La Presse Bisontine 138 - Décembre 2012

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 138 - Décembre 2012

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POLITIQUE

Jean Rosselot candidat si… “Jamais je n’aurais cru me retrouver aux côtés d’une bande deWalt Disney”

L a Presse Bisontine : L’opposition muni- cipale est désunie. Elle semble à bout de souffle. A-t-on raison de le pen- ser ? Jean Rosselot : De corps eneffet,l’opposition municipale est perdue, car des sous- groupes se sont constitués. Mais l’âme de l’opposition est intacte et je veux l’incarner. L.P.B. : Chacun y va de ses propres commen- taires dans les débats municipaux, maladroits souvent de la part de Mireille Péquignot par exemple, risibles parfois. Le dérapage est incontrôlé. Comment est-ce possible ? J.R. : C’est un fait. Jamais je n’aurais cru me retrouver aux côtés d’une pareille bande de Walt Disney. Pour moi qui ai toujours été dans une mouvance gaul- liste, je considère que la politique est une aventure qui repose sur la loyauté que l’on est en droit d'attendre de la part des gens qui font partie de votre propre équipe. Ce n’est pas le cas. L.P.B. : En 2008, vous étiez tête de liste. Quand on vous écoute, vous donnez le sentiment de découvrir le caractère de vos colistiers au fur et à mesure que le temps passe… J.R. : Cette situation est la conjonction de plusieurs facteurs. Tout d’abord elle est liée àma trop grande générosité. En 2008, il fallait emboîter le pas de Nico- las Sarkozy qui avait fait le choix de l’ouverturedans songouvernement.Nous avons donc ouvert la liste à Mireille Péquignot (Nouveau Centre), Martine Jeannin (Gauche moderne) et Catheri- ne Gelin (Parti Radical).Ces personnes, qui n’avaient pas ancré en elles le sen- timent fort de loyauté qu’elles devaient à leur tête de liste,nous ont claqués dans les doigts. Les difficultés que rencontre aujourd’hui l’opposition sont liées aus- si des histoires d’ego et d’immaturité politique. Mais je n’en fais pas non plus une maladie. L.P.B. : Martine Jeannin a créé un sous-grou- pe avec Catherine Gelin. Monique Ropers (centre droit) est un électron libre comme Mireille Péquignot. L’U.M.P. Michel Omouri est hors de votre contrôle. Il a même un temps constitué un sous-groupe avec Édouard Sas- sard qui a maintenant démissionné. Bref, êtes- vous encore le patron ? J.R. : Ces sous-groupes sont les seuls “remerciements” de la générosité dont j’ai fait preuve à l’égard de ces gens qui n’auraient jamais été élus s’ils n’avaient pas été sur ma liste. Et dire que l’on a écarté des personnalités solides à l’U.M.P. comme Bernard Lambert, au nom de l’ouverture. Ces sous-groupes ont été nuisibles au groupe. Cela s’est traduit aux dysfonctionnements de son groupe qui n’a plus de cohésion. Conscient de la situation, cet élu d’expérience ne veut pas lâcher la barre. Il est même prêt à conduire à nouveau la liste lors des prochaines municipales. Le leader U.M.P. de l’opposition municipale livre son amertume suite

Jean Rosselot est prêt à tirer une nouvelle fois la liste de droite aux prochaines élections municipales.

pillage de l’argent public jusqu’aux erreurs de stra- tégie lourdes de consé- quences. Ce que je res- sens en ce moment dans l’opinion publique me le confirme. J’incarne bien l’opposition à Jean-Louis Fousseret. Toutefois, si l’un ou l’une des deux anciens députés ambi- tionnait de tirer la liste, j’y consentirais. Je pré- tendrais cependant jouer un rôle majeur derrière eux. Je ne céderai la tête de liste qu’à cette condi- tion. Je veux d’une part rassurer et d’autre part, faire espérer. L.P.B. : Que répondez-vous à ceux qui pensent que l’on est trop âgé à 65 ans pour se pré- senter comme tête de liste aux municipales dans une ville comme Besançon ? La remarque vaut aussi pour Jean-Louis Fousseret. J.R. : Je réponds que j'ai 65 ans, mais que je suis encore très jeune d'esprit. À cinquante ans,je n’aurais pas pensé être dans cette forme-là quinze ans après ! À mon âge, j’ai une grande expérience de quarante ans de vie publique. Pour gérer une capitale régionale, il faut être capable de prendre du recul, de penser en termes de réseaux locaux,régionaux, européens. Je suis encore capable de mettre sur les rails les grandes orien- tations pour cette ville comme je sou- haite le faire. L.P.B. : La droite, bien préparée, a-t-elle une chance historique selon vous de gagner les prochaines élections municipales ? J.R. : Nous avons la même chance qu’en 1983.Cette fois,le contextenational nous est favorable.J’ajouteque le contexte local est marqué par l’exaspération des gens “Autour d’un croque- monsieur chez Alain Joyandet.”

à l’égarddutramwaynotamment.Et puis il y a “la bombe” Jean-Sébastien Leuba que personne n’avait prévue. Il a désta- bilisé sa propre majorité en intervenant sur lePavédans laMare.Jene serais pas étonné de voir plusieurs listes émerger de lamajoritéactuelle lorsdesprochaines municipales.Jean-LouisFousseret risque de se retrouver dans une situation qui seraauxantipodes de celle qu’il a connue en 2008.Voilà des éléments qui peuvent faire basculer la ville. L.P.B. : Est-ce que l’ancien parlementaire U.M.P. Jacques Grosperrin a toutes les qualités du bon candidat ? J.R. : JacquesGrosperrinaune préséance. Il a une image, une expérience. Mais il a un retard à combler dans la connais- sance des dossiers municipaux. Il doit se préoccuper davantage du sort de la ville deBesançon.S’il l’avait fait d’ailleurs de façonplusmarquée,il aurait été réélu député. Je lui ai dit. L.P.B. : Que répondez-vous enfin à Jean-Louis Fousseret qui estime que l’opposition n’a pas d’idées ? J.R. : Il est incorrect et malhonnête, je pèsemesmots, dans l’appréciation qu’il fait de l’oppositionmunicipale.Pour être un bon politique, il faut respecter l’adversaire. Il n’a de cesse de répéter qu’il y a une oppositionmais pas de pro- positions. Or,sur des sujets aussi impor- tants que le pôlemétropolitain,j’attends qu’il me fasse une réponse sur le fond. Au lieude cela,ilme répondpar lemépris en me disant “vous vous répétez.” Évi- demment que je me répète tant que je n’obtiens pas de réponse. Pourquoi n’explique-t-il pas comment, sur la cui- sine centrale,desmillionsd’eurosd’argent public sont perdus, gaspillés car il a fait le mauvais choix ? Propos recueillis par T.C.

dans la presse par “l’opposition est en déconfiture.” L.P.B. : La presse n’est pas très loin de la véri- té lorsque des élus comme Michel Omori vous mènent la vie dure ? J.R. : Le comportement deMichel Omou- ri est plus lié à de l'ingratitude qu’à de l’immaturité politique. Il était le halle- bardier d’Édouard Sassard, un élu qui avait pourtant un sens politique, mais qui a constitué un sous-groupe faute d’avoir pu obtenir la présidence du grou- pe d’opposition.Tous deux ont été rejoints par Mireille Péquignot. Michel Omouri ne doit pas être fier car il a contribué à cette entreprise de“déglingage”du grou- pe. Quand Édouard Sassard a démis- sionné, Michel Omouri qui se retrouvait

qu’il vaut mieux être nuisible à l’U.M.P. qu’utile à Jean Rosselot. En écoutant Jean-MarieGirerd et d’autres personnes autour de moi, il se trouve que c’est moi qui suis dans le vrai. L.P.B. : Et Pascal Bonnet dans tout cela, quel rôle joue-t-il, lui qui a déjà déclaré qu’il serait candidat à la candidature pour les prochaines municipales ? J.R. : Pascal Bonnet est un élu compé- tent et travailleur. Il est intelligent. Il m’a informé juste avant de déclarer sa candidature. Il a envie d’être élu, c’est son droit. L.P.B. :A l’U.M.P.,certains disent que l’opposition est à l’image de la rapidité à laquelle la liste a été constituée en 2008. Qu’avez-vous à répondre ? J.R. : Cela s’est passé autour d’un croque- monsieur chez Alain Joyandet à Vesoul en février. En 2008, on savait que les municipales seraient perdues pour plu- sieurs raisons. Tout d’abord le contexte national jouait contre nous avec le“bling- bling” de Nicolas Sarkozy qui passait mal dans l’opinion.Ensuite, Jean-Louis Fousseret s’est chargé avec habileté de dire que tout ce qui allait bien dans sa ville était de son fait, et que tout ce qui dysfonctionnait était du ressort du gou- vernement. L.P.B. :Vous sentez-vous encore légitime pour conduire la prochaine liste de droite aux pro- chaines municipales si un des deux parle- mentaires ne se présente pas ? J.R. : Qui peut douter un seul instant que je sois le plus légitime à affronter de nou- veauJean-LouisFousseret ?Bilan contre bilan,projet contre projet ? Qui pourrait en douter après que j’aie, dix années durant, assurer le job ingrat de leader de l’opposition, en conduisant deux fois la liste,en levant tous les lièvres du gas-

orphelin, est revenu dans le groupe pourme donner des injonctions après l'avoir boycotté pendant deux ans. L.P.B. : Vous ne vous dites pas que le problème vient peut-être de vous ? En tant que chef de l’opposition, vous êtes-vous remis en question après tous ces épi- sodes rocambolesques ? J.R. : Évidemment,jeme remets en question. À un moment donné, je me suis même deman- dé si le mal ne venait pasdemoipourêtrehar- celé à ce point par mon microcosme. Et puis Jean-Marie Girerd a rejoint le groupe.Il s’est rendu compte de l’ingratitude et de la déloyauté de tous ces gens qui considèrent

“Je veux d’une part rassurer et d’autre part, faire espérer.”

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