La Presse Bisontine 155 - Juin 2014

La Presse Bisontine n° 155 - Juin 2014

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Les radars francs-comtois rapportent 1 million d’euros par mois Argent 32 par jour le radar-tronçon

Le palmarès des radars Ville d’implantation des cabines

Type de cabine

Nombre

d’infractions

par jour

Beure Exincourt

Tronçon Discriminant Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Classique Tronçon Classique

32 33 27 23 19 10

Besançon (Châteaufarine) Fournets-Luisans

L a Franche-Comté, c’est 102 radars automatiques, et, en 2013, 330 828 infractions comp- tabilisées, selon les chiffres offi- ciels diffusés par le ministère de l’In- térieur, soit, d’après les estimations, 199 066 P.V. dressés. Pour donner un ordre d’idée, les radars de la région Franche-Comté ont potentiellement rapporté à l’État quelque 12 millions d’euros en 2013, soit environ 1 million d’euros par mois. Près de 94%des excès de vitesse sont des “petits” dépasse- ments, de moins de 20 km/h, dont l’amende forfaitaire est à 68 euros. Au final, si l’on en croit les derniers rap- ports parlementaires sur le sujet, le taux de paiement moyen tourne autour de 80 %. C’est ainsi que l’évaluation est faite du chiffre d’affaires des radars automatiques… Sur les routes du Doubs, 35 radars sont ont été installés. Un 36 ème appareil vient d’être installé dans le Haut-Doubs : un radar-tronçon entre Fuans et Les Fins qui entrera en service début juillet. Ces 35 radars du Doubs ont flashé 105 867 fois l’an dernier ! C’est le radar-tron- çon installé dans la descente de la voie des Mercureaux (où la vitesse est éton- namment limitée à 70 km/h sur toute la longueur) qui flashe le plus de contre- venants dans le Doubs. En moyenne, 32 fois par jour. Un autre appareil est

Ce sont les dernières estimations du site spécialisé Caradisiac.com. La préfecture ne peut pas confirmer ces chiffres. Une chose est sûre, ça flashe, surtout dans la descente des Mercureaux.

Clerval A36

Besançon (Boulevard Churchill)

Nods Épenoy

6 6 4 4 3 3 3 2 2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 0

Beure (descente de Larnod)

Étouvans Amagney Montbéliard Villers-le-Lac Valentigney

Les Hôpitaux-Vieux Chapelle-dʼHuin

Vuillecin (route de Besançon)

Montbenoît Liebvillers Présentevillers Montandon

Houtaud

Touillon-et-Loutelet Villers-le-Lac Pont-les-Moulins

lifique avec 4 déclenchements “seule- ment”. Le radar le moins lucratif du département est celui installé dans le secteur de Pont-les-Moulins avec un nombre insignifiant de déclenchements, moins de 1 par jour. J.-F.H.

également très actif, le radar discri- minant (qui distingue les voitures des camions), lui, flashe 33 fois par jour en moyenne. Celui de Besançon-Châ- teaufarine complète le podium avec 27 déclenchements quotidiens. Le radar de la descente de Larnod est moins pro-

Le radar-tronçon des Mercureaux flashe plus de 30 véhicules par jour en moyenne. Lucratif.

“Diminuer la vitesse à 80 km/h ne changera rien” Colère Projet de loi Le président de la fédération française des motards en colère du Doubs explique pourquoi la volonté de l’État de baisser la vitesse sur les nationales et les départementales ne changera rien à la problématique de la sécurité routière.

“C ontrôle aux jumelles sur la 2 X 2 voies à hauteur du pont de Saône.” “Contrôle radar avant le radar automatique de Nods direction Pontarlier 17 h 15.” “Contrôle radar Mégane grise en bas du pont rou- ge direction Pontarlier, 16 h 40.” “Contrôle radar et contrôle alcoo- lémie à la sortie de Morre.” La liste des messages publiés sur la page facebook “Info contrôle gendarmerie Haut-Doubs” s’allon- ge de jour en jour. Ils visent à alerter en temps réel des contrôles radars, ou alcoolémie, réalisés sur nos routes. Le nombre de personnes suivant ces informations distillées s’ac- croît de jour en jour : 2 800 personnes font partie de cette “com- munauté”. Près de 5 800 “J’aime” ont été recueillis. Un phénomène qui n’est pas du goût des autorités même si l’ini- tiative n’a rien de spécifique au Haut-Doubs. L’idée vient d’un Pontissalien (N.D.L.R. : qui préfère bien sûr rester anonyme) : “J’ai perdu mon permis après la perte de points suite à des excès Cette page créée sur le réseau social cartonne : elle alerte en temps réel des contrôles radars, notamment sur le Haut-Doubs. Son nom : “Info contrôle gendarmerie Haut-Doubs”. L’initiative n’est pas du goût des forces de l’ordre. Le créateur s’est fait connaître auprès des services de police La page facebook qui prévient des radars L’initiative 5 800 “J’aime”

pas d’accident parce que l’on roule à 90 km/h mais parce que l’on fait une bêti- se. Que l’on roule à 90 ou à 80 km/h, le résultat est identique : cela ne changera rien. Le corps humain n’est pas fait pour supporter ce choc.” Alors pourquoi l’État veut-il tant diminue la vitesse ? Pour fai- re rentrer davantage d’argent dans les caisses ? Les motards acquiescent. Pour montrer leur volonté de faire bais- ser le nombre d’accidents, la fédération a emmené à l’arrière des motos de leurs adhérents le 19 mai, des élus et des jour- nalistes. Cette opération “motard d’un jour” avait pour but de montrer les nom- breuses erreurs commises par les auto- mobilistes. Oubli de clignotants pour changer de voie, dépassement hasardeux, sont autant de risques en plus pour les amateurs des deux-roues.

E n avril dernier, 700 motards, en colère, ont déambulé à Besançon. Objectif : montrer leur désarroi face à ce qu’ils appellent “une sur- enchère sécuritaire inspirée par un petit comité d’experts.” SelonMaxime Juif, président de la F.F.M.C. 25, cette manifestation n’avait rien d’une mobilisation anti-sécuritaire. Au contrai-

re, “nous voulons que la sécurité avance. On ne veut pas mourir sur les routes…” dit le représentant des motards. La bais- se de la vitesse à 80 km/h ne changerait rien aux statistiques. Pourquoi ? “Parce que la principale cause des accidents, c’est en premier lieu l’alcool, la drogue, la fatigue et enfin en dernier lieu les conduites à risque dont la vitesse fait partie. On n’a

“On a un peu l’impression de prêcher dans le désert” Prévention La Ligue contre la violence routière du Doubs poursuit inlassablement ses actions de prévention en matière de sécurité routière. La prévention, comme la répression, ne suffit pas.

Ligue contre la violence routière

plus de mal de toucher. “On n’a pas assez accès aux adultes. Les entreprises commencent peu à peu à prendre conscience que la moitié des accidents mortels du travail sont des accidents de la route” ajoute Geneviève Chavi- gny. Pour définitivement faire chu- ter la mortalité sur les routes, la Ligue contre la violence rou- tière prône l’adoption de méthodes plus systématiques, comme l’installation de boîtes noires destinées à analyser les causes des accidents, ou la pose sur tous les véhicules de limi- teurs automatiques de vitesse. Baptisé “Lavia”, ce limiteur de vitesse doté d’une cartographie G.P.S. signale par un bip tout dépassement. “C’est préventif, efficace et cela évite les P.V. Le Lavia est au point depuis 2006, pourquoi les constructeurs ne l’ont-ilspasdéjà installé ensérie ?” se demande la Ligue.

à 80 km/h de la vitesse, qu’elle soutient, ou la généralisation des radars, la Ligue contre la violence routière poursuit inlas- sablement ses actions de pré- vention auprès d’un public plus facile à capter : les jeunes. Des dizaines de fois par an, elle ou son mari répondent à l’invita- tiondes établissements scolaires oude formationpour venir témoi- gner. Pas de grands discours théoriques oude leçons demora- le, juste le témoignagedeparents qui ont perdu un fils. Ils asso- cient parfois à leur témoignage celui d’un bénévole de l’associa- tion des familles de traumati- sés crâniens,tout aussi parlant. La Ligue fait également appel à sa voisine du Jura qui dispo- se d’une petite voiture auto-choc et dedeux simulateurs de retour- nements, les fameuses voitures- tonneaux. C’est parlant sur le moment, mais ce sont les vrais automobilistes que la Ligue a

de vitesse. Je suis commercial et je roule beaucoup. J’ai créé la page le 5 avril… et je suis étonné par l’ampleur que cela a pris.” Deux de ses amis l’ai- dent à répertorier les contrôles en cours : “Ce n’est pas de l’anti-flics que nous faisons” assure-t-il. Pour autant, les forces de l’ordre ne cautionnent pas. “J’ai appelé la gendarmerie. Je le répète, je ne fais pas de l’antiflics, je ne gagne rien et ne veux pas de soucis. La gendarmerie m’a dit que je pou- vais signaler les contrôles sauf les opérations en cours contre les malfrats.” Le sous-préfet de Pon- tarlier Bruno Charlot, lui, désapprouve totale- ment l’initiative : “Je condamne fermement ce gen- re d’initiative qui selon moi ne rend service qu’aux chauffards. C’est le contraire d’une initiative citoyen- ne, c’est tout simplement irresponsable” tranche le représentant de l’État.

C ela fait treize ans que GenevièveChavigny et sonépouxMichel sebat- tent pour tenter d’in- fléchir les mentalités. Quatre ans plus tôt,la route leur a enle- vé un fils. Depuis leur implica- tion à la tête de la Ligue dépar- tementale contre la violence routière, ils sillonnent le dépar- tement, répondant aux fré- quentes demandes d’établisse- ments scolaires pour venir témoigner de ce que représen- tent, “en vrai”, les drames de la

route. Alors inutile de préciser la déception de Geneviève Cha- vigny à la lecture des récentes statistiques de l’accidentologie dans leDoubs. “Onaunpeu l’im- pressionde prêcherdans ledésert, ces chiffres sont vraiment décou- rageants” soupire-t-elle.Labéné- vole met ce relâchement des automobilistes en partie sur le compte “de ce climat général de refus des contraintes. Les gens en ont marre des interdits” dit- elle. Alors avant d’éventuelles mesures comme l’abaissement

“Ce n’est pas de l’anti-flics.

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