La Presse Bisontine 175 - Avril 2016

24 DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 175 - Avril 2016

Les Saveurs de la ferme dans leur nouvel écrin Forts du succès de ce concept de vente directe lancé en 2000, les associés ont investi dans une surface de vente flambant neuve à Châtillon-le-Duc. Du producteur au consommateur, sans transition. Châtillon-le-Duc Vente directe

L e vaste parking est paradoxalement un des principaux motifs de satisfac- tion de la clientèle à écouter les producteurs réunis au sein des “Saveurs de la ferme”, le maga- sin de vente directe qui jusqu’en fin d’année dernière était ins- tallé dans l’ancienne école de Cayenne, le hameau de Châ- tillon-le-Duc situé au bord de la R.N. 57. 1 million d’euros ont été investis dans le projet. Aujourd’hui, c’est à quelques

centaines de mètres plus loin, face au collège de Châtillon qu’est installé lemagasin qui ressemble désormais à une vraie supéret- te à la différence près qu’elle

au sein de ce G.I.E. (groupement d’intérêt économique) présidé par Didier Costille, producteur de fruits à Rioz. “Globalement, tous nos anciens clients nous ont suivis, des anciens clients qui ne venaient plus à cause des dif- ficultés d’accès à l’ancien maga- sin sont revenus, et nous avons attiré de nouveaux clients qui ne nous connaissaient pas. Depuis le déménagement, l’activité est en hausse sensible” se réjouit Didier Costille, membre fondateur des Saveurs de la ferme qui emploie par ailleurs trois salariés à plein- temps. Le principe est simple : les pro- ducteurs fournissent les rayons du magasin des produits qui sont vendus en direct aux clients, et ils se rémunèrent propor- tionnellement au montant des produits écoulés ici. Cinq jours par mois, les adhérents au G.I.E. sont de permanence au maga- sin. “Le fait d’être présente ici offre de vrais avantages car si je devais écouler tous mes pro- duits autrement, je devrais par- tir tous les jours sur des mar- chés. Là, je viens deux fois par semaine. C’est un système effi- cace et souple” commente Angé- lique Della Torre, productrice de fromages de chèvre bio en Haute-Saône qui écoule désor- la grande distribution classique. “Ce que l’on observe, c’est qu’à chaque fois qu’il y a une alerte alimentaire relayée par les médias, il y a une prise de conscience des consommateurs qui se traduit par un pic de fré- quentation au magasin. Ils com- prennent que l’alimentation rime avec santé. Notre capacité de développement est égale à celle de la grande distribution. Le problème est qu’elle est limitée par la capacité de production du bio” remarque Hervé Garaut, P.D.G. du magasin Croc’Natu- re à Serre-les-Sapins (il y en a 7 en France). Le bio se démocratise et capte une clientèle élargie désormais à des catégories d’âge et socio- professionnelles différentes. “Il y a six ans, nos clients étaient principalement des C.S.P. +, des retraités, des personnes instal- lées avec un pouvoir d’achat plu- tôt élevé, sensibles à ce qu’elles avaient dans leur assiette.Actuel- lement, on voit une clientèle beau- coup plus variée. Ce ne sont pas forcément des gens qui achètent tout bio mais qui découvrent petit à petit des produits. On ren- contre, par exemple, des jeunes couples qui viennent d’avoir un bébé et qui veulent le meilleur pour l’alimentation de leur enfant” ajoute Didier Maillotte, gérant des magasins Biocoop d’École-Valentin et du centre- ville de Besançon. Il enregistre

n’est approvi- sionnée que par les produits de la ferme issus des exploitations de la trentaine de producteurs haut-saônois, doubiens ou jurassiens réunis

Le profil de la clientèle a changé.

Quelques-uns des 35 producteurs qui fournissent les rayons des “Saveurs de la ferme”, le nouveau magasin de vente directe à Châtillon-le-Duc.

mais 80 % de sa production ici. “Ce système me permet de vendre mes produits et d’avoir du temps à côté pour produire” ajouteYan- nick Lajus, producteur de légumes dans le secteur deMont- bozon. Pour eux, “le problème, c’est plutôt de produire suffi- samment, ce n’est pas de vendre” résument ces associés. Au fil des ans, le profil de la clientèle a changé. Si les cha- lands étaient en majorité com- posés de retraités au départ, ce sont désormais les couples, les

parents de jeunes enfants et les familles qui constituent le gros de la clientèle. Le signe d’une vraie prise de conscience. “Les scandales alimentaires à répé- tition qui ont fait l’actualité depuis quinze ans poussent de plus en plus les consommateurs à la vigilance et les incitent à privilégier les circuits courts” estiment les associés. D’autres magasins de vente directe fonctionnent dans le Grand Besançon, comme Doubs Pâturage à Rivotte ou la Ferme

des trois rivières à Chemaudin (le plus ancien). Le concept fait de plus en plus d’adeptes, convaincus que pour manger sain, il n’y a pas mieux que de s’approvisionner au plus près de chez soi. “C’est d’ailleurs ce que faisait mon grand-père il y a cinquante ans avant que les coops existent. Il prenait son che- val et allait vendre en direct sur les marchés à Besançon” note Didier Costille. Le bon sens pay- san est de retour. J.-F.H.

Le principe de la vente directe : un produit, un producteur.

Le succès des magasins bio Les scandales alimentaires qui surgissent dans l’actualité poussent la clientèle dans les magasins bio. Illustration, à Besançon, de cette tendance au “manger sain”. Consommation Traçabilité des produits

D epuis quelques années, les com- merces alimentaires de Besançon spé- cialisés dans la ven- te de produits bio drainent une clientèle de plus en plus large. Une évolution qui confirme que

À Biocoop, Didier Maillotte

la tendance au “manger sain” modifie petit à petit les habi- tudes de consommation des par- ticuliers. On ne peut cependant pas parler de phénomène puis- qu’avec moins de 5 % de parts de marché, le bio n’est pas enco- re en mesure de rivaliser avec

insiste sur le respect de la saisonnalité des produits.

de très bons résultats depuis le début de l’année, “une tendan- ce nationale.” La force de ces commerces est qu’ils misent tout sur la traça- bilité de leurs produits issus de l’agriculture biologique fran- çaise principalement. Les consommateurs qui y font leur course ne leur pardonneraient pas de déroger à cette règle. Ceux qui viennent là ne veulent pas être trompés sur la mar- chandise. “Lorsque je rentre un produit bio en magasin, je suis attentif à trois choses : un, la certification, deux, à la proxi- mité, trois à répondre tant que possible à la demande de nos clients. Je visite les fournisseurs, je regarde les conditions de pro- duction. Par exemple, j’ai visité à Nantes une unité de produc- tion de pommes. C’est mon état

d’esprit” annonce Hervé Garaut. Les magasins Biocoop (il y en a 380 en France) ne transigent pas non plus sur la traçabilité. “En plus d’être sensibles au res- pect de la saisonnalité des pro- duits, on “trace” nos producteurs

moment, nous pouvons justifier dans les détails l’origine du pro- duit” complète Didier Maillot- te. Consommer bio n’est pas seu- lement une question de goût, c’est aussi une question de prix. Les produits sont un peu plus chers que dans la grande dis- tribution. Mais cet écart se jus- tifie par la pratique agricole qui est à la base de la filière bio. Il y a moins de rendement à l’hectare. “Les écarts de prix s’estompent” observe Hervé Garaut. Plus il y aura de terres bio et plus cette agriculture deviendra compétitive. Le risque est que les producteurs tombent dans le piège des prix bas qui se ferait sans doute au détri- ment de la qualité que recher- chent actuellement les consom- mateurs.

français. Nous sommes atten- tifs aux pro- duits de la filiè- re France. On participe au développement d’une agricul- ture paysanne et de proximité. Lorsque nous nous approvi- sionnons à l’étranger, c’est nous qui choi- sissons le pro- ducteur. À tout

“Pas forcément des gens qui

achètent tout bio.”

Hervé Garaut, P.D.G. de Croc’Nature, vend en magasin des pâtes bio en marque distributeur. Il a créé un espace de Naturopathie.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online