La Presse Bisontine 175 - Avril 2016

22 DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 175 - Avril 2016

Des consommateurs de plus en plus vigilants À l’image de l’association bisontine “Questions de goût”, la notion d’alimentation saine revient au cœur des réflexions. Et ce n’est pas qu’une affaire de bobos bisontins. Association Éducation au bien manger

L a nourriture est cer- tainement le lieu d’échanges parmi les moins conflictuelles qui existe au monde. Ancienne res- ponsable des langues étrangères au C.L.A. de Besançon, la Bison- tine Nancy Peuteuil est convain- cue de la pertinence de ce lan- gage universel. En pleine deuxième guerre d’Irak, voir un étudiant américain manger à la même table qu’un étudiant irakien lors de l’animation “Le tour du monde en 80 plats” a fini de la convaincre. Elle et son mari Pierre sont à l’origine en 2009 de la création de l’association “Questions de goût”. Elle qui est d’origine américai- ne a bien vu “comment les gens se sont fait déposséder de leur assiette aux États-Unis. Les achè- tent tout, donc forcément ils savent de moins en moins fai- re” dit-elle. Les créateurs de l’association bisontine ont donc voulu créer cet espace de dialogue dont les membres se réunissent une fois par mois en moyenne, souvent au café-restaurant L’Hermitage à Besançon (130, Grande rue), autour de thèmes variés dans des animations joliment inti- tulées “Paroles et casseroles”.

tous les mois de dégustations savoureuses de mets et de mots. L’histoire, la psychologie, la géo- graphie, l’art, la médecine se mêlent au sein de cette asso- ciation originale sur le pour- quoi, sur le comment, le qui, le quoi et le quand de nos assiettes, et le voyage - les produits, les coutumes, les méthodes de pré- paration que nous observons chez nos voisins, nos amis, ailleurs en France, à l’étranger nous informent tout autant. “Tous ces domaines d’étude, toutes nos expériences nous “par- lent” de la nourriture, de celles et ceux qui la cultivent, qui la produisent, qui la consomment. Fascinante ou rebutante, déli- cieuse ou médiocre, toujours essentielle, elle est source de réconfort, de plaisir, de créati- vité, d’innovation, de commer- ce, d’interrogations sanitaires, parfois de conflit. La liste semble interminable” notent les fonda- teurs de Questions de goût. La philosophie de l’association est résumée dans ce postulat édic- té par le couple : Questions de goût s’appuie d’abord sur son interrogation. Au-delà de l’unique certitude que le goût est un fondement essentiel de notre histoire d’Homme, la ques-

“Nous ne sommes par un club de “miam-miam” sourit Nancy Peuteuil. Cette association est un lieu de dialogue et de ren- contres autour de l’acte ali- mentaire.” L’association qui compte aujourd’hui une bonne trentaine de membres actifs a déjà organisé sur Besançon plu- sieurs colloques autour de la question du goût. L’association réalise également des actions en faveur de la Banque Ali- mentaire de Besançon “La pro- chaine rencontre mensuelle aura lieu le 20 avril. Nous ouvrirons à cette occasion les portes de la

Nancy et Pierre Peuteuil sont à

bibliothèque de l’association rue Renan, riche de plus de 500 ouvrages. L’entrée est libre, mais la réservation conseillée” note Pierre Peuteuil.Au fil des animations, les échanges vont dans tous les sens : avec des médecins, des diététiciens, des cuisiniers, des écrivains… Une vraie éducation au bon goût et la pro- messe renouvelée

l’origine de la création de cette association qui mêle de nombreuses disciplines.

“Nous ne sommes

par un club de “miam- miam.”

tion du goût, la question des goûts demeure aussi indéter- minée et riche d’incertitudes. Mais cette question, aujourd’hui, ne saurait plus se limiter à la problématique du mangeur iso- lé devant son assiette.Aux inter- rogations primitives “Qu’est-ce

dée, Nancy et Pierre Peuteuil cherchent aujourd’hui des suc- cesseurs pour prendre les rênes de Questions de goût. Avis aux amateurs… de goût. J.-F.H. www.questions-de-gout.fr

que je mange ? Pourquoi je le mange ?” , vient se surajouter une interrogation plus altruis- te : “Mes choix alimentaires peu- vent-ils aussi contribuer à la sauvegarde de la planète ?” Après sept ans d’implication dans l’association qu’ils ont fon-

Une autre assiette est possible à Besançon ! À Besançon, l’association “Une autre assiette est possible” réunit des consommateurs qui défendent les filières courtes. Association Ils consomment local

S ur son site Internet, l’association “Une autre assiette est possible à Besançon” donne aux internautes une série des bonnes adresses où ils peuvent acheter des produits alimentaires “Made in Franche-Comté”. Viandes, produits frais, fruits et légumes, boissons bref, en quelques clics, on accède à un ensemble de dis- tributeurs près de chez soi où l’on peut remplir son panier. “Nous ne sommes pas sur la valo-

court, du producteur au consom- mateur, sans intermédiaire(s). Aujourd’hui, la lettre d’information qu’elle édite est envoyée à plus de 200 personnes. “De plus en plus de gens nous contactent. Ils veulent contri- buer à soutenir l’économie loca- le. Ces personnes cherchent à consommer différemment. Elles ont envie de passer à l’action pour “leur santé” disent-elles le plus souvent” remarque Quen- tin Le Tallec.

risation des circuits bio, mais sur la valorisation des circuits courts” annonce d’emblée Quen- tin Le Tallec, représentant de l’association. Dans la foulée il ajoute : “Chacun peut complé- ter la rubrique “bons plans” afin d’en faire profiter les autres membres de la communauté.” “Une autre assiette possible à Besançon” a été créée il y a une dizaine d’années par un grou- pe de personnes soucieuses de soutenir l’économie du circuit

Les échanges entre les

membres de l’association et les producteurs sont toujours constructifs.

Il y a tous les profils de consom- mateurs qui adhèrent à l’association. Cela va de ceux qui continuent de remplir leur panier dans les magasins de la grande distribution et qui par- fois vont se tourner vers un pro- ducteur local pour un produit spécifique. À l’opposé, il y a les “locavores” pour qui l’enjeu est d’acheter les denrées alimen- taires produites près de chez soi. “C’est un idéal. Mais des gens tendent vers cela dans l’association” souligne Quentin Le Tallec. Fidèle à sa philosophie, l’association organise des visites sur le terrain chez les produc- teurs locaux. C’est l’occasion de

rencontrer un professionnel, maraîcher par exemple ou éle- veur de porc, qui va parler de son métier et de son approche de l’agriculture. Ce ne sont pas forcément des entreprises estam-

dans le maraîchage. Ce sont des gens qui ont ça dans le sang et qui ne viennent pas forcément de l’agriculture.” La notion de plaisir guide ces rencontres où l’on échange, où l’on goûte aus- si. En plus des visites organisées chez les producteurs,“Une autre assiette est possible à Besan- çon” organise deux à trois fois par an des ateliers pour com- prendre ce que l’on mange. C’est le but de l’atelier de décrypta- ge des étiquettes qui figurent sur les produits alimentaires de consommation courante. T.C.

pillées bio. Mais en général, lorsqu’elles figurent dans les bons plans, c’est parce qu’elles tra- vaillent dans le res- pect de l’environnement et de l’animal. Leur activité est raison- née. “On ne peut être qu’admiratif de tous les jeunes qui se lan- cent aujourd’hui

“Elles ont envie de passer à l’action.”

L’association organise des visites chez les produc- teurs.

www.uneautreassiette.fr

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