La Presse Bisontine 68 - Juillet-Août 2006

11 LE DOSSIER

ambigu, “qui présente à la fois la Citadel- le comme une fortification et qui insiste sur le parc zoologique dans ses communica- tions” , reprend le directeur de l’office du tourisme. À trop vouloir communiquer, le message seperd. Et les touristes - ne sachant pas exactement ce qui les attend dans la construction de Vauban - préfèrent passer leur chemin. Mais dans sa bataille pour l’image, Besan- çonmet aussi trop de temps à avancer. Rien depuis ce constat n’a fondamentalement changé. Et conclut Patrice Ruelle, “pourvu que Belfort ne se réveille pas avec sa Cita- delle. Ils ont un site également de toute beau- té et plus accessible que le nôtre.Mais aujour- d’hui, ils n’ont pas encore développé d’offre touristique. À Besançon, on se repose un peu trop sur le classement de premier site de Franche-Comté. Mais un train est en marche.”

l’efficacité forcément. “C’est certainement aussi le seul secteur qui a autant de struc- tures qui s’en occupent. Les pays, les com- munautés d’agglomération, les chambres de commerce… tout le monde a sa cellule tourisme. Résultat, les gens ne savent plus à qui s’adresser” , critique Guy Vauthier, le directeur du Dino-Zoo qui fustige aussi “l’énergie perdue en réunions avec les nom- breuses structures officielles du tourisme où il en ressort le plus souvent des projets d’études ou de formations pour les profes- sionnels.” “Il faut des points de convergen- ce, sinon on va avoir des déperditions d’éner- gie. Et si on a du mal à harmoniser nos communications, on n’aura pas d’image lisible” , reprend Patrice Ruelle. Pas d’image lisible. En 1997, un cabinet d’études sur le tourisme, D.G.C.A., a iden- tifié les causes du manque de visibilité de la Citadelle bisontine. Un positionnement

mental du tourisme, tout le monde s’en occupe. Depuis 2003, Besançon a ainsi son propre programme d’actions en 40 points et dans ce cadre vient de lancer sa “démarche qua- lité” auprès des professionnels de la ville pour les inciter à respecter des règles aus- si élémentaires “qu’assurer le service avec professionnalisme” , “bien renseigner le tou- riste sur le déroulement de la visite” ou “pou- voir aider le client étranger à s’orienter dans la ville.” Mais la volonté politique ne s’est pour l’ins- tant pas encore inscrite dans les faits. Et l’électrochoc n’a pas encore eu lieu. À la C.A.G.B., le projet de camping de séjour et d’aire de camping-cars est au point mort. Au C.R.T., les tour-opérators étrangers ne sont démarchés que depuis deux mois. Et la multiplication des initiatives à chaque échelon ne favorise pas la cohérence. Ni

Poursuivre le traitement des entrées d’agglomération et de ville......................................... en cours Renforcer la signalisation touristique directionnelle routière ................................................. effectué Renforcer la signalisation touristique directionnelle d’accès aux sites pour les piétons ............................. effectué Créer des points de dépose et reprise de la clientèle d’autocars ......................................................... Créer un espace stationnement pour les autocars de tourisme .............................................................................. Mener une réflexion prospective sur un accès en site propre pour la Citadelle....................................... en cours Étendre et faire respecter le secteur piétonnier ....... effectué Assurer la propreté des espaces publics ................ en cours Valoriser les jardins et espaces verts ...................... en cours Valoriser les ponts.................................................... effectué Aménager des points de vision ............................................. Poursuivre opportunément la mise en lumière......... effectué Aménager les rives du Doubs ................................. en cours Implanter du mobilier de confort ........................................... Développer les outils d’aide à la découverte patrimoniale de la ville ................................................ effectué Mener une réflexion sur l’opportunité de la création d’un lieu d’accueil “tourisme, patrimoine et aménagement urbain” ........................................ Donner les moyens au Musée des Beaux-Arts de mieux répondre aux attentes d’un large public ................... Préparer les conditions du développement du tourisme industriel............................................................... Accompagner le développement du tourisme industriel dans le domaine des microtechniques en liaison avec le Musée du Temps.......................................... Créer un événement culturel phare ayant un impact touristique................................................. en cours Optimiser les animations......................................... en cours Inciter et aider à la rénovation de l’hôtellerie indépendante du centre-ville historique ................................... Aider à la rénovation du Centre Intern al de Séjour .... effectué Inciter et aider à la création de chambres d’hôtes et de gîtes.............................. non effectué Créer plusieurs aires pour camping-cars.......... non effectué Réfléchir à l’implantation pour un camping situé dans un cadre naturel de qualité ............... non effectué Renforcer le service tourisme de la ville................... effectué Créer une instance permanente de proposition et de suivi .............................................................. Former les acteurs du tourisme ............................................. Mettre en œuvre une démarche qualité ................... effectué Communiquer en interne sur l’activité touristique ................. Organiser des “journées du tourisme” ........... prévu en 2007 Créer et diffuser aux élus et professionnels un guide du “qui fait quoi ?” ................... pas encore effectué Mettre en place une observation locale de l’activité touristique................................. pas encore effectué Optimiser le service de visites guidées.................... effectué Créer un comité de coordination de la promotion.... effectué Mieux informer les visiteurs par la création d’un guide d’accueil ................................................... effectué Mieux informer les visiteurs par la mise en place de présentoirs de l’offre touristique ................................ Constituer des pass intersites .......................... non effectué Construire et vendre des produits selon une démarche marketing ........................ pas encore effectué Les 40 actions programmées de Besançon dans le tourisme Elles sont effectuées, en cours, ou pas encore réalisées. Pour les autres, la ville n’a pas souhaité précisé !

O PINION

Professionnel du tourisme “Le nerf de la guerre, c’est la promotion”

Directeur du Dino-Zoo, à Charbonnières-les- Sapins, et du gouffre du Poudrey, Guy Vauthier a une vision plutôt critique de la politique du tou- risme. Pour lui, il faut tout miser sur la publicité.

convenablement, finit par être remplacée par quelqu’unqui fait mieux. Je ne dis pas que ce n’est pas utile, mais selon moi, cela relève de la formation profes- sionnelle, ce ne devrait pas être une initiative des collectivités. C’est redondant. L.P.B. : Ona souvent l’impressiondans le tourisme que les études se succè- dent les unes après les autres… G.V. : Les études pour voir ce qu’il faudrait faire, on doit en être à la 45 ème . Toutes n’ont pas porté leurs fruits puisqu’on n’a pas progressé. Faisons le point d’ac- cord, mais est-ce qu’encore une fois, cela va faire venir les gens si la conclusion est qu’il faut mettre enplace des actions simi- laires à ce qui existe déjà ? Le nerf de la guerre, c’est vraiment la promotion. Il faudraitmettre le paquet et faire des campagnes nationales d’envergure avec des spots T.V., des campagnes radio pour donner une image et faire venir du monde. Pourquoi pas sur l’idée que nous sommes une sortedepetitCanadaàquelques heures de voiture. Il faut aussi soutenir les gens qui ont des idées. Mais pour aider de façon significative, il faudrait changer les lois. Comme l’a fait l’Autriche à un moment, il faudrait pou- voir aider à 40 % l’investisse- ment pour l’amélioration des structures touristiques. Propos recueillis par S.D.

L.P.B. : Le C.R.T. oriente sa campagne 2006surInternet.Qu’enpensez-vous ? G.V. : Jepenseque c’estuneerreur de communication. C’est com- me si Peugeot ne vendait ses voi- tures que par Internet. Internet, c’est un outil, comme les affiches 4 x 3, les pages de pub dans les journaux… Les spots T.V., une région peut se les offrir. Même moi, pour mon parc, je réfléchis à faire des spots lors des décro- chages régionaux de France 3, même si je n’en ai pas tout à fait lesmoyens. Et si la région a des moyens limités, elle peut déjà commencer par toucher le quart Nord-Est, lancer une campagne sur tous les supports dans les régions voisines. Au lieu de se disperser dans 10 ou 12 choses, ilfaudraitmieuxqu’elleconcentre ses moyens. Être présent aux salons, ce n’est pas utile par exemple. L.P.B. : Besançon s’est engagé dans un plan de promotion du tourisme. Cette année, elle lance la démarche qualité. Est-ce un moyen de fidéliser le touriste ? G.V. : La démarche qualité, on en a une au plan national. Besan- çon lance la sienne. Ce n’est pas forcément les mêmes normes qu’auniveaunational. Ce serait bien d’accorder nos violons. La question est : est-ce que cela va faire venir du monde ? Je veux bien.Mais il n’yapas demiracle, l’entreprise qui ne fait pas bien son travail, qui n’accueille pas

L aPresseBisontine :Quelregard portez-vous sur le tourisme dans la région ? GuyVauthier : Le constat, c’est que laFranche-Comté est avant-der- nière en termes de fréquenta- tion touristique sur leplannatio- nal. Seul le Limousin faitmoins bien. Tout le monde fait des efforts,mais onaurait plutôt ten- dance à reculer. On entend aus- si beaucoup de gens s’élever car ils ont peur de voir la Franche- Comté devenir une sorte deCôte d’Azur. Soyons réalistes, même si ondouble la fréquentation, on ne serapas débordé de touristes. L.P.B. :LaFranche-Comtéa-t-ellevoca- tionàdevenir une région touristique ? G.V. : Il faut sensibiliser lesFranc- Comtois. Pour le moment, il y a Peugeot, l’agriculture, etc. qui font fonctionner la région. Ima- ginons que l’une de ces activités disparaisse oudélocalise. Le tou- risme peut être une économie de substitution intéressante. On est à 4 ou 5 % du P.I.B. de la région actuellement. Ce n’est pas rêver que de dire qu’onpour- rait atteindre les 10 ou15%. On a des atouts naturels, un patri- moine, une gastronomie spéci- fique.Mais ce qu’onn’apas, c’est

la notoriété.

L.P.B. : Que faut-il faire alors pour gagner cette notoriété ? G.V. : On a suffisamment d’équi- pements puisque la plupart ne fonctionnent pas. Vu le nombre de touristes, il y a même plus d’équipements que de touristes les trois quarts de l’année. Le nerf de la guerre, c’est de se fai- re connaître. Et il faut y mettre lesmoyens. Pour lemoment, on a saupoudré, mis desmoyens ça et là. La région doit être vendue comme un produit. Et comme cela fait 40 ans qu’on consacre beaucoup plus d’argent à l’in- vestissement dansdes structures qu’à la communication, faisons l’expériencesurtroisanseninves- tissant 80 % des moyens dans lapromotion. LePérigord seper- met actuellement de faire une publicité à la radio avec la voix de PierreBellemare. Si eux, qui ont moins besoin de pub que nous, font ce genre de choses, alors la Franche-Comté devrait faire ledouble.Mais c’est quelque chose que je n’ai pas entendu de la part des institutionnels en charge du tourisme. Alors que ce qu’on entend, c’est que c’est notre faute, il faut nous former.

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