La Presse Bisontine 260 - Février 2024

L’interview du mois 5

La Presse Bisontine n°260 - Février 2024

nécessité de repenser le modèle pour une décentralisation plus lisible, ainsi que la garantie d’une autonomie financière et fiscale. Le Département est un maillon essentiel dans la vie de nos territoires mais aussi des habitants, des plus jeunes comme des plus âgés. Notre rôle est crucial en tant que collectivités des derniers kilomètres. La proximité avec nos concitoyens est notre A.D.N. Le dépar tement est une collectivité d’avenir ! L.P.B. : Pourtant dans ce cadre, certains commencent, y compris localement, à remettre en cause l’échelon départemental. Une réaction ? C.B. : Je crois qu’il faut savoir de quoi l’on parle avant d’émettre des avis à l’emporte pièce. La question de la décentralisation mérite mieux que des déclarations qui sup priment d’un trait de plume telle ou telle col lectivité. L’enjeu de la question de la décen tralisation est plus sérieux que cela. Le sujet, c’est de sortir de cette “décentralisation ina chevée”, au goût parfois amer, dans laquelle nous sommes. C’est une question de fond qui impacte les citoyens de ce pays qui attendent de la proximité et de l’efficacité des actions publiques que nous menons pour eux. L.P.B. : Quelle est votre réaction sur l’actualité nationale, notamment en ce qui concerne la loi “immigration” ? C.B. : La question de l’immigration et de son contrôle est une question de fond pour laquelle près de trois quarts des Français attendent des réponses. Une loi sur le sujet est donc tout à fait légitime. Quant au texte de loi en lui-même, je crois qu’il est urgent d’attendre l’avis du Conseil Constitutionnel pour avoir une vision complète et juste du texte qui devra s’appliquer. Je reste en tout cas plus que jamais attachée aux valeurs de la Répu blique. n Propos rcueillis par J.-F.H.

Réaction L’opposition n’a pas la même lecture du budget

Par la voix de son leader, le Bisontin Raphaël Krucien, le groupe Doubs Social Écologique et Solidaire déplore le désengagement de l’État et estime la protection de l’enfance en danger grave. “L a présidente l’a annoncé elle-même en présentant le budget prévisionnel : “La traversée 2024 ne sera pas de tout repos.” Il y a des causes conjonc turelles bien sûr. Mais c’est bien l’État qui met en péril les collectivités locales avec des dotations qui ne suivent pas l’inflation. C’est l’État qui prive les collectivités de leur autonomie fiscale et qui les assigne à un rôle purement gestionnaire. Nous partageons ce constat. Nous sommes cependant étonnés qu’une majorité de droite qui peine à mener une politique locale avec toujours moins de moyens reste solidaire des revendications portées au niveau national par leur famille politique : moins d’impôts, moins de fonctionnaires, moins de service public. C’est pourtant bien cette idéologie qui prive notre Département des moyens nécessaires pour proposer un budget répondant aux besoins des Doubiens. Pour ne citer qu’un seul exemple sur une thématique chère à notre Département, Oxfam France vient de rendre un rapport rapportant que trois niches fiscales relatives au secteur du logement ont coûté près de 11 milliards aux finances publiques en 12 ans. 11 milliards d’euros, de quoi financer plus de 70 000 logements sociaux. Et dans notre Département, il en manque beaucoup, surtout sur la bande frontalière. Les documents d’ur banisme tablent sur une hausse de 21 800 habitants sur 20 ans. Que font les communes du Haut-Doubs pour soutenir la politique de logement dans un tel climat de tension sur l’offre et les prix ? Pas grand-chose en réalité. La solution que le Département a trouvée dans l’urgence avec les bailleurs sociaux pour loger les plus pauvres

est l’installation de tiny houses. Doit-on se résoudre à voir naître le plus grand village de tiny houses sur la zone frontalière ou faut-il trouver les moyens de mener une politique de logement digne de ce nom ? Avant 2020, il était possible pour les conseillers départementaux d’interroger les services de l’État, avec la venue du Préfet une fois par an lors d’une Assemblée. Nous souhaitons que cette rencontre revienne à l’ordre du jour du Département. Avec le désengagement de l’État, c’est la situation catas trophique de la protection de l’enfance qui nous inquiète au plus haut point. Alors qu’il était annoncé dans la presse et aux syndicats une augmentation de 10 % du budget du C.D.E.F. (Centre Départemental de l’Enfance et de la Famille), la majorité départementale prévoit au contraire une baisse d’1,8 % du budget de fonctionnement de cette structure au B.P. 24 comparé à ce qui a été voté en 2023. On se demande comment cela est susceptible d’améliorer les choses alors que le personnel est à bout et se plaint d’un manque de considération de la part des élus de la majorité. Pour pallier l’urgence, nous avons formulé plusieurs propositions : deux personnes minimums pour accom pagner les enfants confiés dans les maisons la nuit, ce qui n’est pas le cas actuellement et ce qui pose des questions de sécurité grave au personnel. Autres actions concrètes : une prise en charge C.M.U. automatique pour les enfants confiés qui peuvent être refusés par certains médecins faute de documents, et accès au tarif C.A.F. le plus faible pour les centres de loisirs alors qu’actuellement c’est le quotient familial maximum qui leur est appli qué. Pour faire la lumière sur la politique de la protection de l’enfance menée dans le Département du Doubs, nous demanderons le vote d’une Mission d’Information et d’Évaluation (M.I.E.) sur le sujet” termine le groupe d’opposition. n

Christine Bouquin s’apprête à entamer sa dixième année à la tête de l’exécutif départemental.

C.B. : Absolument. Tout comme l’ensemble des présidents de Départements en France, je crois qu’il est absolument essentiel de recons truire la décentralisation avec les Départe ments. Il faut redéfinir la nature de la relation avec l’État, déterminer le bon niveau d’action, la

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