La Presse Bisontine 155 - Juin 2014

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 155 - Juin 2014

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Drame Le combat d’une mère Après avoir perdu son fils de 20 ans, une maman témoigne Son fils Rabhat est décédé dans un accident de la route à proximité du domicile familial à Saint-Vit. Jeannette Skakni tente d’aller de l’avant. Elle revient sur son combat : elle a demandé au Conseil général d’enlever la silhouette placée sur la route. La collectivité a accepté. D ans l’entrée de l’appartement, la pho- to de Rabhat illumi- née par trois bougies

lectivité sensibilise aux dangers de la route avec cemessage choc. Mais pour cette famille de Saint- Vit, “c’était la double peine pour nous tous, explique l’oncle de Rabhat. Tous les matins par exemple, le petit frère (Aresky) prenait le bus à 400 mètres de la silhouette, la famille passait devant tous les jours” poursuit- il.Les Skakni ont écrit auConseil général pour demander qu’il la retire. Ils ont ensuite été reçus par Claude Jeannerot, le prési- dent du Département, qui les a

blème. C’était d’ailleurs plus un problème de forme que de fond.” Mi-janvier, la silhouette a dis- paru (sans doute un acte de van- dalisme). Le Département ne l’a pas remise. “Nous nous sommes sentis soutenus” , témoigne Jean- nette qui a récolté 3 000 signa- tures grâce à la pétition qu’elle avait déposée dans les com- merces de Saint-Vit pour deman- der l’enlèvement. “Nous tenons à remercier Pascal Routhier (le maire de Saint-Vit),Annick Jac- quemet (élue municipale), pour leur soutien” poursuit le frère de Jeannette. Cette tragédie a eu un effet : le Conseil général demandera désormais aux familles l’accord pour poser une silhouette si l’accident est survenu à moins de 10 kilomètres de l’habitation. Une famille du Haut-Doubs (Mont-de-Laval), dans le même cas, a fait de même. La maman rappelle que son his- toire “peut arriver à n’importe qui.” Personne n’est à l’abri.Com- me cela est de coutume dans pareil cas, la famille a reçu l’autorisation dumaire pour pla-

occupe une place centrale. “Rab- hat est encore auprès de nous” témoigne dignement Jeannette Skakni. Le 25 novembre 2012, cette mère de famille a perdu son fils aîné dans un accident de la route à l’entrée de Saint- Vit, ville dont est originaire la famille. Il était 7 h 15. “Rabhat s’est endormi.Il n’y avait ni alcool, ni drogue” dit-elle. La gendar- merie, accompagnée d’une élue de Saint-Vit (Annick Jacque- met) est venue sonner à sa por- te pour lui apprendre cette ter- rible nouvelle. Inutile de dire qu’un an et demi plus tard, la plaie n’est pas refermée. “On essaie d’aller de l’avant” souffle Jeannette. En début d’année,elle et sa famil- le ont mené un combat pour que la silhouette, installée sur le bord de la route par le Dépar- tement pour rappeler les dan- gers de la route, soit retirée. Ils ne supportaient plus sa vision. Depuis quelques années, la col-

écoutés. “Il a très bien compris le côté traumatisant pour nous, explique le tonton. Si la silhouette avait été 10 km plus loin, nous aurions accepté. Qui mieux que nous sommes les mieux sensibilisés à la prévention routière ? Il a com- pris que cette posi- tion géographique était un vrai pro-

“C’était la double peine.”

Le portrait de Rabhat, 20 ans, décédé à quelques mètres de chez lui à Saint-Vit en novembre 2012.

cer une stèle en mémoire du fils perdu. “Mais nous ne mettrons rien. Je ne me suis pas battue pour que l’on enlève cette sil- houette pour remettre ensuite

rouvre.” En pensant chaque ins- tant à son fils, Jeannette ne bais- sera pas les bras. “Rabhat n’aurait pas voulu” conclut-elle. E.Ch.

une stèle. En revanche, je com- prends les personnes qui en ont besoin. Chaque jour, lorsque j’apprends un accident, je suis touchée. C’est une plaie qui se

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