La Presse Bisontine 175 - Avril 2016

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

2, € 60

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr AVRIL 2016 N° 175

FACE À DIJON MOBILISATION GÉNÉRALE POUR ENRAYER LE DÉCLIN DE BESANÇON LES ACTIONS CITOYENNES ET POLITIQUES SE MULTIPLIENT

L’ÉVÉNEMENT en p. 4, 6 et 7

HISTOIRE

LE DOSSIER p. 20 à 25 Filières courtes, marchés… Le retour du “bien manger” à Besançon

p. 18

CITADELLE : les débuts rocambolesques du zoo devenu premier site touristique régional

Jusqu’au 09/04/16

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@publipresse.fr

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 175 - Avril 2016

Mots Doubs : derrière “l’épaisseur du trait”, la polémique

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de

Populaire On ne reviendra pas sur la forme cala- miteuse de l’annonce : les Mots Doubs n’auront pas lieu cette année et ce ne sont ni les partenaires, ni les libraires, encore moins la presse qui ont été pré- venus en premier, mais… les hôteliers. Sans concertation préalable de ses par- tenaires historiques, le Conseil départe- mental du Doubs a donc décidé de sup- primer (ou suspendre, c’est selon) les Mots Doubs. Les explications tardives dans un communiqué on ne peut plus rébar- batif et abscons de la présidente du Dépar- tement plusieurs longs jours après la divul- gation fortuite de cette suppression laissent songeur. On ne peut pas dire, depuis que la nouvelle majorité est aux commandes de ce département, que la communica- tion soit son point fort… Passons sur la forme. Il y a surtout le fond dans cette décision peut-être hâtive. Supprimer cet- te édition 2016 des Mots Doubs, c’est pri- ver les habitants de ce département de la seule manifestation d’envergure qui avait su allier, sous l’impulsion de Claude Girard, l’exigence d’un vrai salon littérai- re avec l’accessibilité au plus grand nombre. Bref, la culture populaire dans ce que ce terme recouvre de plus noble. On se pres- sait aux Mots Doubs non pas forcément parce qu’on est un lecteur assidu ou un passionné de littérature, mais avant tout pour faire des rencontres. Les férus de littérature y trouvaient leur compte, com- me les flâneurs. Les jeunes enfants avaient de quoi étancher leur soif d’apprendre comme les collégiens qui des quatre coins du département venaient en masse à ce rendez-vous culturel annuel. L’honnêteté intellectuelle des élus du nouvel exécutif départemental n’est pas à remettre en cause quand ils mettent en avant les contraintes budgétaires auxquelles le Conseil départemental est confronté, com- me toutes les collectivités locales en Fran- ce, pour boucler son budget 2016. L’exercice est devenu une véritable quadrature du cercle dans un pays où le manque d’activité économique et partant, les lourdes charges liées aux solidarités écrasent la barque départementale. Il n’est pas anodin de voir que les nouveaux élus ont mis tant de temps avant de dévoiler, à partir du 21 mars, leurs arbitrages budgétaires. De cette prudence on ne peut pas leur faire le moindre grief. En revanche, on peut regretter que soit passée en premier lieu sous les fourches caudines d’un budget annuel de près de 600 millions d’euros une manifestation culturelle au budget somme toute raisonnable et qui surtout contribue incontestablement au rayon- nement du département, et de son chef- lieu qui n’avait pas besoin de cela pour être déclassé encore un peu plus. Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Co ntact publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Mars 2016 Commission paritaire : 0220 I 80130 Crédits photos : La Presse Bisontine, B. Debrie, B. Devènes, C.A.G.B., C.D. 25, J.-C. Sexe - Ville de Besançon, O.T.S.I. Besançon.

l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Le marché locatif

bisontin à la loupe

à Belfort, de 461 euros à Chalon-sur-Saône. En moyenne, les chambres simples se sont louées 280 euros pour une surface de 13 m 2 , les studios 367 euros pour 23 m 2 et les appar- tements T1 406 euros pour 30 m2. Pour les appartements T2, la surface constatée est de 40 m 2 et le loyer moyen de 485 euros, un T3 de 64 m 2 se loue 618 euros et les très grands appartements se sont négociés en moyenne 688 euros charges comprises. Quant aux mai- sons, elles se louent en moyenne 1 032 euros, chiffre à relativiser au vu du faible échantillon étudié. Les logements les plus loués à Besan- çon sont des studios. “Besançon reste assez active sur le marché locatif des petites sur- faces (chambres, studios et T1) qui repré- sentent 47 % des locations” note l’étude. Les studios dominent le marché avec 31 % des logements loués. Une caractéristique qui illustre la forte présence étudiante à Besan- çon. À noter que les appartements T2 (avec chambre indépendante) représentent égale- ment une part importante avec 23 %. Les locations de maisons sont limitées à 2 % du marché bisontin, ce qui peut s’expliquer par le faible taux de rotation pour ce type de loge- ment et la demande qui s’oriente en faveur des petites surfaces.

À l’occasion du 10 ème salon Immopolis qui se tient à Besançon-Micropolis du 18 au 20 mars, le site spécialisé LocServi- ce.fr a décortiqué plus de 600 offres ou demandes de locations réalisées en 2015 à Besançon par des bailleurs particuliers et livre un observatoire inédit sur le marché locatif local. Il ressort d’abord de cette étude que “75 % des locataires qui souhaitent s’installer dans le Doubs recherchent en priorité sur Besan- çon” , une ville où le loyer moyen charges com- prises est de 483 euros, soit 7 euros de plus qu’en 2014. “Pourtant, si on étudie l’évolution du loyer au m 2 , on constate une baisse annuel- le d’1,90 %. Ce phénomène s’explique princi- palement par l’augmentation de la surface moyenne des logements loués (+ 3,33 %), or plus un logement est grand, plus son prix au mètre carré diminue” précise l’étude. Si on compare les principales villes de la nou- velle région Bourgogne-Franche-Comté, Besan- çon est la seconde ville la plus chère après Dijon, cette dernière affichant un prix moyen de 13,31 euros par m². Les autres villes de la région se situent essentiellement sous la bar- re des 10 euros par mètre carré. Un loyer men- suel moyen charges comprises à Dijon est de 497 euros, de 503 euros à Auxerre, de 465 euros

La 15 ème édition du salon du livre n’aura lieu cette année (photo L. Cheviet - C.D. 25).

D e l’encre, le festival lit- téraire les Mots Doubs en fait couler. À son grand désarroi cette fois. Le Conseil départemental a confirmé le report de l’édition 2016. Beaucoup y voient une annulation pure et simple de l’événement, ce que réfute la majorité départementale uti- lisant le terme de “report”. Si elle pouvait s’attendre à une levée de boucliers des oppo- sants politiques, cette der- nière ne s’attendait pas à une telle résistance des amoureux de lecture. Le dossier a - for- cément - rebondi au conseil municipal de Besançon où le maire a demandé des comptes à Ludovic Fagaut (Les Répu- blicains - en charge de la cul- ture au Département). “Fran- chement, j’ai cru à une mauvaise blague lorsqu’on me l’a appris. Je suis aba- sourdi par la méthode de sup- primer en catimini les Mots Doubs” a-t-il lâché. L’édile qui s’était promis de ne jamais étaler les dossiers du Conseil départemental en conseil municipal a franchi le Rubi- con. Presque logique. Chris- tophe Lime (P.C.F.) y voit une chose : “Vous descendez Besançon.” Attaqués, les

Conseillers départementaux répondent. Ludovic Fagaut rappelant “le contexte éco- nomique serré des collectivi- tés et le fait que le salon ne répondait plus à toutes les attentes, notamment celles des écrivains régionaux.” Dans un communiqué, la présidente rappelle que “le Département est contraint de s’en tenir aux choix vitaux.” Christine Bou- quin désamorce certains mis- siles envoyés : “Alors, bien sûr, j’entends dire pêle-mêle, que 500 000 euros, coût glo- bal de la manifestation, c’est “l’épaisseur du trait”, que la culture est encore une fois sacrifiée, que je préfère les routes à l’action culturelle, que la Saline d’Arc-et-Senans mobilise tous les moyens du Département. Que de procès d’intention et d’amalgames ! Je réfute l’expression de fau- te politique associée à la sup- pression des Mots Doubs.” A la majorité d’assumer et de proposer lors du vote du bud- get (21 au 23 mars) un pro- gramme culturel. Ludovic Fagaut n’a pas oublié de rap- peler à l’adjoint bisontin Yves- Michel Dahoui (P.S.) le coût d’1 million d’euros de Sono- rama…qui ne résonne plus.

Les logements les plus demandés à la location à Besançon

sont des studios.

Les voyants restent au vert aux Passages Pasteur

plus faibles de l’année. C’est la fin des soldes” remarque-t- il soulignant toutefois un contex- te économique globalement défavorable au commerce à Besançon comme un peu par- tout en France. Néanmoins, selon Frédéric Robert, il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives. Les Passages Pasteur n’ont pas encore livré tout leur potentiel commercial. “Il est évident qu’en terme de fréquentation nous sommes actuellement en dessous des chiffres enregis- trés en novembre et décembre, les deux premiers mois d’ouverture. La période était idéale pendant les fêtes de fin d’année. Malheureusement, il n’était pas possible de garder ce rythme au premier trimestre.

Néanmoins, d’autres enseignes vont arriver. Elles vont appor- ter une offre commerciale qui n’existe pas pour l’instant au centre-ville. Les voyants sont au vert” dit-il. Au moins deux nouvelles enseignes doivent s’installer dans les Passages Pasteur d’ici le mois de juin. La direction du centre espère que l’ensemble des surfaces commerciales sera loué d’ici le mois de sep- tembre. L’espace de 1 500 mètres carrés à l’entrée du centre face à Monoprix, qui était occupé il y a quelques jours encore par un commer- ce éphémère, devrait lui aus- si trouver preneur. En atten- dant un locataire, ce vaste espace pourrait servir, par exemple, de lieu d’exposition.

L e centre commercial des Passages Pasteur au centre-ville de Besançon est d’abord un passage, com- me son nom l’indique, pour beaucoup de commerçants de la galerie. Si les gens pas- sent devant les boutiques, ils n’y entrent pas forcément comme nous l’avions indiqué dans le numéro précédent de La Presse Bisontine. Résul- tat, des occupants avouent être en dessous de leurs objectifs de vente. Bref, le business ne serait donc pas à la hauteur de la réussite architecturale du lieu. Un constat que nuance Frédéric Robert, le directeur du centre commercial pour le groupe Klépierre. “Commercialement, le mois de février est un des

La direction du centre estime que toutes les surfaces commerciales des Passages Pasteur seront louées d’ici le mois de septembre.

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L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 175 - Avril 2016

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JUSTICE

Pierre Bourgeois, président du tribunal de commerce “Tous les juges du tribunal

sont complètement écœurés”

L a Presse Bisontine : Suite au changement de dernière minute qui a entraîné le rem- placement de Besançon par Dijon dans la liste des 18 villes françaises qui accueille- ront un des nouveaux tribunaux de commerce spé- cialisés, vous avez parlé de “coup de poignard dans le dos.” Les douleurs sont-elles toujours aussi vives quinze jours après ? Pierre Bourgeois : Je suis toujours un prési- dent blessé. Comment pourrait-on ne pas l’être ?! Comment après un tel désaveu peut-on continuer à rendre la justice alors que la justice elle-même nous méprise ! Nous ne pouvions rien faire de moins que de suspendre notre travail durant une demi-journée le 9 mars dernier. Cette déci- sion incroyable remet en cause six mois de travail autour de ces futurs tribunaux et discrédite totalement la parole d’État. Je compte cette fois sur la pression exercée par les élus locaux, maire de Besançon et parlementaires, pour convaincre les auto- rités compétentes de revenir en arrière. Besançon est le seul tribunal à avoir dis- paru de la liste. On peut seulement regret- ter que contrairement à François Rebsa- men le maire de Dijon, Jean-Louis Fousseret n’ait pas été ministre… Tous les juges du tribunal sont complètement écœurés. L.P.B. : Aviez-vous songé à démissionner suite à cette annonce surprise ? P.B. : Tous mes collègues juges étaient évi- demment abasourdis et il est clair que cer- tains envisageaient de tout lâcher. Aller plus loin dépasserait ma compétence de juge consulaire. Malgré cet affront, nous n’oublions pas que nous sommes des magis- trats, avec leurs devoirs. Il m’a donc fallu, après avoir accusé le coup de cette déci- sion scandaleuse, remotiver mes troupes. J’estime que c’est dans la tempête qu’on reconnaît les bons marins. Nous conti- nuerons donc d’exercer notre mandat de juges consulaires, je le rappelle complète- ment bénévoles. L.P.B. : Qu’espérez-vous aujourd’hui ? P.B. : Deux choses sont possibles. Soit un économique locale. Quelques éclaircies en vue dans ce ciel obscurci par ce coup de théâtre. Scandalisé par ce qu’il nomme une “justice des copains” pour qualifier la pression du maire de Dijon destinée à récupérer le futur tribunal de commerce spécialisé, le président du tribu- nal de commerce de Besançon ne décolère pas. Il en profite aus- si pour faire le point sur l’activité

çois Hollande et au garde des Sceaux, le barreau de Besançon a saisi le conseil natio- nal de l’ordre des avocats. Il n’y a qu’une énorme pression politique qui peut faire changer les choses. L.P.B. :Au-delà de cet insupportable camouflet, que représenterait la présence d’une telle juridiction sur Besançon ? P.B. : C’est avant tout une question d’équilibre territorial. Les tribunaux de commerce spé- cialisés traiteront des affaires des entre- prises en difficultés de plus de 250 sala- riés. Sur les 62 000 défaillances d’entreprises constatées l’an dernier, une quarantaine seulement concernait des entreprises de plus de 250 salariés. Ce n’est pas pour le nombre des affaires que ça peut concerner, ce n’est pas non plus une question demoyens supplémentaires pour nous. Le débat n’est pas là : encore une fois, c’est une question d’équilibre au sein de la nouvelle Région Bourgogne-Franche-Comté. On a le senti- ment que le compte n’y est franchement pas. L.P.B. : Six mois de discussion et de travail de pré- paration tombent à l’eau du coup ! Pouvez-vous nous rappeler ce que doivent être ces tribunaux de commerce spécialisés (T.C.S.) ? P.B. : La loi Macron d’août 2015 envisageait au sein des 134 tribunaux de commerce de France de créer 7 à 8 tribunaux qui auraient des compétences particulières pour trai- ter des affaires les plus conséquentes, à savoir les sociétés dont les effectifs dépas- sent 150 salariés ou 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les 134 tribunaux se sont offusqués de cette mesure qui aurait obli- gé à ces entreprises en difficulté doivent se déplacer parfois à plusieurs centaines de kilomètres dans un tribunal qui n’était pas celui d’origine. La contestation a été entendue et la garde des Sceaux de l’époque Christiane Taubira avait annoncé fin novembre que le nombre de ces tribunaux passerait à 18 et que suite à l’étude d’impact qui avait été conduite, Besançon figurait

Pierre Bourgeois prêt à sortir l’artillerie lourde pour faire entendre la voix de Besançon ?

Plus de créations que de radiations En 2015, le greffe du tribunal de commerce a procédé à 1 838 nouvelles immatriculations, toutes formes confondues, contre 1 089 radiations. La balance entre immatriculations et radiations est ainsi largement positive. Les nouvelles immatriculations concernent avant tout des commerçants (pour 61 %) suivies par les sociétés de service (pour 28 %) mais aussi des industriels (pour 11 %). Le nombre total des entreprises inscrites au R.C.S. de Besançon a augmenté de 4 %, approchant le nombre de 24 800.

dans la liste de ces 18 nouvelles juridic- tions. C’était donc une bonne nouvelle pour Besançon et la Franche-Comté. Le décret était annoncé pour début mars. Un conseil national des tribunaux de commerce s’est encore réuni début février sous la prési- dence du nouveau garde des Sceaux Jean- Jacques Urvoas où il était toujours ques- tion de Besançon. Et le dimanche 28 février, alors que j’avais fait une alerte Google, je vois tomber ce décret pris la veille, en cati- mini, et dans lequel le nom de Besançon avait été remplacé par celui de Dijon. La surprise totale. Et il s’est rapidement avé- ré que c’est un courrier du maire de Dijon à François Hollande qui avait fait modi- fier ce décret à la dernière minute. La démarche est proprement scandaleuse. L.P.B. : Et les arguments sont fallacieux selon vous ? P.B. : Totalement ! Besançon aurait moins de défaillances d’entreprises que Dijon, comme si cet état de fait était le reflet éco- nomique de toute une région. Ce n’est pas le nombre de défaillances qui définit l’intelligence des juges ! Le deuxième argu- ment est tout aussi ahurissant : à Dijon, ils invoquent le fait qu’on a moins de man- dataires judiciaires qu’eux alors que les mandataires n’ont aucune compétence ter- ritoriale. Tout cela est navrant. L.P.B. : La colère mise de côté, dites-nous com- ment se porte l’économie locale sur le territoire du tribunal de Besançon qui couvre tout le Doubs à l’exception de l’aire urbaine de Montbéliard ? P.B. : L’an dernier, nous avons enregistré un très léger recul des dépôts de bilan : 291, contre 292 l’année précédente. On peut dire : enfin la stagnation. Le secteur qui a le plus souffert l’an dernier, c’est le B.T.P. L.P.B. : Quel est le profil des entreprises qui ont déposé le bilan ?

P.B. : 80 % d’entre elles sont des T.P.E. et dans 61 % des défaillances, l’entreprise en question n’emploie aucun salarié. 25 % des dépôts de bilan ont concerné l’an dernier des entreprises du B.T.P. C’est la plus for- te progression. Mais le secteur histori- quement le plus concerné par les dépôts de bilan reste le commerce avec 26 % des dépôts de bilan. Suivent l’hôtellerie-res- tauration avec 14 % et l’industrie avec 11 % des cas. Sur les 291 dépôts de bilan enregistrés en 2015, on avait ordonné 41 % de redresse- ments judiciaires et 49 % de liquidations. Il faut savoir que 10 % des redressements seulement vont au bout de leur plan de redressement et aboutissent au sauveta- ge de l’entreprise. Ces 291 entreprises représentaient 73millions d’euros de chiffre d’affaires (contre 67 millions l’année pré- cédente). L’effectif concerné par ces 291 procédures atteint les 671 salariés. L.P.B. : Comment se présente 2016 ? P.B. : On constate, et c’est tant mieux, que la baisse des procédures se poursuit. On sent réellement que d’après les chefs d’entreprise, il y a une reprise. L’économie semble enfin repartir. Les présidents de fédérations dans les travaux publics espè- rent retrouver le même niveau que l’an dernier, donc stopper la baisse. On a d’ailleurs beaucoup moins de procédures dans le B.T.P. depuis le début d’année. L.P.B. : L’optimisme revient ? P.B. : D’un point de vue économique, c’est avéré, il faut au moins 1,8 % de croissan- ce du P.I.B. pour avoir un vrai recul du chô- mage. Cette année, on a l’espoir d’une crois- sance à 1 %. Ce n’est donc pas 1,8 %.Malgré tout, je pense qu’on pourra enfin assister une inversion de tendance cette année. Propos recueillis par J.-F.H.

décret qui modifie le pre- mier et cela, le gouverne- ment peut le faire très rapi- dement. Soit le barreau dénonce ce décret devant le Conseil d’État. Tout le monde est tellement remonté que nous ferons tout pour que l’un de ces deux scénarios survienne. J’espère surtout que la presse nationale se saisis- se de cette affaire et relaie la presse locale. Je pense que la seule chance que l’on a de se faire entendre par les plus hautes instances est que ce débat remonte au niveau national. Tous les parlementaires locaux ont été saisis, Jean-Louis Fousseret a écrit à Fran-

“La démarche est proprement scandaleuse.”

FAITS DIVERS

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“Le chauffeur du bus est effondré” JUSTICE Quelles suites judiciaires pour le conducteur ? Avocate au barreau de Besançon, Maître Agathe Henriet défend le conducteur du bus scolaire mis en cause dans l’accident de Montflovin le 10 février dernier. Elle revient sur l’état d’esprit de son client après le drame et les suites judiciaires auxquelles il est exposé. Entretien.

L a Presse Bisontine : Peut-on ren- contrer votre client ? Agathe Henriet : Il n’est pas prêt pour le moment. Ce n’est pas possible. Il est actuellement sous contrôle judiciaire et mis en exa- men pour homicides et blessures involontaires. L.P.B. : Quelques semaines après le drame, dans quel état d’esprit est-il ? A.H. : C’est un drame pour les familles, c’est un drame pour lui. Lorsque je l’ai rencontré, j’avais un jeune homme de 25 ans effondré devant moi. C’est un drame pour tout le monde. J’ai pu lire que la maman d’un des défunts “ne tapait pas” sur le chauffeur… Autant parfois nous pouvons dans l’émotion immédiate se demander si l’alcool ou les stupéfiants sont la cause de l’accident, autant nous nous sommes rendu comp- te qu’il n’y avait rien de cela. Oui, il venait de Marseille, oui,

il était jeune conducteur…

avoir très bientôt les résultats de l’examen du disque chrono- graphe, sur le système antipa- tinage et antiblocage du bus. L.P.B. : Est-il exact que le juge d’instruction mène deux enquêtes ? A.H. : Il y a une expertise tech- nique sur le véhicule qui est en cours et dont je ne connais pas encore les conclusions. En paral- lèle, le juge demandera les diplômes du conducteur et inter- rogera l’employeur. L.P.B. :Le chauffeur avait-il déjà conduit sur la neige ? Avait-il réalisé un sta- ge de conduite sur la neige ? A.H. : D’après lui, il n’a pas fait de stage de conduite sur neige. Au juge d’instruction de faire son travail. Il y a eu un seul épi- sode neigeux où il aurait pu conduire sur la neige environ trois semaines auparavant.

L.P.B. : Selon vous, la fatalité est en cause… A.H. : À un moment, pourquoi toujours chercher un respon- sable ? Nous avons eu le dépla- cement du staff national avec la venue du secrétaire d’État en charge des Transports. Je ne vois pas l’intérêt de cette visi-

te si ce n’est de mettre la pression sur la justice… L.P.B. :Pensez-vous que cela puisse nuire à la poursuite de l’enquête ? A.H. : Non, cela ne nuira pas à l’enquête car le juge d’instruction est impartial. L.P.B. : Où en est l’enquête ? A.H. : Nous devrions

“De la pression sur la justice.”

Maître Agathe Henriet défend le conducteur du bus mis en examen.

rouler vite. Et il ne roulait pas vite. L.P.B. : Quand le procès aura-t-il lieu selon vous ? A.H. : Je ne sais pas. L’instruction devrait durer environ 6 mois. Propos recueillis par E.Ch.

relais avec le lycée qu’il aurait du retard. Il était tranquille. D’ailleurs, il n’a pas dû s’arrêter à certains arrêts car des enfants avaient été amenés par leurs parents. Son temps de retard, il l’avait donc en partie rattra- pé. Il n’avait aucune raison de

tés ? A.H. : Il semble que oui.

L.P.B. : Le chauffeur avait-il la pres- sion de l’horaire ? A.H. : Non, il ne m’a pas dit avoir eu de pression. Il avait préve- nu ses collègues qui faisaient le

L.P.B. : Le bus avait-il des pneus adap-

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L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 175 - Avril 2016

BESANÇON-DIJON : RIEN NE VA PLUS MOBILISATION GÉNÉRALE POUR ENRAYER LE DÉCLIN DE BESANÇON

Pour Besançon, la perte du tribunal de commerce spécialisé au profit de Dijon - sans parler des insultes de François Rebsamen à l’endroit de son “ami” Jean-Louis Fousseret - est un camouflet de plus pour son maire. Après les directions régionales de grands organismes para-publics, la perte du statut de capitale régionale, le “rapt” de l’I.N.S.E.E., l’affaire du tribunal de commerce est la goutte d’eau. Un délétère sentiment “anti-Dijon” fait surface au moment où devait se constituer un pôle métropolitain entre les deux agglomérations. Ambiance… Conséquences de la réforme territoriale Besançon s’affaiblit face à Dijon Réaction

Depuis le début de l’année, la tendance au transfert des services de Besançon vers Dijon s'accélère. Les élus communistes tirent la sonnette d’alarme.

L ors de la présentation en juillet dernier par le préfet préfigura- teur de la répartition des direc- tions régionales d’État en Bourgogne- Franche-Comté, on pensait que Besançon avait limité la casse face à Dijon en conservant la D.R.E.AL., la D.I.R.E.C.C.T.E., l’I.N.S.E.E. et le Rec- torat. Si le maire, Jean-Louis Fousse- ret, a mouillé la chemise pour sauver l’honneur de l’ancienne capitale régio- nale, les choses ne sont pas figées dans le marbre pour autant. Il se pourrait bien que ce qui a été décidé finisse par être détricoté pour ne laisser à Besan- çon que des coquilles vides. C’est précisément ce que redoutent les élus du groupe communiste de lamuni- cipalité. Fin février, ils ont adressé un courrier à Dominique Roy, le prési- dent-délégué du Conseil économique, social et environnemental (C.E.S.E.R.) de Bourgogne-Franche-Comté pour que cet organisme se saisisse de la question “des transferts d’activités (N.D.L.R. : sous-entendu de Besançon vers Dijon) associés à la réforme terri- toriale.” Ils lui demandent de réaliser “une investigation poussée, afin de véri- fier si les objectifs affichés d’équilibre territorial des pouvoirs publics sont respectés et quelle mesure il convierait

de prendre si ce n’est pas le cas.” Pour Christophe Lime, il y a urgence à établir un diagnostic. Le départ récent du Tribunal de Commerce Spécialisé le conforte dans ses craintes. C’est un des symptômes inattendus des trans- ferts d’activités de Besançon vers la Cité des Ducs. “On sait que dans le sec- teur économique, la tendance est à la centralisation à Dijon. Nous l’avons vu, par exemple, avec les banques. Notre crainte est que l’on reproduise la même chose avec les établissements publics et parapublics. Avec cette réforme ter- ritoriale, nous leur avons donné la pos- sibilité de se restructurer. Tout le mon- de était persuadé que ça se passerait comme cela. Ce qui surprend, c’est l’ac- célération du processus depuis le début

Christophe Lime, élu communiste, veut un équilibre des territoires.

bataille pour sauver ce qui peut l’être encore. Le danger qui guette Besan- çon est une perte globale d’attractivi- té qui aurait des conséquences sur le dynamisme économique de la ville. De son côté, l’État désamorce les inquié- tudes. “Entre les quelque 2 700 agents concernés par la réorganisation, si on ajoute aux précédents le rectorat, l’A.R.S., la D.R.F.I.P., et la direction régionale de l’I.N.S.E.E., la répartition projetée des effectifs entre les sites de Besançon et ceux de Dijon sera objectivement la même que celle d’aujourd’hui, à savoir : 44 et 56 %.” T.C.

l’occurrence Dijon, mais il encourage ces regroupements dans un contexte où des économies s’imposent. Le C.E.S.E.R. est sensible à la pro- blématique soulevée par les commu- nistes d’autant plus que cet organis- me avait mis en préalable à la réussite de la fusion des régions la nécessité de respecter l’équilibre des territoires. “Il y a des signes tangibles comme le transfert du Tribunal de Commerce Spécialisé et d’un service de l’I.N.S.E.E. qui nous indiquent que l’équilibre des territoires peut être rompu. Cela doit être un point de vigilance de notre part. Il nous appartient dans le cadre de nos

travaux d’observer cela. Je le répète, le respect de l’équilibre est une condition à la réussite de la Bourgogne-Franche- Comté” remarque Dominique Roy, le président-délégué du C.E.S.E.R. Pour l’instant, on ne sait pas précisé- ment combien de services ont quitté la ville ni combien d’emplois repré- sentent ces départs. Des données qui pourront être précisées dans le cadre d’une étude du Conseil économique, social et environnemental. “Pour nous, il y a deux grands enjeux : l’Universi- té et le C.H.U. L’État a encore le pou- voir de les renforcer à Besançon” remarque Christophe Lime qui mène

de l’année. Les structures se rapprochent du pou- voir” estime l’élu. Chris- tophe Lime cite en exemple les directions régionales franc-comtoises d’E.D.F. et de Engie qui ont été supprimées. Non seulement le cadre politique et administra- tif permet la centralisa- tion des services dans les pôles décisionnaires, en

“L’équilibre des territoires peut être rompu.”

La Presse Bisontine n° 175 - Avril 2016

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Pétition Pour le rayonnement de Besançon Une pétition “contre

AUTRE INITIATIVE 2 300 signatures “Pour sauver les Mots Doubs” Dʼ autres Bisontins se mobilisent pour le rayonnement cul- turel de leur ville. Cʼest le cas de Carole Clerc. La Bison- tine a lancé sur le site Internet change.org une pétition nommée “Sauvons les Mots Doubs”, un salon littéraire qui ne sera pas reconduit cette année par le Conseil Départemental du Doubs à Besançon. Adressée à la présidente Christine Bouquin, la péti- tion recueillait le 14 mars 2 300 signatures. “En tant que Bisonti- ne, en tant que lectrice, en tant que citoyenne, cette décision me paraît injuste. Cʼest un moment unique de voir rassembler en un même lieu des écrivains de tous horizons, des libraires, des lec- teurs, des curieux. Un lieu exceptionnel comme la Gare dʼEau de Besançon, mis en valeur par la Région pendant quelques jours. Tout cela nʼa pas de prix, en tout cas pas un prix qui soit quanti- fiable dans un livre comptable. Cʼest la raison pour laquelle, Mada- me Bouquin, je ne peux pas imaginer, ainsi que tous les signa- taires de cette pétition, que vous mainteniez lʼannulation de ce si joli festival que sont Les Mots Doubs” écrit Carole Clerc.

la politique de la magouille” Le chef d’entreprise bisontin, ancien candidat aux législatives de 2012, a lancé une pétition en ligne “pour un juste équilibre en Besançon et Dijon”. Il réfute toute récupération politique. Besançon doit se tourner vers la Suisse.

U n jour avant que François Reb- samen ne traite le maire de Besançon de“gougnafier”,Benoît Vuillemin avait lancé jeudi 10mars une pétition en ligne intitulée “Pour Besan- çon et un juste équilibre avec Dijon” suite au départ confirmé du tribunal de commerce pour la Bourgogne. La sortie médiatique du maire dijonnais a fait exploser l’audience de sa pétition destinée à atterrir sur le bureau de François Hollande. Le 14 mars, elle dépassait les 1 000 signatures.Le consul de Suisse l’a d’ailleurs paraphé.De nom- breux internautes ont ajouté des com- mentaires pour témoigner leur mécon- tentement : “Les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient… Besançon est cocufié… Vu de Paris : Dijon capitale économique et Besançon sous préfecture sociale…Mais unissons- nous pour défendre notre ville et la région de Franche-Comté” écrit Didier A, un des pétitionnaires. Au-delà dunombre de signatures,Benoît Vuillemin alerte et dénonce cette “poli- tique de lamagouille et Minitel de Reb- samen dont les électeurs ne veulent plus” où un coup de téléphone suffit à faire pencher la balance. Pour cet entrepre- neur local, c’était la goutte d’eau de trop après la perte du siège de l’A.R.S. ou de l’I.N.S.E.E. : “Ce chiffre de pétitionnaires, c’est peu… Mais la pétition a le mérite d’attirer l’opinion publique grâce à des reportages dans la presse, à la télévi- sion, de montrer aux politiques que les Bisontins sont concernés.Arrêtons éga- lement le Besançon bashing” souligne

des équilibres et je prônais une grande métropole avec un axe franco-suisse. Il faut que Besançon soit le pôle métro- politain franco-suisse” dit-il. Bref, l’hom- me de 42 ans se sentait légitime. Il regrette que la missive en ligne n’ait pas été signée par l’opposition bisonti- ne. Selon lui, Dijon aurait plus à perdre que Besançon. Il espère que ce rééqui- librage des compétences garantisse à Besançon de devenir le siège du Conseil régional. Pour que le mariage forcé Dijon-Besançon ne débouche sur un divorce précoce, aux élus de trouver des compromis. E.Ch.

BenoîtVuillemin,chef d’en- treprise et candidat aux législatives de 2012 sous la bannière société civile. Pourquoi sortir du bois maintenant ? Est-ce une façon de préparer un retour en vue des pro- chaines législatives de 2017 ? “Pas du tout, je ne suis membre d’aucun par- ti, d’aucun courant, répond

“Besançon, capitale de l’axe franco- suisse.”

celui à l’origine de la pétition. Ce n’est pas une pétition “contre” mais “pour” Besançon car c’est la ville que j’aime et pour laquelle je veux me battre. Elle a de nombreux atouts. Dans mon ancien programme, j’avais traité cette question

Benoît Vuillemin à l’origine de la pétition “Pour Besançon et un juste équilibre avec Dijon”.

Réaction La guerre Besançon-Dijon “Je laisse ce genre de termes au capitaine Haddock” En plein débat sur l’équilibre territorial entre Besançon et Dijon, la charge de François Rebsamen qui traite les Franc-Comtois de “gougnafiers” fait bondir le maire de Besançon. Qui préfère néanmoins s’en tenir au fond du dossier.

L a PresseBisontine :Alors les Francs-Com- tois et les Bisontins seraient des gou- gnafiers ?! Jean-Louis Fousseret : Je suis abasourdi qu’un ancienministre de la République emploie ces termes-là. Je ne m’abaisserai pas à lui répondre sur ce même registre, je laisse ce genre de termes au capitaineHaddock et mon feuilleton favori,cen’est pas“Baronnoir”. Il faut maintenant que François Reb- samen retrouve son calme. L.P.B. :Vous vous êtes senti directement visé par cette salve ? J.-L.F. : Au-delà de ma personne, ce sont lesBisontins et lesFrancs-Comtois qu’on attaque et cela,je ne peux pas l’admettre. Avec la nouvelle Région Bourgogne- Franche-Comté,je suis dans la construc- tion d’un vrai projet. Je ne serai jamais dans un rapport de vassal. Je ne suis le valet de personne et surtout pas dumai- re de Dijon. Que croit-il ? Qu’il y a des demi-maires, des sous-maires !

la Bourgogne-Franche-Comté sera for- te si elle a une capitale administrative forte et si Besançon et le territoire com- tois sont forts. L.P.B. : Au-delà de cette polémique, que ferez- vous pour rétablir l’équilibre après que le mai- re de Dijon a chipé le tribunal de commerce spé- cialisé à Besançon ? J.-L.F. : J’ai demandé au président de la République et au Premier ministre que les décisions soient respectées. Nous avions obtenu dans les discussions ces derniers mois un certain équilibre ter- ritorial. J’ai déjà eudumal à avaler l’his- toire du service études de l’I.N.S.E.E. récupéré par Dijon, le tribunal de com- merce est la goutte d’eau qui fait débor- der le vase. L’argument qui est de dire queDijon traiteplus d’affaires queBesan- çon fait hurler de rire les spécialistes. J’en appelle au bon sens. Qu’on ne dou- te pas un seul instant de ma détermi- nation. Je ne supporte pas les choses faites à l’envers et que sur un coup de

L.P.B. : Votre “ami” François Rebsamen n’est donc plus votre ami ? J.-L.F. : Cela paraît pour l’instant un peu compliqué de rester ami politique en se faisant traiter de gougnafier. J’espère qu’il va rapidement retrouver sa séré- nité et sa capacité d’analyse.Je suis bles- sé par ses propos, mais plus déterminé que jamais à faire entendre ma voix et

je ne changerai pas de dis- cours sur le nécessaire équi- libre entre nos deux terri- toires. Les Francs-Comtois ne seront pas les doigts sur la couture du pantalon aux ordres de Dijon. L’adversai- re de Dijon dans la compé- tition territoriale, ce n’est pas Besançon. C’est plutôt Lyon, Paris ou Strasbourg. Si le maire de Dijon croit quec’estenasséchantBesan- çonet laFranche-Comté que Dijon sera plus fort, il se trompe lourdement.Demain,

“Je ne supporte pas les choses faites à l’envers.”

Jean-Louis Fousseret : “Que croit-il ? Qu’il y a des demi-maires, des sous-maires !”

fil on change les choses. Le copinage, c’est une méthode d’un autre temps. Toutes cesméthodesmettent mal à l’ai- se l’opinion et en particulier les Francs- Comtois qui ont bien raison de réagir à travers les différentes pétitions qu’ils initient pour défendre leur territoire. L.P.B. :Le pôlemétropolitain qui devait être créé en ce début d’année entre Besançon et Dijon a du plomb dans l’aile…

J.-L.F. : Ce pôle ne peut en effet pas être construit sur du sable. Il y a trois ans que nous avons engagé, nous à Besan- çon, cette démarche. Nous ne sommes plus à quelques mois près…Si les bans sont publiés, on peut bien repousser quelque peu les fiançailles. Et si Dijon ne veut pas, je discuterai avec Le Creu- sot,Montceau-les-Mines,Belfort etMont- béliard. Propos recueillis par J.-F.H.

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VELOTTE Chemin de la Vosselle 15 ans de réclamations pour un chemin mal entretenu

Pierre Quillery et son épouse se battent pour que la mairie entretienne le chemin piétonnier communal qui borde leur propriété. Sur fond de querelle de voisinage. Ambiance…

L e problème les ronge depuis plus de quinze ans à tel point que Madame en perd parfois le sommeil. Voir les fissures, la mousse et le défaut d’entretien du che- min piétonnier, propriété communa- le, qui relie le chemin de la Vosselle à celui des Trulères, est devenu insup- portable aux yeux de ces riverains qui se battent depuis des années à coup de courriers et d’injonction auprès des services de la Ville, en vain. “Cela fait 20 ans que ce chemin n’a pas été entre- tenu. Il est complètement déformé et devient dangereux pour tous ceux qui l’empruntent, à pied ou à vélo” soupi- re Pierre Quillery. Leur colère est décuplée depuis que leur voisin d’en face, employé au ser- vice voirie, s’oppose à toute interven- tion de la Ville, soi-disant pour se ven- ger de ces voisins quelque peu procéduriers qui l’ont enjoint plusieurs fois via des procédures judiciaires à couper des arbres de sa propriété qui font de l’ombre à la maison Quillery. Ce voisin ferait tout pour empoison- ner le quotidien des époux Quillery, remontés contre ce dernier et par consé- quent contre la Ville qui ne ferait rien, elle, pour accéder à leurs demandes insistantes. “Notre maison est située sur les lignes de bordure de ce chemin communal. Voilà des années que l’on signale ces dégradations à la Ville et personne ne fait rien. Pire : notre voi- sin fait obstruction à l’entretien de ce

La mairie annonce des travaux “au printemps” P ar la voix de son adjointe à la voirie Marie Zéhaf, la Ville de Besançon confirme que les demandes insistantes des époux Quillery devraient être satisfaites “au printemps” note lʼélue. “Nous ferons les interventions sur le revêtement de ce chemin dès que le temps le per- mettra. Les petits engins indispen- sables pour intervenir sur ce chemin étaient mobilisés jusquʼici pour la via- bilité hivernale. Dès que la viabilité sera levée, on pourra programmer une intervention.” Quant au fait quʼun responsable du service voirie résidant en face de la famille Quillery empê- cherait toute intervention de la Ville, Marie Zéhaf réfute lʼargument : “Ce nʼest pas parce que ce Monsieur tra- vaille à la Ville quʼon nʼinterviendra pas. En revanche, on ne peut pas lʼobliger à couper des arbres dans sa propriété, cela relève du privé” tem- père lʼélue bisontine.

Pierre Quillery s’insurge contre l’immobilisme de la Ville qui refuserait d’entretenir ce petit chemin communal mitoyen à sa propriété.

tions n’ont pas eu plus d’impact. “Des promesses, des promesses et toujours des promesses” soupire le couple. Au chemin de la Vosselle, c’est le statu quo depuis des années. “On nous a dépossédés de nos droits de mitoyen- neté” termine Pierre Quillery. Les plaignants en appellent aujour- d’hui aux élus de l’opposition dont l’un, Laurent Croizier (MoDem), s’est récem- ment rendu sur place pour constater la véracité des faits. De son côté, la mairie promet (voir ci-dessous) l’engagement de travaux sur le che- min piétonnier. Et avec le voisin, le dialogue semble définitivement au point mort.

chemin. Des employés de la Ville me l’ont confirmé” accuse M. Quillery. Les plantations de hauts bambous du voisin qui font de l’ombre à la pro- priété Quillery, ses nuisances sonores,

partielle et non totale. Nos actions pour défaut d’entretien n’ont pas abouti non plus parce que d’après la justice on ne peut pas obliger des propriétaires pri- vés à entretenir leur parcelle” note Pierre Quillery dépité. Le voisin, lui, s’appuie sur les jugements qui lui ont été favorables pour affirmer qu’il se sent “agressé depuis des années. Cela tourne au harcèlement” dit-il, et ajou- te : “Je ne m’opposerai pas aux tra- vaux sur le chemin parce que je tra- vaille pour l’intérêt général.” Les demandes de conciliation formu- lées par les époux n’ont jamais abou- ti non plus. “On paie des impôts locaux et en face, on a quoi ?” se demandent- ils. Les promesses engagées par le maire de Besançon à l’époque des élec-

l’installation de pare- vue sans validation des autorités ou sans conformité avec le per- mis déposé…Tout cela a valu à ce voisin plu- sieurs procès intentés par les époux Quille- ry qui, pourtant, ont toujours été déboutés par les tribunaux. “On a perdu notamment parce que la perte d’ensoleillement est

“Des promesses, des promesses et toujours

des pro- messes.”

J.-F.H.

CITOYENNETÉ

L’initiative d’un Bisontin Pour ne pas oublier “l’esprit du 11-Janvier”

le collectif n’est même pas consti- tué en association, et l’animateur permanent prend en compte les différentes propositions issues des débats ou reçues en direct pour rechercher la personne la plus à même d’apporter son savoir. Les conférences sont sui- vies d’un jeu de questions- réponses et de débats. Des inter- venants prestigieux sont déjà intervenus au cours de l’année 2015 àVesoul, comme Edwy Ple- nel en décembre ou François Morel, parrain des Cafés Char- lie de Vesoul. Ce mois-ci, c’est Jean-Pierre Filiu, professeur des universités à Sciences-po Paris qui interviendra àVesoul. Le premier intervenant du pre- mier Café Charlie de Besançon pourrait être l’historien Joseph Pinard sur l’inépuisable thème de la laïcité (date à confirmer). Une des finalités des Cafés Char- lie, au-delà de l’espace de débats et de discussion, est aussi de “ permettre à mieux comprendre ce qui se passe dans la tête de ces jeunes qui décident de bas- culer.” Si les Cafés Charlie connaissent le succès à Vesoul, c’est aussi parce que le dépar- tement de la Haute-Saône est celui qui, proportionnellement

à sa population, compte le plus de jeunes partis faire le djihad . Idéalement, un Café Charlie devrait avoir lieu tous les mois sur Besançon dès le mois d’avril. “Je ne pense pas qu’on va révo- lutionner les choses avec ces Cafés Charlie à Besançon, mais c’est toujours mieux que de ne rien faire” estime Henri Combi dont la carrière professionnel- le lui a appris à aller “au-delà des préjugés.” Une ouverture d’esprit qu’il compte faire par- tager à des centaines de Bison- tins. Comme son homologue vésulien, le Café Charlie bison- tin sera “un lieu pour faire Fran- ce, pour faire République. Par- ce que nous sommes libres, animés par l’ouverture aux autres, désireux de dépasser les divisions, pour se retrouver entre citoyens sans étiquette, sans arriè- re-pensées, sans haine, sans amalgames ni préjugés et sans stigmatisation. Nous voulons comprendre, dialoguer démo- cratiquement, échanger avec res- pect, s’enrichir les uns des autres. Nous sommes et nous voulons être à l’image de cette mosaïque France, terre de tolérance et de diversité.” J.-F.H.

me les intégristes de tout poil à travers le monde.” Une fois par mois au théâtre Edwige-Feuillè- re de Vesoul, les organisateurs des Cafés Charlie font appel à des “sachants” qui apportent leur connaissance sur différents sujets, passant par : l’Islam, les aspects historiques et géopoli- tiques liés à cette religion, la notion de sacré, la laïcité, le rire… “Entre 50 et 250 personnes selon l’intervenant” se réunis- sent pour débattre autour de ces sujets d’actualité. “C’est un vrai succès à Vesoul. Je me dis qu’il y a aumoins le même poten- tiel à Besançon. Le premier Café Charlie devrait avoir lieu à Besançon courant avril, peut- être au Scènacle, les discussions sont en cours” note Henri Com- bi, un citoyen engagé. Presque un an et demi après les événements de Charlie Hebdo, que reste-t-il vraiment de l’esprit du 11-janvier ? “C’est la vraie question. Avec en plus les atten- tats de novembre, il semble que ça ait encore plus crispé les posi- tions. En France, ça devient très difficile de parler de laïcité, des gens confondent islamismes et musulmans, etc. D’où l’idée de créer ce genre de débats” justi- fie M. Combi. Comme à Vesoul, le principe des Cafés Charlie bisontins sera souple et léger :

Le Bisontin Henri Combi souhaite instaurer sur Besançon des “Cafés Charlie”, des lieux d’expression libre pour débattre sur les thèmes actuels qui secouent notre société. Première en avril.

I nspiré par l’expérience concluante du Café Charlie de Vesoul, né au lendemain des attentats sanglants de janvier 2015 dans la préfectu-

re de la Haute-Saône, le Bison- tin Henri Combi souhaiterait reproduire le modèle à Besan- çon. Il est en train de réunir autour de lui toutes les bonnes

volontés qui souhaiteraient créer “un lieu d’expression accessible à tous qui aura pour objectif de tenter de comprendre à la fois ce drame et surtout ce qui ani-

Contacts sur cafcharlbes@gmail.com

Henri Combi, à l’initiative des futurs Cafés Charlie sur Besançon.

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La Presse Bisontine n° 175 - Avril 2016

EN BREF

JUSTICE

Mise en délibéré au 7 avril Le sort des Vaîtes entre les mains du tribunal

Santé L’État, l’Agence

régionale de santé de Bourgogne-Franche- Comté et la Ville de Besançon ont signé un nouveau contrat local de santé pour les années 2016-2018. “Besançon est la première ville de la Région à s’engager” dit le maire Jean-Louis Fousseret. Le contrat se décline en plus d’une vingtaine d’actions qui adolescents, des publics en difficulté. Parmi les initiatives figurent la promotion de la vaccination, l’éducation à la santé, la prévention des conduites addictives, la prise en charge de la souffrance psychique. Disques Dimanche 20 mars de 10 heures à 17 h 30 à Besançon-Micropolis, traditionnelle foire aux disques vinyles, C.D., D.V.D. et B.D. Des professionnels français et étrangers exposent et vendent des milliers de pièces d’occasion et de collection, ainsi que des articles neufs qui ne sont pas ou plus disponibles dans les boutiques traditionnelles. Renseignements au 06 79 16 83 58. concourent à la prévention et la promotion de santé auprès des enfants et

Les riverains des Vaîtes qui contestent la validité de la déclaration d’utilité publique concernant le futur éco-quartier des Vaîtes ont fait entendre leurs arguments devant le tribunal administratif.

I ls caressent encore l’espoir de voir la justice adminis- trative leur donner raison. Cet espoir est cependant min- ce tant les conclusions du rap- porteur sont allées dans le sens des intérêts de la Ville lors de l’audience publique du 1 er mars dernier. En jeu, il y a le fameux projet d’urbanisation de 40 hec- tares d’espaces verts dans le quartier des Vaîtes à Besançon. Une affaire qui empoisonne les relations entre les propriétaires de ces parcelles et la Ville de Besançon depuis des années. Dans son exposé, le rapporteur public du tribunal administra- tif a balayé d’un revers de main les arguments liés à l’insuffisance de l’enquête publique ainsi qu’à l’appréciation du coût du projet qui paraissait insuffisante aux yeux des riverains contestataires, autant que les atteintes à l’environnement qui selon ce der- nier “resteront modestes.” Par conséquent, “l’intérêt général du projet ne peut être contesté” esti- me le rapporteur. Maître Domi- nique Landbeck, l’avocat des plai- gnants, a contre-attaqué : “Il s’agit d’ouvrir les yeux à une col- lectivité qui n’a pas vu que l’intérêt général était mésestimé, et notam- ment l’impact de ce projet sur les

finances publiques.” L’aménagement de 1 800 à 2 000 logements sur ces terrains des Vaîtes coûterait selon la Ville quelque 40millions d’euros. “Alors qu’un seul parking silo coûte déjà entre 8 et 10 millions d’euros, la Ville a largement sous-estimé le prix final qui avoisinera plutôt les 70 millions” argumente M tre Landbeck.

Une des contesta- tions majeures des requérants porte également sur le bien-fondé même de construire un nou- veau quartier avec des centaines de logements à la clé. “Il y a déjà un taux de vacance locative de 10 % sur Besan- çon et la population de la ville n’augmente plus. Ne court-on pas le risque d’un véritable marasme du mar- ché locatif privé ?” se demande l’avocat. Pour Annie Jobard, une des riveraines concernée par le projet, l’incohérence

“La Ville a les yeux plus gros que le ventre.”

Le tribunal administratif doit décider si oui ou non, la déclaration d’utilité publique concernant l’urbanisation de ces terres d’une quarantaine d’hectares est valide.

de ce projet est manifeste. Elle dont les parents ont déjà été expropriés quatre fois depuis 1974 pour des projets d’urbanisation qui n’ont jamais vu le jour estime que les argu- ments actuels ne sont pas plus recevables que ceux avancés depuis des décennies : “On a jus-

tifié le passage du tramway par la présence future d’un éco-quar- tier et aujourd’hui on veut justi- fier la construction de ce nou- veau quartier par la présence du tramway ! Tout cela est incohé- rent.” Cette riveraine estime éga- lement que dans ce dossier, “la Ville a les yeux plus gros que le

ventre. C’est un projet dispro- portionné.” Les requérants seront fixés sur leur sort le 7 avril. Un recours de la décision du tribunal admi- nistratif sera toujours possible si la juridiction ne suit pas leur argumentation. J.-F.H.

INSOLITE Service Voirie et propreté Ne les appelez pas “Dames pipi”

et les départs le soir des salariés qui travaillent en ville, commente Victor Gauvain, du service voirie et propre- té de la Ville de Besançon. Le rôle de ce personnel ne se limite pas à l’entretien. Il endosse un rôle social, d’accueil, de communication, d’information.” Syl- vette acquiesce : “On nous demande souvent où se trouve telle rue, ce qu’il faut visiter. On conseille et oriente” dit- elle. Il arrive que le lieu soit ouvert le dimanche lors de grands événements. Bien souvent, ce sont les touristes qui les interrogent ou les automobilistes du parking, curieux de savoir comment fonctionne la machine validant le tic- ket de stationnement. Lavage du sol, vérification qu’il reste bien du papier ou du savon dans les W.-C., nettoyage des urinoirs, coups de brosse, comptage du public, sont quelques-unes de leurs missions. Pour Sylvie arrivée il y a 6 mois, le métier n’était pas choisi. Il n’a pas été forcé non plus : “Je réalisais des ménages au C.C.A.S. Pour des raisons de santé, on m’a proposé ce poste, plus facile. J’ai accepté et aujourd’hui je me sens bien.”

Besançon fait partie des rares villes en France à encore employer des gardiennes de W.-C., un métier en voie de disparition. Parking de la mairie, Sylvette et Sylvie ne chôment pas du lundi au samedi de 7 h 30 à 19 h 30. Les anecdotes sont parfois croustillantes.

soulager ici une envie pressante. Les deux employées du service pro- preté se relaient à 14 h 12. Quand la première a terminé son travail débu- té à 7 h 30, l’autre poursuit jusqu’à 19 h 30. En période de soldes, les pas- sages frôlent la barre des 400 per- sonnes, si bien que ce sont 67 000 per- sonnes qui ont transité ici l’an dernier. “Il y a bien un panneau gratuit à l’extérieur mais beaucoup ne le voient pas et pensent qu’ils doivent payer” synthétise Sylvette Selui, 14 ans de service. La gratuité a en effet disparu

dans beaucoup de villes, Paris notam- ment, connu pour ses “Dames pipi”. LesW.-C. automatiques ont également eu raison de leur métier. À Besançon, il perdure. Sur la table située juste devant l’entrée menant aux deux urinoirs et aux trois W.-C. fermés, certains déposent par- fois quelques centimes d’euro pour remercier les deux salariées pour la bonne tenue du lieu. D’autres parfois ne disent rien. Pire, certains utilisa- teurs s’estiment tout permis et lais- sent derrière eux des toilettes en piteux état. “Vous savez, ce ne sont pas tou- jours les gens qui paraissent les plus propres sur eux qui vous laissent les toilettes en bon état. J’ai eu le cas il y a peu de temps avec une dame très bien habillée avec des bagues plein les doigts… Je ne vous raconte pas l’état des toilettes” dit une des deux gar- diennes. Elles ont appris à connaître certains habitués. Sylvette, accueillante et sou- riante, ne se gêne pas pour demander poliment à un “papy” de plutôt utili- ser les urinoirs que les W.-C. fermés. “Sinon, j’en retrouve partout” se déso- le-t-elle. Comprenez, les hommes ont plus de difficultés… Parfois, leur présence rassure… et per- met d’éviter les vandalismes. Saccagé il y a deux ans alors qu’elles n’étaient pas en poste, le lieu est désormais réno- vé. Aucun acte de vandalisme n’a été enregistré depuis. “C’est une mission de service public. Les horaires ont d’ailleurs été étendus le matin et le soir car nous manquions les prises de postes

P arfois un sourire, souvent un “bonjour” et régulièrement un “je vous dois combien ?” Pas un jour ne passe sans qu’un utili- sateur des toilettes publiques du par-

king de la Mairie à Besançon n’interpelle Sylvie ou Sylvette, les deux employées au gardiennage et au net- toyage du W.-C. public. Ils sont en moyenne 193 à venir quotidiennement

Le parking de la Mairie n’est pas le seul à dispo- ser de gardiennes : Gran- velle, Bouchot (parking Battant), au total, ils sont 7 salariés dévolus à la tâche nettoyage à la Vil- le de Besançon, sans comp- ter lesW.-C. automatiques (gratuits) qui ont accueilli 142 480 personnes en 2015. Les gardiennes de W.-C. ont toute leur utili- té dans ce service de proxi- mité…

“Nous avons un rôle social.”

Sylvette (à droite) et Sylvie, gardiennes des toilettes publiques du parking de la Mairie à Besançon.

E.Ch.

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