La Presse Bisontine 260 - Février 2024

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon

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FÉVRIER 2024

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon

www.presse-bisontine.fr

N° 260

Le nouveau casse-tête des élus bisontins Consommer moins d’espace, la grande priorité en matière de construction Sobriété foncière

Le quartier des Montarmots à Besançon (photo A.U.D.A.B.)

le dossier en pages 20 à 24

P.12

recherche

P. 6 À 8

l’événement

PROJET : Besançon pourrait devenir un centre de production de biomédicaments

On n’a jamais fait aussi peu de bébés à Besançon ! 3 517 naissances en 2023

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2 Retour sur info - Besançon

La Presse Bisontine n°260 - Février 2024

Emmanuel Guigon a les honneurs de la presse internationale

Au pied des immeubles, la caravane s’arrête

C’ est une action de cohésion sociale que le club Sauvegarde Karaté installé à Planoise organise plu sieurs fois dans l’année au pied des immeu bles du quartier. “La caravane des pieds d’immeuble”, c’est son nom, s’est une nouvelle fois arrêtée pour sa quatrième saison hivernale en fin d’année et les 3 et 6 janvier derniers avec, cette fois, les Jeux Olympiques comme fil conducteur. Activités sportives et ludiques inspirées par les J.O., plus de 200 jeunes du quartier se sont à nouveau mobilisés. “Nous voulons créer à travers ces caravanes un environnement dynamique pour les jeunes de ce quartier, les sortir de leurs murs et occuper le terrain” résume Fodé Ndao, le fondateur du Sau vegarde Karaté Club. Depuis une dizaine d’années que ces caravanes existent (trois ans pour leur version hivernale), ce sont plusieurs milliers de jeunes que les édu cateurs du S.K.C. ont pu occuper l’espace d’une journée. À l’heure où le préfet du italienne, “le chef Di Marzio insuffle une approche singulière en fusionnant les saveurs du monde avec des produits locaux d’exception” indique la direction du Château de Germigney (Jura), la maison-mère du Parc. C’est d’ailleurs à Gerrmigney que le jeune chef a ouvert en septembre dernier son restaurant, la Maison Rosella au sein du Château de Germigney, Selon la direction de Germigney, le Parc par Francesco Di Marzio ambitionne de devenir “l’adresse emblématique de Besan çon, mélangeant la gastronomie “fusion” avec une ambiance musicale envoûtante et l’esprit du voyage.” La carte, plus diver sifiée, est inspirée par les voyages du nou veau chef à travers le monde : New York, Bangkok et Rome. “Je suis ravi de propager cette énergie vibrante à Besançon” observe le nouveau chef. Ce dernier conserve son restaurant Maison Rosella au Château de

Doubs s’en va, après avoir lancé son fameux Pacte pour l’émancipation des jeunes de Planoise, Fodé Ndao se dit “tota lement en phase avec l’esprit de ce Pacte. Il ne faut évidemment pas masquer les problèmes, mais les actions que l’on mène, ce Pacte, les éducateurs qui font un travail formidable, tout cela contribue à ce que le quartier évolue positivement” estime Fodé Ndao. Le prochain rendez-vous citoyen du Sau vegarde Karaté Club est fixé au 1er mars avec la venue du Raid Aventure, une asso ciation de policiers bénévoles qui intervient dans les quartiers pour apporter de l’ani mation. Le club poursuivra aussi à inter valles réguliers ses “Arbres à palabres”, des séances de discussion et d’échanges avec les jeunes du quartier, et remettra en action ses caravanes des pieds d’immeuble dès le printemps. Ne rien lâcher, Fodé Ndao le fait depuis son arrivée à Planoise il y a plus de 25 ans. ■

Une nouvelle édition de la caravane des pieds d’immeubles se tiendra aux vacances de printemps (photo S.K.C.).

Emmanuel Guigon restera au moins deux ans de plus à la tête du musée Picasso de Barcelone (photo Miquel Coll).

Le restaurant Le Parc a changé de chef L’

ancien conservateur du musée des beaux-arts de Besançon a eu les honneurs

“Homme du jour” dans un article flatteur de la revue Forbes, le célèbre magazine économique, il a égale ment eu droit à un beau portrait dans la presse nationale espagnole (El Pais), cette dernière vantant les mérites de celui qui a permis au musée Picasso de dépasser le million de visiteurs annuels. 30 % de visi teurs en plus par rapport à l’année précédente, 2023 correspondant au cinquantième anniversaire de la mort de l’artiste catalan. “Une de mes plus grandes fiertés est que ce musée n’est pas qu’un lieu de visite pour touristes. Nous avons réussi à faire passer le public local de 2 à 16 % de ce million de visiteurs. En même temps, le Musée Picasso est devenu la référence incontournable pour l’étude de l’œuvre de Picasso” note M. Guigon. Ces bons résultats ont valu à l’ancien conservateur bisontin de voir son contrat de direc teur prolongé de deux années sup plémentaires à Barcelone. ■

de la presse internationale (Forbes, El Pais notamment), pour avoir su en quelques années faire du musée Picasso de Barcelone qu’il dirige depuis 2016 une référence culturelle internationale. Ce natif de Morteau dans le Haut-Doubs, docteur en his toire de l’art contemporain, spécia liste des avant-gardes du XX ème siècle et du surréalisme, a dirigé plusieurs institutions culturelles avant de pren dre la tête du musée Picasso de Barcelone. Il est notamment passé par le Musée d’art moderne de Stras bourg, puis a été le directeur du Musée des beaux-arts de Besançon pendant près d’une décennie, de 2007 à 2016. Il initiera ici quelques expositions audacieuses et remar quées (Charles Fourier, l’écart absolu, Le Corbusier expose, ou encore Bijoux d'artistes). Avant d’être appelé par l’institution catalane.

N ous avions suivi au cours de l’été 2020 l’ouverture du restau rant Le Parc, parc Micaud à Besan çon. À sa tête, un jeune chef prometteur, Vivien Sonzogni. Trois ans et demi plus tard, après avoir relevé le défi d’imposer Le Parc parmi les très bonnes tables de Besançon, le trentenaire est parti relever un autre défi en reprenant les rênes d’une autre adresse gourmande, le Grapiot à Pupillin (Jura). “Une nouvelle ère culinaire” s’ouvre donc au Parc, pour reprendre les mots de la direction, avec l’arrivée d’un nouveau chef exécutif, Francesco Di Marzio. Distingué d’une étoile Michelin au sein du restaurant La Dame de Pic (créé par la cheffe étoilée Anne-Sophie Pic) au mythique hôtel Raffles de Singapour, Francesco Di Marzio s’est installé aux fourneaux du Parc il y a quelques jours, le 18 janvier. D’origine Éditorial Sobriété

Germigney, il signe la carte du restaurant Le Parc et supervisera les équipes en tant que chef exécutif. “Il sera présent à temps partiel au Parc” précise la direction. ■ Le jeune chef partagera son temps entre Le Parc et son restaurant la Maison Rosella au Château de Germigney.

pour revenir à plus de sagesse foncière. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que les conséquences de cette artificia lisation sont écologiques : érosion de la biodiversité, aggravation du risque de ruissellement, limitation du stockage carbone, et un sol artificialisé n’absorbe plus le CO2 et participe donc à la hausse du réchauffement climatique, et en cas de fortes intempéries, les phénomènes de ruissellement et d’inondation sont donc amplifiés sur un sol imperméabilisé. Mais aussi socio-économiques : coûts des équipements publics, augmentation des temps de déplacement, diminution du potentiel de production agricole, fracture sociale en reléguant notamment une par tie des habitants à l’écart des centres villes, etc. Reste à résoudre la quadrature du cercle qui consiste à continuer à accueillir de la population sans rogner sur le foncier. Ce sera l’enjeu de cette prochaine décennie. ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser

crins semble révolue. C’est le cas dans les villages, de la périphérie bisontine l’exemple de Serre-les-Sapins présenté dans ce numéro l’illustre, avec le choix en matière de construction de privilégier désormais un savant mélange de maisons en bandes, de petits collectifs et de loge ments sociaux dont les premiers résultats semblent s’avérer payants. Les plus grandes collectivités sont également réso lues à prendre le même virage et ont commencé il y a plusieurs années déjà à reconstruire la ville sur la ville. Si tout le monde ne semble pas approuver cette densification urbaine, elle se justifie aisé ment et les mentalités changent, c’est le fait el plus significatif. Tout le monde ou presque semble s’accorder, élus comme citoyens, sur les vertus de la sobriété fon cière. Même si ses décrets d’application sont encore chaotiques, la loi Z.A.N., comme Zéro artificialisation nette, compte bien gommer certaines dérives du passé

Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arbey, Sarah George. Directeur artistique : Olivier Chevalier. Conception pubs : Éloïse Perrot. Équipe commerciale : Virginie Girardot, Anthony Gloriod. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité: 0381679080 E-mail: redaction@publipresse.fr Crédits photos : La Presse Bisontine, A.U.D.A.B Besançon centre Franche-Comté, E. Coulon, Établissement français du sang B.F.C., Miquel Coll., I.N.S.E.E.-Cerema, Le Parc. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Février 2024 Commission paritaire : 0225 D 80130

S ur la seule décennie écoulée, 24 000 hectares d’espaces natu rels, agricoles et forestiers ont été consommés chaque année en moyenne en France. C’est l’équivalent de près de 5 terrains de football qui dis paraissent toutes les heures ! Tous les territoires sont concernés par cette arti ficialisation sans doute excessive des sols mais pire, plus de 60 % de la consomma tion d’espaces a été réalisée dans les ter ritoires sans tension immobilière. Ce qui n’est pas le cas du Grand Besançon où cette consommation d’espaces répondait jusqu’à maintenant à une augmentation de la population, liée notamment à un solde naturel positif, les naissances res tant pour l’instant supérieures aux décès. Reste que l’époque de l’expansion foncière et de l’artificialisation des sols à tous

4 L’interview du mois

POLITIQUE

Christine Bouquin

“On attend de l’opposition qu’elle fasse des propositions plus sérieuses” À l’aube de cette année 2024, la présidente du Conseil départemental du Doubs défend les orientations de sa majorité dans un contexte qui s’annonce tendu, et répond aux critiques de son opposition. Interview de rentrée.

L a Presse Bisontine : Vous avez évoqué l’année 2024 comme “une traversée qui ne sera pas de tout repos” pour la col lectivité que vous présidez. Dans ce contexte, comment envisagez-vous d’éviter des hausses d’impôt à l’avenir ? Christine Bouquin : J’ai effectivement mis en avant les vents contraires auxquels nous devrons faire face et qui vont rendre la traversée de l’année 2024 plus difficile. Entre le ralentissement économique annoncé, l’accroissement de la pauvreté et de la demande sociale ou le question nement sur la décentralisation et des moyens dévolus aux collectivités, les vents seront moins favorables. En marins avisés, nous ajustons la voilure mais nous gardons notre cap ! Nous continuons nos actions au bénéfice des Doubiens. Nous augmentons par exemple les moyens alloués à la protection de l’enfance et nous confirmons notre haut niveau d’investissement pour que le Doubs reste un département attractif. Pour ce qui est de la hausse d’impôt, je rappelle que les Départements n’ont plus aucun pouvoir de taux sur la fiscalité qu’ils perçoivent. Nous ne serons donc à l’origine d’aucune hausse d’impôts. D’ailleurs, même quand nous en avions encore la possibilité, notre majorité n’a pas augmenté les taux durant toute la dernière décennie. L.P.B. : Le recours à l’emprunt n’est-il pas risqué avec les taux actuels ? Pourquoi ne faites-vous pas appel à plus d’autofinancement alors que vous avez toujours privilégié l’épargne ? C.B. : Il faut se souvenir que nous avons déjà connu des périodes avec des taux d’intérêt beaucoup plus élevés. Par ail leurs, dans une période de forte inflation, des taux élevés ne sont pas aussi pro blématiques en soi. De plus, comme nous le faisons régulièrement, ces emprunts pourront faire l’objet de renégociations en période de baisse des taux. Concernant l’épargne, elle est le fruit des efforts de gestion menés sur nos dépenses de fonctionnement ces dernières années, conjugués avec une dynamique des recettes de fonctionnement. La crois sance économique post-Covid a ainsi généré plus de T.V.A., dont l’État nous reverse une partie. De même, la bonne santé du marché immobilier a favorisé la forte progression des droits de mutation à titres onéreux (D.M.T.O.) jusqu’en 2022. Depuis 2023, nous devons faire face à

un effet ciseaux entre nos recettes et nos dépenses. Nous sommes confrontés à une évolution plus rapide de dépenses sur lesquelles nous n’avons pas prise, puisque décidées par l’État, comme la revalori sation du R.S.A. par exemple, et une chute des recettes comme pour les D.M.T.O. Cela conduit inéluctablement à la contraction de notre épargne. L.P.B. : Pouvez-vous nous fournir des détails sur le montant prévu de cette fameuse D.M.T.O. pour les années 2024 et 2025 ? C.B. : Le montant des D.M.T.O. prévu en 2024 est de 71 millions d’euros, ce qui signifie 20 millions de moins dans nos recettes par rapport à 2021 et 2022. Pour 2025, il est encore trop tôt pour faire des prévisions. Cela dépendra de l’évolution en 2024 du marché immobilier et donc des taux d’intérêt. L.P.B. : L’opposition estime que le budget des solidarités est insuffisant… Que lui répondez vous ? C.B. : Il y a les mots… et il y a la réalité… La réalité, chaque Doubien peut la vérifier en lisant le budget que les 24 élus de la majorité ont voté avec l’appui des deux élus du groupe Ensemble pour le Doubs. Cette réalité, elle est concrète et porteuse d’avenir. Concrète car les solidarités, ce sont 344,8 millions d’euros, soit 62 % de notre budget global. C’est un budget en hausse de + 7,1 %, soit près de 3 fois l’in

de nos routes ou pour accompagner les communes et les intercommunalités dans la réalisation des aménagements attendus par leurs habitants peut être reporté à un avenir plus lointain ? La transition de nos territoires se joue maintenant et le Département tient pleinement son rôle. L.P.B. : Comment le Département peut-il faire face à la situation difficile des enfants placés (C.D.E.F.) et des mineurs non accompagnés ? En appelez-vous aux villes, à l’État ? Au-delà de l’émotion, quelles solutions préconisez-vous ? C.B. : Je peux vous assurer que s’il y a un sujet qui me préoccupe à chaque instant, c’est bien celui de la protection de l’en fance. Le Département protège aujourd’hui près de 1 900 enfants, y com pris des bébés. En un an, la progression a été de + 10 %. Cela crée effectivement des tensions auxquelles nous faisons face. Cela nécessite de trouver des places d’accueil et d’avoir du personnel. Mais construire de nouveaux lieux d’accueil, cela prend du temps. De même, il n’y a pas de génération spontanée d’éducateurs ou d’assistants familiaux. Il faut du temps pour les recruter, les former. Et il faut aussi donner envie d’exercer ces métiers essentiels pour notre société. C’est pour quoi, avec les professionnels, nous agirons pour promouvoir et valoriser ces métiers. Il faut aussi agir avec la Prévention maternelle et infantile pour renforcer les actions de prévention précoce, essen tielles pour dépister les facteurs de risques qui pourraient déboucher sur une prise en charge ultérieure en protection de l’enfance. L.P.B. : Les perspectives ne sont pas forcément optimistes pour l’emploi dans le Doubs en 2024. Comment le Département appréhende-t-il cette situation ? C.B. : Les économistes tablent en effet l’an prochain sur un net ralentissement de l’activité avec une croissance qui attein drait péniblement 0,8 % du produit inté rieur brut. Mais, même si cela ralentit, cela ne s’arrête pas. Le Doubs a un tissu industriel qui travaille sur des marchés porteurs, l’économie frontalière reste dynamique. Beaucoup de secteurs d’ac

une chose est sûre, c’est qu’au Départe ment du Doubs nous sommes attachés à œuvrer pour la qualité de vie au travail en n’oubliant jamais notre mission de service public. Je le dis, cette façon de faire est d’autant plus malhonnête que ceux qui ont tenu ces propos dans l’op position participent aux instances et connaissent parfaitement la réalité et la qualité de notre dialogue social. Le Doubs fait partie des 20 % des Dépar tements en France qui ont mis en place la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat. Nous développons avec les agents notre marque employeur. Nous proposons des carrières et des missions variées. Nous recrutons et formons de plus en plus d’apprentis. Nous avons un plan de déve loppement des compétences qui accom pagne la progression professionnelle des agents… C’est cela la réalité de notre collectivité ! L.P.B. : Une dizaine d’E.H.P.A.D. de ce département sont confrontés à des difficultés financières. Au delà de l’aide exceptionnelle votée lors de la der nière session de décembre, quelle est la solu tion ? C.B. : Avant d’aller au-delà, je tiens à insis ter sur cette aide exceptionnelle d’1 million d’euros que le Département mobilise au bénéfice de neuf E.H.P.A.D. en difficulté financière. Il faut rappeler que cela n’est pas obligatoire pour notre collectivité. C’est une mobilisation volontaire. Nous le faisons car nous avons le souci de la qualité de l’hébergement des résidents. Nous agissons également sur le volet investissement en mobilisant 10 millions d’euros pour la construction ou la réno vation d’un certain nombre d’E.H.P.A.D. Nous mobilisons donc des moyens impor tants pour ces établissements. Mais il faut aussi que les autres acteurs concer nés, comme l’A.R.S., mais aussi les éta blissements eux-mêmes, prennent les mesures nécessaires et assument plei nement leur rôle pour faire vivre ces structures. L.P.B. : Christine Bouquin, plaidez-vous en faveur d’un nouvel acte de décentralisation et estimez vous nécessaire une nouvelle réforme territo riale ?

tivité, d’entreprises et d’employeurs conti nuent à nous faire part de leur difficulté à trouver du personnel et des compé tences. Notamment dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration ou de l’aide à domicile. Il y a donc encore des opportu nités d’emploi. Et nous ferons tout pour accompagner le plus grand nombre de nos bénéficiaires du R.S.A. vers l’emploi. L.P.B. : En matière de logement, comment répondre à la tension, notamment dans le Haut-Doubs (au delà du dispositif des tiny houses) ? C.B. : Le Département s’est doté d’un plan départemental d’action pour le logement de l’hébergement des personnes défavo risées. Ce plan prévoit l’accompagnement social vers et dans le logement. Nous le faisons en étroite collaboration avec les bailleurs sociaux. Les tiny houses font partie de ce plan. Elles sont une expéri mentation, pour répondre à un besoin urgent. C’est un concept nouveau d’ha bitat déplaçable, modulable et à moindre coût. Les locataires ne payent pas de charges. Pour compléter cette offre, nous mobili sons le fonds de solidarité logement. Pour aider les publics les plus fragiles à faire face à l’augmentation des coûts de l’éner gie. Enfin, nous proposons un accompa gnement technique et financier aux élus locaux pour lutter contre l’habitat indigne. L.P.B. : L’opposition vous a titillé sur votre politique en matière de ressources humaines au sein même de la collectivité que vous présidez, en évoquant un malaise. Quels sont les axes d’amé lioration, un travail est-il engagé sur ce point (en dehors des primes, par définition ponctuelles) ? C.B. : Je m’inscris en faux contre les propos de l’opposition sur ce sujet. Mais aussi sur le procédé employé. Utiliser un rap port d’un député à l’Assemblée Nationale sur le sujet du mal-travail en France pour faire croire que ce serait le cas au sein de notre collectivité est profondément malhonnête et mensonger. Je dirais même diffamatoire pour le vice-président en charge de ce sujet, les directeurs et même les partenaires sociaux au sein de la col lectivité. Je ne dis pas que tout est parfait. Mais

flation annoncée pour 2024. Porteuse d’avenir car il y a plus de moyens alloués pour les E.H.P.A.D., pour les Ser vices d’aides à domicile, pour la protection de l’en fance et la famille… C’est cela la réalité ! On a le droit de trouver cela insuffisant. Mais dans ce cas, il faut aussi faire des propositions plus sérieuses que celles de voter un budget en dés équilibre ou de réduire les investissements dont le Doubs a besoin ! Qui peut sérieusement dire qu’investir pour la rénovation énergétique de nos collèges, pour la sécurisation de nos ponts,

“Nous ajustons la voilure mais nous gardons notre cap !”

L’interview du mois 5

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nécessité de repenser le modèle pour une décentralisation plus lisible, ainsi que la garantie d’une autonomie financière et fiscale. Le Département est un maillon essentiel dans la vie de nos territoires mais aussi des habitants, des plus jeunes comme des plus âgés. Notre rôle est crucial en tant que collectivités des derniers kilomètres. La proximité avec nos concitoyens est notre A.D.N. Le dépar tement est une collectivité d’avenir ! L.P.B. : Pourtant dans ce cadre, certains commencent, y compris localement, à remettre en cause l’échelon départemental. Une réaction ? C.B. : Je crois qu’il faut savoir de quoi l’on parle avant d’émettre des avis à l’emporte pièce. La question de la décentralisation mérite mieux que des déclarations qui sup priment d’un trait de plume telle ou telle col lectivité. L’enjeu de la question de la décen tralisation est plus sérieux que cela. Le sujet, c’est de sortir de cette “décentralisation ina chevée”, au goût parfois amer, dans laquelle nous sommes. C’est une question de fond qui impacte les citoyens de ce pays qui attendent de la proximité et de l’efficacité des actions publiques que nous menons pour eux. L.P.B. : Quelle est votre réaction sur l’actualité nationale, notamment en ce qui concerne la loi “immigration” ? C.B. : La question de l’immigration et de son contrôle est une question de fond pour laquelle près de trois quarts des Français attendent des réponses. Une loi sur le sujet est donc tout à fait légitime. Quant au texte de loi en lui-même, je crois qu’il est urgent d’attendre l’avis du Conseil Constitutionnel pour avoir une vision complète et juste du texte qui devra s’appliquer. Je reste en tout cas plus que jamais attachée aux valeurs de la Répu blique. n Propos rcueillis par J.-F.H.

Réaction L’opposition n’a pas la même lecture du budget

Par la voix de son leader, le Bisontin Raphaël Krucien, le groupe Doubs Social Écologique et Solidaire déplore le désengagement de l’État et estime la protection de l’enfance en danger grave. “L a présidente l’a annoncé elle-même en présentant le budget prévisionnel : “La traversée 2024 ne sera pas de tout repos.” Il y a des causes conjonc turelles bien sûr. Mais c’est bien l’État qui met en péril les collectivités locales avec des dotations qui ne suivent pas l’inflation. C’est l’État qui prive les collectivités de leur autonomie fiscale et qui les assigne à un rôle purement gestionnaire. Nous partageons ce constat. Nous sommes cependant étonnés qu’une majorité de droite qui peine à mener une politique locale avec toujours moins de moyens reste solidaire des revendications portées au niveau national par leur famille politique : moins d’impôts, moins de fonctionnaires, moins de service public. C’est pourtant bien cette idéologie qui prive notre Département des moyens nécessaires pour proposer un budget répondant aux besoins des Doubiens. Pour ne citer qu’un seul exemple sur une thématique chère à notre Département, Oxfam France vient de rendre un rapport rapportant que trois niches fiscales relatives au secteur du logement ont coûté près de 11 milliards aux finances publiques en 12 ans. 11 milliards d’euros, de quoi financer plus de 70 000 logements sociaux. Et dans notre Département, il en manque beaucoup, surtout sur la bande frontalière. Les documents d’ur banisme tablent sur une hausse de 21 800 habitants sur 20 ans. Que font les communes du Haut-Doubs pour soutenir la politique de logement dans un tel climat de tension sur l’offre et les prix ? Pas grand-chose en réalité. La solution que le Département a trouvée dans l’urgence avec les bailleurs sociaux pour loger les plus pauvres

est l’installation de tiny houses. Doit-on se résoudre à voir naître le plus grand village de tiny houses sur la zone frontalière ou faut-il trouver les moyens de mener une politique de logement digne de ce nom ? Avant 2020, il était possible pour les conseillers départementaux d’interroger les services de l’État, avec la venue du Préfet une fois par an lors d’une Assemblée. Nous souhaitons que cette rencontre revienne à l’ordre du jour du Département. Avec le désengagement de l’État, c’est la situation catas trophique de la protection de l’enfance qui nous inquiète au plus haut point. Alors qu’il était annoncé dans la presse et aux syndicats une augmentation de 10 % du budget du C.D.E.F. (Centre Départemental de l’Enfance et de la Famille), la majorité départementale prévoit au contraire une baisse d’1,8 % du budget de fonctionnement de cette structure au B.P. 24 comparé à ce qui a été voté en 2023. On se demande comment cela est susceptible d’améliorer les choses alors que le personnel est à bout et se plaint d’un manque de considération de la part des élus de la majorité. Pour pallier l’urgence, nous avons formulé plusieurs propositions : deux personnes minimums pour accom pagner les enfants confiés dans les maisons la nuit, ce qui n’est pas le cas actuellement et ce qui pose des questions de sécurité grave au personnel. Autres actions concrètes : une prise en charge C.M.U. automatique pour les enfants confiés qui peuvent être refusés par certains médecins faute de documents, et accès au tarif C.A.F. le plus faible pour les centres de loisirs alors qu’actuellement c’est le quotient familial maximum qui leur est appli qué. Pour faire la lumière sur la politique de la protection de l’enfance menée dans le Département du Doubs, nous demanderons le vote d’une Mission d’Information et d’Évaluation (M.I.E.) sur le sujet” termine le groupe d’opposition. n

Christine Bouquin s’apprête à entamer sa dixième année à la tête de l’exécutif départemental.

C.B. : Absolument. Tout comme l’ensemble des présidents de Départements en France, je crois qu’il est absolument essentiel de recons truire la décentralisation avec les Départe ments. Il faut redéfinir la nature de la relation avec l’État, déterminer le bon niveau d’action, la

6 L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°260 - Février 2024

On n’a jamais fait aussi peu de bébés à besançOn !

Le tout premier franc-comtois de l’année 2024 est né à la maternité du C.H.U. de Besançon à 00 h 02, il se prénomme Aaron. Quelques heures plus tard, naissaient le petit Lino, à 10 h 50 à la maternité de la Polyclinique de Franche-Comté cette fois. Tous les deux font évidemment le bonheur de leurs parents. La fécondité repartira-t-elle à la hausse cette année après une année 2023 où on n’avait jamais fait aussi peu de bébés ? Le point sur cette natalité en berne, dans les deux maternités bisontines (photo D.R.).

l Démographie 3 517 naissances seulement en 2023 La natalité continue de baisser à Besançon En vingt ans, on compte près de 1 000 bébés en moins qui naissent chaque année dans les deux maternités de la ville. Le service état civil a fait ses comptes.

D epuis une dizaine d’années, la natalité est en chute libre. Le phénomène n’est pas spécifique au Doubs, c’est le cas dans toute la région et à l’échelle nationale. Malgré

cela, la population de notre secteur reste orientée à la hausse. La bonne santé de cette démographie est due à un solde naturel qui reste positif, c’est-à-dire que les naissances sont toujours supérieures aux décès (une moyenne de 4 000 nais sances et de 2 000 décès par an à Besan çon), et également à un solde migratoire favorable. Le nombre de naissances a donc beaucoup chuté, Besançon n’échappe pas à la ten dance. Le service état civil de la ville a enregistré en 2023, 3517 naissances. Bien loin du record de ces vingt dernières années, en 2008, où 4 818 bébés avaient vu le jour dans l’ex-capitale comtoise. La baisse s’est fortement accentuée depuis 2018 où on comptait encore 4 189 naissances. La barre des 4 000 bébés n’a jamais été atteinte depuis, jusqu’à cet étiage historique de 2023. Les parents disposent d’un délai de 5 jours pour déclarer la naissance de leur bébé auprès du service état civil - une vingtaine d’agents sont mobilisés à

Besançon. Ce sont eux aussi qui enre gistrent les demandes de changements de prénoms. “C’est arrivé 59 fois en 2023. Depuis 2017, ces demandes sont traitées par nos services, les personnes n’ont plus besoin de s’adresser au tribunal” précise Franck Desgeorges, le directeur des rela tions aux usagers à la Ville de Besançon. Pour changer de prénom, il faut justifier d’un usage prolongé de son autre prénom, par témoignages ou documents type fac tures ou bulletins scolaires attestant d’un autre prénom d’usage. “20 % des

Élise Aebischer, adjointe bisontine en charge de l’état civil et des formalités administratives, et Franck Desgeorges, le directeur des relations aux usagers à la Ville de Besançon.

qui les a délaissés. “Nous traitons près de 120 demandes par an” note le service qui n’est donc pas qu’une simple chambre d’enregistrement des naissances. “Ce domaine, on ne l’imagine pas toujours, est très technique. Et en dit long sur la société” note l’élue. Il peut arriver aussi quelques anecdotes savoureuses comme ce père venu déclarer un enfant un jour et revenir en déclarer un autre la semaine suivante. Mais ces petites histoires res tent bien gardées dans le secret des bureaux de déclaration… n J.-F.H.

sonnes qui veulent renouer avec leurs racines” ajoute Élise Aebischer, l’adjointe bisontine chargée de l’état civil. En cas de doute des services d’état civil sur le bien-fondé de la demande, il revient au procureur de la République de trancher en dernier lieu. Les services de l’état civil sont également confrontés de temps en temps à des demandes de changements de nom de famille. Très codifiées, ces demandes doi vent être réitérées deux fois, elles se jus tifient parfois quand l’enfant ne souhaite plus porter le nom d’un de ses parents

changements de pré noms surviennent dans le cadre d’un parcours de transition de genre” précise le directeur. “Il arrive aussi que des personnes se sentant discriminées sur le marché de l’emploi sol licitent un changement de prénom. Il peut s’agir aussi de per

Le domaine de l’état civil en dit long sur la société.

La commune de Besançon tient des registres d’état civil depuis 1792.

L’événement 7

La Presse Bisontine n°260 - Février 2024

l C.H.U. Minjoz Très peu d’épisiotomies Une baisse mesurée à la maternité du C.H.U.

2 682 bébés sont nés en 2023 au sein de la maternité de l’hô pital bisontin où travaillent près de 300 personnes. Même si la baisse est moins forte qu’ailleurs, le C.H.U. n’est pas épargné elle non plus par la baisse générale de la natalité.

E ntre 70 et 75 sages-femmes (en équivalent temps plein) se sont occupées dans l’année écoulée des 2 682 bébés nés au sein de ce pôle mère-femme. La maternité du C.H.U. de Besançon est donc, de loin, la principale maternité de l’ex-région Franche-Comté, mais comme les autres, elle n’a pas échappé à la baisse de la natalité. “Le taux de natalité a baissé de 7 % en France l’année dernière. Ici, nous avons accusé une baisse plus mesu rée, de l’ordre de 2 à 3 %, ce qui fait de la maternité du C.H.U. une de celles qui en France a le moins baissé” observe le Professeur Nicolas Mottet, le chef du pôle mère-femme au C.H.U. de Besan çon. La maternité du C.H.U. bénéficie aussi par capillarité de l’attrait d’une structure de type 3, c’est-à-dire doté non seulement d’un service de néonatologie, mais éga lement d’un service de réanimation. “Ce qui signifie que nous pouvons suivre les grossesses à risques de A à Z” résume le chef de pôle. Si le C.H.U. a pris des “parts de marché” sur la maternité de la Polyclinique, c’est sans doute aussi parce que la proportion des patientes de plus de 38 ans a “fortement augmenté”

note le praticien bisontin. Et depuis qu’elle est remontée de Saint-Jacques à Minjoz, parce que la maternité propose aux parturientes une quarantaine de chambres désormais individuelles. L’attractivité de la maternité du C.H.U. lui assure, malgré la crise que traversent les professions de santé, un effectif plein. “La maternité reste un milieu attractif pour le personnel confirme le P r Mottet. On se prépare d’ailleurs à recruter encore, des maïeuticiens notamment, et la pro fession de gynécologue se féminise.” Une des particularités du pôle mère femme du C.H.U. bisontin, c’est égale ment son taux particulièrement faible

de césariennes - moins de 13 % alors que le taux national se situe vers 21 % - et le ban nissement des forceps. “Nous n’utilisons jamais les forceps, plu tôt les ventouses en cas de nécessité. Nous pou vons également réaliser des sièges, également des jumeaux par voie basse” détaille le gyné cologue-obstéricien. Les

Également le bannissement des forceps.

Le Professeur Nicolas Mottet, chef du pôle mère-femme au C.H.U. de Besançon.

épisiotomies (l’incision du périnée au cours de l’accouchement pour faciliter la sortie du bébé) représentent ici moins d’1 % des accouchements. “Il n’y a d’ail

bisontin soient régulièrement amenés à témoigner de leurs pratiques dans les colloques nationaux et internationaux. n J.-F.H.

leurs pas de ciseaux d’épisio sur les pla teaux d’accouchement !” C’est le taux le plus bas de France, qui explique que les professionnels de la mat’ du C.H.U.

Évolution du nombre de P.A.C.S. et mariages célébrés à Besançon

Les prénoms donnés au moins 10 fois en 2023

Répartition des lieux de naissance

Autres 0,26 %

P.A.C.S. Mariages

Nombre Prénom 24 Jules 23 Marceau 21

Polyclinique de F.C. 23,49 %

C.H.U. Minjoz 76,26 %

Ambre, Gabriel Emma, Jade

20 19 18 17 16 15

Alba, Alessio, Louise

Elio, Louis

Maël

Julia, Léo, Lucien, Paul, Rose

2019

2020

2021

2022

2023

Agathe, Charlie, Nino, Noah, Sacha

Changement de prénoms à Besançon

Évolution du nombre de naissances à Besançon

14

Aaron, Adèle, Alice, Chloé, Hugo, Liam, Romane Alma, Mia, Noé, Raphaël Adam, Camille, Côme, Éden, Giulia, Léandre, Léna, Lyana, Naël, Victor, Zoé

13 12

11

Émile, Gabin, Gaspard, Mathéo, Romy, Zélie Andréa, Éva, Inaya, Iris, Jeanne, Juliette, Léon, Léonie, Lina, Lucas, Luna, Maé, Margaux, Marius, Mila, Nolan

10

2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023

Source : Ville de Besançon, service de l’état civil

8 L’événement l Maternité

La Presse Bisontine n°260 - Février 2024

Le plan “Materniteam” La Polyclinique de Franche-Comté cherche à redresser la barre Le nombre de naissances s’est effondré à la maternité de la P.F.C., passant de près de 2 500 il y a moins de vingt ans à 826 à peine pour cette année 2023. La direction veut croire pourtant en l’avenir de la discipline.

Philippe Bressin, directeur des soins à la P.F.C. et Aline Olivier, sage-femme coordinatrice, cadre du service maternité, dans une des salles “nature” de la maternité.

ble viable entre le C.H.U. et la P.F.C., pourtant distante d’à peine 2 km à vol d’oiseau. Parallèlement à l’activité obstétrique, la maternité de la P.F.C. a lancé deux nouvelles filières d’hospitalisation de jour: une filière anté-natale et une autre post-natale notamment destinée à prévenir les déprimes post-accouche ment pour les jeunes mamans. “Être le plus à l’écoute du projet de naissance des parents, c’est vraiment l’axe majeur de notre maternité” résume Aline Oli vier. n J.-F.H.

également sur son “ambiance familiale” , son aspect “cocooning” pour continuer à accueillir les patientes enceintes. Elle propose même à celles qui le souhaitent, ou qui le peuvent (selon leur mutuelle) un service à la carte en termes de ser vices hôteliers, jusqu’au petit-déjeuner continental porté au lit le matin ainsi que la possibilité offerte aux jeunes papas de dormir sur place à proximité de leur conjointe et du nouveau-né. Malgré la baisse des chiffres, l’Agence régionale de santé a confirmé la Poly clinique dans son fonctionnement de maternité de niveau 1. L’équilibre sem

stabilisée, c’est déjà une bonne chose” ajoute la cadre de santé, bien consciente “qu’on n’atteindra plus jamais les 2 500 naissances par an.” Ils sont actuellement 5 gynécologues à assurer le service, sept jours sur sept avec une garde per manente. D’ailleurs, il ne s’agit par pour la clinique privée de se positionner dans une rela tion concurrentielle avec le C.H.U. L’hô pital prend en charge les différentes pathologies liées à la grossesse tandis que la P.F.C. s’est spécialisée dans les activités programmées. Loin de vouloir voir péricliter sa mater nité bisontine, le groupe Elsan a lancé récemment son programme baptisé “Materniteam”, un protocole de prise en charge des futures mamans dès le début de leur grossesse, “avec le choix d’un référent parcours, une sage-femme dédiée à cette mission-clé pour offrir aux futures mamans un parcours et un suivi personnalisés” observe Philippe Bressin, le directeur des soins à la P.F.C. La maternité privée bisontine compte

A line Olivier se souvient de ce qu’elle appelle “les heures de gloire de la maternité.” Au temps où le C.H.U. Minjoz n’offrait qu’un outil vieillissant, l’an cienne maternité de la Mère et l’enfant sur le site Saint-Jacques, et que le P.F.C. se démarquait justement par son équi pement flambant neuf, une équipe plu ridisciplinaire avec de nombreux gyné cologues en poste, et un service hôtelier au top. Si bien que l’établissement privé faisait jeu égal avec le C.H.U. en nombre de naissances, jusqu’à 2 500 par an. En ce début d’année 2024, Aline Olivier est toujours là, tout autant motivée par son travail, mais ne peut que consta ter que l’activité a sérieusement baissé dans l’établissement appartenant dés ormais au groupe Elsan. La P.F.C. a atteint péniblement les 826 naissances en 2023. C’est désormais moins du quart des naissances enregistrées à

Besançon, le C.H.U. en totalisant pré cisément 76,26 %. Qu’est-ce qui explique ce déclin? “D’abord la baisse générale des nais sances, mais aussi et peut-être surtout le fait que nous n’ayons plus de service de néonatologie, nous sommes désormais une maternité de niveau 1. Et il faut bien reconnaître que la principale expli cation de cette baisse depuis une dizaine d’années, c’est l’installation de la nouvelle maternité du C.H.U. sur le site de Minjoz, ainsi qu’un recrutement insuffisant de gynécologues” explique Aline Olivier, à la tête d’une équipe de 19 sages femmes et 17 auxiliaires-puéricultrices. Malgré sa rétrogradation fin 2022 en maternité de niveau 1 faute de person nel (gynécologues, anesthésistes…) suf fisant, la P.F.C. maintient son cap. “Nous sommes depuis plusieurs années à une proportion de trois quarts-un quart avec le C.H.U. et cette proportion s’est

l Analyse

Associations familiales

Et pourtant, le désir d’enfants est toujours là… L’Union nationale des associations familiales, relayée à Besançon par l’U.D.A.F., publie une étude sur le désir d’en fants, intacte malgré la baisse de la natalité. Explications.

l Zoom l En 2022, il y a eu 723 000 naissances en France (19 000 de moins qu’en 2021), soit le plus faible nombre depuis 1946 ! l Sur le plan national: diminution des naissances de 7,4 % selon l’I.N.S.E.E. Le public et le privé sont en diminution d’activité, mais le public ne diminue “que” de 5,7 % et le privé de 10,4 %. l Depuis 2010, on observe un recul de la natalité en France, qui s’explique notamment par la baisse du nombre des femmes en âge de procréer, la hausse des maternités plus tardives et un impact potentiel de la crise économique sur la fécondité qui pourrait avoir été accentué par la crise sanitaire.

L a fécondité ne cesse de baisser, passant de 2,03 enfants en 2010 à tout juste 1,7 en 2023. C’est avant tout l’évolution du com portement de fécondité qui explique les trois quarts de la baisse des nais sances (et non la baisse du nombre de femmes en âge de procréer) : en 2023, le nombre de naissances est passé sous la barre des 700 000 en France, là où on était bien au-dessus de 800 000 il y a 10 ans. Afin de mieux connaître les causes de ce décrochage, l’U.N.A.F. a fait réaliser deux études auprès des parents. Les résultats de ces deux études concomitantes montrent d’abord “un désir d’enfant très enra ciné” notent les associations fami liales. 97 % des parents disent qu’ils souhaitaient avoir des enfants et 2,27 est le nombre idéal moyen d’en fants souhaité dans l’ensemble de la population Plus d’un tiers des interrogés désire une famille nom breuse (trois enfants ou plus). Mais l’U.N.A.F. note “un écart entre l’as piration et la réalisation du projet familial.” Un parent sur 5 aurait renoncé à avoir le nombre d’enfants qu’il aurait souhaité (18 %). “Ces parents expliquent leur situation en

raison de leur inquiétude quant à l’évolution du monde (30 %) et du coût financier d’élever un enfant de plus (28 %)” développe l’association. Pour 48 % des parents potentiels, avoir assez d’argent est déterminant. “Par rapport à 2012, cette question financière est devenue plus impor tante que la question du travail sta ble” ajoute l’U.N.A.F. Enfin, plus de la moitié des familles (57 %) estime le contexte actuel en France globa lement défavorable pour avoir des enfants. Parmi les mesures d’accompagne ment qui pourraient encourager la réalisation du désir d’enfant, l’U.N.A.F. note que des congés fami liaux mieux indemnisés feraient consensus, en particulier auprès des parents travaillant à temps partiel et des personnes qui n’ont pas encore d’enfant. “Le rebond démographique à partir de 1995, à la suite d’une “loi famille” ambitieuse est la preuve qu’une politique familiale universelle articulant des mesures favorables au niveau de vie et à la conciliation vie familiale-vie professionnelle constitue une solution efficace” esti ment les associations familiales. n J.-F.H.

Naissances, décès : le solde naturel en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2000

10 Besançon

La Presse Bisontine n°260 - Février 2024

A.P.F. FRANCE HANDICAP Événement L’accessibilité sur le devant de la scène Une pièce de théâtre sera donnée au profit de A.P.F. France Handicap en février. L’occasion pour Antonio-José Serra et Bernard Avon d’A.P.F. France Handicap de parler de Besançon et de ses capacités à offrir une pleine accessibilité.

Antonio-José Serra juge la ville de Besançon

perfectible dans ses efforts faits en faveur des handicapés moteur et poly handicapés.

S ur un bulletin scolaire, il y met trait le commentaire “peut mieux faire.” À l’occasion d’une pièce de théâtre jouée le 17 février au Petit Kursaal au profit de l’A.P.F. France Handicap, Antonio-José Serra, repré sentant bisontin de l’association dans la commission intercommunale d’ac cessibilité, évoque l’accessibilité de la ville de Besançon pour les handicapés moteur et polyhandicapés. “Au niveau transports, si on n’habite pas sur le tracé du tram, c’est compliqué” analyse Antonio-José Serra, lui-même handi capé moteur, paraplégique à un niveau élevé. “Et puis souvent les trottoirs sont défoncés (il y a 640 km de trottoirs à l A.P.F. France Handicap en chiffres : 100 000 bénévoles en France l 10 % : le nombre de personnes à mobi lité réduite à Besançon (âgées, malen tendantes, malvoyantes, non voyantes, personnes en fauteuil roulant…)

mettre en accessibilité), l’accès au tram avec un fauteuil est compliqué. Une fois à l’intérieur c’est mieux, une per sonne à mobilité réduite y est autonome, il y a deux places P.M.R. par rame et chaque arrêt a un marquage au sol pour aider les personnes non-voyantes. Ginko Access propose bien des minibus pour les personnes à mobilité réduite mais aux heures de pointe, ils sont blin dés, il en faudrait plus.” Sur tous les dossiers, le représentant de France Handicap aimerait être plus associé. “Par exemple quand la rue de la Grette a été refaite, on n’a pas été consulté. Les personnes à mobilité réduite du secteur étaient embêtées car les trottoirs étaient en réfection et elles devaient passer sur la route. Aujourd’hui, les travaux sont finis mais ne répondent pas aux normes.” À l’in verse, beaucoup d’endroits heureuse ment sont conformes et leur accessi bilité remarquée. “Nous avons travaillé sur le Musée de la résistance et de la déportation de Besançon, les présentoirs

semaine de formation sur le handicap, c’est insuffisant. Les architectes connais sent plus le code de la construction et de l’habitat que la loi.” Pour son collègue Bernard Avon, réfé rent accessibilité à A.P.F. France Han dicap 25 et administrateur au C.C.A.S., on ne peut pourtant pas dire que la Ville néglige la question du handicap. “Notre plus gros problème est le recen sement des logements accessibles et adaptés. À Besançon comme ailleurs en France, il n’y a que 20 % de logements neufs qui sont accessibles.” Une impor tante carence. n A.A.

des œuvres sont à bonne hauteur pour une personne en fauteuil roulant.” D’une manière générale, Antonio-José Serra regrette que les architectes ne soient pas assez formés au handicap. “Prenez le F.R.A.C. Les portes d’entrée sont trop lourdes, les contrastes de cou leurs sont difficilement perceptibles pour les personnes malvoyantes. Sur le projet de la Grande Bibliothèque aussi, on a déjà pointé plusieurs ano malies. Dans les formations faites aux architectes, il faudrait leur proposer de passer 15 jours dans un centre au contact de personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, ils ont une seule

“Sexe, magouilles et culture générale ” une pièce de Laurent Baffie jouée par la troupe d’Épenoy “Pause Théâtre” au profit de A.P.F. France Handicap. Rendez-vous le samedi 17 février à 20 h 30 au Petit Kursaal. Réservations au 06 84 23 68 75

EN BREF

SAINT-FERJEUX Des critiques Nouvelle Bascule, nouveau visage pour Saint-Ferjeux La nouvelle place de la Bascule a été inaugurée. Un aménagement, mené en concertation avec les acteurs du quartier, qui s’intègre dans un projet global de recomposition de l’espace au cœur de Saint-Ferjeux.

Consonances L’association franco allemande Consonances organise un concert au Grand Kursaal de Besançon le dimanche 18 février à 17 heures avec, en trio, les deux frères Adrien et Guillaume Bellom et la violoniste allemande Verena Chen. Ils interpréteront trois trios: entre le pétillant Haydn et le souffle brahmsien, ils joueront un très beau trio d’Hedwige Chrétien, compositrice contemporaine de Fauré. Plus d’infos sur www.consonances.org Portraits du cœur Dimanche 28 janvier de 10 heures à 17 heures salle Proudhon au Kursaal de Besançon, grande manifestation “Les portraits du cœur” organisée par la fédération française de la photographie et des métiers de l’image. Chaque famille pourra repartir avec un “portrait de famille” retouché, imprimé et offert sans contrepartie. Cetta mniefstation ets organisée en partenariat avec le Secours populaire français.

R éaffirmer la centralité du quartier Saint-Fer jeux. Redynamiser l’es pace et la vie commer ciale du quartier. Mais aussi favoriser de nouvelles mobilités (pistes cyclables, voies pié tonnes) pour une ville plus inclusive et plus accessible. En fin d’année dernière, la place de la Bascule a été inaugurée. Elle avait fait l’objet de discus sions, dans le cadre d’un projet participatif, entre la mairie, le Conseil consultatif des habi tants, la maison de quartier et les commerçants depuis 2018. L’un des objectifs des travaux effectués est de lutter contre les îlots de chaleur. “Nous vou lons aussi désimperméabiliser les sols, sur les zones de parking et de stationnement, et favoriser l’infiltration des eaux fluviales” a rappelé Anne Vignot, la maire de Besançon. “Laisser l’eau s’in filtrer sur les 2 700 m² de la place qui sont végétalisés, plus de 40 % de la surface totale de

l’opération, va permettre de conserver près de 7 000 m 3 d’eau par an. C’est de l’eau pluviale qui ne prendra pas la direction de la station d’épuration. Nous voulons aussi réinstaller du végétal (fleurs, gazon, arbres) pour avoir des corridors écolo giques.” Cet aménagement répond à une certaine logique pour une muni cipalité écologiste. Mais qui est aussi sujet à critique. Notam ment au niveau de la voirie. “La route est trop étroite !” s’est exprimée, en pleine inaugura tion, une automobiliste circulant rue de la Basi lique. “Le

À l’occasion de l’inauguration de la place, Anne Vignot, Nabia Hakkar-Boyer, conseillère régionale, les représentants de l’Agence de l’eau et paysagistes de G.B.M. ont symboliquement planté un arbre.

de sécheresse longs et intenses. Et qui pourront offrir, dans 5 à 10 ans, des zones ombragées sans doute appréciées. De quoi faire baisser l’opposition à cette nouvelle place de la Bascule, notamment celle du comité de quartier Rosemont-Saint-Fer jeux, qui avait dénoncé des retards et un coût de 30 000 euros supplémen taires ? n A.A.

firmé Anne Vignot en réaction à cette (petite) interpellation. “Les automobilistes doivent adapter leur vitesse et adopter une vitesse juste. Notre capacité à partager l’espace public est un vrai enjeu.” Autre enjeu, fleurir la place avec des essences variées, locales et favorables à la bio diversité. Des espèces, une trentaine d’arbres au total, qui supportent des épisodes

En chiffres : l Le coût du projet : 1,22 million d’euros : Région Bourgogne-Franche-Comté 200 000 euros (dans le cadre de Territoires en action), Dépar tement du Doubs 200 000 euros, Agence de l’eau 56 000 euros, Grand Besançon Métropole 773 306 euros

Après l’inauguration, place à l’opposition.

choix d’une voie étroite a été fait pour assurer un ralentisse ment et un apaisement nécessaire à une telle cen tralité” a réaf

Plus d’infos au 06 08 83 92 39.

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