou partie. La méthanisation est un pro-

cédé de dégradation de la matière organique par une flore microbiolo- gique en absence d’oxygène. Ce der- nier scénario impliquerait de déter- miner un nouveau site de deux hectares pour accueillir et traiter ces détritus. Selon nos sources, si cette possibilitéest retenue, le lieudemétha- nisation se trouverait entre Besançon et Corcelles-Ferrières. Les élus du Sybert auront à se pro- noncer sur l’un des sept scénarios après une phase de concertation d’ici la fin de l’année. Éric Alauzet, le lea- der des Verts, souhaite que le syndi- cat saisisse l’opportunité qui lui est donnée pour trouver une alternative à l’incinération. “Quand il existe un procédé comme laméthanisationque je défends depuis longtemps, je ne vois pas pourquoi nous ne nous enga- gerions pas dans cette voie. D’au- tant que l’on peut exploiter le bio gaz qui est produit par cette méthode.” Ce que redoute Éric Alauzet, c’est que les élus du Sybert “par facilité, choisissent de remplacer un four par un autre” ce qui reviendrait à ignorer le débat actuel autour de l’incinéra- tion et ses conséquences à long ter- me dont on ne connaît rien. Pour les défenseurs de l’environnement, ce procédé a vécu, il est temps de se donner les moyens de tourner la page.

familles où le chercheur bisontin a trou- vé des taux de dioxine important dans les œufs afin qu’elles évitent d’en consommer. Toutefois, l’heure n’est pas à l’inquiétude pour plusieurs raisons dont une en particulier. Avant d’ana- lyser les œufs, Jean-François Viel a étudié des poireaux, “des légumes qui peuvent recueillir les retombées atmo- sphériques. Les résultats étaient nor- maux” reconnaît-il. C’est la preuve que les données du problème méritent d’être remises à plat pour éviter de tirer des conclusions trop hâtives. Sans sombrer dans le catastrophisme, ce taux de 43 picogrammes interpelle. En 2001, à Gilly-sur-Isère (Savoie) lors de la fermeture de l’incinérateur qui dysfonctionnait, “nous avons relevé des taux qui ont atteint jusqu’à 70 pico- grammes (N.D.L.R. : la norme est à 3 picogrammes)” explique la direction des services vétérinaires de ce dépar- tement. Plus de 400 exploitations qui se trouvaient dans le périmètre de l’ins- tallation ont été placées sous contrôle. 7 000 bêtes ont été abattues et les fro- mages détruits. La crise aura duré 8 mois et coûté 15 millions d’euros. Un procès est en cours. En marge de l’af- faire, des études sont menées sur les populations locales qui ont consommé des produits sur cette zone afin de déter- miner si cet événement s’accompagne de conséquences à long terme sur l’or- ganisme humain. T.C.

L orsque les analyses ont démontré que le taux de dioxine présent dans les œufs était anormalement élevé (43 picogrammes), Jean- François Viel a alerté les autorités sani- taires pour leur transmettre les résul- tats de ses investigations. Le travail du professeur s’arrête là. “La recherche et la gestion du risque ne font plus par- tie de mon métier. C’est aux autorités compétentes de s’en charger” explique- t-il. Le 20 juin, tous les services de l’É- tat étaient réunis, dont la direction régionale des services sanitaires (D.R.A.S.S.) et la direction des services vétérinaires (D.S.V.), pour mettre en place un protocole de recherche. “L’objectif de cette mission est de véri- fier les résultats transmis par Jean- François Viel et d’élargir la zone de contrôle afin d’observer si des teneurs en dioxine sont identiques ou différentes d’un secteur à l’autre” explique un des membres du groupe de travail mobili- sé sur cette question. Toutes les personnes recensées qui auraient à leur domicile une basse-cour

et qui se trouvent sous le panache de fumée de l’incinérateur devraient donc intégrer à cette enquête qui “va débu- ter rapidement.” Le recensement de ces élevages est pratiquement bouclé, puisque “dans le cadre des mesures de confinement prises lors de la grippe aviaire, la ville de Besançon sait qui sont les particuliers qui ont un éleva- ge.” Les maires des communes de proches périphéries de Besançon devraient être également associés à ce projet. À la campagne de prélèvement succéderont les analyses. Les premiers résultats de cette investigation devraient être rendus “à l’automne” estiment les services de l’État. Il s’agit de démonter cette fois quelle est la source de contamination qui puis- se engendrer de tels taux. Elles peu- vent être très diverses et parfois très localisées puisque les habitudes d’un particulier peuvent véhiculer des dioxines (faire du feu à l’extérieur par exemple). En attendant, les services de l’État ont adressé un message de prévention aux

R ÉACTION

Une campagne de surveillance Jean-Pierre Martin : “On ne peut pas tout mettre sur le dos de l’incinérateur”

Le président du syndicat mixte de Besançon et de sa région pour le traitement des déchets réagit sui- te à la publication des études du professeur Viel.

sur la santé humaine n’ont nulle part été démontrés. Au Sybert, nous pre- nons nos responsabilités. Nous ne voulons pas faire peur aux gens inuti- lement. Je n’ai pas d’état d’âme par rapport à ceux qui sont contre l’inci- nération. Je suis pour le traitement des déchets, le respect de l’environ- nement et de la santé humaine, et la maîtrise du prix de traitement. Propos recueillis par T.C.

cinération. (N.D.L.R. : d’après l’étu- de du professeur Viel, les dioxines analysées dans la côte de Morre auraient la même signature que cel- le de l’incinérateur). L.P.B. : Vous écartez tout principe de pré- caution ? J.-P.M. : Le principe de précaution est de faire fonctionner dans lesmeilleures conditions l’incinérateur. Nous avons mis en place un plan de surveillan- ce. Et je vous rappelle que les effets

sence d’autres sources de production de dioxine et pas uniquement de l’in- cinérateur. Il y a par exemple la chauf- ferie urbaine, ou encore le crémato- rium qui ne traite pas ses fumées. On ne peut pas tout mettre sur le dos de l’incinérateur. Nous savons aussi que le trafic routier est générateur de dioxines, car nous sommes allés effectuer des mesures dans la côte de Morre où nous avons relevé des taux supérieurs à ceux que l’on trouve dans le panache de fumée de l’usine d’in-

L a Presse Bisontine : Dans un récent rapport, le Sybert relativise les études menées par le professeur Viel, en s’appuyant sur l’avis du Comité de la Prévention et de la Précaution. Qu’elle est votre position sur ce dossier ? Jean-Pierre Martin : Nous avons mis en

place une campagne de mesures dans le cadre de notre plan de surveillan- ce, qui montre que dans le panache de fumée de l’incinérateur, on note la présence de dioxines. Mais on constate qu’il y a des variations dans les résultats qui sont liées à la pré-

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