La Presse Bisontine 138 - Décembre 2012

BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 138 - Décembre 2012

POLÉMIQUE Déménagement du centre d’accueil des S.D.F. “Alcooliques et drogués” vous saluent bien Madame Jeannin

Le 12 novembre dernier, l’élue d’opposition soulevait la bronca au conseil municipal par ses propos choquants concernant les S.D.F. hébergés au “Forum” à Planoise. Nous sommes allés à la rencontre de ceux qu’elle nomme les “alcooliques et les drogués”, malvenus selon elle à Montrapon.

photo n’est pas toujours le bien- venu. Une réalité à l’opposé de l’image décrite par l’élue, chiffres à l’appui. Grâce au travail de réinsertionmené par les 20 sala- riés, 14 personnes en 2011 ont retrouvé un logement et un emploi.Les autres (ré)apprennent la vie en collectivité ou se soi- gnent. Le 16 novembre,le centre accueillait 132 personnes âgées entre 18 et 80 ans, dont 80 % d’hommes. 53 personnes louent un studio (221 euros par mois à leur charge) dans le cadre de la résidence de réinsertion,47 places de dépannage (+ 20 l’hiver) et 9 places en halte soins-santé sont quant à elles proposées gratui- tement. “Il n’y a jamais eu de problème avec le voisinage. Au contraire, les résidents peinent parfois de sortir du centre par peur du regard des autres” témoigne Barbara Rochet, res- ponsable adjointe de la structu- re. Ici, les règles sont strictes : l’alcool est interdit dans les chambres du centre d’hébergement et de réinsertion mais toléré en hébergement d’urgence. En cas de déviance, le résident est mis à pied. “Cela arrive mais c’est assez rare” explique Julien Mahieu, le res-

commerces n’est pas une bonne chose…” affirme-t-elle, suscitant l’indignation quasi générale face à un tel préjugé. “Ce discours me fait peur.Le F.N.rentre au conseil” a réagi le maire, soutenu par Abdel Ghezali (adjoint aux quar- tiers) ouDanièle Poissenot. Face à ces propos intolérants, La Pres- se Bisontine a demandé au Centre communal d’action socia- le de Besançon de nous ouvrir les portes de ce lieu accueillant les sans domicile fixe. Demande acceptée.Autour d’un café, nous avons rencontré les résidents, discuté avec eux. L’accueil fut chaleureux même si l’appareil

Julien Mahieu (directeur), Barbara Rochet (adjointe) et Marie-Noëlle Schoeller (1 ère adjointe au maire) dans la salle du Forum à la rencontre des résidents lors de la pause-café.

devant un café noir fumant.Lors- qu’on lui évoque l’image du centre vu de l’extérieur, sa réponse est directe : “Est-ce que j’ai l’air d’un fou ?” rétorque-t-il, touché. “On peut très vite se retrouver ici… J’aimême vudes chefs d’entreprise pris dans l’engrenage d’un divor- ce, d’une perte d’emploi…” concè- de Marie-Noëlle Schoeller, pre- mière adjointe en charge de l’action sociale qui rappelle les raisons du déménagement. “Le bâtiment de Planoise devenait insalubre et doit être déconstruit dans le cadre de l’A.N.R.U. (Agen- ce nationale de renouvellement urbain) . Le Forum deviendra l’Agora à Montrapon où 122 places seront disponibles. Une maison-relais, sorte de pension de famille, verra également le jour auxTorcols : elle prendra en charge les personnes âgées et han- dicapées.” Pour de nombreux rési- dents, le transfert est vécu com- me un arrachement. Touchés dans leur estime, ils espèrent une chose : que l’on arrête de les pointer du doigt. E.Ch.

ponsable du Forum où le per- sonnel travaille en toute séré- nité. L’exemple de Jean (1) ne laisse pas indifférent. À 53 ans, ce Bisontin a franchi le 3 sep- tembre les portes du Forum à Planoise, au 1, rue Léonard De Vinci. Il n’imaginait pas en arri- ver là… Victime d’un accident du travail le 21 juillet 2009, il perd son emploi puis son appar- tement en septembre dernier, chassé par son propriétaire, alors qu’il dit toujours avoir payé son

P etite phrase, grande conséquence. Lundi 12 novembre, l’élue d’opposition Martine Jeannin (Groupe Centre Droit - La Gauche Moderne) intervient

au conseil municipal sur le démé- nagement du “Forum” de Pla- noise à Montrapon en 2014. “L’arrivée de personnes alcooli- sées ou droguées dans un quar- tier où il y a des banques et des

loyer. Trois nuits durant, un banc se substituera à son lit jusqu’à ce qu’un voisin le conduise là. Son séjour sera court : en décembre, il emménagera dans un nouvel appar- tement à Planoi- se. Finie la galè- re. “J’ai été bien accueilli ici et n’ai rencontré aucun problème. Au contraire” dit-il

“Des chefs d’entreprise pris dans l’engrenage.”

Tous les vendredis matins, le

petit-déjeu- ner est servi par les salariés aux bénéficiaires. Un temps de partage.

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