La Presse Bisontine 138 - Décembre 2012

La Presse Bisontine n° 138 - Décembre 2012 L’ÉVÉNEMENT LES LIBRAIRIES OUVRENT LA PAGE DE L’APRÈS-CAMPO

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Le paysage culturel est en pleine mutation à Besançon. Avec la fin de librairie Camponovo, l’univers du livre et des loisirs est entièrement chamboulé. Sur les cendres de Camponovo, un nouveau projet est en train de naître avec la transformation annoncée de l’ancien cinéma Plazza-Lumière en une nouvelle librairie universitaire. À côté des grands noms de la distribution que sont Cultura, le dernier arrivé il y a deux ans ou encore Forum, il reste une poignée de librairies indépendantes à Besançon qui tentent de garder leur place dans un contexte marqué également par un profond changement d’habitudes en matière de consommation de la culture. “Les Mots bleus” ou “A la page” rue Ronchaux, “L’autodidacte” ou encore “B.D. Fugue” déploient chacune leur spécificité. Tout comme “Les Sandales d’Empédocle”, “Siloë Chevassu” et “Les gourmands lisent” qui ont toutes traversé des turbulences et à qui La Presse Bisontine est allée rentre visite. Les librairies bisontines ouvrent un nouveau chapitre de leur histoire. Le point dans ces pages.

PROJET

La coupole remise à nu

La librairie du Plazza doit ouvrir à l’automne 2013

Deux commerces au Plazza

A vec le dépôt imminent du permis de construire défi- nitif, cʼest la fin dʼun long feuilleton qui a démarré à la fer- meture du cinéma Plazza-Lumiè- re en 2004. Un premier permis de construire avait été déposé au moment où la société Ségé- cé-Klépierre sʼétait portée acqué- reuse des murs, avant de lâcher lʼaffaire au moment de signer lʼacte de vente définitif. Avec la société Eurinvest, le compromis de vente remonte à décembre 2010. Il aura donc fal- lu encore deux ans pour que lʼac- te de vente définitif soit signé. Cʼest chose faite depuis le

15 novembre dernier. Avec ce projet de librairie, les investisseurs sont contraints de déposer un nouveau permis car le premier qui avait été accepté ne portait que sur les 390 m 2 de la surface au sol. La création de quatre niveaux oblige au dépôt dʼun nouveau permis. Un autre commerce prendra place, sur 80 m 2 au rez-de-chaussée du bâtiment, côté rue Morand. “Ce sera une enseigne de prêt-à- porter féminin” confirme Annie Courbet. Lʼentrée de la future librairie se fera côté rue des Granges, elle couvrira 310 m 2 au sol, sans compter les étages.

L e principal intéressé est très motivé, la société Eurinvest à qui appartient désormais l’immeuble de l’ancien cinéma Plazza rue des Granges à Besançon est séduite par le dossier, les ser- vices de l’urbanisme et des Affaires cultu- relles tout autant.Toutes les conditions sont désormais réunies pour confirmer la créa- tion en 2013 d’une vaste librairie universi- taire par Michel Méchiet, libraire installé à Pontarlier. Il ne reste que le bail commer- cial à signer, via l’agence Courbet à qui a été confié le dossier, et peaufiner les derniers ajustements concernant la surface com- merciale, laquelle devrait finalement avoi- siner les 800 m 2 , avant de lancer officielle- ment le chantier qui fait l’objet d’un nouveau permis de construire dont le dépôt est immi- nent. “C’est en très bonne voie confirmeMichel Méchiet qui garde une légitime prudence. La surface au sol sera de 310 m 2 et on prévoit quatre niveaux supplémentaires.L’idéal pour nous serait une surface comprise entre 900 et 1 000m 2 .” Les contraintes architecturales et de sécurité devraient néanmoins réduire la surface exploitable “entre 750 et 800 m 2 ” ajusteAnnie Courbet, de l’agence éponyme. MichelMéchiet assure que son business plan est bouclé, il ne reste plus qu’à finaliser les discussions avec Eurinvest concernant le financement des travaux d’aménagement à réaliser. À l’intérieur de la chapelle Notre-Dame des Jacobins, ce bâtiment du XVIII ème siècle qui est sur le point d’aboutir. L’entrepreneur table sur un chiffre d’affaires annuel entre 3 et 5 millions d’euros. Le projet porté par le libraire pontissalien Michel Méchiet

Michel Méchiet finalisera les détails de l’opération avant la fin de l’année.

abritait le Plazza, tout l’espace sera dégagé, et “notamment la coupole de la chapelle qui sera remise à nu pour que le public puisse jouir du point de vue. L’idée est de rendre toute leur authenticité à ces locaux” ajoute Annie Courbet. “Ce sera plus q’un commer- ce, un vrai lieu de vie et d’échanges” ,se réjouit Philippe Ginestet, le gérant d’Eurinvest. C’est naturellement pour compenser la dis- parition de Camponovo queMichel Méchiet (qui fut aussi un candidat à la reprise de Campo) s’est positionné sur le site du Plaz- za. “Si je travaille sur ces surfaces-là, c’est bien pour reprendre ce que Camponovo fai- sait, notamment les sciences humaines, le domaine universitaire, etc. La fin de Campo a laissé un grand vide que les librairies exis- tantes ne sont pas capables de phagocyter. Sur une surface plus petite,il n’y aurait aucun intérêt, aucune viabilité.” La librairie Cam- ponovo réalisait aux environs de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel au comp- tant (sans compter les ventes à terme aux collectivités). L’entrepreneur table sur un chiffre d’affaires “compris entre 3 et 5 mil-

lions d’euros, avec une vingtaine de salariés à l’ouverture.” Sur ce dernier point, Michel Méchiet dit vouloir compter sur les anciens Campo qui seront “privilégiés.” Les candi- datures qu’il a déjà reçues seront examinées début 2013 indique le créateur. Après le dépôt du permis modificatif et les éventuels recours, l’engagement des lourds travaux d’aménagement, l’ouverture de la nouvelle librairie qui sera peut-être bapti- sée “L’Intranquille” ne pourra pas être effec- tive avant la fin de l’été 2013. Plus raison- nablement, on se dirige vers une ouverture à l’automne 2013, avant la période fatidique des fêtes de fin d’année. Malgré la concurrence brutale d’Internet, le porteur de projet croit plus que jamais à l’avenir de la librairie indépendante. “D’ici quatre ou cinq ans, on aura atteint le point maximal de l’ e-commerce estime Michel Méchiet. Les librairies indépendantes seront toujours d’actualité si,en plus d’être libraires, on est des créateurs d’émotions,de rencontres, de festivals, de salons, de rencontres.” J.-F.H.

Enfin un épilogue pour l’interminable feuilleton Plazza.

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