La Presse Bisontine 260 - Février 2024

8 L’événement l Maternité

La Presse Bisontine n°260 - Février 2024

Le plan “Materniteam” La Polyclinique de Franche-Comté cherche à redresser la barre Le nombre de naissances s’est effondré à la maternité de la P.F.C., passant de près de 2 500 il y a moins de vingt ans à 826 à peine pour cette année 2023. La direction veut croire pourtant en l’avenir de la discipline.

Philippe Bressin, directeur des soins à la P.F.C. et Aline Olivier, sage-femme coordinatrice, cadre du service maternité, dans une des salles “nature” de la maternité.

ble viable entre le C.H.U. et la P.F.C., pourtant distante d’à peine 2 km à vol d’oiseau. Parallèlement à l’activité obstétrique, la maternité de la P.F.C. a lancé deux nouvelles filières d’hospitalisation de jour: une filière anté-natale et une autre post-natale notamment destinée à prévenir les déprimes post-accouche ment pour les jeunes mamans. “Être le plus à l’écoute du projet de naissance des parents, c’est vraiment l’axe majeur de notre maternité” résume Aline Oli vier. n J.-F.H.

également sur son “ambiance familiale” , son aspect “cocooning” pour continuer à accueillir les patientes enceintes. Elle propose même à celles qui le souhaitent, ou qui le peuvent (selon leur mutuelle) un service à la carte en termes de ser vices hôteliers, jusqu’au petit-déjeuner continental porté au lit le matin ainsi que la possibilité offerte aux jeunes papas de dormir sur place à proximité de leur conjointe et du nouveau-né. Malgré la baisse des chiffres, l’Agence régionale de santé a confirmé la Poly clinique dans son fonctionnement de maternité de niveau 1. L’équilibre sem

stabilisée, c’est déjà une bonne chose” ajoute la cadre de santé, bien consciente “qu’on n’atteindra plus jamais les 2 500 naissances par an.” Ils sont actuellement 5 gynécologues à assurer le service, sept jours sur sept avec une garde per manente. D’ailleurs, il ne s’agit par pour la clinique privée de se positionner dans une rela tion concurrentielle avec le C.H.U. L’hô pital prend en charge les différentes pathologies liées à la grossesse tandis que la P.F.C. s’est spécialisée dans les activités programmées. Loin de vouloir voir péricliter sa mater nité bisontine, le groupe Elsan a lancé récemment son programme baptisé “Materniteam”, un protocole de prise en charge des futures mamans dès le début de leur grossesse, “avec le choix d’un référent parcours, une sage-femme dédiée à cette mission-clé pour offrir aux futures mamans un parcours et un suivi personnalisés” observe Philippe Bressin, le directeur des soins à la P.F.C. La maternité privée bisontine compte

A line Olivier se souvient de ce qu’elle appelle “les heures de gloire de la maternité.” Au temps où le C.H.U. Minjoz n’offrait qu’un outil vieillissant, l’an cienne maternité de la Mère et l’enfant sur le site Saint-Jacques, et que le P.F.C. se démarquait justement par son équi pement flambant neuf, une équipe plu ridisciplinaire avec de nombreux gyné cologues en poste, et un service hôtelier au top. Si bien que l’établissement privé faisait jeu égal avec le C.H.U. en nombre de naissances, jusqu’à 2 500 par an. En ce début d’année 2024, Aline Olivier est toujours là, tout autant motivée par son travail, mais ne peut que consta ter que l’activité a sérieusement baissé dans l’établissement appartenant dés ormais au groupe Elsan. La P.F.C. a atteint péniblement les 826 naissances en 2023. C’est désormais moins du quart des naissances enregistrées à

Besançon, le C.H.U. en totalisant pré cisément 76,26 %. Qu’est-ce qui explique ce déclin? “D’abord la baisse générale des nais sances, mais aussi et peut-être surtout le fait que nous n’ayons plus de service de néonatologie, nous sommes désormais une maternité de niveau 1. Et il faut bien reconnaître que la principale expli cation de cette baisse depuis une dizaine d’années, c’est l’installation de la nouvelle maternité du C.H.U. sur le site de Minjoz, ainsi qu’un recrutement insuffisant de gynécologues” explique Aline Olivier, à la tête d’une équipe de 19 sages femmes et 17 auxiliaires-puéricultrices. Malgré sa rétrogradation fin 2022 en maternité de niveau 1 faute de person nel (gynécologues, anesthésistes…) suf fisant, la P.F.C. maintient son cap. “Nous sommes depuis plusieurs années à une proportion de trois quarts-un quart avec le C.H.U. et cette proportion s’est

l Analyse

Associations familiales

Et pourtant, le désir d’enfants est toujours là… L’Union nationale des associations familiales, relayée à Besançon par l’U.D.A.F., publie une étude sur le désir d’en fants, intacte malgré la baisse de la natalité. Explications.

l Zoom l En 2022, il y a eu 723 000 naissances en France (19 000 de moins qu’en 2021), soit le plus faible nombre depuis 1946 ! l Sur le plan national: diminution des naissances de 7,4 % selon l’I.N.S.E.E. Le public et le privé sont en diminution d’activité, mais le public ne diminue “que” de 5,7 % et le privé de 10,4 %. l Depuis 2010, on observe un recul de la natalité en France, qui s’explique notamment par la baisse du nombre des femmes en âge de procréer, la hausse des maternités plus tardives et un impact potentiel de la crise économique sur la fécondité qui pourrait avoir été accentué par la crise sanitaire.

L a fécondité ne cesse de baisser, passant de 2,03 enfants en 2010 à tout juste 1,7 en 2023. C’est avant tout l’évolution du com portement de fécondité qui explique les trois quarts de la baisse des nais sances (et non la baisse du nombre de femmes en âge de procréer) : en 2023, le nombre de naissances est passé sous la barre des 700 000 en France, là où on était bien au-dessus de 800 000 il y a 10 ans. Afin de mieux connaître les causes de ce décrochage, l’U.N.A.F. a fait réaliser deux études auprès des parents. Les résultats de ces deux études concomitantes montrent d’abord “un désir d’enfant très enra ciné” notent les associations fami liales. 97 % des parents disent qu’ils souhaitaient avoir des enfants et 2,27 est le nombre idéal moyen d’en fants souhaité dans l’ensemble de la population Plus d’un tiers des interrogés désire une famille nom breuse (trois enfants ou plus). Mais l’U.N.A.F. note “un écart entre l’as piration et la réalisation du projet familial.” Un parent sur 5 aurait renoncé à avoir le nombre d’enfants qu’il aurait souhaité (18 %). “Ces parents expliquent leur situation en

raison de leur inquiétude quant à l’évolution du monde (30 %) et du coût financier d’élever un enfant de plus (28 %)” développe l’association. Pour 48 % des parents potentiels, avoir assez d’argent est déterminant. “Par rapport à 2012, cette question financière est devenue plus impor tante que la question du travail sta ble” ajoute l’U.N.A.F. Enfin, plus de la moitié des familles (57 %) estime le contexte actuel en France globa lement défavorable pour avoir des enfants. Parmi les mesures d’accompagne ment qui pourraient encourager la réalisation du désir d’enfant, l’U.N.A.F. note que des congés fami liaux mieux indemnisés feraient consensus, en particulier auprès des parents travaillant à temps partiel et des personnes qui n’ont pas encore d’enfant. “Le rebond démographique à partir de 1995, à la suite d’une “loi famille” ambitieuse est la preuve qu’une politique familiale universelle articulant des mesures favorables au niveau de vie et à la conciliation vie familiale-vie professionnelle constitue une solution efficace” esti ment les associations familiales. n J.-F.H.

Naissances, décès : le solde naturel en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2000

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