La Presse Bisontine 260 - Février 2024

22 Le dossier l Serre-les-Sapins

La Presse Bisontine n°260 - Février 2024

14,5 hectares urbanisés

Z.A.C. des Épenottes-Champs Franois : un quartier en avance sur son temps L’opération d’aménagement de ce quartier de 284 logements à l’ouest bisontin a été plutôt précurseure. Réfléchie dès le début des années 2000 par la commune de Serre-les-Sapins, elle répond aux enjeux actuels d’habitat et de sobriété foncière.

E lle sert aujourd’hui d’exemple. Pourtant, cette zone d’aména gement concertée (Z.A.C.) était loin de faire l’unanimité au moment de son élaboration. “Ce dossier n’a pas été simple. Il a fallu convaincre, faire preuve de pédagogie et de pugnacité” , reconnaît Gabriel Baulieu, maire de Serre-les-Sapins et premier vice-prési dent de Grand Besançon Métropole. Por ter ce genre d’opération singulière dans une commune comme celle-là (d’environ 2 000 habitants), ne pouvait également se faire que sur un temps long et pas sur un unique mandat. Ce qui pouvait aussi lever des critiques à l’époque.

note Gabriel Baulieu, qui se réjouit aujourd’hui de “cet ensemble cohérent” et du retour satisfait des habitants. L’un d’entre eux l’interpellera justement à ce sujet au cours de notre visite du quar tier. “On a trouvé le bon compromis ici. C’est cosmopolite, tout le monde vit ensem ble en bonne entente” , tient à nous glisser M. Chennouf, propriétaire d’une maison individuelle, au détour de la conversa tion. Le parti pris souhaité dès le démarrage de l’opération était, en effet, d’intégrer de la diversité dans l’habitat. Résultat : on y trouve aussi bien des pavillons indi viduels, que des maisons en bande ou

L’aménagement du quartier, qui s’est réalisé en trois phases, aura pris qua siment 12 ans. Avec la réalisation d’une première tranche de 2012 à 2015, puis

d’une seconde de 2016 à 2021, jusqu’à la finalisation aujourd’hui de la dernière tranche. Sédia assure la maîtrise d’ouvrage d’opé ration par délégation de la commune. “On a fait la démonstration ici qu’il est possible de faire cohabiter différentes formes d’habitat et d’avoir une ges tion économe de l’espace” ,

Diverses formes d’habitat réunies.

Gabriel Baulieu voit dans cette Z.A.C., “une opération grandeur nature” dont d’autres communes pourraient s’inspirer.

constituait une forme de révolution il y a 10 à 15 ans, fait en tout cas aujourd’hui écho aux attendus en termes de consom mation d’espaces et en vue du prochain zéro artificialisation nette (Z.A.N.) des sols d’ici 2050. “Si on n’avait fait que du pavillonnaire sur 10 ares comme cela se faisait avant, on n’arriverait pas aux 23 logements à l’hectare recensés ici. On peut mieux économiser le foncier en den sifiant par la diversité.” Le fait d’urbaniser dans un projet global tout un secteur constructible de 14,5 hectares (détenu au départ par 15 pro priétaires) a aussi permis d’y intégrer des espaces publics et des équipements, qui n’auraient pas pu être envisageables autrement, comme l’aire de jeux, le ter rain de pétanque et le terrain multisports (ouverts durant la première phase). L’émergence de ce nouveau lieu d’habitat d’importance a aussi conduit à porter une attention particulière à l’environ nement, avec une gestion alternative des eaux pluviales. Une nouvelle voie d’accès a aussi été spécifiquement créée entre la Z.A.C. et le giratoire de la rue de la Gare. n S.G.

des petits ensembles en locatif privé ou public. Des logements seniors sont éga lement en cours de construction, dans un immeuble Néolia presque achevé.Le tout a été réfléchi dans une composition urbaine globale, prenant en compte l’af fectation et l’optimisation des espaces, au travers notamment d’une voirie res serrée et de plus petits terrains. Ce qui ne semble pas poser de problème aux habitants. “C’est suffisant, on est beau coup à ne pas vouloir passer notre temps à entretenir les extérieurs” , fait remarquer M. Chennouf, qui préconise toutefois de ne pas aller en deçà des 4 ares construc tibles. “Il s’agissait bien par cet aménagement de créer les conditions nécessaires à l’ac cueil de nouveaux habitants et faire en sorte que l’accès au logement soit ouvert à tous” , précise le maire, qui souhaitait à la fois répondre aux demandes sur sa commune, mais aussi participer à la vitalité du territoire grand bisontin. L’opération, bien sûr, était lourde avec des logiques financières à l’œuvre pour la commune, qui devrait toutefois finir sur des conditions d’équilibre. Cette conception de l’urbanisation, qui

284 logements dont 58 logements sociaux sont regroupés

dans ce quartier.

l Illustrations

“On a sollicité l’E.P.F. pour racheter l’ancien centre de vacances de la R.A.T.P. en vue d’en faire un centre d’accueil touristique et social”, explique Philippe Alpy, le président de l’E.P.F.

Avec le président de l’établissement

L’E.P.F. au service de la sobriété foncière L’Établissement Public Foncier est un moyen de lutter contre l’artificialisation, de requalifier des friches, de reconquérir des centres, de préserver des espaces. Le point avec son président, l’élu Philippe Alpy.

“T oute collectivité se doit d’avoir une vision globale de l’aménagement de son territoire et l’E.P.F. permet d’accompagner cette réflexion” , souligne Philippe Alpy, le prési dent de l’E.P.F. Doubs B.F.C. qui est aussi maire de Frasne. Logi quement, sa commune sollicite régulièrement l’E.P.F. sur diverses opérations. Exemple avec une ancienne entreprise locale, la Société Parisienne des Sciures. Mise en liquidation depuis plu

sieurs années, cette entreprise occupait le vaste bâtiment situé à l’entrée de Frasne le long de la voie ferrée. “On a sollicité l’E.P.F.

ficilement accessible depuis le collège. On a ensuite été sollicité par la S.N.C.F. qui cherchait des locaux à louer pour stocker du matériel roulant. On a finalement accepté l’offre d’achat d’un acteur de l’agro-alimentaire qui était lui aussi intéressé par un bâtiment de cette taille. La vocation écono mique du site va perdurer et on y tenait” , justifie Philippe Alpy sans dévoiler le nom du nouveau propriétaire des lieux. Bel exem ple de valorisation d’une friche industrielle.

tomber dans le giron des mar chands de sommeil” , souligne Philippe Alpy ravi comme pas mal d’élus locaux de la loi Z.A.N. imposant d’ici quelques années le Zéro artificialisation nette. C’est aussi via l’E.P.F. que la com mune de Dannemarie-sur-Crète avait pu racheter la friche Brico Stoc 300 000 euros (voir en page suivante). n

Autre exemple frasnois : la mai son Louette où se trouve le maga sin de la fromagerie. “L’E.P.F. a acquis ce bâtiment qui a été revendu à Néolia pour y aménager 12 logements dont cinq seront réservés aux seniors. Sur cette opération, on a mobilisé le fonds Friches et le fonds Vert par les quels l’État soutient les collecti vités engagées dans des opérations

de recyclage des friches.” Dernier exemple et non des moin dres, le rachat de l’ancien centre de vacances R.A.T.P. avec l’objectif de le confier à un gestionnaire pour en faire un centre d’héber gement touristique et social. “Le logement devient une priorité sur le territoire. La force publique doit prendre la main sur cette problématique qui ne doit pas

qui a acquis le bien auprès du liquida teur pour le compte de la commune. Initialement, on pensait y aména ger des salles de sport et d’activités mais on a aban donné cette piste car le site était dif

“Cet outil est d’un intérêt majeur.”

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