La Presse Bisontine 138 - Décembre 2012
Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon
2, 50 €
N° 138
Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr
DÉCEMBRE 2012
SALAIRES, INDEMNITÉS, CUMUL… LE MALAISE DE NOS ÉLUS
LE DOSSIER en p. 19 à 23
L’ÉVÉNEMENT p. 6 et 7 LES LIBRAIRIES ET L’APRÈS-CAMPO Sur les cendres de Camponovo, les librairies bisontines se positionnent, tandis que le projet de la future librairie uni- versitaire se précise. Les indépendantes, elles, s’organisent.
POLITIQUE
p. 4
Jean Rosselot “dézingue” les “trublions” de la droite municipale
Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@groupe-publipresse.com
RETOUR SUR INFO - BESANÇON
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La Presse Bisontine n° 138 - Décembre 2012
Une “commission spéciale transparence” va conduire les investigations
Chantier du tram : l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de
Realpolitik Les alliés verts et tous ceux qui ont contri- bué à l’élection de François Hollande en mai dernier sont passés maîtres en matiè- re d’avalement de couleuvres. Qu’ils soient intégrés au gouvernement com- me Les Verts ou en marge, mais alliés de circonstance à l’époque du “Sarko dehors” comme le Front de gauche, toutes ces formations politiques sont en train de constater médusées, que le gou- vernement de gauche qui est au pou- voir depuis six mois n’aura pas mis plus longtemps pour virer de bord et s’avouer que la seule politique qui vaille est pour l’instant la realpolitik . Le gouvernement actuel est logiquement contraint, il fal- lait s’y attendre, d'abandonner ses idéaux pour composer avec la réalité. Une poli- tique modeste et simple vaudra toujours mieux que des utopies trop zélées. Avant de réenchanter le rêve français, une éta- pe s’imposait évidemment : ancrer la France dans la réalité socio-économique mondiale. Alors oui, cela implique des renoncements. Des concepts comme la compétitivité, la baisse des charges et la T.V.A., qui n’avaient même pas été prononcés une seule fois durant la cam- pagne par l’actuel président, deviennent soudain des priorités. Tout cela au grand dam des nombreux partisans d’une “vraie” gauche dont certains doivent se sentir de plus en plus mal à l’aise dans leur costume de ministres. La realpolitik , ça peut aussi être considé- ré, dans une acception moins flatteu- se, comme un manque de vision poli- tique conduisant à un règlement uniquement à court terme des pro- blèmes et qui peuvent s’avérer totale- ment injustes… C’est sans doute ce que penseront les opposants farouches à l’augmentation de la T.V.A. - c’est-à- dire à peu près tous les gens de gauche - qui estiment cet impôt inique. Le gou- vernement Ayrault glisse tout douce- ment vers une politique de droite, sans que ne s’émeuvent plus que cela les syndicats et autres corps constitués pourtant si prompts à réagir en temps normal. La gauche mène une realpo- litik bien éloignée de ses idéaux qui risque de déstabiliser sa base. Pas autant tout de même que les sympa- thisants du camp adverse, l’U.M.P., dont les caciques ont mis au grand jour lors de l’élection de leur chef, l’incroyable félonie qu’ils déploient entre eux, lais- sant un spectacle de désolation à ses pauvres militants. Ou les limites de la démocratie participative. Jean-François Hauser Éditorial
et la sécurité ?
L e 7 août dernier, un auto- mobiliste malchanceux rentrant chez lui rue Trsi- tan-Bernard en voiture laisse passer une dame âgée qui cherche désespérément un passage piéton, inexistant à cet endroit de la rue depuis que les travaux du tram ont été engagés. Son véhicule est heurté par lʼarrière par un autre véhicule arrivant à une vitesse excessive. Il est pré- cipité dans un trou du chan- tier du tram, entraînant la dame âgée de 88 ans avec lui, sans pour autant lʼécraser. Un miracle ! Cette personne restera bloquée durant trois quarts dʼheure sous cette voi- ture, avant dʼêtre secourue
à lʼentrée de cette rue Tristan- Bernard” affirme lʼassociation. Le passage piéton est en effet invisible dans la boue ou la poussière du chantier et le flé- chage et barriérage est incom- préhensible. “Rien nʼa bougé sur le plan de la sécurisation des piétons. Monsieur Fous- seret a décidé dʼorganiser une visite sur place avec ses colla- borateurs. Quand ? Nous ne le savons pas” ajoute lʼassociation de riverains. Si la situation sʼest améliorée sensiblement ave- nue Fontaine-Argent, ce nʼest pas le cas du côté de la place des Déportés. “Sur cette pla- ce, au carrefour de la rue des Deux-Princesses et de lʼavenue Fontaine-Argent, le passage piéton aboutit dans des bar- rières de chantier. Si vous vou- lez rejoindre, à pied, lʼavenue Fontaine-Argent, il vous faut contourner ce trou selon un iti- néraire piéton non sécurisé. Faudra-t-il donc attendre un drame pour que des mesures efficaces soient enfin prises ?” Selon nos informations, la Mai- rie vient de nommer un chargé de mission (à temps partiel) sur cette question de la sécurisa- tion des itinéraires piéton. Quant à lʼautomobiliste dont la voitu- re a été déclarée épave, il attend toujours des nouvelles de la mairie…
par les pompiers : restée consciente, elle pouvait voir ce véhicule suspendu au-des- sus dʼelle, à 30 cm de sa tête. Elle sʼen est sortie avec une vertèbre fêlée, à la nuque. “Pourquoi évoquer ces faits pas- sés aujourdʼhui ?” se deman- de lʼassociation Vivre aux Cha- prais qui sʼest emparée de lʼaffaire. Parce que cet auto- mobiliste nʼarrive pas à obtenir de réponse aux simples ques- tions quʼil pose à la mairie sur le manque flagrant de mesures de sécurité à cet endroit du chantier. “Si depuis le 7 août le trou du chantier a été rebouché, rien nʼa été entrepris afin de sécu- riser la traversée des piétons
La commission sera composée de 9 membres qui étudieront dans le détail les relations entre la Ville et l’association Le Pavé dans la Mare.
L e conseil municipal sʼest prononcé en faveur de la création dʼune “commission spéciale transparence” qui aura pour mission dʼétudier les rela- tions entre la Ville et lʼassociation Le Pavé dans la Mare. Elle sera compo- sée de 7 élus de la majo- rité, du maire, et de deux élus de lʼopposition. Les neuf membres de la com- mission seront assistés du directeur des services, du directeur général adjoint du pôle de gestion, du directeur général adjoint du pôle culture, et de la responsable de la direction coordination administrati- ve a-t-on appris lors du der- nier conseil. Le groupe doit prochainement se mettre au travail. Il est prévu que les investigations sʼétalent sur une durée de trois mois aux termes desquels les conclusions seront ren-
dues. La création de cette com- mission fait suite à la contro- verse suscitée par le conseiller socialiste Jean- Sébastien Leuba lors du conseil municipal du 20 sep- tembre. Il a notamment demandé des explications sur lʼaugmentation des sub- ventions versées par la Vil- le à cette association, jetant un froid dans la majorité. Le sujet est sensible car lʼadjoint à la culture Yves-Michel Dahoui est le mari de Corin- ne Lapp-Dahoui, directrice du centre dʼart contemporain de la place Victor-Hugo. Du fait de cette situation mari- tale, lʼélu est sans cesse sus- pecté de conflit dʼintérêts. La commission spéciale trans- parence devrait lever les doutes ou au contraire déce- ler dʼéventuelles irrégulari- tés dans les relations entre la municipalité et lʼassociation.
L’accident s’est déroulé le 7 août dernier. L’association Vivre aux Chaprais relance le débat.
Tram : 27 commerçants déjà indemnisés
L a commission dʼindemnisation du tramway a été mise en place il y a tout juste un an. Particularité de la commission bisontine par rapport aux commissions de ce type mises en place dans dʼautres villes (Dijon, Angers ou Brest par exemple), elle a été effec- tive dès les travaux de dévoiement des réseaux, donc bien avant la construc- tion de la plate-forme. À ce jour, 56 dos- siers dʼindemnisation ont été déposés. 19 dʼentre eux ont été déclarés irrece- vables, 9 sont toujours en cours dʼinstruction et 27 ont déjà reçu le feu vert pour une indemnisation. Le mon- tant global des indemnisations votées atteint précisément 341 550 euros. “Le délai de versement est environ de trois ans après lʼaccord. 20 commerçants sur les 27 ont déjà reçu leur indemnisation, 250 000 euros ont déjà été versés” pré- cisent les services. Lʼenveloppe prévue
pour les indemnisations, qui fait partie du budget global tram (les fameux 228 mil- lions dʼeuros valeur 2008) dépendra évi- demment du nombre de dossiers au total, mais “la C.A.G.B. a prévu suffisamment large” précise-t-on. À noter que les com- merçants peuvent déposer plusieurs demandes successives à la commission, au gré de leur situation et des travaux en cours devant chez eux. Certaines ten- sions restent toujours palpables avec les commerçants qui ne sont pas directe- ment sur le tracé, comme rue dʼArènes ou rue Claude-Pouillet par exemple. Ils ne peuvent, eux, prétendre à une indem- nisation. La commission dʼindemnisation travaillera encore deux ans, jusquʼà la fin des travaux du tram. Il est difficile de mesurer précisément les dégâts collatéraux provoqués par les tra- vaux du tram pour les commerces instal- lés sur le tracé. Deux dʼentre eux affirment
est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine” 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction :
Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction :
Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Ont collaboré : David Aubry, Michaël Gibon. Régie Publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Novembre 2012 Commission paritaire : 1112i80130
250 000 euros ont déjà été versés aux commerçants.
clairement que le tram a causé leur per- te : Doubs Délices place de la Révolution
(qui avait néanmoins obtenu une indem- nisation) et RapidʼFlore, place Flore.
Crédits photos : La Presse Bisontine, Clinique Saint-Vincent, Grand Dijon, Petits princes, Région Franche-Comté.
L’INTERVIEW DU MOIS
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POLITIQUE
Jean Rosselot candidat si… “Jamais je n’aurais cru me retrouver aux côtés d’une bande deWalt Disney”
L a Presse Bisontine : L’opposition muni- cipale est désunie. Elle semble à bout de souffle. A-t-on raison de le pen- ser ? Jean Rosselot : De corps eneffet,l’opposition municipale est perdue, car des sous- groupes se sont constitués. Mais l’âme de l’opposition est intacte et je veux l’incarner. L.P.B. : Chacun y va de ses propres commen- taires dans les débats municipaux, maladroits souvent de la part de Mireille Péquignot par exemple, risibles parfois. Le dérapage est incontrôlé. Comment est-ce possible ? J.R. : C’est un fait. Jamais je n’aurais cru me retrouver aux côtés d’une pareille bande de Walt Disney. Pour moi qui ai toujours été dans une mouvance gaul- liste, je considère que la politique est une aventure qui repose sur la loyauté que l’on est en droit d'attendre de la part des gens qui font partie de votre propre équipe. Ce n’est pas le cas. L.P.B. : En 2008, vous étiez tête de liste. Quand on vous écoute, vous donnez le sentiment de découvrir le caractère de vos colistiers au fur et à mesure que le temps passe… J.R. : Cette situation est la conjonction de plusieurs facteurs. Tout d’abord elle est liée àma trop grande générosité. En 2008, il fallait emboîter le pas de Nico- las Sarkozy qui avait fait le choix de l’ouverturedans songouvernement.Nous avons donc ouvert la liste à Mireille Péquignot (Nouveau Centre), Martine Jeannin (Gauche moderne) et Catheri- ne Gelin (Parti Radical).Ces personnes, qui n’avaient pas ancré en elles le sen- timent fort de loyauté qu’elles devaient à leur tête de liste,nous ont claqués dans les doigts. Les difficultés que rencontre aujourd’hui l’opposition sont liées aus- si des histoires d’ego et d’immaturité politique. Mais je n’en fais pas non plus une maladie. L.P.B. : Martine Jeannin a créé un sous-grou- pe avec Catherine Gelin. Monique Ropers (centre droit) est un électron libre comme Mireille Péquignot. L’U.M.P. Michel Omouri est hors de votre contrôle. Il a même un temps constitué un sous-groupe avec Édouard Sas- sard qui a maintenant démissionné. Bref, êtes- vous encore le patron ? J.R. : Ces sous-groupes sont les seuls “remerciements” de la générosité dont j’ai fait preuve à l’égard de ces gens qui n’auraient jamais été élus s’ils n’avaient pas été sur ma liste. Et dire que l’on a écarté des personnalités solides à l’U.M.P. comme Bernard Lambert, au nom de l’ouverture. Ces sous-groupes ont été nuisibles au groupe. Cela s’est traduit aux dysfonctionnements de son groupe qui n’a plus de cohésion. Conscient de la situation, cet élu d’expérience ne veut pas lâcher la barre. Il est même prêt à conduire à nouveau la liste lors des prochaines municipales. Le leader U.M.P. de l’opposition municipale livre son amertume suite
Jean Rosselot est prêt à tirer une nouvelle fois la liste de droite aux prochaines élections municipales.
pillage de l’argent public jusqu’aux erreurs de stra- tégie lourdes de consé- quences. Ce que je res- sens en ce moment dans l’opinion publique me le confirme. J’incarne bien l’opposition à Jean-Louis Fousseret. Toutefois, si l’un ou l’une des deux anciens députés ambi- tionnait de tirer la liste, j’y consentirais. Je pré- tendrais cependant jouer un rôle majeur derrière eux. Je ne céderai la tête de liste qu’à cette condi- tion. Je veux d’une part rassurer et d’autre part, faire espérer. L.P.B. : Que répondez-vous à ceux qui pensent que l’on est trop âgé à 65 ans pour se pré- senter comme tête de liste aux municipales dans une ville comme Besançon ? La remarque vaut aussi pour Jean-Louis Fousseret. J.R. : Je réponds que j'ai 65 ans, mais que je suis encore très jeune d'esprit. À cinquante ans,je n’aurais pas pensé être dans cette forme-là quinze ans après ! À mon âge, j’ai une grande expérience de quarante ans de vie publique. Pour gérer une capitale régionale, il faut être capable de prendre du recul, de penser en termes de réseaux locaux,régionaux, européens. Je suis encore capable de mettre sur les rails les grandes orien- tations pour cette ville comme je sou- haite le faire. L.P.B. : La droite, bien préparée, a-t-elle une chance historique selon vous de gagner les prochaines élections municipales ? J.R. : Nous avons la même chance qu’en 1983.Cette fois,le contextenational nous est favorable.J’ajouteque le contexte local est marqué par l’exaspération des gens “Autour d’un croque- monsieur chez Alain Joyandet.”
à l’égarddutramwaynotamment.Et puis il y a “la bombe” Jean-Sébastien Leuba que personne n’avait prévue. Il a désta- bilisé sa propre majorité en intervenant sur lePavédans laMare.Jene serais pas étonné de voir plusieurs listes émerger de lamajoritéactuelle lorsdesprochaines municipales.Jean-LouisFousseret risque de se retrouver dans une situation qui seraauxantipodes de celle qu’il a connue en 2008.Voilà des éléments qui peuvent faire basculer la ville. L.P.B. : Est-ce que l’ancien parlementaire U.M.P. Jacques Grosperrin a toutes les qualités du bon candidat ? J.R. : JacquesGrosperrinaune préséance. Il a une image, une expérience. Mais il a un retard à combler dans la connais- sance des dossiers municipaux. Il doit se préoccuper davantage du sort de la ville deBesançon.S’il l’avait fait d’ailleurs de façonplusmarquée,il aurait été réélu député. Je lui ai dit. L.P.B. : Que répondez-vous enfin à Jean-Louis Fousseret qui estime que l’opposition n’a pas d’idées ? J.R. : Il est incorrect et malhonnête, je pèsemesmots, dans l’appréciation qu’il fait de l’oppositionmunicipale.Pour être un bon politique, il faut respecter l’adversaire. Il n’a de cesse de répéter qu’il y a une oppositionmais pas de pro- positions. Or,sur des sujets aussi impor- tants que le pôlemétropolitain,j’attends qu’il me fasse une réponse sur le fond. Au lieude cela,ilme répondpar lemépris en me disant “vous vous répétez.” Évi- demment que je me répète tant que je n’obtiens pas de réponse. Pourquoi n’explique-t-il pas comment, sur la cui- sine centrale,desmillionsd’eurosd’argent public sont perdus, gaspillés car il a fait le mauvais choix ? Propos recueillis par T.C.
dans la presse par “l’opposition est en déconfiture.” L.P.B. : La presse n’est pas très loin de la véri- té lorsque des élus comme Michel Omori vous mènent la vie dure ? J.R. : Le comportement deMichel Omou- ri est plus lié à de l'ingratitude qu’à de l’immaturité politique. Il était le halle- bardier d’Édouard Sassard, un élu qui avait pourtant un sens politique, mais qui a constitué un sous-groupe faute d’avoir pu obtenir la présidence du grou- pe d’opposition.Tous deux ont été rejoints par Mireille Péquignot. Michel Omouri ne doit pas être fier car il a contribué à cette entreprise de“déglingage”du grou- pe. Quand Édouard Sassard a démis- sionné, Michel Omouri qui se retrouvait
qu’il vaut mieux être nuisible à l’U.M.P. qu’utile à Jean Rosselot. En écoutant Jean-MarieGirerd et d’autres personnes autour de moi, il se trouve que c’est moi qui suis dans le vrai. L.P.B. : Et Pascal Bonnet dans tout cela, quel rôle joue-t-il, lui qui a déjà déclaré qu’il serait candidat à la candidature pour les prochaines municipales ? J.R. : Pascal Bonnet est un élu compé- tent et travailleur. Il est intelligent. Il m’a informé juste avant de déclarer sa candidature. Il a envie d’être élu, c’est son droit. L.P.B. :A l’U.M.P.,certains disent que l’opposition est à l’image de la rapidité à laquelle la liste a été constituée en 2008. Qu’avez-vous à répondre ? J.R. : Cela s’est passé autour d’un croque- monsieur chez Alain Joyandet à Vesoul en février. En 2008, on savait que les municipales seraient perdues pour plu- sieurs raisons. Tout d’abord le contexte national jouait contre nous avec le“bling- bling” de Nicolas Sarkozy qui passait mal dans l’opinion.Ensuite, Jean-Louis Fousseret s’est chargé avec habileté de dire que tout ce qui allait bien dans sa ville était de son fait, et que tout ce qui dysfonctionnait était du ressort du gou- vernement. L.P.B. :Vous sentez-vous encore légitime pour conduire la prochaine liste de droite aux pro- chaines municipales si un des deux parle- mentaires ne se présente pas ? J.R. : Qui peut douter un seul instant que je sois le plus légitime à affronter de nou- veauJean-LouisFousseret ?Bilan contre bilan,projet contre projet ? Qui pourrait en douter après que j’aie, dix années durant, assurer le job ingrat de leader de l’opposition, en conduisant deux fois la liste,en levant tous les lièvres du gas-
orphelin, est revenu dans le groupe pourme donner des injonctions après l'avoir boycotté pendant deux ans. L.P.B. : Vous ne vous dites pas que le problème vient peut-être de vous ? En tant que chef de l’opposition, vous êtes-vous remis en question après tous ces épi- sodes rocambolesques ? J.R. : Évidemment,jeme remets en question. À un moment donné, je me suis même deman- dé si le mal ne venait pasdemoipourêtrehar- celé à ce point par mon microcosme. Et puis Jean-Marie Girerd a rejoint le groupe.Il s’est rendu compte de l’ingratitude et de la déloyauté de tous ces gens qui considèrent
“Je veux d’une part rassurer et d’autre part, faire espérer.”
BESANÇON
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POLÉMIQUE Déménagement du centre d’accueil des S.D.F. “Alcooliques et drogués” vous saluent bien Madame Jeannin
Le 12 novembre dernier, l’élue d’opposition soulevait la bronca au conseil municipal par ses propos choquants concernant les S.D.F. hébergés au “Forum” à Planoise. Nous sommes allés à la rencontre de ceux qu’elle nomme les “alcooliques et les drogués”, malvenus selon elle à Montrapon.
photo n’est pas toujours le bien- venu. Une réalité à l’opposé de l’image décrite par l’élue, chiffres à l’appui. Grâce au travail de réinsertionmené par les 20 sala- riés, 14 personnes en 2011 ont retrouvé un logement et un emploi.Les autres (ré)apprennent la vie en collectivité ou se soi- gnent. Le 16 novembre,le centre accueillait 132 personnes âgées entre 18 et 80 ans, dont 80 % d’hommes. 53 personnes louent un studio (221 euros par mois à leur charge) dans le cadre de la résidence de réinsertion,47 places de dépannage (+ 20 l’hiver) et 9 places en halte soins-santé sont quant à elles proposées gratui- tement. “Il n’y a jamais eu de problème avec le voisinage. Au contraire, les résidents peinent parfois de sortir du centre par peur du regard des autres” témoigne Barbara Rochet, res- ponsable adjointe de la structu- re. Ici, les règles sont strictes : l’alcool est interdit dans les chambres du centre d’hébergement et de réinsertion mais toléré en hébergement d’urgence. En cas de déviance, le résident est mis à pied. “Cela arrive mais c’est assez rare” explique Julien Mahieu, le res-
commerces n’est pas une bonne chose…” affirme-t-elle, suscitant l’indignation quasi générale face à un tel préjugé. “Ce discours me fait peur.Le F.N.rentre au conseil” a réagi le maire, soutenu par Abdel Ghezali (adjoint aux quar- tiers) ouDanièle Poissenot. Face à ces propos intolérants, La Pres- se Bisontine a demandé au Centre communal d’action socia- le de Besançon de nous ouvrir les portes de ce lieu accueillant les sans domicile fixe. Demande acceptée.Autour d’un café, nous avons rencontré les résidents, discuté avec eux. L’accueil fut chaleureux même si l’appareil
Julien Mahieu (directeur), Barbara Rochet (adjointe) et Marie-Noëlle Schoeller (1 ère adjointe au maire) dans la salle du Forum à la rencontre des résidents lors de la pause-café.
devant un café noir fumant.Lors- qu’on lui évoque l’image du centre vu de l’extérieur, sa réponse est directe : “Est-ce que j’ai l’air d’un fou ?” rétorque-t-il, touché. “On peut très vite se retrouver ici… J’aimême vudes chefs d’entreprise pris dans l’engrenage d’un divor- ce, d’une perte d’emploi…” concè- de Marie-Noëlle Schoeller, pre- mière adjointe en charge de l’action sociale qui rappelle les raisons du déménagement. “Le bâtiment de Planoise devenait insalubre et doit être déconstruit dans le cadre de l’A.N.R.U. (Agen- ce nationale de renouvellement urbain) . Le Forum deviendra l’Agora à Montrapon où 122 places seront disponibles. Une maison-relais, sorte de pension de famille, verra également le jour auxTorcols : elle prendra en charge les personnes âgées et han- dicapées.” Pour de nombreux rési- dents, le transfert est vécu com- me un arrachement. Touchés dans leur estime, ils espèrent une chose : que l’on arrête de les pointer du doigt. E.Ch.
ponsable du Forum où le per- sonnel travaille en toute séré- nité. L’exemple de Jean (1) ne laisse pas indifférent. À 53 ans, ce Bisontin a franchi le 3 sep- tembre les portes du Forum à Planoise, au 1, rue Léonard De Vinci. Il n’imaginait pas en arri- ver là… Victime d’un accident du travail le 21 juillet 2009, il perd son emploi puis son appar- tement en septembre dernier, chassé par son propriétaire, alors qu’il dit toujours avoir payé son
P etite phrase, grande conséquence. Lundi 12 novembre, l’élue d’opposition Martine Jeannin (Groupe Centre Droit - La Gauche Moderne) intervient
au conseil municipal sur le démé- nagement du “Forum” de Pla- noise à Montrapon en 2014. “L’arrivée de personnes alcooli- sées ou droguées dans un quar- tier où il y a des banques et des
loyer. Trois nuits durant, un banc se substituera à son lit jusqu’à ce qu’un voisin le conduise là. Son séjour sera court : en décembre, il emménagera dans un nouvel appar- tement à Planoi- se. Finie la galè- re. “J’ai été bien accueilli ici et n’ai rencontré aucun problème. Au contraire” dit-il
“Des chefs d’entreprise pris dans l’engrenage.”
Tous les vendredis matins, le
petit-déjeu- ner est servi par les salariés aux bénéficiaires. Un temps de partage.
La Presse Bisontine n° 138 - Décembre 2012 L’ÉVÉNEMENT LES LIBRAIRIES OUVRENT LA PAGE DE L’APRÈS-CAMPO
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Le paysage culturel est en pleine mutation à Besançon. Avec la fin de librairie Camponovo, l’univers du livre et des loisirs est entièrement chamboulé. Sur les cendres de Camponovo, un nouveau projet est en train de naître avec la transformation annoncée de l’ancien cinéma Plazza-Lumière en une nouvelle librairie universitaire. À côté des grands noms de la distribution que sont Cultura, le dernier arrivé il y a deux ans ou encore Forum, il reste une poignée de librairies indépendantes à Besançon qui tentent de garder leur place dans un contexte marqué également par un profond changement d’habitudes en matière de consommation de la culture. “Les Mots bleus” ou “A la page” rue Ronchaux, “L’autodidacte” ou encore “B.D. Fugue” déploient chacune leur spécificité. Tout comme “Les Sandales d’Empédocle”, “Siloë Chevassu” et “Les gourmands lisent” qui ont toutes traversé des turbulences et à qui La Presse Bisontine est allée rentre visite. Les librairies bisontines ouvrent un nouveau chapitre de leur histoire. Le point dans ces pages.
PROJET
La coupole remise à nu
La librairie du Plazza doit ouvrir à l’automne 2013
Deux commerces au Plazza
A vec le dépôt imminent du permis de construire défi- nitif, cʼest la fin dʼun long feuilleton qui a démarré à la fer- meture du cinéma Plazza-Lumiè- re en 2004. Un premier permis de construire avait été déposé au moment où la société Ségé- cé-Klépierre sʼétait portée acqué- reuse des murs, avant de lâcher lʼaffaire au moment de signer lʼacte de vente définitif. Avec la société Eurinvest, le compromis de vente remonte à décembre 2010. Il aura donc fal- lu encore deux ans pour que lʼac- te de vente définitif soit signé. Cʼest chose faite depuis le
15 novembre dernier. Avec ce projet de librairie, les investisseurs sont contraints de déposer un nouveau permis car le premier qui avait été accepté ne portait que sur les 390 m 2 de la surface au sol. La création de quatre niveaux oblige au dépôt dʼun nouveau permis. Un autre commerce prendra place, sur 80 m 2 au rez-de-chaussée du bâtiment, côté rue Morand. “Ce sera une enseigne de prêt-à- porter féminin” confirme Annie Courbet. Lʼentrée de la future librairie se fera côté rue des Granges, elle couvrira 310 m 2 au sol, sans compter les étages.
L e principal intéressé est très motivé, la société Eurinvest à qui appartient désormais l’immeuble de l’ancien cinéma Plazza rue des Granges à Besançon est séduite par le dossier, les ser- vices de l’urbanisme et des Affaires cultu- relles tout autant.Toutes les conditions sont désormais réunies pour confirmer la créa- tion en 2013 d’une vaste librairie universi- taire par Michel Méchiet, libraire installé à Pontarlier. Il ne reste que le bail commer- cial à signer, via l’agence Courbet à qui a été confié le dossier, et peaufiner les derniers ajustements concernant la surface com- merciale, laquelle devrait finalement avoi- siner les 800 m 2 , avant de lancer officielle- ment le chantier qui fait l’objet d’un nouveau permis de construire dont le dépôt est immi- nent. “C’est en très bonne voie confirmeMichel Méchiet qui garde une légitime prudence. La surface au sol sera de 310 m 2 et on prévoit quatre niveaux supplémentaires.L’idéal pour nous serait une surface comprise entre 900 et 1 000m 2 .” Les contraintes architecturales et de sécurité devraient néanmoins réduire la surface exploitable “entre 750 et 800 m 2 ” ajusteAnnie Courbet, de l’agence éponyme. MichelMéchiet assure que son business plan est bouclé, il ne reste plus qu’à finaliser les discussions avec Eurinvest concernant le financement des travaux d’aménagement à réaliser. À l’intérieur de la chapelle Notre-Dame des Jacobins, ce bâtiment du XVIII ème siècle qui est sur le point d’aboutir. L’entrepreneur table sur un chiffre d’affaires annuel entre 3 et 5 millions d’euros. Le projet porté par le libraire pontissalien Michel Méchiet
Michel Méchiet finalisera les détails de l’opération avant la fin de l’année.
abritait le Plazza, tout l’espace sera dégagé, et “notamment la coupole de la chapelle qui sera remise à nu pour que le public puisse jouir du point de vue. L’idée est de rendre toute leur authenticité à ces locaux” ajoute Annie Courbet. “Ce sera plus q’un commer- ce, un vrai lieu de vie et d’échanges” ,se réjouit Philippe Ginestet, le gérant d’Eurinvest. C’est naturellement pour compenser la dis- parition de Camponovo queMichel Méchiet (qui fut aussi un candidat à la reprise de Campo) s’est positionné sur le site du Plaz- za. “Si je travaille sur ces surfaces-là, c’est bien pour reprendre ce que Camponovo fai- sait, notamment les sciences humaines, le domaine universitaire, etc. La fin de Campo a laissé un grand vide que les librairies exis- tantes ne sont pas capables de phagocyter. Sur une surface plus petite,il n’y aurait aucun intérêt, aucune viabilité.” La librairie Cam- ponovo réalisait aux environs de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel au comp- tant (sans compter les ventes à terme aux collectivités). L’entrepreneur table sur un chiffre d’affaires “compris entre 3 et 5 mil-
lions d’euros, avec une vingtaine de salariés à l’ouverture.” Sur ce dernier point, Michel Méchiet dit vouloir compter sur les anciens Campo qui seront “privilégiés.” Les candi- datures qu’il a déjà reçues seront examinées début 2013 indique le créateur. Après le dépôt du permis modificatif et les éventuels recours, l’engagement des lourds travaux d’aménagement, l’ouverture de la nouvelle librairie qui sera peut-être bapti- sée “L’Intranquille” ne pourra pas être effec- tive avant la fin de l’été 2013. Plus raison- nablement, on se dirige vers une ouverture à l’automne 2013, avant la période fatidique des fêtes de fin d’année. Malgré la concurrence brutale d’Internet, le porteur de projet croit plus que jamais à l’avenir de la librairie indépendante. “D’ici quatre ou cinq ans, on aura atteint le point maximal de l’ e-commerce estime Michel Méchiet. Les librairies indépendantes seront toujours d’actualité si,en plus d’être libraires, on est des créateurs d’émotions,de rencontres, de festivals, de salons, de rencontres.” J.-F.H.
Enfin un épilogue pour l’interminable feuilleton Plazza.
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ACTIVITÉ D’autres actionnaires La librairie Siloë Chevassu est sauvée À deux doigts de mettre la clé sous la porte il y a tout juste un an, la plus ancienne librairie de Besançon a pu redresser la barre, notamment suite à un vaste élan de générosité venue de la France entière.
Pierre Chevassu a retrouvé une certaine sérénité.
L es médias sont souvent vilipendés, ils sont parfois des outils redou- tables d’efficacité. Il a suffi d’un quart de page dans le quotidien La Croix pour que des lecteurs de la Fran- ce entière se mobilisent pour répondre à l’appel au secours de la librairie Che- vassu, située au 119, Grande rue à Besançon. Il y a un an, son gérant était désabusé. “Je me disais que si la ten- dance ne s’inversait pas, je jetterais l’éponge au 31 décembre 2012. La librai- rie cumulait alors les difficultés, notam- ment liées à la perte d’un de nos plus gros clients qui assurait 10 % du chiffre d’affaires. Je ne voulais pas en arriver
La Croix sur le thème “Un libraire vaut- il un panda ?”, (à l’époque où un zoo français avait dépensé des dizaines de milliers d’euros pour accueillir un couple de pandas). “À partir de là, les choses se sont enchaînées : nous avons eu droit à plus de trente articles de presse, y compris dans les grands magazines nationaux. On a récolté 55 000 euros de dons en quelques semaines.” Cette manne inattendue ne suffisait pour- tant pas. La librairie Chevassu avait besoin de 200 000 euros pour remettre à flot sa trésorerie. “Alors un éditeur a décidé d’entrer à hauteur de 26 % dans le capital de la librairie” ajoute Pier- re Chevassu. Aujourd’hui, même s’il manie encore la prudence, le gérant peut affirmer que “la librairie est tirée d’affaire.” Une S.A.S. est en cours de constitution avec le nouvel actionnaire et d’autres qui souhaitent également intégrer la struc- ture. Après avoir géré la crise pendant quatre années, Siloë Chevassu peut raisonnablement penser à l’avenir. Des projets sont sur les rails, notamment le développement de la librairie géné-
rale amorcée il y a déjà plusieurs mois. Honnête, Pierre Chevassu estime qu’il doit aussi “profiter, avec des guillemets, de la fin de la librairie Camponovo le mieux possible.” Même si le principal du chiffre d’affaires reste la vente d’ou- vrages et d’objets religieux, Chevassu devient peu à peu une librairie géné- raliste. Pierre Chevassu croit encore au “vrai métier de libraire. Ici, on n’au- ra pas les derniers livres de Hollande ou de Sarkozy, la recherche de qualité littéraire est plus que jamais notre prio- rité.” Un programme d’animations et d’ateliers lecture est d’ores et déjà pré- vu pour le début de l’année 2013. Une seule ombre dans ce tableau un peu plus rose pour la librairie Che- vassu : que le diocèse n’ait pas mani- festé plus tôt son soutien pour soute- nir la seule véritable librairie religieuse de Franche-Comté. J.-F.H.
INITIATIVE Plusieurs animations par semaine Les Gourmands veulent encore lire Une petite librairie indépendante tente de tirer son épingle du jeu dans le paysage commercial bison- tin, non sans mal. “Les Gourmands lisent” s’ac- crochent et innovent. A u fond du magasin, un bar. Le patron y fait déguster ses derniers whiskies ou sa récente trouvaille, un rouge gouleyant du Lan- guedoc. À l’avant de la boutique, Julie accueille ses clients, pas- sionnés de lecture, et les guide dans l’écheveau des titres de la rentrée littéraire. Au 12, rue Bersot, Les Gourmands lisent est un endroit né de la rencontre entre Jérôme Létoublon, caviste audacieux, et Julie Duquesne-Létoublon, libraire expérimentée.Un endroit pas comme les autres, original, qui se bat depuis sa création en août 2010 sous cette forme-là, pour convaincre que vivent en pleine harmonie “les nourri- tures terrestres et les nourritures spirituelles” résume la gérante de cet- te librairie 100% indépendante. Le challenge est louable, il est enmême temps très compliqué. Julie Duquesne-Létoublon ne cache pas ses inquiétudes. “Si nous n’atteignons pas un certain chiffre, nous serons obligés de fermer. Pour résister, il faudrait que nous fassions encore 20 ou 30 % de plus” lance-t-elle comme un appel au secours. Être libraire indépendante n’a jamais été une sinécure. Le constat est encore plus vrai aujourd’hui avec la montée en puissance des ventes sur Internet. “Internet a surtout bouleversé les rapports au temps. Dès qu’un livre sort, les clients le veulent immédiatement et n’acceptent plus d’attendre trois jours. Internet ne tue pas le livre, il tue les libraires” ajoute la géran- te des Gourmands lisent. La pédagogie est selon elle indispensable à une nécessaire prise de conscience des lecteurs, clients potentiels, qui auraient “perdu en curiosité” selon elle. Ils se fieraient trop à “l’hyper- médiatisation de certains livres.” C’est en piquant leur curiosité que le vrai libraire a encore selon la responsable, “un vrai rôle à jouer.” Depuis l’ouverture de cette librairie-caviste, l’activité est en hausse, la notoriété grandit mais “ça reste très compliqué avoue Julie Duquesne- Létoublon. Nous devons encore et encore nous faire connaître.Nous orga- nisons plusieurs animations par semaine, nous changeons notre vitri- ne tous les dix jours, nous organisons des dégustations.Que peut-on faire de plus ? Il faut que les gens apprennent à changer leurs habitudes et n’aient pas peur de pousser la porte !” Julie Duquesne-Létoublon veut aussi faire comprendre que “si on tue les libraires, on va finir par tuer les éditeurs de créations, car nous sommes leur seule vitrine. Jamais ils ne seront mis en avant sur Amazon par exemple. On continue à y croi- re, il faut que les gens comprennent les enjeux des librairies indépen- dantes.” Autrement dit, cliquer sur Amazon, il n’y a rien de plus facile, mais derrière ce geste anodin, c’est tout un réseau de professionnels du livre qu’on met en péril. J.-F.H.
à ce que mon banquier gagne plus d’argent que moi grâce à la librairie” raconte Pierre Chevas- su, le gérant, qui a déci- dé de déployer les grands moyens. Avec le soutien du G.I.E. Siloë auquel est affilée la librairie Chevassu, un appel a donc été lancé à travers les colonnes de
Il croit encore au
“vrai métier de libraire.”
SITUATION
36 000 ouvrages Les Sandales remontent la pente Après avoir
traversé quelques turbulences aussi, fermé son antenne
d’Audincourt et regroupé en un
Romain Méchiet dirige la librairie depuis le
E ncore une institution bisontine.Les Sandales d’Empédocle ont été créées à Besançon il y a trente ans et depuis, le lieu cultive son indépendance. Rachetée il y a deux ans par Hélène Des Ligneries (librai- re à Bordeaux), la librairie du 95, Grande rue reste un O.V.N.I. dans le monde du livre car elle est une des seules seul lieu ses activi- tés, Les Sandales d’Empédocle ont stabilisé la situation.
printemps. Il est le fils de Michel, le porteur de projet du Plazza.
générale soucieux de favori- ser la diffusion de la création éditoriale en apportant à des libraires les moyens de se développer et de conserver leur indépendance. L’A.D.E.L.C. est financée par les grands éditeurs qui rever- sent une petite partie de leurs bénéfices, distribués ensui- te sous forme d’aides aux librairies indépendantes. Malgré le soutien de l’A.D.E.L.C., Les Sandales ont également traversé une petite tempête. “Nous avons vendu au printemps 2011 le fonds de commerce voisin où étaient installés les rayons
rue ne cherche surtout pas non plus à tomber dans l’éli- tisme. “Nous ne sommes pas des ayatollahs de la culture ni des donneurs de leçons” tranche RomainMéchiet. Le dernier Goncourt, bien sûr qu’on le trouvera aussi aux Sandales. Mais pas que ça, loin de là. Les 250 m 2 de sur- face de vente abritent quelque 36 000 livres. Les Sandales, c’est un vrai bouillon de curio- sités. Sa stratégie face aux géants de la culture, aux liseuses numériques ou à Internet : l’accueil, le conseil et la qualité de service. J.-F.H.
jeunesse et tout regroupé dans nos locaux actuels, ce qui a servi à renflouer la trésore- rie. Depuis un an, les finances sont assainies, et ça repart” affirme Romain Méchiet, le directeur du site. Les San- dales d’Empédocle emploient 10 salariés, dont deux ex- Campo récemment embau- chés. L’avenir des Sandales, il sera assuré selon le directeur si “on reste dans notre métier de proximité, en étant un espa- ce d’échanges, de conseils, de rencontres, de débats d’idées, tout ce que sont Les Sandales.” La librairie du 95, Grande
librairies fran- çaises à compter dans ses action- naires (à petite échelle), l’A.D.E.LC. : asso- ciation pour le développement de la librairie de création, créée par des éditeurs de littérature
“Nous ne sommes pas des ayatol- lahs.”
Aux Gourmands lisent rue Bersot, on y trouve
à boire, et à lire.
BESANÇON
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COMMERCE Jusqu’au 24 décembre Le marché de Noël recentré place de la Révolution Pas de grande roue cette année, mais un concentré d’animations et de décorations place de la Révolution. Dans une ambiance semble-t-il réchauffée entre la Ville et l’Union des commerçants.
Jean-François Lepin, directeur de l’Office du commerce et de l’artisanat de Besançon.
E n tant de crise, il vaut mieux se serrer les coudes. C’est peut-être ce que se sont dit les deux protagonistes principaux, Ville et Union des commerçants, dont les polémiques incessantes liées notamment aux travaux du tram finissaient par décourager les bonnes volontés. Paraît-il que Jérôme Cart, président de l’Union des commerçants et Jacques Mariot, adjoint au com-
merce et président de l’Office municipal du commerce, se par- lent à nouveau…C’est donc dans ce contexte moins glacial que se préparent les festivités com- merciales de fin d’année à Besan- çon. Le marché de Noël se tiendra du 30 novembre au 24 décembre sur la place de la Révolution dont les travaux du tram seront en grande partie terminés. Contrairement à l’an dernier, il
ne sera pas prolongé jusqu’au 31 décembre et la grande roue ne sera plus là, pour cause d’emprise du futur tram. Il y aura également moins de cha- lets (60 au lieu de 70), mais ils seront tous regroupés sur la pla- ce, avec un immense sapin en pleinmilieu. Pour les plus petits, la maison du Père Noël propo- sera quatre pièces à visiter et l’atelier du Père Noël permet- tra aux petits de visiter la fabrique de jouets de l’homme
à la houppelande rouage. Un petit train pour les enfants com- plétera le dispositif de ce mar- ché où “on remet vraiment le côté magique de l’enfant au cœur du marché” insiste Jean-François Lepin, le directeur de l’Office du commerce et de l’artisanat de Besançon. Il ajoute : “Des efforts particuliers seront faits cette année pour soigner la déco- ration des chalets, à base de pro- duits naturels.” La place Pas- teur abritera un marché des
métiers d’art (en chalets) et le square Saint-Amour le marché solidaire. Battant ne sera pas oublié avec les animations mises en place par l’association Zone’Art sur le thème de la nei- ge. La fréquentation du marché de Noël de Besançon est esti- mée à 180 000 à 200 000 per- sonnes. L’Office du commerce consacre quelque 200 000 euros à l’opération. La Ville et l’Union des com- merçants ont bien saisi les
enjeux d’une entente cordiale. Après les fêtes, les deux parte- naires préparent d’ailleurs ensemble une vaste opération de communication commune destinée à reconquérir la clien- tèle extérieure à Besançon. Une “belle opportunité” sera à sai- sir tous les jours dans un des commerces de Besançon. Lan- cement de cette ambitieuse opé- ration commerciale enmars pro- chain. J.-F.H.
Un magazine et des chèques-cadeaux Lʼ Office du commerce et de lʼartisanat lance deux nouveaux pro- duits de communication à lʼoccasion des fêtes de fin dʼannée. Le premier, cʼest un magazine de 64 pages intitulé “Destination shopping Besançon”. Il sera tiré à 60 000 exemplaires, et distribué en boîtes à lettres ainsi quʼaux nouveaux habitants de Franche-Comté. Le deuxième produit innovant entrera en scène dès la fin novembre. Il sʼagit du chèque-cadeau “Bezak.k.do” sur le même principe que les chèques-cadeaux nationaux, mais à dépenser dans un des com- merces de Besançon. Entre Châteaufarine et le centre-ville, lʼOffice du commerce espère quʼil y aura “au moins 400 commerçants par- tenaires.” La liste des commerces qui accepteront les chèques Bezak.k.do sera mise à jour régulièrement sur le site de lʼOffice.
ARMÉE
Retrait des troupes
Plus de 600 Francs-Comtois en Afghanistan
Tandis que l’Armée française retire progressivement ses troupes d’Afghanistan, plusieurs régiments locaux, dont la 7 ème brigade blindée de Besançon, se rendent là-bas pour sécuriser la transition.
L e président de la République l’avait annoncé au cours de la campagne de la présidentielle, il le fait. Le retrait des troupes françaises d’Afghanistan a démarré. Et c’est paradoxalement dans ce contex- te que plusieurs dizaines de soldats postés à Besançon font le voyage vers le Proche-Orient en cette fin d’année. L’opération était calée depuis des mois et même si le retrait des troupes est une réalité, les Bisontins vont là-bas pour relever des troupes qui y sont présentes depuis au moins six mois. “Le retrait est une réalité, confirme le général Francisco Soriano, comman- dant de la 7 ème brigade blindée. Nous avons quitté laKapisa où l’armée afgha- ne a pris le relais. On est vraiment dans ce processus de désengagement mais les camarades sur place sont là-bas depuis déjà aumoins six mois, certains huit. On les relève justement pour pou- voir continuer cette opération de désen- gagement.” Les troupes françaises sont même un peu en avance par rapport au calendrier fixé par le nouveau chef de l’État. Début 2012, il y avait enco-
re 4 500 soldats français en Afghanistan. En octobre dernier, il n’y en avait plus que 2 250. “Au 1 er janvier 2013, ils ne seront plus que 1 450 et mi-2013, plus que 500” complète le général Soriano. L’armée française et notamment les soldats
Un peu en avance par rapport au calendrier.
basés à Besançon exercent parallèle- ment des missions de formation des troupes afghanes et de lutte contre les engins explosifs improvisés qui dure- ront, elles jusqu’en 2014. Donc “au moins jusqu’en 2014, il y aura encore 500 soldats français en Afghanistan.” Le retrait est réel, mais prendra du temps. D’autres missions seront dévo- lues l’an prochain aux hommes de la 7 ème brigade blindée : 120 d’entre eux iront assurer une mission de sécurité au Kosovo, d’autres partiront en mars pour le Liban et d’autres encore en Guyane pour lutter contre l’orpaillage illégal. J.-F.H.
Le général Francisco Soriano commande la 7 ème brigade blindée de Besançon.
BESANÇON
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EN BREF
AMÉNAGEMENT Vie des quartiers 6 millions d’euros pour la place des Tilleuls À Palente-Orchamps, la mairie annonce la construction d’une nouvelle médiathèque, d’une salle polyvalente, la restructuration de la M.J.C. et de la crèche place des Tilleuls. Cela nécessitera 15 ans de travaux.
Courbet Exposition “Les Femmes de Courbet”, lavis-citations de Colette Deblé, visible jusqu’au 13 février à la ferme Courbet de Flagey. Largement inspirée des tableaux du Maître du réalisme (La Femme au perroquet, les Belles endormies, L’Origine du Monde, La Belle irlandaise, Les cribleuses de blé…), l’artiste propose un essai plastique autour de représentations de femmes dans l'histoire de l’Art. Visites guidées gratuites. Rés.03 81 53 03 60. Entrée gratuite, ouverture au public du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h. Crémations municipal de Saint- Claude à Besançon s’est élevé à 757 en 2011. C’est 7 de plus qu’en 2010. Le nombre moyen de crémations réalisées mensuellement a varié entre 50 et 81 crémations. Danse Milonga : spectacle à la Brasserie de l’Espace 1, place de l’Europe, vendredi 23 novembre de 21 h à 1 h. Rens. 03 81 80 31 49. Le nombre de crémations au crématorium
P our le quartier, c’est deux cadeaux pour le prix d’un. Le tramd’un côté, la restruc- turation du Pôle des Tilleuls de l’autre. Appelé à devenir la place forte culturelle de Palente-Orchamps mais aussi des Vaîtes, la place des Tilleuls sera repensée après trois phases de travaux. La première coïncidera avec la démolition de l’actuelle bibliothèque de 110 m 2 qui sera transformée en média- thèque de 410 m 2 fin 2013 pour s’achever en 2015. “C’était une promesse dumaire. Nous la tenons” dit Jean-Louis Fousseret, histoire prou- ver aux habitants de l’Est bisontin qu’ils ne
valente qui passera, elle aussi de 150 à 400m 2 . La troisième et dernière tranche (2016-2018) permettra à la Maison des jeunes et de la cul- ture d’être totalement restructurée. “Lorsque nous avons dessiné le tracé du tramway, il ne passait pas par ce quartier. Nous avons alors rallongé de 1,7 km, soit un surcoût de 30 mil- lions d’euros, afin qu’il passe ici. Ce sera un endroit phare de l’Est” martèle Jean-Louis Fousseret. De quoi remémorer certains souvenirs dans ce quartier rempli de souvenir : “Dans les années soixante, on quittait Battant pour trou- ver à Palente toutes les commodités et notam- ment l’eau courante” , dit Nicole Weinman, adjointe au maire. Aujourd’hui, le quartier a vieilli au point de se sentir oublié. Les habi- tants, et surtout le conseil de quartier (dyna- mique), peuvent être rassurés. Sur ses fonds, laVille a validé ce projet à l’unanimité lors du conseil municipal de novembre. Le cabinet d’architecture Malcotti-Rousset de Luxeuil- les-Bains a été retenu pour penser l’opération immobilière qui comprendra la crèche et l’épicerie sociale.Durant les travaux,les enfants de la crèche seront accueillis dans les locaux de l’école Jean-Zay. E.Ch.
Jean-Louis Fousseret présente le futur Pôle des Tilleuls avec la médiathèque en premier plan.
SPORT
Basket-ball Le Besac R.C. droit dans ses baskets Le club bisontin se structure tout en cherchant des partenariats. Sans disposer de mercenaires, il débute la saison avec fracas. La Ville demande une fusion des deux clubs qui n’a pu se réaliser. N e leur parlez plus de feu le B.B.C.D. À Besançon, le basket de haut niveau fait - désormais - partie du passé alors que le parquet du gymnase des Torcols à Saint-Claude résonne des sons du ballon frappant le cercle. Une preuve s’il en est que ce sport n’est pas enterré. Engagé en Nationale 3, l’équivalent de la cinquième division, le Besac R.C. créé il y a cinq ans a pris la balle au rebond en remportant six matches consécutifs avant de s’incliner face à Mirecourt, un des pré- tendants à l’accession tout comme le club bisontin d’ailleurs. Voilà pour le côté sportif. L’ancien club de quartier qui affiche 300 licenciés et dis- pose d’une école de basket s’est adjoint les services de Fred Feray, ancien responsable du centre de formation du B.B.C. passé par l’Élan Chalon, Épinal, Nancy, Tours. Objectif de la structure : “envisager une montée en Nationale 2” dit François Lecuyer, co-président et fondateur. Avec 190 000 euros de budget, la marge de manœuvre est serrée. Avant d’espérer une rallonge de la Ville de Besançon, le club s’attelle à ne pas payer ses joueurs ou tout du moins leur proposer d’autres alternatives : “On propose un projet professionnel et sportif. C’est ainsi que nous avons pu recruter Fabien Daure (meneur et meilleur scoreur) ou Djaouad Dah-
sont pas oubliés. “La restructu- ration du Pôle des Tilleuls est un des investissements majeurs de l’ordre de 5,8 millions d’euros” poursuit de son côté l’adjoint Abdel Ghezali, adjoint à la vie des quartiers, conscient que cet- te somme investie pour Palente ne sera pas de trop. Ce nouvel espace est appelé à rayonner comme le centre Mandela à Pla- noise où les abonnés à la média- thèque ne cessent d’augmenter. La deuxième étape permettra la (re)construction d’une salle poly-
Validé à l’unanimité au conseil.
POLÉMIQUE Nuisances sonores rue de Belfort Saleté de station de lavage ! Des riverains de la rue de Belfort se plaignent d’une station de lavage ouverte 24 heures sur 24 où les automobilistes n’hésitent pas à lustrer leur véhicule à n’importe quelle heure de la nuit.
bi, en leur proposant un travail” confie Pierre Labbé, jour- naliste spécialiste du basket venu apporter ses conseils et son carnet d’adresses. Le club s’est aussi adjoint les ser- vices d’un commercial, préparateur mental. Les recrues ont même été reçues par un psychologue avant qu’elle signe. “L’idée est de ne prendre aucun risque” confie Pier- re Labbé qui travaille en lien avec Philippe Tristan, le second co-président. La Ville de Besançon a souhaité que ce club fusionne avec le B.B.C. Le Besac R.C. y était favorable. Pas l’autre enti- té. Les équipes jeunes auraient ainsi pu se regrouper et espérer se renforcer. En attendant, le gymnase de Saint- Claude accueille enmoyenne 250 spectateurs, preuve que la culture basket n’est pas morte. E.Ch.
250 spectateurs en moyenne.
Toutes les stations de lavage ne sont pas logées à la même enseigne pour ouvrir la nuit.
Fabien Daure (3 ème en par- tant de la gauche) apporte son expérience au Besac R.C. Le club a trouvé un projet pro- fessionnel.
À défaut de nettoyer leur voiture, certains automobilistes devraient se laver les oreilles. Pensent-ils au bruit qu’ils génèrent en utilisant une lance à eau à 2 heures du matin ? Sans doute que non. Du coup, la mou- tarde, ou plutôt la mousse, monte au nez des riverains de la rue de Belfort à Besançon excédés d’entendre les nui- sances sonores de l’eau frappant la car- rosserie et surtout la musique s’échappant de l’habitacle. Ils ont envoyé un courriel à l’association de quartier “Vivre aux Chaprais” afin qu’elle inter-
vienne. Cette dernière, très active ici, a promis de l’évoquer aux services com- pétents de la mairie. “Nous avons été
situe au coin de la rue de Belfort et de l’Église. Le bruit aurait engendré le départ d’un riverain. Le plus paradoxal dans cette affaire de nuisance réside dans le traitement de faveur de ces sociétés. Tous les sites qui ont pignon sur rue à Besançon ne sont pas logés à la même enseigne. Plus haut dans la rue de Belfort, une autre station de lavage ferme la nuit suite à une plainte d’un voisin et à une déci- sion de justice. “Alors pourquoi y aurait- il deux poids, deux mesures ?” s’interroge l’association de quartier. À suivre…
alertés il y a environ un mois de ce dossier” explique Jean-Claude Goudot, président de “Vivre aux Chaprais” qui informe les habitants du quartier par l’intermédiaire du site “vivreauxcha- prais.canalblog.com”. La station incriminée se
Pas de décision de justice cette fois.
L’effectif de l’équipe première : Fabien Daure, Jolan Marande, Joao-Polo Marcelino, Jérôme Traoré, Quentin Lamperiere, Mohammed Traoré, Djawad Dahbi. Entraîneur : Fred Feray.
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