La Presse Bisontine 68 - Juillet-Août 2006

BESANÇON

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H ISTOIRE

V OIE DES M ERCUREAUX Hélitreuillage des arbres

Percer le mystère

Les riverains obtiennent gain de cause Il aura fallu des années de mobilisation pour obtenir enfin de la D.D.E. l’installation de protections anti-bruit pour épargner les habitants de Velotte des nuisances de la future route. En août, place au déboisement.

Qui dort dans la tombe de la rue Chifflet ? Cette une dalle qui ressemble à une pierre tombale qui attire l’at- tention des habitants du 12, rue Chifflet. La pierre énigmatique qui se situe sous leur pied don- ne du crédit pour certains à une mystérieuse légende. La dalle se situe sous les boîtes aux lettres.

L undi 12 juin, le conseil de quartier de Velotte se réunissait une nouvelle fois pour plancher sur le dossier “voie desMercureaux”. Les 2 500 habitants de ce quar- tier bisontin posé au bord du Doubs sont directement concer- nés par le tracé de cette future route qui doit - dès la fin 2010 selon les dernières dates offi- cielles - descendre du Bois-de- Peu pour dévaler sur Beure avant de rejoindre Micropolis. La grosse crainte des riverains, c’est naturellement le bruit. Ces derniers viennent d’obte- nir gain de cause à ce sujet. “La D.D.E. s’est enfin engagée àposer des protections anti-bruit, au lieu des palissades en bois qu’el- le avait prévu. Les palissades n’étaient qu’un rempart visuel et en aucun cas sonore” explique satisfait Philippe Berthier, rive- rain co-président du conseil de quartier.

Avant de céder aux revendica- tions des habitants, la D.D.E. assurait pourtant qu’à 55 déci- bels, on se situait en dessous du seuil normal de bruit. “Mais 55 dB, ça correspond au bruit d’une machine à laver à l’esso- rage quand vous êtes à unmètre de la machine ! illustre Philip-

niveau d’eau chez les riverains en cas de crue. Inacceptable. La commission de protection des eaux a porté plainte et obtenu gain de cause auprès du tribu- nal administratif. LaD.D.E. est obligée de revoir le projet et per- cer des trous pour faire des éva- cuations supplémentaires.”

D ans le quartier Saint-Jean, il court une légende sur l’existence d’une mystérieuse tombe avec un anneau qui s’ouvrirait tous les 300 ans. Mais jusque-là, personne ne sait où elle se trouve et encore moins quand elle se soulèvera. Or, la réponse à cette énigme est peut-être à cher- cher du côté du numéro 12 de la rue Chifflet. À cette adresse, il y a une pierre tombale qui correspond à ce descriptif sommaire. On dis- tingue encore quelques enluminures sur cet- te dalle, et une date gravée, “1583”. Le temps a effacé le nom inscrit sur cette tombe (aux dimensions de 1 m par 2 m) qui est tous les jours allégrement piétinée par les habitants de la maison. “Elle se situe sous les boîtes aux lettres” souligne Fabrice Barbier qui vit à cet- te adresse. Il s’est intéressé de plus près à cet- te pierre. À partir des indications dont il disposait, ce riverain a émis l’idée qu’il pouvait s’agir d’un membre de la famille Chifflet “qui donna nais- sance à tant d’érudits, de juristes, de théolo- giens, d’archéologues, de médecins et de col-

lectionneurs” écrit-il. Le premier fut Claude Chifflet, jurisconsulte et érudit (1541-1580) et le second Jean-Jacques Chifflet (1588-1660), qui fut médecin, antiquaire, historien et auteur de “Vesontio”. “Le problème est que les dates historiques ne correspondent pas” remarque Fabrice Barbier. “Alors qui est dans cette tom- be ?” Lionel Estavoyer, spécialiste du patrimoine, pense avoir la réponse à cette interrogation, réponse qui d’ailleurs coupe court à la légen- de. “Il me semble que c’est une pierre de réem- ploi. Elle viendrait de la chapelle Sainte-Anne qui fut construite en 1557. Elle se trouvait au carrefour de la rue Chifflet et de la rue Lecour- be. À l’époque, on inhumait les gens dans les églises. Cette chapelle a été détruite au XVII ème siècle. Les pierres ont été réutilisées.” Pour en avoir le cœur net, Lionel Estavoyer prévoit de se rendre sur place pour examiner cette dalle et percer le mystère. T.C.

Les prochains désa- gréments dans ce chantier au long cours sont programmés les trois premières semaines d’août. Pour réaliser la tranchée

pe Berthier. Quand on a évoqué cet exemple, ça a forcé- ment fait réagir les gens. Il a fallu 9 ans pour que la D.D.E. nous entende sur ce dossier.”

3 000 arbres vont être coupés.

dans lamontée au flanc de Beu- re, près de 3 000 arbres vont être coupés. Du fait de la décli- vité du terrain à cet endroit, les arbres seront hélitreuillés un par un avant d’être déposé à proximité. Le ballet des hélico- ptères durera dumatin au soir, avec des rotations tous les trois minutes. J.-F.H.

Mais tout n’est pas encore réglé à cet endroit du chantier. Du côté du pont de Beure, la com- mission de protection des eaux avait dénoncé le caractère dan- gereux du remblai. “Le remblai a été fait sur une ancienne zone d’épandage des eaux de crue. Il aurait eu pour conséquence d’augmenter de 2 à 3 cm le

T ÉMOIGNAGE

Salins de Bregille

“Il faut que la prise en charge et le suivi progressent”

Il y a deux ans, les médecins ont diagnostiqué chez Nadine la maladie de Charcot. Une maladie dégé- nérative pour laquelle il n’existe aucun traitement. Seule solution pour améliorer la vie, la rééduca- tion. Mais la jeune femme a dû attendre près d’un an avant d’avoir une place à Besançon.

M ême coincée dans son fau- teuil, Nadine a gardé des yeux facétieux qui brillent de malice. Et une déter- mination à profiter de la vie jusqu’au bout qui force l’admiration. La mala- die, reconnaît-elle pourtant, a remis en cause “plein de choses dans ma vie. C’est un rouleau compresseur.” Mais elle maintient le cap, veut se faire la “porte-parole de la maladie, pour que les gens qui en souffrent ne rencontrent pas les mêmes écueils que moi. Plus la prise en charge est rapide, meilleure c’est” , affirme la jeune femme. En mars 2004, les médecins ont diagnostiqué chez elle la maladie de Charcot - ou sclé- rose latérale amyotrophique. Une maladie orpheline qui attaque progressivement le système nerveux et conduit à une paralysie progressive des muscles. Inéluctable. En France, près de 9 000 personnes sont touchées par cette maladie. Pour Nadine, tout a commencé il y a trois ans déjà. Une banale entorse à la cheville, puis des douleurs à la jam- be. “En fait, c’était déjà la maladie” , raconte Nadine. À cause de la mala-

die, la jeune femme parle avec diffi- culté. C’est Monique, sa mère, à côté d’elle, qui se charge de traduire ses paroles, tourne les pages du livre qu’el- le tient dans ses mains inertes. “C’est du travail, je n’ai pas arrêté d’être bavarde avec la maladie” , reprend dans un sourire Nadine. Avant d’être malade, la jeune femme était en Corrèze. Depuis, elle est reve- nue vivre dans le Doubs, près de sa mère, maintient des contacts par mail - un programme lui permet de se ser- vir de l’ordinateur grâce à la souris - avec ses amis restés sur place. “C’était

Malade depuis deux ans, Nadine veut témoigner. “Pour que les autres ne rencontrent pas les mêmes écueils que moi.”

plus facile pour moi, la solu- tion la plus adaptée pour s’occuper d’elle” , explique Monique. Mais c’est aussi là que tout s’est corsé. Car en Corrèze, Nadine se ren- dait chaque jour dans un centre de rééducation, sui- vie par un kinésithérapeu-

je me sens légère” , dit-elle encore. Face à lamaladie qui continue de pro- gresser, la jeune femme tient tête. Il y a quelques mois, elle est partie en vacances en Bretagne. “Je voulais revoir l’océan” , dit-elle avec bonne humeur. Et continue à se battre. Pour elle et pour les autres. “Il y a de grandes listes d’attente. Certainement, il y a des manques qui existent quelque part. Mais par rapport à l’urgence de la pri- se en charge des pathologies lourdes, il faut que le suivi progresse et soit plus soutenu.” S.D.

thérapeute. “On avait fait la deman- de aussitôt notre retour, en espérant qu’il n’y aurait pas trop de coupure. Plus d’un an, c’est très long dans le cas d’une maladie dégénérative” , dit doucement la mère. Car entre-temps, l’état de Nadine a continué à se dégra- der. “Je me demande ce que je vais pouvoir regagner sachant que dans cette maladie, tout ce qui est perdu est perdu. Mais il faut vivre avec l’espoir” , sourit encore Nadine. “S’il n’y avait pas eu d’interruption du suivi, on ne se serait posé aucune question. Mais là, on ne peut pas s’empêcher de se

demander qu’elle aurait été l’évolution sans cela. Aurait-elle été plus lente…” Il y a quelques semaines, les deux femmes ont enfin reçu des nouvelles du centre de rééducation bisontin. Une victoire pour Nadine. “Les méde- cins m’ont expliqué ma longue atten- te. Ça a été un concours de circons- tance malheureux. Un rendez-vous annulé à l’automne et un dossier qui est repoussé” , explique Nadine. Elle y va deux fois par semaine désormais. Rêve de pouvoir être autorisée à nou- veau à profiter de balnéothérapie, “parce qu’il n’y a que dans l’eau que

Plus d’un an d’attente pour avoir une place.

te, un ergothérapeute, un orthopho- niste pour gagner du temps sur la maladie. Dans le Doubs, les deux femmes ont dû attendre un an et deux mois pour obtenir une place aux Salins de Bre- gille et retrouver un suivi d’une ergo-

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