La Presse Bisontine 155 - Juin 2014

Exemple Dans les statuts du P.C. Les communistes versent leurs indemnités au parti Le Parti Communiste est le seul à demander à ses adhérents élus de reverser leur(s) indemnité(s). Une pratique à laquelle Christophe Lime, adjoint au maire de Besançon ne déroge pas. En revanche, il y a des compensations. 22 DOSSIER I La Presse Bisontine n° 155 - Juin 2014

L es élus communistes per- çoivent leur(s) indemni- té(s) mais ils la reversent en intégralité à leur par- ti. Une règle morale qui n’a pas de caractère obligatoire mais à laquelle Christophe Lime n’a jamais dérogé. Adjoint au mai- re de Besançon en charge de l’eau et de l’assainissement et conseiller communautaire délé- gué, deux fonctions pour les- quelles il est rémunéré (soit un total d’environ 2 800 euros brut), transfère au P.C. l’intégralité de la somme. En retour, le Par- ti Communiste l’indemnise mais pour couvrir strictement ses frais liés à l’exercice de sonman- dat. “Nous considérons dans notre organisation que l’engagement dans une collecti- vité ne doit pas coûter à l’élu, mais il ne doit pas non plus l’enrichir. Je rappelle que 50 % du budget du Parti Communis- te provient du reversement de nos indemnités” développe Chris- tophe Lime. Le montant de sa rémunération peut donc varier légèrement d’un mois à l’autre en fonction de son activité et des dépenses qu’elle occasion- ne. Le P.C. couvre aussi les pertes de cotisation retraite de ses adhé- rents élus. La situation financière de chaque élu communiste est donc ana- lysée par les instances locales

du Parti. Elles procèdent au cas par cas. Le cas échéant, elles tiennent compte du fait qu’un élu salarié d’une entreprise perd une partie de son salaire du fait de ses responsabilités politiques. Cette pratique peu répandue existe dans d’autres organisa- tions politiques qui comptent sur la générosité de leurs adhé- rents. Ces derniers reversent une partie de leur(s) indemni- té(s) dont le montant dépend de leur bon vouloir (N.D.L.R. : le député Éric Alauzet donne plus de 1 000 euros aux Verts). Mais le P.C. est le seul à avoir insti- tutionnalisé le système. “Pour autant, nous ne voulons pas don- ner de leçon” poursuit Chris- tophe Lime qui déplore la tour- nure que prend aujourd’hui le débat qui cloue au pilori les élus

Repères Les indemnités représentent une faible part du budget L e député de lʼAisne, René Dosière qui fait un travail de fond pour la transpa- rence en politique estime que les indemnités des élus locaux, imposables dʼailleurs, ne pèsent guère sur le bud- get des collectivités. “Les indemnités versées aux élus municipaux représentent 1,2 mil- liard dʼeuros dit-il. Celles des élus communautaires sʼélèvent à 220 millions dʼeuros, des conseillers généraux 150 mil- lions dʼeuros et des conseillers régionaux 50 millions dʼeuros. Pour tous les élus de France, cela représente 1,5 milliard dʼeuros, ce qui est très peu. Les indemnités représentent au maxi- mum 1,5 % des budgets ce qui est peu.”

sur la question des indemnités. Il esti- me que ce n’est pas en les diminuant comme on l’entend parfois que les Fran- çais auront davan- tage confiance en leur classe politique. Pis, “je peux obser- ver que dans l’histoire, chaque fois que les indemnités des élus sont remises en cause, c’est la démocratie qui recu-

Le P.C. couvre les frais.

Christophe Lime, élu communiste et adjoint au maire, et Thibaut Bize, président du groupe Parti Communiste-Front de gauche.

sent leurs rémunérations pour retrouver la confiance de leurs concitoyens, ça se saurait. “Tout le monde se souvient que Nico- las Sarkozy a augmenté sa rému- nération. En revanche, tout le monde a oublié que François Hollande avait baissé la sienne

le. En 1941 par exemple, sous le gouvernement de Vichy, les maires sont nommés et les indem- nités supprimées” remarque Christophe Lime qui rappelle au passage que les indemnités ont des origines révolutionnaires. S’il suffisait que les élus bais-

et ce n’est pour cela que les gens l’apprécient plus” argumente l’élu communiste. Selon lui, ce n’est pas l’indemnité le fond du problème, mais la difficulté à faire reconnaître l’acte politique dans notre société. T.C.

Patrick Bontemps Concilier travail et fonction d’élu “100 % avec mes malades, 100 % dans mon mandat”

P atrick Bontemps est transparent. Aussi bien avec son employeur que sur les indemnités qu’il perçoit pour ses fonctions d’élu. Au 28 avril, sur sa feuille d’indemnité liée à sa fonction de vice-président de la Région en charge des ressources humaines et de l’enseignement supérieur, le chiffre de 1 947 euros nets par mois appa- raît. Pour sa fonction d’adjoint à la culture à la Ville de Besan- çon, l’indemnité est de 872 euros (nets). “Il faut retirer de cette somme globale de 2 819 euros, 280 euros que je reverse au Par- ti socialiste” dit Patrick Bon- temps, 59 ans, arrivé en poli- tique en 2001. Le choix de s’engager en poli- tique est venu naturellement. Les indemnités n’ont jamais été sa motivation première : “En faisant de la politique, je perds même de l’argent, explique-t-il. Je me suis désinvesti de certaines missions dans mon travail, notamment la recherche clinique.

En tant que pro- fessionnel hospi- talier, j’ai la pos- sibilité d’avoir une activité libé- rale un jour par semaine : je l’ai supprimée, ce qui est un manque à gagner pour ma retraite. Pas sûr que l’indemnité d’élu compense cette perte mais je ne suis pas à plaindre” répète le médecin. Selon lui, c’est le statut d’élu qu’il faut clarifier. Dans son cas,

te. J’ai préféré garder les miens. J’utilise mon adresse mail per- sonnelle. Souvent, je ne me fais pas rembourser mes déplace- ments lorsque je me déplace avec ma moto sauf lorsque je dois me rendre par exemple à Belfort. Il m’arrive de demander un chauf- feur à la Région ou une voitu- re.” Ancien parent d’élève, vice-pré- sident de la commission médi- cale d’établissement au C.H.R.U., adjoint aux sports et désormais à la culture, vice-président à la Région, Patrick Bontemps a embrassé une carrière civique puis politique. De quoi lui don- ner l’appétit pour briguer le pos- te de maire en 2020 ? “L’appétit vient en mangeant… C’est ten- tant de vouloir accéder à la plus haute responsabilité,mais chaque chose en son temps. Laissons la nouvelle équipe s’installer. Beau- coup de choses peuvent évoluer” conclut-il. E.Ch. Patrick Bontemps - Vice-président de la Région Franche-Comté : 1 974 euros (nets) - Adjoint à la culture et au patrimoine : 872 euros déclarés (nets). Il reverse 280 euros au Parti socialiste.

Cancérologue au C.H.R.U. de Besançon, élu à la Région et à la Ville de Besançon, Patrick Bontemps cumule. Il a renoncé à une activité libérale pour assurer son travail en politique. Les 1 947 euros nets qu’il perçoit à la Région et les 872 euros à la Ville ne couvrent pas ce “manque à gagner”. Il ne s’en plaint pas.

“En faisant de la politique, je perds de l’argent.”

Patrick Bontemps a réussi à trouver la parade : “Lorsque je suis à l’hôpital, je suis à 100 % pour mes malades. Et inverse- ment lorsque je suis dans mes mandats. C’est une question d’organisation. Je ne mélange pas les deux activités et j’essaie d’éduquer les personnes pour qu’elles ne me sollicitent pas quand je ne suis pas dans la fonction” dit-il. Bref, le médecin a le remède pour gérer deux activités pre- nantes. Il ne compte toutefois pas les frais annexes liés à ses mandats : “On nous met à dis- position un téléphone, une tablet-

Patrick Bontemps ne se fait pas rembourser certains de ses déplacements, notamment ceux qu’il effectue en moto.

Made with FlippingBook - Online magazine maker