La Presse Bisontine 155 - Juin 2014

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

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Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr JUIN 2014 N° 155

LE PALMARÈS DES ÉLUS LES MIEUX RÉMUNÉRÉS. POURQUOI LES RÉCENTES AUGMENTATIONS À L’AGGLO ? L’ARGENT DES PARLEMENTAIRES. NOS ÉLUS SONT-ILS TROP PAYÉS ?

LE DOSSIER en p. 20 à 25

ÉCONOMIE

L’ÉVÉNEMENT p. 6 à 8 Accidents de la route Contre l’hécatombe, la tolérance zéro

p. 38

Le coup de gueule des patrons

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@groupe-publipresse.com

LA TWEETOSPHÈRE BISONTINE

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La Presse Bisontine n° 155 - Juin 2014

Poujadisme À peine a-t-on associé ces mots de “rému- nérations” et de “politique” que les prin- cipaux intéressés lèvent les bras en invo- quant qui le poujadisme, qui le populisme, quand ceux qui abordent le sujet ne sont pas accusés de “faire le lit des extrêmes”. Encore un syndrome bien français qui voudrait que cette question ne soit jamais traitée ni même abordée. Le salaire des politiques reste un sujet étonnamment tabou en France alors qu’aucun autre pays d’Europe ne montre une telle aver- sion pour cette question qui fait pour- tant partie intégrante d’une saine démo- cratie. Si la classe politique est aussi mal à l’aise avec cette question, ce n’est pas à cause des montants que nos dirigeants, nationaux ou locaux, perçoivent, qui d’ailleurs n’ont rien de scandaleux. Non, ce n’est pas choquant que le responsable d’une agglomération de 170 000 habi- tants, avec les responsabilités que ses mandats lui confèrent, touche tous les mois plus de 6 000 euros. Tout comme il n’est pas plus indécent que l’adjoint au maire d’une ville comme Besançon ou qu’un conseiller régional perçoive 1 600 euros avec une vraie charge de travail en face, ou encore qu’un député de la Nation qui ne compte pas ses heures émarge à 5 300 euros nets. On s’offusquera beaucoup plus à la vue des primes indécentes que pourraient tou- cher ces traders dans le monde obscur de la haute finance crapuleuse. Là où le maniement de l’argent public serait à remettre en cause, c’est quand il sert à satisfaire le plus grand nombre de ses amis politiques. Le budget “rémunéra- tions” de la C.A.G.B. a flambé de plus de 35 % parce que, subtilement et pour contourner une loi qui restreignait le nombre de vice-présidents, l’Agglo a cru bon de créer des postes de conseillers communautaires délégués, rémunérés 900 euros chacun par mois, tandis que les vice-présidents voyaient passer leur solde mensuelle de 900 à 1 600 euros. Une fois encore, les montants ne cho- quent pas. C’est ce genre de tour de pas- se-passe qui a du mal à passer dans l’opinion et c’est bien ses instigateurs qui tendent, par ces procédés quelque peu tortueux, à discréditer une partie de la noble fonction d’élu. Le sentiment est le même quand ces mêmes élus montrent si peu d’enthousiasme à jouer la trans- parence sur ces questions d’argent, public de surcroît. À force de manier l’à peu près et de tenter de noyer le poisson, c’est ainsi que l’on jette le discrédit sur la classe politique tout entière aux yeux de l’opinion. Jean-François Hauser Éditorial

LES TWEETS DU MOIS

FUSION 23 avril. Le rapprochement de la Bourgogne et de la Franche-Comté fait-elle naître des fantasmes ? Le journaliste d’Europe 1 Michel Grossiord s’en amuse. Michel Grossiord @MGrossiord · 23 avril "GDQ "@AT ʖ +ŗ@KKH@MBD CT !NTQFNFMD DS CD K@ R@TBHRRD CD ,NQSD@T OHB SVHSSDQ BNL R AS!@ "

TRANSPORT Philippe Gonon, conseiller municipal (UDI), s’amuse et publie la photo de ces chevaux comtois à Besançon. Philippe Gonon · 6 mai ʘ!DR@MBNM TM U¤GHBTKD GHOONLNAHKD RTQ K@ OHRSD BXBK@AKD @UDMTD "KDLDMBD@T ,@HR PTD E@HS CNMB K@ ONKHBD LTMHBHO@KD

IMMOBILIER 12mai. Si vous ne l’avez pas encore fait, il est temps de (re) négocier vos taux de crédit ou d’aller emprunter. Choulet Edouard @edouardchoulet #immobilier : 3@TW CD BQ¤CHS CD Ȇ Ȇ RTQ ȅȄ @MR C@MR Kŗ$RS CD +@ %Q@MBD RDKNM (LLNOQ¥S ȇ£LD Q¤RD@T EQ@M¢@HR CD BNTQSHDQ ʘA@MPTD nathalie @nathdebesac ,NM BNKK£FTD @ UT TMD AHBGD UDQR K@ L@HQHD › LHMTHS GHDQ RNHQ 2H KDR ƦDTQR CD KŗDROK@M@CD RNMS SNTSDR ANTKNS¤DR E@TS O@R BGDQBGDQ ʘ!DR@M¢NM NATALITÉ Chauds les Francs-Comtois ? En tout cas, ils sont fertiles. #NeverGiveUp @DavidSandona · 10 mai. %Q@MBGD "NLS¤ +D RODQLD CDR %Q@MBR "NLSNHR CD LDHKKDTQD PT@KHS¤ PTŗ@HKKDTQRş @BST@KHS¤ !D R@M¢NM %Q@MBGD "NLS¤ pbonnetélubesançon @pbonnetelubes ʘ!DR@M¢NM KD i/DSHS !@Q y HMRSHSTSHNM CD K@ QTD "GHƨDS U@ EDQLDQ › K@ RTHSD CT iB@E¤ CT 3G¤SQDy QTD 5 'TFN ş CHASSE 15 mai. Besançon ville verte qu’ils disaient ! Apparem- ment, c’est le cas. Même les chevreuils s’aventurent en ville. La chasse est fermée... COMMERCE 12 mai. Pascal Bonnet, élu à Besançon, s’inquiète de la disparition d’un bar. Ce n’est pas le seul.

MUSIQUE Un journaliste bourguignon interview le 9 mai le maire de Besançon pour le mensuel «Le Miroir mag». Il nous apprend que Jean-Louis Fousseret est mélomane... Jérémie Lorand @jlorand +D LDHKKDTQ C@MR KŗHMSDQUHDV CD ʘ%NTRRDQDS Bŗ¤S@HS PT@MC L¥LD K@ LTRHPTD Cŗ@SSDMSD UHBHH ʘADR@MBNM STATIONNEMENT Le Bisonteint publie la photo de la Rolls qui dormait sous le parking de lamairie. En raison de travaux de peinture, son propriétaire a dû la déplacer. Un événement.

BisonTeint Bison Teint · 6 mai ʘADR@MBNM +@ E@LDTRD 1NKKR RDLAKD @UNHQ

PTHSS¤ KD O@QJHMF CD K@ L@HQHD OHB SVHSSDQ BNL 1 O-#"U06Y

est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Contact publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Mai 2014 Commission paritaire : 0217I79291 Crédits photos : La Presse Bisontine, A.C.A.I., J. Daran, P. Diéterlé, Vivre aux Chaprais.

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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Moins d’attente aux urgences de Minjoz

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité du Grand Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. 400 abonnés à la voiture en libre-service

L e service d’autopartage bisontin, rebap- tisé Citiz comme les 80 autres réseaux déployés dans d’autres villes fran- çaises, a inauguré le 13 mai sa douzième station, place Flore. Quatre ans après sa mise en service, l’auto en libre-service

compte près de 400 abonnés. Si on com- pare avec d’autres villes qui ont mis en place ce service avant Besançon, c’est peu. Strasbourg dispose de son service d’autopartage depuis 13 ans et la ville alsa- cienne compte plus de 4 000 abonnés, dix

fois plus qu’à Besançon. Rien d’anormal selon Jean-Baptiste Schmider, directeur général du réseau Citiz, “parce qu’il faut le temps que les utilisateurs potentiels s’approprient ce nouveau service. Quatre ans, c’est encore peu. Dans toutes les villes, le nombre d’abonnés progresse avec le temps” dit-il. 17 voitures dont quelques familiales et utilitaires sont disponibles dans les douze stations réparties en ville (gare Viotte, Leclerc, Marulaz, Saint-Jacques, Granvelle, Bersot, Flore…). L’utilisateur-type de l’auto partagée, c’est un urbain âgé de 35 à 45 ans qui emprun- tera le véhicule pendant 5 heures et par- courra 40 km, “par exemple pour aller fai- re ses courses en périphérie.” Pour la plupart des utilisateurs de Citiz, la voiture louée a remplacé la voiture principale. “Dans 78 % des cas” note M. Schmider. Le service Citiz est disponible à partir de 10 euros par mois auxquels il faut ajouter le prix de l’heure d’utilisation (à partir de 2 euros selon le modèle) et le prix du kilo- mètre (à partir de 30 centimes). Dans la circulation, une voiture partagée rempla- ce neuf voitures particulières.

Dans le nouveau secteur d’imagerie, Le P r Hatem Boulahdour et le D r Michel Runge.

E ntre une heure et quatre heures d’attente avant de passer une radio. C’était le quotidien des patients qui arrivaient aux urgences du C.H.U. Minjoz à Besançon jus- qu’à l’ouverture du nouveau sec- teur d’imagerie il y a six mois. Désor- mais, “ce délai est systématiquement inférieur à une heure. On prend les patients au fil de l’eau, parfois même sans qu’ils passent par la salle d’attente” assurent les praticiens, Hatem Boulahdour en tête, le res- ponsable de ce nouveau pôle ima- gerie, reconfiguré depuis la remon- tée de Saint-Jacques. À cette occasion, le C.H.U. a acquis un nouveau scanner (pour 750 000 euros) et cette réorgani- sation complète semble porter ses fruits. “Cette reconfiguration a sen- siblement réduit l’attente. On patien- te beaucoupmoins longtemps avant d’effectuer son diagnostic” confir- me Samuel Rouget, directeur adjoint

des infrastructures à Minjoz. Paral- lèlement, ce plateau dédié aux urgences ne perturbe pas le flux des examens non urgents, sur ren- dez-vous, qui ne sont donc plus réalisés au même endroit. Ce nouveau secteur d’imagerie des urgences adultes a déjà réalisé plus de 7 000 scanners depuis sa mise en service en septembre dernier, avec un pic journalier à 71 actes, 800 échographies et 6 500 radio- graphies conventionnelles. Le pôle radiologie dans son ensemble (urgences et actes programmés) réalise quelque 220 000 actes d’imagerie par an et voit passer 52 000 patients. Le prochain projet de Minjoz sera l’acquisition d’un troisième appa- reil I.R.M. En Franche-Comté, les délais pour passer une I.R.M. s’allongent, il faut désormais attendre 70 jours en moyenne.

Jean-Baptiste Schmider, directeur du réseau Citiz.

Les architectes lancent

leur opération séduction

PRÉSENT À LA Présent à la FOIRE COMTOISE 24 mai-1 er juin 2014 Besançon - Micropolis

ASPIRATION CENTRALISÉE

Efficacité s 2ÏDUCTION DE VOTRE TEMPS DE MÏNAGE GRÊCE Ì UNE FORTE PUISSANCE DE SUCCION s !UCUNE SALETÏ NE VOUS ÏCHAPPE GRÊCE AU SYSTÒME CYCLO NIQUE QUI MAINTIENT UNE ASPIRATION CONSTANTE ET ÏLIMINE DES POUSSIÒRES ASPIRÏES Confort s 0RATIQUE ET LÏGER PLUS D ASPIRATEUR Ì TRAÔNER SEULEMENT UN mEXIBLE s 3ILENCIEUX VOUS FAITES LE MÏNAGE EN ÏCOUTANT DE LA MUSIQUE CAR LA MOTORISATION SE TROUVE DANS LE GARAGE OU DANS UNE PIÒCE ANNEXE Santé s !MÏLIORATION DE LA QUALITÏ DE L AIR ET RÏDUCTION DES ODEURS GRÊCE AU SYSTÒME DE REJET Ì L EXTÏRIEUR DE L AIR ASPIRÏ

HALL A2 - STAND A8

Hall A2 / Stand A8-A9

En ouvrant leurs agences, les architectes vont aussi en profiter pour partir en guerre contre les idées reçues. (Réalisation E.U.R.L. Brulet Stéphane - s.brulet@orange.fr).

3 GAMMES DISPONIBLES LES SÉRIES 1000, 2000, 3000 s !SPIRATION DES POUSSIÒRES LA SÉRIE RÉGULIÈRE s !SPIRATION DES SUBSTANCES SOLIDES ET LIQUIDES LA SÉRIE AUTOMATIQUE s !SPIRATION Ì VIDANGE AUTOMATIQUE

artistes qui se font plaisir. Ils ont peur de ne pas être écou- tés, ou pensent encore que leur maison leur coûtera forcément plus cher s’ils passent par nous” observe un professionnel bison- tin. Or, tous les architectes vous diront qu’ils travaillent dans le respect du budget fixé par le client et des normes en vigueur. Ces deux jours de portes ouvertes seront donc l’occasion pour la profession de partir en guerre contre les idées reçues. Plusieurs animations sont pré- vues en marge des rencontres en agence.

L es 6 et 7 juin, les archi- tectes ouvrent leurs agences au public par- tout en France pour faire découvrir les coulisses de leur métier, et surtout les secrets de conception d’un projet immobilier. Cette opé- ration organisée par l’Ordre des Architectes dans chaque région est une première. Elle vise à susciter l’intérêt des particuliers pour une pro- fession en mal d’amour. Son problème est que rares sont les porteurs de projets à fai- re appel à un architecte pour

la conception d’une maison individuelle par exemple. Le premier réflexe des acqué- reurs est de se tourner vers les pavillonneurs traditionnels, convaincus de toute manière que le recours à un architecte serait hors de portée de leur budget pour une maison sur mesure. Résultat, certaines enquêtes indiquent qu’actuellement en France, moins de 15 % des projets de maisons individuelles sont confiés à des architectes. “On se traîne des casseroles. Dans l’esprit des gens, on reste des

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Renseignements : Ordre des architectes - Tél. : 03 81 81 47 38

BESANÇON

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Les rats attaquent SANTÉ PUBLIQUE Campagne de dératisation Rue Bersot, place Flore, à la Citadelle, à Battant, et maintenant à Planoise. Les rats s’immiscent partout, jusque dans les bureaux. Une campagne de dératisation est menée par les services de la Ville pour réguler cette population, qui, sans explication, a augmenté depuis l’année dernière.

U n rat mort sous le bureau, c’est forcément peu ragoûtant. Voilà ce qui est arrivé à un employé de bureau place Flo- re à Besançon qui préfère ne pas donner l’indication de son emplacement pour ne pas fai- re fuir les clients. Pour d’autres professionnels, notamment ceux de la restauration, le problème

tion. Avant, quand les rats nous voyaient, ils avaient peur de nous… mais là, ils n’ont plus peur. On ne l’explique pas. On en retrouve surtout à Battant, Bersot et maintenant Planoise. Il y en aussi à la Citadelle” témoigne circonspect l’un d’entre eux qui nous a guidé dans le réseau sous le quartier de Planoise, à l’angle de la rue de Picardie et des Flandres. À Besançon, ces animaux sont légion, comme dans les autres villes d’ailleurs. Ils sont une menace pour la santé : ils peu- vent causer la leptospirose, la rage, et des parasitoses. “Impos- sible de donner un chiffre sur leur nombre” dit Jean-Luc Legain, à la direction hygiène- santé de la Ville de Besançon. Pour “maîtriser” cette popula- tion de nuisibles, Besançon a organisé une campagne de déra- tisation jusqu’au 16mai auMar- ché Beaux-Arts (en prévention), sur les berges du Doubs, à la Citadelle, à la station d’épuration de Port-Douvot. Son personnel, avec celui d’une société sous-traitante (Franche- ComtéAssainissement), se rend

de la pullulation des rats est - encore - plus problématique. Les animaux s’infiltrent par- tout, notamment dans ces endroits qui sont de véritables garde-manger… “Nous trou- vons beaucoup plus de rats que l’année dernière dans les égouts, synthétise un membre du per- sonnel de l’assainissement à Besançon qui gère la dératisa-

Lorsqu’ils parcourent les 68 km d’égouts “visitables”, les personnels de la Ville rencontrent souvent des rats. Cette année, ils en ont trouvé plus que d’ordinaire.

Port-Douvot à Besançon. Cette opération dératisation n’a pas mission à anéantir la popu- lation. “En cas de problème dans une habitation, les Bisontins peuvent venir chercher des grains empoisonnés que nous remet- tons gratuitement, explique le technicien. LaVille peut envoyer des agents. Le service est payant, 20 euros.” Un conseil que sui- vra sans doute cette proprié- taire d’un immeuble à qui les locataires réclament une opé- ration dératisation…

période plus longue car avec les anciens, plus forts, les rats com- prenaient que ces blocs étaient dangereux après avoir vu leurs

dans les 68 km de galeries visi- tables sur les 300 km que comp- te la Ville. Objectif : poser des blocs anticoagulants contre les parois. Ils doivent, en théorie, attirer les rats. “Souvent, ils pré- fèrent une nourriture naturelle que ces blocs mais ils font leur effet. Lorsqu’ils les mangent, leur sang coagule et ils vont mourir un peu plus loin.” L’effet est de 3 à 4 jours. Cela coûte environ 10 000 euros pour la collectivi- té. Les techniques ont changé : “On pourrait mettre du blé empoisonné qui les attirerait davantage mais avec la chaleur des égouts, le blé germerait. Les produits tuent les rats sur une

congénères mou- rir. Ils s’en éloi- gnaient” rappor- te le technicien. Une fois le pro- duit avalé, les bestioles dont le poids peut atteindre 500 grammes se décomposent ou se retrouvent à la station de

“Avant, ils avaient peur de nous.”

E.Ch.

Les blocs d’anticoagulants sont grignotés par les rats qui meurent 4 à 5 jours plus tard.

Pour signaler la présence de rats : Proxim’Cité 0800 25 30 00

La Presse Bisontine n° 155 - Juin 2014 L’ÉVÉNEMENT ACCIDENTS : LES AUTORITÉS ANNONCENT LA TOLÉRANCE ZÉRO

Sur les quatre premiers mois de l’année, les statistiques de l’accidentologie ont bondi dans le Doubs. Le relâchement des conducteurs est réel.

Tolérance zéro sur les routes Bilan 3 g d’alcool dans le sang Déjà 13 morts sur les routes du Doubs depuis le début de l’année, contre 8 sur la même période de l’an dernier. Trop, c’est trop. Les forces de l’ordre déclarent la guerre aux chauffards.

S ur le seul week-end prolongé du 8 mai, les forces de l’ordre dans le département ont consta- té 299 infractions relatives à un excès de vitesse, ont dressé 30 pro- cès-verbaux pour alcoolémie. Les poli- ciers et les gendarmes n’y sont pas allés de main morte : 36 rétentions immédiates du permis de conduire ont été effectuées et 50 immobilisations de véhicules. “Il est regrettable de consta- ter que certains automobilistes sont

peu soucieux de la sécurité de tous et n’adoptent pas les règles élémentaires de prudence et de vigilance dans leur conduite” note la préfecture du Doubs. Ainsi un automobiliste a été verbali- sé pour grand excès de vitesse à Fal- lerans. Il a été contrôlé à 148 km/h au lieu de 90 km/h, soit un dépassement de plus de 50 km/h de la vitesse auto- risée. Son permis lui a été retiré sur le champ. Heureusement, ce week-end prolongé n’a pas allongé la liste des trop nombreuses victimes de la route. Car les événements ont pris une tour- nure dramatique depuis le début de l’année sur les routes du Doubs, et du Haut-Doubs en particulier. En quatre mois, pas moins de 13 personnes ont déjà perdu la vie sur les routes du Doubs (contre 8 l’an dernier pour la même période) dont 8 sur le seul arron- dissement de Pontarlier. 94 accidents de la circulation sont survenus dans le Doubs depuis janvier contre 121 l’an dernier, qui ont fait 115 blessés, contre 146 l’an dernier. Si on zoome sur le Haut-Doubs, les chiffres sont encore plus effrayants. Deux fois plus d’acci- dents en quatre mois par rapport à

Les contrôles devraient encore être renforcés.

signé 8 arrêtés de suspension du per- mis de conduire, la plupart pour alcoo- lémie, les autres pour grands excès de vitesse. “Et pas des petits excès : du 180 au lieu de 110 km/h, du 150 au lieu de 90. Pour ce qui est de l’alcoolé- mie, ce n’était pas juste le verre de trop. Les taux oscillaient entre 1,6 et 3 g ! Ces comportements déviants sont deve- nus intolérables.” Les services de l’État sont bien réso- lus à “frapper fort” dit M. Charlot. “La prévention ne suffit plus, il faut désor- mais faire feu de tout bois. Il n’y a que la répression qui permet de mettre à l’abri les autres usagers de la route des

chauffards. Comptez sur moi pour être sévère, les forces de l’ordre ne feront preuve d’aucune indulgence” assène le sous-préfet, très remonté face à aux chiffres de l’insécurité routière. Les automobilistes sont prévenus : les opérations de contrôle ne devraient que s’intensifier durant ces prochaines semaines pour tenter d’infléchir cette alarmante courbe de l’accidentologie sur les routes du Doubs. Tout comme l’utilisation de la voiture équipée d’un radar mobile qui devrait elle aussi davantage sillonner nos nationales et départementales. J.-F.H.

l’an dernier (36 contre 18), 8 morts (contre 3 l’an dernier) et 38 bles- sés, contre 19. “Dans plus de la moitié des cas, l’alcool est mis en cau- se” note Bruno Charlot, le sous-préfet de l’ar- rondissement de Pon- tarlier, sévère sur ce qui apparaît pour l’instant

Les opérations de contrôle devraient s’intensifier.

comme un échec : “Il y a des compor- tements inacceptables en matière de circulation routière” dit-il. À l’issue du dernier week-end d’avril, le sous-préfet de Pontarlier avait déjà

Un des récents accidents spectaculaires sur les routes du Doubs.

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Les radars francs-comtois rapportent 1 million d’euros par mois Argent 32 par jour le radar-tronçon

Le palmarès des radars Ville d’implantation des cabines

Type de cabine

Nombre

d’infractions

par jour

Beure Exincourt

Tronçon Discriminant Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Tronçon Classique

32 33 27 23 19 10

Besançon (Châteaufarine) Fournets-Luisans

L a Franche-Comté, c’est 102 radars automatiques, et, en 2013, 330 828 infractions comp- tabilisées, selon les chiffres offi- ciels diffusés par le ministère de l’In- térieur, soit, d’après les estimations, 199 066 P.V. dressés. Pour donner un ordre d’idée, les radars de la région Franche-Comté ont potentiellement rapporté à l’État quelque 12 millions d’euros en 2013, soit environ 1 million d’euros par mois. Près de 94%des excès de vitesse sont des “petits” dépasse- ments, de moins de 20 km/h, dont l’amende forfaitaire est à 68 euros. Au final, si l’on en croit les derniers rap- ports parlementaires sur le sujet, le taux de paiement moyen tourne autour de 80 %. C’est ainsi que l’évaluation est faite du chiffre d’affaires des radars automatiques… Sur les routes du Doubs, 35 radars sont ont été installés. Un 36 ème appareil vient d’être installé dans le Haut-Doubs : un radar-tronçon entre Fuans et Les Fins qui entrera en service début juillet. Ces 35 radars du Doubs ont flashé 105 867 fois l’an dernier ! C’est le radar-tron- çon installé dans la descente de la voie des Mercureaux (où la vitesse est éton- namment limitée à 70 km/h sur toute la longueur) qui flashe le plus de contre- venants dans le Doubs. En moyenne, 32 fois par jour. Un autre appareil est

Ce sont les dernières estimations du site spécialisé Caradisiac.com. La préfecture ne peut pas confirmer ces chiffres. Une chose est sûre, ça flashe, surtout dans la descente des Mercureaux.

Clerval A36

Besançon (Boulevard Churchill)

Nods Épenoy

6 6 4 4 3 3 3 2 2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 0

Beure (descente de Larnod)

Étouvans Amagney Montbéliard Villers-le-Lac Valentigney

Les Hôpitaux-Vieux Chapelle-dʼHuin

Vuillecin (route de Besançon)

Montbenoît Liebvillers Présentevillers Montandon

Houtaud

Touillon-et-Loutelet Villers-le-Lac Pont-les-Moulins

lifique avec 4 déclenchements “seule- ment”. Le radar le moins lucratif du département est celui installé dans le secteur de Pont-les-Moulins avec un nombre insignifiant de déclenchements, moins de 1 par jour. J.-F.H.

également très actif, le radar discri- minant (qui distingue les voitures des camions), lui, flashe 33 fois par jour en moyenne. Celui de Besançon-Châ- teaufarine complète le podium avec 27 déclenchements quotidiens. Le radar de la descente de Larnod est moins pro-

Le radar-tronçon des Mercureaux flashe plus de 30 véhicules par jour en moyenne. Lucratif.

“Diminuer la vitesse à 80 km/h ne changera rien” Colère Projet de loi Le président de la fédération française des motards en colère du Doubs explique pourquoi la volonté de l’État de baisser la vitesse sur les nationales et les départementales ne changera rien à la problématique de la sécurité routière.

“C ontrôle aux jumelles sur la 2 X 2 voies à hauteur du pont de Saône.” “Contrôle radar avant le radar automatique de Nods direction Pontarlier 17 h 15.” “Contrôle radar Mégane grise en bas du pont rou- ge direction Pontarlier, 16 h 40.” “Contrôle radar et contrôle alcoo- lémie à la sortie de Morre.” La liste des messages publiés sur la page facebook “Info contrôle gendarmerie Haut-Doubs” s’allon- ge de jour en jour. Ils visent à alerter en temps réel des contrôles radars, ou alcoolémie, réalisés sur nos routes. Le nombre de personnes suivant ces informations distillées s’ac- croît de jour en jour : 2 800 personnes font partie de cette “com- munauté”. Près de 5 800 “J’aime” ont été recueillis. Un phénomène qui n’est pas du goût des autorités même si l’ini- tiative n’a rien de spécifique au Haut-Doubs. L’idée vient d’un Pontissalien (N.D.L.R. : qui préfère bien sûr rester anonyme) : “J’ai perdu mon permis après la perte de points suite à des excès Cette page créée sur le réseau social cartonne : elle alerte en temps réel des contrôles radars, notamment sur le Haut-Doubs. Son nom : “Info contrôle gendarmerie Haut-Doubs”. L’initiative n’est pas du goût des forces de l’ordre. Le créateur s’est fait connaître auprès des services de police La page facebook qui prévient des radars L’initiative 5 800 “J’aime”

pas d’accident parce que l’on roule à 90 km/h mais parce que l’on fait une bêti- se. Que l’on roule à 90 ou à 80 km/h, le résultat est identique : cela ne changera rien. Le corps humain n’est pas fait pour supporter ce choc.” Alors pourquoi l’État veut-il tant diminue la vitesse ? Pour fai- re rentrer davantage d’argent dans les caisses ? Les motards acquiescent. Pour montrer leur volonté de faire bais- ser le nombre d’accidents, la fédération a emmené à l’arrière des motos de leurs adhérents le 19 mai, des élus et des jour- nalistes. Cette opération “motard d’un jour” avait pour but de montrer les nom- breuses erreurs commises par les auto- mobilistes. Oubli de clignotants pour changer de voie, dépassement hasardeux, sont autant de risques en plus pour les amateurs des deux-roues.

E n avril dernier, 700 motards, en colère, ont déambulé à Besançon. Objectif : montrer leur désarroi face à ce qu’ils appellent “une sur- enchère sécuritaire inspirée par un petit comité d’experts.” SelonMaxime Juif, président de la F.F.M.C. 25, cette manifestation n’avait rien d’une mobilisation anti-sécuritaire. Au contrai-

re, “nous voulons que la sécurité avance. On ne veut pas mourir sur les routes…” dit le représentant des motards. La bais- se de la vitesse à 80 km/h ne changerait rien aux statistiques. Pourquoi ? “Parce que la principale cause des accidents, c’est en premier lieu l’alcool, la drogue, la fatigue et enfin en dernier lieu les conduites à risque dont la vitesse fait partie. On n’a

“On a un peu l’impression de prêcher dans le désert” Prévention La Ligue contre la violence routière du Doubs poursuit inlassablement ses actions de prévention en matière de sécurité routière. La prévention, comme la répression, ne suffit pas.

Ligue contre la violence routière

plus de mal de toucher. “On n’a pas assez accès aux adultes. Les entreprises commencent peu à peu à prendre conscience que la moitié des accidents mortels du travail sont des accidents de la route” ajoute Geneviève Chavi- gny. Pour définitivement faire chu- ter la mortalité sur les routes, la Ligue contre la violence rou- tière prône l’adoption de méthodes plus systématiques, comme l’installation de boîtes noires destinées à analyser les causes des accidents, ou la pose sur tous les véhicules de limi- teurs automatiques de vitesse. Baptisé “Lavia”, ce limiteur de vitesse doté d’une cartographie G.P.S. signale par un bip tout dépassement. “C’est préventif, efficace et cela évite les P.V. Le Lavia est au point depuis 2006, pourquoi les constructeurs ne l’ont-ilspasdéjà installé ensérie ?” se demande la Ligue.

à 80 km/h de la vitesse, qu’elle soutient, ou la généralisation des radars, la Ligue contre la violence routière poursuit inlas- sablement ses actions de pré- vention auprès d’un public plus facile à capter : les jeunes. Des dizaines de fois par an, elle ou son mari répondent à l’invita- tiondes établissements scolaires oude formationpour venir témoi- gner. Pas de grands discours théoriques oude leçons demora- le, juste le témoignagedeparents qui ont perdu un fils. Ils asso- cient parfois à leur témoignage celui d’un bénévole de l’associa- tion des familles de traumati- sés crâniens,tout aussi parlant. La Ligue fait également appel à sa voisine du Jura qui dispo- se d’une petite voiture auto-choc et dedeux simulateurs de retour- nements, les fameuses voitures- tonneaux. C’est parlant sur le moment, mais ce sont les vrais automobilistes que la Ligue a

de vitesse. Je suis commercial et je roule beaucoup. J’ai créé la page le 5 avril… et je suis étonné par l’ampleur que cela a pris.” Deux de ses amis l’ai- dent à répertorier les contrôles en cours : “Ce n’est pas de l’anti-flics que nous faisons” assure-t-il. Pour autant, les forces de l’ordre ne cautionnent pas. “J’ai appelé la gendarmerie. Je le répète, je ne fais pas de l’antiflics, je ne gagne rien et ne veux pas de soucis. La gendarmerie m’a dit que je pou- vais signaler les contrôles sauf les opérations en cours contre les malfrats.” Le sous-préfet de Pon- tarlier Bruno Charlot, lui, désapprouve totale- ment l’initiative : “Je condamne fermement ce gen- re d’initiative qui selon moi ne rend service qu’aux chauffards. C’est le contraire d’une initiative citoyen- ne, c’est tout simplement irresponsable” tranche le représentant de l’État.

C ela fait treize ans que GenevièveChavigny et sonépouxMichel sebat- tent pour tenter d’in- fléchir les mentalités. Quatre ans plus tôt,la route leur a enle- vé un fils. Depuis leur implica- tion à la tête de la Ligue dépar- tementale contre la violence routière, ils sillonnent le dépar- tement, répondant aux fré- quentes demandes d’établisse- ments scolaires pour venir témoigner de ce que représen- tent, “en vrai”, les drames de la

route. Alors inutile de préciser la déception de Geneviève Cha- vigny à la lecture des récentes statistiques de l’accidentologie dans leDoubs. “Onaunpeu l’im- pressionde prêcherdans ledésert, ces chiffres sont vraiment décou- rageants” soupire-t-elle.Labéné- vole met ce relâchement des automobilistes en partie sur le compte “de ce climat général de refus des contraintes. Les gens en ont marre des interdits” dit- elle. Alors avant d’éventuelles mesures comme l’abaissement

“Ce n’est pas de l’anti-flics.

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 155 - Juin 2014

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Drame Le combat d’une mère Après avoir perdu son fils de 20 ans, une maman témoigne Son fils Rabhat est décédé dans un accident de la route à proximité du domicile familial à Saint-Vit. Jeannette Skakni tente d’aller de l’avant. Elle revient sur son combat : elle a demandé au Conseil général d’enlever la silhouette placée sur la route. La collectivité a accepté. D ans l’entrée de l’appartement, la pho- to de Rabhat illumi- née par trois bougies

lectivité sensibilise aux dangers de la route avec cemessage choc. Mais pour cette famille de Saint- Vit, “c’était la double peine pour nous tous, explique l’oncle de Rabhat. Tous les matins par exemple, le petit frère (Aresky) prenait le bus à 400 mètres de la silhouette, la famille passait devant tous les jours” poursuit- il.Les Skakni ont écrit auConseil général pour demander qu’il la retire. Ils ont ensuite été reçus par Claude Jeannerot, le prési- dent du Département, qui les a

blème. C’était d’ailleurs plus un problème de forme que de fond.” Mi-janvier, la silhouette a dis- paru (sans doute un acte de van- dalisme). Le Département ne l’a pas remise. “Nous nous sommes sentis soutenus” , témoigne Jean- nette qui a récolté 3 000 signa- tures grâce à la pétition qu’elle avait déposée dans les com- merces de Saint-Vit pour deman- der l’enlèvement. “Nous tenons à remercier Pascal Routhier (le maire de Saint-Vit),Annick Jac- quemet (élue municipale), pour leur soutien” poursuit le frère de Jeannette. Cette tragédie a eu un effet : le Conseil général demandera désormais aux familles l’accord pour poser une silhouette si l’accident est survenu à moins de 10 kilomètres de l’habitation. Une famille du Haut-Doubs (Mont-de-Laval), dans le même cas, a fait de même. La maman rappelle que son his- toire “peut arriver à n’importe qui.” Personne n’est à l’abri.Com- me cela est de coutume dans pareil cas, la famille a reçu l’autorisation dumaire pour pla-

occupe une place centrale. “Rab- hat est encore auprès de nous” témoigne dignement Jeannette Skakni. Le 25 novembre 2012, cette mère de famille a perdu son fils aîné dans un accident de la route à l’entrée de Saint- Vit, ville dont est originaire la famille. Il était 7 h 15. “Rabhat s’est endormi.Il n’y avait ni alcool, ni drogue” dit-elle. La gendar- merie, accompagnée d’une élue de Saint-Vit (Annick Jacque- met) est venue sonner à sa por- te pour lui apprendre cette ter- rible nouvelle. Inutile de dire qu’un an et demi plus tard, la plaie n’est pas refermée. “On essaie d’aller de l’avant” souffle Jeannette. En début d’année,elle et sa famil- le ont mené un combat pour que la silhouette, installée sur le bord de la route par le Dépar- tement pour rappeler les dan- gers de la route, soit retirée. Ils ne supportaient plus sa vision. Depuis quelques années, la col-

écoutés. “Il a très bien compris le côté traumatisant pour nous, explique le tonton. Si la silhouette avait été 10 km plus loin, nous aurions accepté. Qui mieux que nous sommes les mieux sensibilisés à la prévention routière ? Il a com- pris que cette posi- tion géographique était un vrai pro-

“C’était la double peine.”

Le portrait de Rabhat, 20 ans, décédé à quelques mètres de chez lui à Saint-Vit en novembre 2012.

cer une stèle en mémoire du fils perdu. “Mais nous ne mettrons rien. Je ne me suis pas battue pour que l’on enlève cette sil- houette pour remettre ensuite

rouvre.” En pensant chaque ins- tant à son fils, Jeannette ne bais- sera pas les bras. “Rabhat n’aurait pas voulu” conclut-elle. E.Ch.

une stèle. En revanche, je com- prends les personnes qui en ont besoin. Chaque jour, lorsque j’apprends un accident, je suis touchée. C’est une plaie qui se

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BESANÇON 10

La Presse Bisontine n° 155 - Juin 2014

IMPÔTS

Déclaration sur le revenu

“On rogne petit à petit les avantages fiscaux dont bénéficient les familles” Bernard Gaulard, trésorier de l’Union départementale des Associations Familiales (U.D.A.F. 25) observe que la pression fiscale ne cesse d’augmenter sur les ménages dont beaucoup sont dans des situations difficiles.

L a Presse Bisontine : Les contri- buables découvrent en ce moment leur feuille d’impôts. Quelles sont les mauvaises surprises de la déclaration 2013 ? Bernard Gaulard : Désormais, la com- plémentaire santé est imposée. Ce complément de revenu qui était considéré comme tel, sans être impo- sé jusque-là, entre maintenant dans la catégorie des avantages en natu- re. Cette mesure a encore plus d’impact sur les contribuables du fait que le législateur rend obliga- toire la complémentaire santé. Parmi les changements, il y a éga- lement l’abaissement du plafond du quotient familial qui passe de 2 000 euros à 1 500 euros.Avec cet- te mécanique, on diminue la mesu- re fiscale qui consiste à prendre en compte la charge familiale dans le calcul de l’impôt. À l’évidence, on rogne petit à petit les avantages fiscaux dont bénéficient les familles. C’est d’autant plus difficile pour elles de subir la pression fiscale qu’elles comprennent mal notre système fiscal qui est d’une gran- de complexité.

personne qui en paye déjà et qui en paiera un peu plus. L.P.B. : Les associations familiales deman- dent-elles à l’État de simplifier le systè- me fiscal afin de le rendre à la fois plus lisible et peut-être plus juste ? B.G. : Personne n’ose dire de clari- fier ce système qui est tellement complexe. En revanche, il sera sans cesse modifié afin de l’adapter au contexte. Néanmoins, les associa- tions familiales demandent aux élus d’être attentifs aux consé- quences sur les familles lorsqu’ils décident de modifier la fiscalité. C’est le message que nous leur fai- sons passer. À la question est-ce qu’un système fiscal simple serait forcément plus juste, ce n’est pas sûr. L.P.B. : Ce message de prudence envoyé aux élus, y compris aux élus locaux est- il entendu ? B.G. : L’U.N.A.F. (union nationale des associations familiales) a eu du mal à se faire entendre, mais elle a obtenu gain de cause sur les allo- cations familiales qui ne seront pas fiscalisées alors que cela était dans

L.P.B. : Les retraités ne sont pas non plus épargnés avec la fiscalisation de la majo- ration pour enfants à charge ? B.G. : La majoration pour enfants à charges a été prévue pour les familles de trois enfants et plus. Elles perçoivent un complément de retraite de 10 % qui n’était pas imposable, mais qui le devient dans

la déclaration de revenus 2013. Par conséquent, des retraités se retrou- vent soumis à l’impôt avec tout ce qui en découle, alors qu’ils ne l’étaient pas. En changeant de caté- gorie, ils vont devoir payer par exemple la redevance télé, la C.S.G.-C.R.D.S. Cela risque d’être diffici- le pour ces ménages. C’est toujours plus compliqué pour une personne qui ne payait pas d’impôts et qui va devoir en payer, que pour une

“Gain de cause sur les

Lucie Troutet, chargée de communication à l’U.D.A.F., Bernard Gaulard, trésorier et Christophe Marichial, directeur général de l’U.D.A.F.

allocations familiales.”

les projets du gouvernement.

l’appliquer. Le paradoxe est qu’il y a actuellement plus de mesures pour soumettre les ménages à l’impôt. Le risque, au regard des évolutions fiscales, est qu’on finis- se par intégrer plus de personnes dans la catégorie de celles qui paient des impôts qu’à en faire sortir. L.P.B. :Avez-vous le sentiment que l’intérêt collectif a perdu du terrain sur l’intérêt individuel notamment à cause de la poli- tique fiscale ? B.G. : Oui, nous sommes dans une société très individualiste. Nous avons réalisé une enquête auprès des adolescents qui montre bien cela. En résumé, les jeunes ont confiance en leur avenir, mais ils n’ont pas confiance en l’avenir de leur pays. Le principe de solida- rité est de moins en moins bien compris.Ceux qui paient des impôts ont tellement l’impression de payer pour les autres qu’ils finissent par admettre qu’un impôt indirect com- me la T.V.A. est le plus juste de tous car tout le monde le paye. Or, il est très inégalitaire. L.P.B. : Avec tout cela, les familles ont- elles encore le moral ? B.G. : Je pense que la majorité des familles gardent le moral malgré le contexte. Elles s’habituent à la situation et en même temps, elles doivent continuer à avancer.Mais actuellement àBesançon,un enfant sur trois vit dans une famille qui est en dessous du seuil de pau- vreté. L.P.B. : L’U.D.A.F. accompagne également les familles en situation de surendette- ment.Assistez-vous à une recrudescence du nombre de ménages en difficulté ? B.G. : On observe une légère aug- mentation du surendettement. L’activité augmente au cours du premier trimestre. Les dossiers concernent deux catégories de per- sonnes : celles qui n’ont pas d’activité professionnelle et qui se trouvent dans une situation de surendettement, et celles qui ont recours à des crédits sans se poser la question de savoir comment elles vont faire pour les payer.

Le chiffre de l’Union

L.P.B. : Où est la vérité dans ce double discours qui d’un côté assure que les impôts n’augmenteront pas et de l’autre qui remarque que la pression fiscale ne cesse de s’accentuer ? B.G. : Entre 2010 et 2012, les impôts ont augmenté de 30 mil- liards en France et autant de 2012 à 2014. Nous sommes dans une situation économique diffi- cile, et la pression fiscale s’accentue indéniablement sur les ménages. En 2010 par exemple, ils supportaient 56 % de la fiscalité locale. Un chiffre qui est passé à 67 % en 2012. Les 33 % restant sont des impôts économiques.La taxe d’habitation a été multipliée par 2 en 12 ans et la gestion des déchets par 4. L.P.B. : Vous parlez de fiscalité locale. Pendant les municipales, le leitmotiv des candidats était de ne pas aug- menter les impôts. Mais ce message est-il crédible au regard de ces chiffres ? B.G. : Pour dire que les impôts n’augmenteront pas, il faut d’abord avoir une connaissance précise du budget et dumontant des engagements pris par les prédécesseurs. Or, il y a beau- coup de communes, au regard du contexte, où il n’y a pas d’autres choix que d’augmenter les impôts. L.P.B. : L’U.D.A.F. a réalisé une enquê- te sur la taxe d’habitation dans les communes du Doubs. Que faut-il en retenir ? B.G. : Nous avons fait une enquê- te auprès de 120 communes du Doubs à propos de la taxe d’habitation. 40 collectivités ont répondu. Nous avons pu consta- ter que très peu de communes pratiquent des abattements par- ticuliers. Nous n’en avons trou- vé que six par exemple, qui appli- quent un abattement pour les personnes handicapées. L.P.B. :Le premier ministre ManuelValls a annoncé qu’il ferait sortir 650 000 ménages de l’impôt sur le revenu. Que pensez-vous de cette mesure ? B.G. : Oui, cette mesure va dans le bon sens. La limite provient sans doute de la difficulté à

Nationale des Associations Familiales En 2014, les hausses de la T.V.A. augmenteront de 80 à 139 euros le coût de la vie décente pour les familles-types de l’U.N.A.F. Les postes “loisirs et culture”, “transport”, “logement” et “éducation” représentent les 4/5 èmes de cette hausse. Selon l’U.N.A.F., un couple avec deux enfants paie 2 985 euros par an de T.V.A. et 4 307 euros par an s’il en a quatre.

Propos recueillis par T.C.

‘ 2,54 11 La Presse Bisontine n° 155 - Juin 2014

BESANÇON

L e C h i f F r e

“Soigner le touriste… et les accompagnateurs” TOURISME Début de saison Le petit train touristique est de retour dans les rues de la Boucle. Il suscite à son passage des commentaires, notamment sur sa couleur blanche. Quant aux vedettes voguant sur le Doubs, elles retrouvent leur circuit initial. Le point sur les nouveautés.

À 70 km près, un salaire peut être multiplié par 2,54 ! Selon que l’on travaille en France ou en Suisse, les différences de salaires se sont enco- re creusées par le simple jeu des monnaies. Deux études sont tombées récemment, l’une de l’Urssaf en France, l’autre de l’office fédéral de la statistique en Suisse, sur le thème des salaires (voire en pages 37 et 41). Ne pre- nons qu’un exemple : le secteur de la construction. Un salarié du B.T.P. en France perçoit en moyenne un salai- re brut de 1 970 euros de ce côté-ci de la frontière. Ce même salarié, s’il part travailler chez nos voisins suisses, touchera pour le même emploi un salai- re de 5 020 euros mensuels. Le miracle éco- nomique, pas besoin d’aller jusqu’en Alle- magne pour le trouver, regardons juste à notre porte.

L es Bisontins ne l’avaient plus revu depuis l’accident du 16 mai 2009. Cinq ans après, le petit train tou- ristique sillonne à nouveau les routes du centre de Besançon pour rejoindre la Citadelle. C’est la compagnie des “Bateaux du Saut du Doubs” qui l’exploite pour une durée de 20 ans. “S’il n’a pas été remis en service plus tôt, c’est aussi en raison des tra- vaux liés au tramway” rappelle le gérant, contraint de le laisser à quai pour les besoins de l’enquête. Depuis jeudi 15 mai, c’est un nouvel engin, tout de blanc vêtu,

qui conduit sept fois par jour les touristes de Rivotte pour un tra- jet de 30minutes en passant par la place du 8-Septembre pour arriver jusqu’au fronton de la Citadelle. Premier départ à 10 heures Sa couleur ne fait pas l’unanimité : “Effectivement, nous avons eu beaucoup de questions à ce sujet, admet Thierry Mor- ton, adjoint au tourisme. S’il est blanc, c’est par obligation car il passe dans des espaces sauve- gardés au niveau du patrimoi- ne. Mais pour certaines occa- sions, événements, nous le décorerons.Tout cela sera fait en lien avec le gérant.”

Besançon l’a compris : la galère de la circulation terminée, il va falloir choyer les nouveaux venus. Le tourisme doit reprendre la

lorsque le train passera devant la maison de Victor-Hugo par exemple.” Ce nouvel audioguide a été ava- lisé et préparé par Lionel Esta- voyer, historien d’art et conseiller patrimoine à la Ville de Besan- çon. “Notre but n’est pas que les touristes se contentent de faire un tour de la ville mais qu’ils puissent compléter par des visites guidées s’ils le souhaitent. Il faut donner un intérêt à Besançon” martèle l’adjoint au tourisme. Dure gageure. Inutile de se voi- ler la face. Besançon n’est pas un centre touristique. Sur les 6 cars stationnés au pied de la Citadelle jeudi 15 mai, 4 vien- nent de Franche-Comté : un de Pontarlier, un de Lure, deux de Belfort. Les autres : de Lorrai- ne et Mulhouse. “Les touristes chinois ne sont pas encore là…” s’amuse l’un des salariés du bateau “Le Vauban” qui conduit tous les jours les touristes sur les eaux du Doubs pour 1 h 15 de balade. Depuis septembre dernier, la réouverture du Pont Battant permet aux vedettes de réaliser le parcours initial. “C’est la fin de la galère” résume Jean- Claude, le capitaine duVauban. Pour espérer attirer davantage de personnes extérieures, le nou- vel élu a son idée : “Il faut réflé- chir au service à apporter par exemple aux chauffeurs de bus. Il faut autant soigner les tou- ristes que les accompagnateurs !

bonne pente : “Nous sommes en train de mettre en place de nouveaux commentaires dans le petit train, explique la Compagnie. Des comédiens ont enregistré des sons et des balises G.P.S. fonctionneront

“Une salle pour

accueillir les chauffeurs.”

Le petit train, tout de blanc vêtu, de retour dans les rues de Besançon. Il monte à la Citadelle.

Ce groupe venu de Belfort va découvrir Besançon depuis le Doubs. 1 h 15 de balade avec un passage sous le nouveau pont Battant.

en 2012 (source Observatoire régional du Tourisme), la Cita- delle demeure le site le plus visi- té, devant le Dino-zoo. Une base à conforter. E.Ch.

Nous réfléchissons à la création d’une salle où ils pourraient être accueillis.” Les travaux termi- nés, Besançon peut à nouveau faire les yeux doux aux nouveaux venus…Avec 244 522 visiteurs

IMMOBILIER Des fissures apparaissent Les tirs de mine ont-ils fragilisé les immeubles ? Rue du Lycée à Besançon, des propriétaires ont noté l’apparition de fis- sures sur les murs de leur habitation. Un syndic de copropriété l’a notifié dans un de ses comptes rendus. Beaucoup y voient la conséquence des tirs de mine pour la création du parking en silo des Passages Pasteur.

A u grand bonheur des riverains de l’îlot Pas- teur à Besançon, les tirs de mine nécessaires à la création du parking souter- rain en silo de 332 places (5 étages) se sont tus. Si les nui- sances ont disparu, d’autres désagréments apparaissent : des fissures sur des façades ont été mises à jour rue du Lycée, à côté du chantier immobilier de l’îlot Pasteur, le plus impor- tant que connaisse en cemoment le centre-ville bisontin. C’est ici, au cœur de la Boucle qu’un com- plexe immobilier et commercial ouvrira ses portes au premier trimestre 2015 après de nom- breux atermoiements : le pro- jet - initié en 1998 - a été retar- dé par les fouilles archéologiques

ou encore le plan de prévention des risques d’inondations. Pour l’instant, rien ne prouve que ces tirs sont la conséquen- ce directe des fissures comme c’est le cas dans la rue du Lycée située sur la partie arrière des

d’experts peuvent établir des liens de cause à effet. Si les maîtres d’ouvrage sont assurés pour dédommager et réparer d’éventuels désagréments, les poursuites sont souvent longues et complexes. Dans le quartier, personne n’a oublié ce jour de novembre 2012. Un tir de mine sur le chantier a projeté une pierre jusqu’au troisième étage d’un immeuble surplombant l’espace. Le pro- jectile a perforé un volet rou- lant d’une chambre, avant de défoncer la porte d’une armoi- re et de rebondir sur le lit. L’incident n’avait heureusement pas fait de blessés. Il s’agissait bien d’un tir de mine dans le cadre de la création d’un par- king silo souterrain. Si ce ne

Passages Pasteur. Au numéro 6 de cette rue, les pro- priétaires s’en inquiètent et ont demandé au syn- dic de copropriété de le noter lors de son assemblée. Contacté, ce der- nier n’a pas sou- haité en dire davantage. Dans ces dossiers, seuls des constats

Le caillou a atterri dans la chambre.

Seuls des constats d’experts peuvent attester des liens de causalité. Ici, une fissure au 7, rue du Lycée sur un immeuble situé derrière le chantier de l’îlot Pasteur.

sont bien évidemment pas les projectiles qui causent les fis- sures, les assauts répétés des vibrations dans le sol peuvent être une des explications.

Attendus par la Ville, et des Bisontins, les Passages Pasteur seront composés de 38 appar- tements et 15 locatifs. Au rez- de-chaussée, un espace com-

mercial verra le jour. Il sera com- posé de 22 boutiques sur une surface commerciale de 17 601 m². Le centre sera ouvert le premier trimestre 2015.

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