La Presse Bisontine 155 - Juin 2014

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 155 - Juin 2014

17

THÉÂTRE 9 ème festival de caves, un bon cru Goebbels en cave Les 33 spectacles présentés dans le cadre du Festival de Caves qui se déroule jusqu’au 27 juin ont été créés pour être joués en sous-sol. Pour les spectateurs, l’expérience est unique.

A u programme du 9 ème Festival de Caves, un spectacle retient l’attention, “Joseph G.” de Raphaël Patout. Le metteur en scène nous confronte à Joseph Goeb- bels, en s’inspirant des journaux per- sonnels du dignitaire nazi, antisémi- te acharné. “Il y est décrit le quotidien du Troisième Reich, comment tout ceci a été possible, comment des individus bien réels, avec leur vie, leur famille, leurs émotions, ont organisé un systè- me totalitaire qui a exterminé des mil- lions d’êtres humains” résume Raphaël Patout. Le thème du spectacle est pesant, sensible même, mais le “pro- jet est en aucun cas d’excuser l’inexcusable” prévient son créateur,

il est plutôt d’apporter un question- nement. D’ailleurs, “Joseph G.” a été imaginé en partenariat avec le musée de la Résistance et de la Déportation de la Citadelle. Mais à l’évidence, la pièce qui sera interprétée dans une cave de la ville tenue secrète jusqu’au jour de la repré- sentation, comme les 33 spectacles du festival, aura une résonance particu- lière à Besançon. L’histoire n’a pas oublié que pendant la seconde guer- re mondiale, des résistants ont été tor- turés par la Gestapo dans la cave de l’hôtel de Clévans, rue Lecourbe, dont les murs portent encore les stigmates de l’horreur. Le propos de “Joseph G.” va bouscu-

Guillaume Dujardin, fondateur du Festival de Caves dont la dernière édition a réuni plus de 5 000 spectateurs.

est unique. “Beaucoup de gens nous disent à la fin de la représentation, vous nous avez emmenés ailleurs” racon- te Guillaume Dujardin, qui accueille la remarque comme un compliment. Tous les spectacles présentés dans le cadre du festival sont des créations originales qui ont été composées pour être jouées dans des caves avec peu de moyens, ce qui n’enlève rien à leur qua- lité.

ler les 19 spectateurs - et pas un de plus - qui auront la chance de voir la pièce. Comme à chaque fois, le public est volontairement restreint puisque la configuration des caves n’autorise pas les organisateurs à accueillir davan- tage de personnes. En même temps, le petit nombre, spécifique à ce ren- dez-vous culturel qui se découvre en sous-sol, apporte une dimension nou- velle à une création artistique libérée qui donne à voir, à écouter, à rire, à s’émouvoir, à réfléchir aussi. “Nous sommes certains que nous ne pour- rions pas dire à l’extérieur tout ce qu’on dit dans ces caves. Le fait d’être sous

la terre nous donne une liberté intel- lectuelle dingue. On ose tout” remarque Guillaume Dujardin, le fondateur de ce festival dont la 9 ème édition se décli- ne dans soixante villes en France et à l’étranger. Pour les 19 personnes, qui s’aventurent dans un escalier improbable pour arri- ver dans un espace exigu, fermé, où la proximité avec l’artiste les rend par- tie prenante du spectacle, l’expérience

Chaque spectacle n’accueille pas plus de 19 spectateurs. (photo P. Forsans, Atelier Contrast).

Renseignements et réservations obligatoires Tél. : 03 81 61 79 53 - www.festivaldecaves.fr À voir “Joseph G.” les 27, 28, 29, 30 et 31 mai à Besançon

Made with FlippingBook - Online magazine maker