La Presse Bisontine 161 - Janvier 2015

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

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Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr JANVIER 2015 N° 161

p. 23 à 38 L’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon revisite l’actu bisontine 2014 dans un cahier spécial de 16 pages

LA CHASSE AUX DEALERS DROGUE À BESANÇON :

L’ÉVÉNEMENT en p. 6 et 7

BESANÇON

ARGENT PUBLIC p. 5 Gaspillage pour un site Internet La Région Franche-Comté jette 500 000 euros par les fenêtres

p. 12

La Ville reprend la main sur la Citadelle Après le renvoi du directeur

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@groupe-publipresse.com

LA TWEETOSPHÈRE BISONTINE

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La Presse Bisontine n° 161 - Janvier 2015

Culture En ces temps où les déclinologues ont pris le dessus, plutôt que de cultiver la morosité et le pessimisme comme ils savent si bien les instiller dans la socié- té actuelle, eh bien cultivons-nous ! Il n’y a rien de pire en effet que de s’appesantir sur une actualité plombée par les chiffres du chômage et les discours tout aussi plombants du “c’était mieux avant” cher aux “zemmouriens” de tout poil, aussi brillants soient-ils. Et aussi véridiques soient certaines des démonstrations de l’essayiste Éric Zemmour dans son der- nier livre, le postulat de départ est délé- tère. Car retracer le supposé déclin de la France depuis le début des années soixan- te-dix et la disparition du Général De Gaul- le, c’est ressasser une histoire que per- sonne, aussi brillant soit-il, ne pourra de toute manière réécrire. Regarder dans le rétroviseur n’a jamais donné de clés pour dessiner l’avenir. En cette fin d’année, La Presse Bisontine a pourtant souhaité jeter un petit coup d’œil dans le rétroviseur, mais pas pour se lamenter. En effet, la rédaction a souhaité sortir des sentiers battus en offrant les colonnes de son dos- sier central habituellement consacré à un sujet - sérieux - d’actualité, à la créativi- té des étudiants de l’institut supérieur des beaux-arts de Besançon qui ont revu à leur manière cette année 2014 finis- sante. En agissant ainsi, c’est non seu- lement dans l’idée d’offrir une belle vitri- ne à ces graines de créateurs mais c’est aussi pour passer un message différent à quelques jours des fêtes de fin d’année. Affirmer, à notre manière, que la cultu- re, avec tous ses vecteurs, est sans dou- te la meilleure réponse à donner à tous les obscurantismes et les théoriciens du déclin. C’est aussi une manière de faire passer ce message, que relaie très bien le directeur de l’I.S.B.A. Laurent Devèze au début de ce cahier spécial, qu’il est parfois nécessaire de lever le nez en l’air pour mieux humer l’air du temps, de sor- tir de cette culture de l’immédiateté, de l’écume, qui tue bien des vérités et empêche bien des analyses. Sans un mini- mum de recul, on distingue en effet dif- ficilement les contours d’un sujet. La cul- ture, qu’elle soit ici graphique ou ailleurs prenne d’autres formes, permet de favo- riser ce processus d’éducation, d’humanisation, de spiritualisation grâce auquel les hommes affinent leurs goûts, nuancent et travaillent leurs jugements, entraînent leur intelligence et leur esprit à produire du sens. Cette petite paren- thèse de fin d’année dans notre cahier central doit juste être vue comme une respiration nécessaire dans une période où la course est devenue la règle. Une course après quoi à propos ?... Jean-François Hauser Éditorial

LES TWEETS DU MOIS HISTOIRE Séquence nostalgie avec cette carte postale du quartier de Planoise à Besançon. Renaud Epstein @renaud_epstein Un jour, une ZUP, une carte postale : Planoise (Besancon) BESCHERELLE En matière d’orthographe, il est facile de déraper. Alexandre Faye @cfayedu3939 · 2 déc. Bravo Besançon

LYNX Le lynx est-il aux portes de Besançon ? Un chevreuil a été découvert dévoré à Fontain. L’enquête est en cours. L’animal a été retrouvé dans le secteur de Cha- pelle-des-Buis. France3Franche-Comté @F3FrancheComte VIDEO - Est-ce un lynx qui a dévoré un che- vreuil la nuit dernière à #Besancon ? #doubs #faune POLITIQUE Ce twittos bisontin ne manque pas une occasion de “recadrer” nos élus. besagora @besagora · 30 nov. #Besancon Coupes dans son budget: Abdel Ghezali adj. #PS accuse l’Etat PS cherchez l’er- reur. Un nouveau «frondeur».

CITADELLE Shiva, la Lionne d’Asie emblématique de la Citadelle de Besançon, mère de lionceaux, est décédée le 5 dé- cembre. France Bleu Besançon @bleubesancon 5 déc. Besançon : Shiva, la lionne d’Asie meurt bruta- lement #lions #besançon

FOOTBALL Les footballeurs du FC Sochaux-Montbéliard, pen- sionnaires de Ligue 2, en visite à Besançon )&60BRƫFLHO Ce jeudi, le FCSM était à Besançon pour no- tamment une séance de dédicaces à l’hôpital.

est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Contact publicitaire : François Rouyer au 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Décembre 2014 Commission paritaire : 0217I79291 Crédits photos : La Presse Bisontine, C.G. 25, L. Baltazarn, Musée du Temps.

SÉCURITÉ Mardi 8 décembre, et suite à de nombreux incendies, la Police lance un appel à témoins. France3Franche-Comté @F3FrancheComte #sécurité #Besançon : la #police lance un appel à témoins suite à une série d’incendies au centre ville

TRAM Boire ou conduire : il faut choisir… ou prendre le tram. macommune.info @maCommune Besançon : une conductrice ivre bloquée sur les voies du tram

Vue depuis la résidence

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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L’A.D.M.R. et Soli-Cités unissent leurs forces

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. La marque “Bisontine pétillante” concédée à Rième Boissons

L es associations A.D.M.R. et Soli-Cités viennent de créer une plate-forme col- laborative fruit de leur coopé- ration. Ces deux acteurs de lʼaide à domicile renforcent ain- si leurs positions en milieu rural et urbain. Tout a commencé en 2012 quand lʼA.D.M.R. et Soli- Cités se sont rapprochées pour proposer une offre conjointe de reprise de lʼassociation dʼaide à domicile Gardénia qui était placée en redressement judiciaire. Le tribunal a accep- té leur proposition qui a per- mis de sauver 95 emplois. Fortes de cette expérience, les deux associations ont décidé de poursuivre leur coopération “afin de promouvoir nos services à domiciles et de maintenir un ancrage de proximité” indique Paul Coizet, président de Soli-Cités. Ensemble, elles ont créé une pla- te-forme coopérative. “Il ne sʼagit pas dʼune fusion. Mais le contex- te nous pousse à mutualiser et à créer des services en commun. Avec Soli-Cités, nous partageons les mêmes valeurs” indique Phi- lippe Alpy, président de lʼA.D.M.R. du Doubs et vice-président natio-

nal. Les deux acteurs veulent garantir une continuité de service à travers un réseau dʼagences locales répar- ties sur le territoire, tant en milieu rural où les besoins sont impor- tants quʼen milieu urbain et pré- urbain. Ces deux associations occu- pent la plus grande part du marché de lʼéconomie sociale et solidaire dans le Doubs. La fédération des A.D.M.R. regroupe 36 associa- tions. Elle emploie 970 personnes qui ont dispensé en 2013 600 000 heures dʼintervention à domicile auprès des personnes âgées. Si lʼon y ajoute les 415 sala- riés de Soli-Cités, le nombre dʼemplois dans le département atteint 1 385, pour 1,030 million dʼheures ! Mais cette coopération des deux opérateurs associatifs est aussi dictée par des enjeux financiers. Cʼest le Conseil général via sa com- pétence sociale qui est le principal financeur de lʼéconomie sociale et solidaire. À une époque où les cré- dits publics se raréfient, lʼAD.M.R. et Soli-Cités espèrent que leurs efforts pour être plus efficients seront reconnus par le Département sur un marché concurrentiel.

I l y a six ans, dans le prolongement de la démarche de communication qu’elle avait initiée pour promouvoir l’eau du robinet, la ville de Besançon était allée plus loin en faisant gazéifier cette même eau. Ainsi est née la “Bison- tine pétillante”. Produite par la société Rième Boissons (implantée à Besan- çon depuis une dizaine d’années), elle est commercialisée depuis dans quelques restaurants et magasins de la ville capables de gérer le circuit de bouteilles consignées. Aujourd’hui, la ville de Besançon souhaite aller encore plus loin et étendre la diffusion de cette eau gazéifiée. Elle a d’abord décidé de recon- duire de trois ans supplémentaires le contrat qui la lie à la société Rième Bois- sons pour la gazéification de l’eau et sa commercialisation. Et conformément au premier engagement, la Ville conti- nuera de prendre à sa charge une par- tie des dépenses de communication sur ce produit, notamment la concep- tion de l’étiquetage et la fourniture d’objets promotionnels. Selon la nou-

velle convention, l marque “Bisontine pétillante” sera désormais concédée à Rième Boissons, en contrepartie d’une rémunération de 0,04 euro par bouteille produite reversée à la Ville de Besan- çon pour que “cette opération de com- munication trouve ainsi une contrepar- tie financière” disent les services municipaux. L’autre partie du contrat oblige la Société Rième à commercia- liser la “Bisontine Pétillante” auprès des restaurateurs et des points de vente grand public au tarif maximal de 0,50 euro hors taxes par bouteille hors consi- gnation (ce qui n’empêche pas ensui- te les restaurateurs à la vendre parfois plus de 3 euros la bouteille…). Pour fina- liser cette transaction, une autorisation préfectorale de commercialisation et de diffusion du produit est nécessaire. La Ville de Besançon a engagé les démarches pour l’obtenir.

La “Bisontine pétillante” passe un nouveau cap dans sa commercialisation.

Neige : la Ville - et le tram - sont prêts

L es services de la Ville de Besançon ont révisé leur plan hiver. Aux premières chutes de neige, 230 employés municipaux peuvent être mobi- lisés et une quinzaine de véhi- cules pour dégager les 400 km de voies communales. Un élé- ment nouveau vient compli- quer la viabilité hivernale cet- te année, c’est l’arrivée du tram. Tram et neige peuvent coha- biter, “tant que la neige ne tom- be pas plus vite qu’on ne peut la ramasser” résume Philippe Ménielle de Transdev. Au-delà de 10 cm de neige, le tram ne peut plus rouler. Mais le véri- table ennemi du tram, c’est plu- tôt le givre, notamment sur des secteurs sensibles comme la Malcombe, les Vaîtes (espaces largement engazonnés) ainsi que les secteurs proches du Doubs, propices à l’évaporation et au givre. “En cas de tempé- ratures basses, on anticipe en traitant les lignes aériennes de contact avec du glycol, com- me sur les aéroports. Mais si ces lignes aériennes sont prises par le givre, le tram ne peut pas rouler. C’est la raison pour laquel- le afin que les lignes soient tou- jours en chauffe, on fait rouler deux rames toute la nuit en cas de gel” ajoute le gestionnaire

du réseau. Sur les routes, les circuits de déneigement sont organisés en trois étapes ; un circuit préventif sur les grands axes, 13 circuits structurants sur les axes secon- daires (454 km au total) et 25 circuits interquartiers (495 km au total). “Nous effectuons 1 000 km de déneigement à chaque sortie” résume Daniel Mourot, le responsable de la voirie. Cette organisation aux petits oignons n’empêchera jamais la

part d’impondérable s’il neige par exemple sans discontinuer pendant toute une journée et la nuit suivante. Elle n’empêche pas non plus les appels intem- pestifs de riverains qui se croient toujours prioritaires : “Des gens nous ont déjà appelés pour déneiger leur rue car ils devaient aller jouer aux cartes, d’autres parce qu’ils devaient aller chez l’esthéticienne” rapporte Jean- François Humbert, une des che- villes ouvrières du déneigement au service voirie.

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Le service voirie attend la neige. Dans un gros hiver, près de 2 000 tonnes de sel sont déversées dans les rues bisontines.

BESANÇON

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Le site Internet à 483 184 euros de la Région ne répond plus ARGENT PUBLIC Le site “Motilib”

La centrale de mobilité régionale et transfrontalière lancée en 2010 par la Franche-Comté pour une période de 4 ans est aujourd’hui introuvable sur le web. Un échec qui coûte cher.

“D écouvrez Motilib : le nouveau service de la Région qui va simplifier vos déplacements au quotidien” disait le slogan aujourd’hui désuet. Depuis son lancement en 2010, la centrale de mobilité régiona- le et transfrontalière voulue par la Région Franche-Comté s’est littéralement perdue en chemin. Pire, elle est devenue introu- vable sur Internet. Dommage, car le projet était ambitieux : www.motilib.fr promettait de répondre à toutes les interro- gations du voyageur franc-com- tois lambda . Par exemple : vous habitez Pontarlier et vous dési- rez savoir comment vous rendre à Belfort. Quels trains prendre ? Quels bus ? Et si vous êtes à vélo ou à pied ? Y a-t-il beaucoup de changements ? Pour quelle durée de trajet ?… Motilib a (partiel- lement) répondu à ces questions durant sa mise en exploitation par Moviken, une société basée en Seine-et-Marne retenue après un appel d’offres de décembre 2008 lancé par la Région et spécialisée dans les systèmes d’information pour les transports publics (trains, tram,

Il reste encore

bus…). Pour les - rares - utilisateurs qui ont navigué (1) sur cette page, la pertinence n’était pas tou- jours de mise. Pour rejoindre Lyon au départ deVesoul, le site vous faisait par exemple passer par Belfort. Il y a plus court. Dans son dernier rapport de stra- tégie de cohérence régionale d’aménagement numérique de Franche-Comté de 2014 (S.C.O.R.A.N.), une annexe nous apprend “que le contexte ne per- met plus de faire fonctionner Motilib.” La plate-forme a coû- té 483 184 euros d’après le mar- ché signé le 10 avril 2009 en commission “Transports”. Dans ces 483 184 euros, le coût d’investissement était de “Choquant si nous avions continué.”

quelques traces de Motilib sur la toile mais le site commandé par la Région ne fonctionne plus.

sé au point de concurrencer cer- tains trajets la S.N.C.F.. Le S.C.O.R.A.N. ne semblerait pas refroidi par cet échec : il dit vouloir élaborer “un nouvel outil en 2018.” Une piste écartée par Alain Fousseret puisque leminis- tère des Transports “réfléchit à la création d’un mégasite de niveau national” avance-t-il. En matière d’organisation des trans- ports, les chemins semblent tor- tueux ! E.Ch. (1) : Selon “urlmetriques”, la page web était visionnée moins de 300 fois par mois.

“Vesoul et Belfort ne voulant plus suivre, l’équilibre financier n’était plus assuré” dixit le vice-prési- dent. Autre argument avancé dans le récent rapport du S.C.O.R.A.N. : les coûts liés au contrôle des informations recueillies. En effet, chaque information venue des A.O.T. doit être contrôlée ou cor- rigée. Selon la Région, certains ne jouaient pas le jeu dans la transmission des informations. À la décharge de la collectivité, les lignes ont évolué depuis 2010. Encore marginal à cette époque- là, le site “blablacar” de covoi- turage entre particuliers a explo-

de conséquences sur l’usager, pais il a en tout de même sur les finances des collectivités : “J’aurais trouvé choquant que l’on redonne 500 000 euros dans un nouveau contrat, se défend Alain Fousseret. Là, je ne trou- ve pas choquant car nous avons essayé.” Autre argument avancé pour expliquer cet arrêt et se retirer du co-financement de Motilib : la volonté des autorités organi- satrices de transport (A.O.T.) qui ont leur propre centrale pour offrir des services dédiés à leurs usagers - comme la réservation de transport à la demande.

respondant à l’exploitation de la centrale pour une durée de 4 ans. Vice-président en charge des transports à la Région Franche- Comté,AlainFousseret (E.E.L.V.) ne nie pas les nombreux dys- fonctionnements : “Moviken était l’offre la moins chère mais elle n’a pas donné les résultats que l’on attendait d’elle. La société a tout de même produit du travail. Vu que le contrat se terminait, nous en avons profité pour ne pas le reconduire d’autant que le nombre d’utilisateurs était faible.” Stopper le système n’a que peu

206 908 euros, cor- respondant à la réalisation de la centrale et des options et un coût de fonctionnement de 69 069 euros par an, soit 276 276 euros cor-

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La Presse Bisontine n° 161 - Janvier 2015 L’ÉVÉNEMENT BESANÇON : LA CHASSE AUX DEALERS

Récemment dans le quartier des 408 à Besançon, demain ailleurs, les forces de Police déploient de gros moyens pour tenter d’enrayer les marchés souterrains. Effi- cace ? Ces opérations permettent de travailler en sécurité même si les dealers reprennent très vite leurs repères une fois les lieux quittés par les forces de l’ordre.

Les 408 figés après le déploiement de 54 policiers Sécurité Les forces de l’ordre en action Opération de police d’envergure menée dans le quartier de la Grette à

D ans le jargon, les policiers appellent cela “figer une situa- tion.” Mardi 25 novembre, 54 policiers, dont 34 C.R.S., ont investi le quartier des 408, réputé dif- ficile à contrôler. Ici, dès qu’une voi- ture des forces de l’ordre pénètre, elle est immédiatement repérée. Un geste de la part des guetteurs et ce petit monde spécialiste de la vente de stu- péfiants disparaît. Un jeu du chat et de la souris qui a donc tourné court le 25 novembre après l’intrusion massi- ve de policiers dans ce quartier à la

configuration d’un entonnoir, “mais ce n’est en aucun cas un lieu de non droit” tient à rappeler le commandant Jean- Pascal Reyes de la Police de Besançon. Pourtant, ici, un véritable marché sou- terrain de vente de stupéfiants s’opè- re. Arrivées en début d’après-midi, les forces de l’ordre ont rapidement inves- ti les entrées, halls et parkings de ce quartier jugé sensible. L’opération, ren- due possible grâce aux renforts de C.R.S., a permis de mettre la main sur environ 200 grammes de cocaïne trou- vés dans une batterie de boîtes aux lettres, ainsi qu’une carabine à plomb. Ce ne sont pas eux qui ont déniché les deux ballotins de stupéfiants mais le chien de la brigade cynophile de la gen- darmerie (basée à Valdahon) réquisi- tionné pour l’occasion. “Sans l’animal, nous ne pourrions pas investir toutes les barres. Il est rapide et marque l’ar- rêt dès qu’il sent des stupéfiants” témoigne un policier.“Seulement” deux bonbonnes de cocaïne ont été décou- vertes. 200 grammes, soit environ 12 000 euros de valeur marchande. Plus tôt, l’animal s’était rendu dans l’ascenseur, connu pour être un repai- re à caches. Le canidé a gratté, s’est excité…mais les forces de l’ordre n’ont rien trouvé. La cage d’ascenseur a été démontée et seulement quelques papiers servant d’emballage pour les barrettes de hachisch ont été retrou- vés. “Le chien ne sait pas faire la dif- férence entre 10 kg de haschich et 10

Besançon visant à perturber l’économie souterraine. La Police montre les muscles. Les trafiquants, eux, s’éclipsent… pour mieux revenir. De la cocaïne a été découverte.

De la cocaïne retrouvée dans une des boîtes à lettres, probablement jetée à l’arrivée de la Police.

auraient dû raser les murs : depuis les étages sont jetés divers objets visant à freiner la progression des forces de l’ordre.Du côté des habitants, ce déploie- ment ne plaît pas à tout le monde. Il y a cet habitant du second étage qui s’énerve. Trois garçons, pour le moins provocateurs, chambrent des policiers venus chercher mais qui peinent à trouver. Il y a aussi le commentaire de cet habitant sceptique : “Ils cherchent ici alors qu’il ne reste plus que 10 familles… Il n’y a plus rien dans ces appartements.” Une des barres va en effet être démolie par le bailleur social G.B.H. qui a fermé l’antenne qui le représentait après des actes de van- dalisme. E.Ch.

grammes” explique le gendarme maître de l’animal. Comparé au déploiement, le résultat est maigre. Mais il est “posi- tif” commentent en substance les forces de l’ordre. “Cette opération doit per- turber l’économie souterraine. Nous

profitons de la présen- ce de C.R.S. (jusqu’au 9 décembre) pour mener une série d’opé- rations sécurisées. Aujourd’hui, nous sommes ici à la Gret- te. Demain, nous serons ailleurs” dit le com- missaire divisionnai- re Benoît Desferet. Sans cette présence imposante, les policiers

“Aujourd’hui à la Grette, demain ailleurs.”

Déploiement d’envergure des forces de l’ordre dans le quartier de la Grette à Besançon. Les policiers contrôlent les entrées.

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“Il faut mettre les pieds dans la fourmilière” Entretien Le chef de la Police du Doubs évoque les stupéfiants Commissaire divisionnaire depuis un an à Besançon, Benoît Desferet ne minimise pas la présence de drogues dans la capitale comtoise avec une recrudescence pour la cocaïne dont un gramme se négocie 50 euros. Des réseaux viennent de tomber.

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L a Presse Bisontine : Besançon, vil- le de province, est-elle moins tou- chée que d’autres agglomérations par le commerce de la drogue ? Benoît Desferet : Toutes les villes de Fran- ce sont aujourd’hui touchées qu’elles

soient de 5 000 ou de 100 000 habi- tants. Je ne dirais pas que Besançon est moins touchée qu’une autre, ni plus. Il nous arrive parfois dans des affaires de remonter jusqu’à un petit village situé en zone gendarmerie.

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(groupe d’intervention régionale). Le but est de s’attaquer et de déman- teler des réseaux; Ain- si un réseau dont les membranes se déployaient à Montbé- liard et à Belfort a été démantelé fin novembre avec 23 personnes pla- cées en garde à vue. La seconde manière d’opérer est de se rendre dans les lieux grâce à l’appui des données four-

te, donc on retrouve parfois les simples lieutenants à la tête d’un nouveau réseau. L.P.B. : Cannabis, héroïne, cocaïne : lequel de ces produits a la faveur des consommateurs bisontins ? B.D. : On constate que la résine de can- nabis est la drogue la plus usitée à Besançon comme dans l’ensemble du département. La cocaïne revient clai- rement en force. L’héroïne est toujours présente mais au-delà de ces trois drogues, le reste est plutôt écoulé de manière homéopathique. L.P.B. : A combien se négocie un gramme de cocaïne ? B.D. : Environ 50 euros actuellement. L.P.B. : On a compris que Besançon n’est pas Marseille. Mais les armes sont-elles devenues aussi l’apanage des dealers ? Peut-être se baladent-ils avec... B.D. : Il y en a. Il faut faire attention mais ne pas généraliser. On a trouvé lors d’une opération une arme de poing…qui était une carabine à plomb, réplique d’un Beretta. Propos recueillis par E.Ch.

L.P.B. :Dans le quartier de Planoise par exemple, la vente de drogue ressemble parfois à un dri- ve. Les voitures s’arrêtent, les clients achè- tent et repartent. Où est la Police ? B.D. : Pas plus tard que le week-end du 6 et 7 décembre, nous avons interpel- lé un dealer en possession de stupé- fiants et d’argent dans le secteur Ile- de-France. Il ne se passe pas une journée sans que l’on intervienne sur cette pro- blématique de stupéfiants. Il faut y venir, y revenir, et mettre les pieds dans la fourmilière. Le problème est que la demande est là : il ne suffit pas donc pas de mettre des personnes hors d’état de nuire mais bien de revenir régulièrement, car la nature a horreur du vide… L.P.B. : S’il y avait un palmarès des quartiers ou des secteurs de Besançon où trouver de la drogue. Lequel serait-ce ? Planoise en pre- mier ? Les 408 ? Le centre-ville ? B.D. : Tous les endroits. Je ne fais pas de palmarès. Dans le cadre de la lut- te contre les produits stupéfiants, nous menons deux genres de dossiers. Le premier consiste à sortir des affaires au long cours nécessitant parfois l’ap- pui de la police judiciaire ou du G.I.R.

“La cocaïne revient clairement en force.”

nies par les caméras de vidéo-protec- tion. Il n’y a pas de lieux sanctuarisés comme il n’y a pas de zone de non-droit à Besançon. L.P.B. : Combien d’affaires ont été élucidées grâce aux caméras de vidéo-protection à Besançon ? B.D. : Je n’ai pas de chiffres à donner mais elles sont devenues pour nous un élément d’enquête important. L.P.B. :Comment expliquer qu’un réseau déman- telé soit aussi vite remplacé ? B.D. : Je le répète, la demande est for-

Le commissaire divisionnaire Benoît Desferet (à droite) ici sur le terrain est arrivé en 2013 à Besançon après un passage en Picardie.

Vandalisme

Tendance

Les caméras attaquées

Les derniers chiffres de la délinquance

Le quartier plongé dans le noir

Doubs : les faits de

violence augmentent

H ausse des vols avec violence, légère dimi- nution des cambrio- lages en ville et bais- se du sentiment d’insécurité : l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (O.N.D.R.P.) a rendu public mardi 9 décembre son rapport réalisé avec l’I.N.S.E.E. sur l’insécurité ressentie par les Français en 2013. Toujours selon lui, la délinquance est restée, dans l’ensemble, stable en France en 2014. En revanche, les chiffres sont plus contrastés lorsqu’on épluche les résultats par dépar- tements. Le Doubs, certes épar- gné, connaît une recrudescen- ce des faits de violence note le rapport de l’Office sur les crimes et délits enregistrés en 2014. constatés cette année en zone Police. + 7,4 % en zone gendarmerie. Détails. + 26% de faits constatés d’atteintes volontaires à l’intégrité physique ont été

Pour échapper aux caméras de vidéo-protection, des individus court-circuitent les candélabres aux 408, plongeant le quartier dans le noir total. Le commerce illicite peut ainsi perdurer.

L es caméras de vidéo-pro- tection installées par la Ville à Besançon ne connaissent pas toutes le même destin. À Planoise ou aux 408, elles gênent et font l’objet d’un rare acharnement. Incendiées, sciées, dégradées : elles sont aujourd’hui court-circuitées car plongées dans le noir à la Gret- te. Des personnes arrivent en effet à placer des bouts de fer- raille dans les candélabres, ce qui a comme conséquence de court-circuiter toutes les lumières de la rue. Le quartier est ainsi plongé dans le noir. Les camé- ras, qui fonctionnent par réseau filaire (et non en Wi-Fi) sont hors-service. Cet acte de van- dalisme fait à chaque fois l’ob- jet d’un déplacement d’un tech- nicien…quand celui-ci n’est pas caillassé. C’est ce qui est arrivé en septembre dernier (nuit du 29 au 30) lorsque les pompiers sont venus circonscrire le feu sur un poteau supportant une caméra. Deux jours plus tôt, des

individus s’étaient déjà attaqués à ce même poteau en tentant de l’attaquer à la disqueuse. Les pompiers et les policiers ont été victimes de jets de projectiles si bien qu’il a fallu l’intervention de la brigade anti-criminalité. La Police dit élucider de nom- breuses affaires grâce aux camé- ras (celles qui fonctionnent) sans toutefois préciser de chiffres. La mairie a depuis pris desmesures en scellant les poteaux dans du béton. Elle a équipé les poteaux de tiges pour éviter que des per- sonnes montent au mât. Dom- mage que ces prédispositions n’aient pas été prises dès leurs installations, en 2012. Cette caméra de vidéo-protection a été attaquée à plu- sieurs reprises dans le quartier des 408. Depuis, le mât a été scellé dans du béton.

En ville, la délinquance augmente sensiblement selon le rapport de l’observatoire national.

violence est aussi visible (+ 7%) alors que la courbe des actes crapuleux diminue dans cette zone gendarmerie (- 8 %). Des nouvelles plus réjouissantes concernent les atteintes aux biens en zone Police (ville) qui ont diminué de 5,4 % (8 801 faits entre novembre 2013 et octobre 2014 contre 9 300 en 2012-2013). En revanche, les vols ont augmenté en zone gen- darmerie avec 480 faits en plus (+ 7%,soit 6 636 faits entre 2013 et 2014).

Les mauvais chiffres concer- nent les faits de violence sur les personnes qui augmentent. Ainsi, 552 atteintes aux per- sonnes supplémentaires ont été recensées en 2014 en zone police par rapport à l’année précédente, soit une augmen- tation de 26 % avec 2 605 faits enregistrés contre 2 053 un an plus tôt. Pire, les actes dits “crapuleux” explosent (+ 60 %) avec 416 faits contre 258 en zone Police. Dans les secteurs ruraux, l’augmentation de la

L’INTERVIEW DU MOIS

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ÉCONOMIE

Dominique Roy, le président de la C.C.I. du Doubs “Nous sommes dans un climat de sinistrose dramatique”

Très régulièrement, Dominique Roy se déplace dans les entreprises pour connaître leurs préoccupations et leur apporter des solutions.

Le président de la Chambre de commerce et de l’industrie du Doubs (C.C.I.) déplore la situation dans laquelle se trouvent les entreprises qui pâtissent selon lui de l’absence d’une politique économique claire et efficace.

n’en savons pas plus. Nous sommes soutenus dans cette affaire par les par- lementaires du Doubs. Je déplore que l’État décide de prélever de telles sommes sur les C.C.I. comme si nous étions assis sur un tas d’or. D’autant que depuis 2010, nous effectuons des efforts dans le cadre de la régionali- sation qui nous a conduits par exemple à mutualiser des services. La Franche- Comté est plutôt un bon élève. L.P.B. : Comment se traduit la réduction bud- gétaire dans le fonctionnement de la C.C.I. ? D.R. : Face à cette réduction budgétai- re, on mouline dans les services pour savoir sur quelle mission nous devrons nous concentrer et quelle mission nous allons devoir abandonner. Actuelle- ment, il y a de grosses hypothèques sur notre appareil de formation. L.P.B. : Faut-il comprendre par exemple que l’I.M.E.A., l’école de commerce de la C.C.I. est menacée de fermeture ? D.R. : Elle ne disparaîtra pas, mais nous serons sans doute amenés à réduire la voilure dans les enseignements dis- pensés. Nous travaillons actuellement sur des formations très spécialisées destinées à répondre à un besoin sur des secteurs économiques de niche. L.P.B. : Qu’advient-il du projet de centre de formation des horlogers à Besançon que vous initiez ? D.R. : Il est remis en cause. Le projet consistait à former des horlogers pour le service après-vente des marques de luxe. Pour cela, il fallait investir dans des appareils techniques. Le coût du projet était d’1 million d’euros entre l’achat du matériel, les travaux et le fonctionnement. Ce n’est pas envisa- geable en l’état actuel des finances. Ce projet est reporté et doit être rebâti. Tel qu’il a été imaginé au départ, il est en stand-by . Propos recueillis par T.C.

du contexte, rien n’encourage les entre- preneurs à prendre des paris sur l’avenir et à embaucher. Beaucoup seraient prêts à le faire à condition qu’ils puis- sent aussi licencier. Sur ce point, arrê- tons d’associer licenciements et pré- carité. Pouvoir se séparer d’un collaborateur correspond aussi à du réalisme économique. Lorsqu’un ministre déclare qu’il faut écrire le code du travail en plus petit pour le rendre plus mince, c’est de l’ironie déplacée. L.P.B. : N’êtes-vous pas pris entre deux feux, puisque d’un côté vous devez faire passer les décisions politiques auprès des entreprises, et de l’autre vous devez également défendre leurs intérêts ? D.R. : Le réseau des chambres de com- merce a joué son rôle pour promouvoir auprès des entreprises le pacte de com- pétitivité. Nous aurions toutefois pré- féré que l’État privilégie les allége- ments de charges à cette usine à gaz de Crédit d’Impôt pour la Compétiti- vité et l’Emploi (C.I.C.E.). C’est trop long, trop complexe, et ça ne répond pas à l’urgence de la situation dans laquelle se trouvent les entreprises. L.P.B. : En quoi la C.C.I peut aider les entre- prises dans le contexte actuel ? D.R. : La C.C.I. aide au développement économique d’un territoire. Cela signi- fie que nous devons être encore plus présents aux côtés des entrepreneurs. Nous devons coller au maximum à la réalité du terrain pour s’inspirer des modèles qui fonctionnent afin de les promouvoir auprès des acteurs éco- nomiques par le biais, pourquoi pas, de clubs d’entreprises. Par exemple, la société Morteau Saucisse fait évoluer l’ergonomie de ses postes de travail en s’inspirant de pratiques mises en évi- dence dans le cadre du pôle véhicules du futur, alors qu’au départ il n’y a pas de point commun entre ces deux

domaines. C’est le rôle de la C.C.I. de travailler par thématique pour fai- re connaître à des entre- prises des pratiques qui sont utilisées dans des secteurs d’activité dif- férents mais qui peuvent être transposées pour les aider à progresser. L’expertise est dans l’A.D.N. de la chambre de commerce. L.P.B. : Les entreprises ont- elles bien identifié le rôle de la Chambre de commerce et

L a Presse Bisontine :Vous allez réguliè- rement à la rencontre des entrepre- neurs sur le terrain. Dans quel état est leur moral ? Dominique Roy : Il est à l’image de celui du pays tout entier : morose. Les entre- preneurs sont en proie à l’attentisme et à l’incompréhension par rapport aux décisions politiques qui sont prises actuellement. Nous sommes dans un climat de sinistrose dramatique. L.P.B. : Rassurez-nous, il y a tout de même des entreprises qui continuent de se développer ? D.R. : Oui je rencontre des entreprises qui sont en phase de développement. Mais elles restent très prudentes dans leurs investissements. L.P.B. : Les entrepreneurs ont-ils le sentiment d’être abandonnés par le pouvoir politique qui sait les trouver lorsqu’il s’agit de fiscalité ? D.R. : Ils se posent beaucoup de ques- tions par rapport au cap qui semble être désigné aujourd’hui d’un point de vue politique. On sait par avance que trop de temps sera consacré à la réfor- me territoriale. Mais quid de l’action auprès des entreprises ? L.P.B. : La réforme territoriale engagée est un exemple du décalage qui existe entre les prio- rités du gouvernement et celle des entre- prises ? D.R. : Il y a une incompréhension de la réforme territoriale qu’il faut sans dou- te mener. Mais ce que l’on ressent dans le milieu économique par rapport à ce sujet, c’est qu’en terme d’efficience, il n’y aura pas d’effet immédiat. Les entrepreneurs déplorent que cette réfor-

me soit engagée en priorité alors que les décisions de politique économique qu’ils attendent au quotidien ne sont pas prises. Pourtant, c’est bien sûr l’action économique et sociale qu’il fau- drait agir en premier. L.P.B. : En quoi la réforme de la fusion des régions les interpelle ? D.R. : Il aurait été important de com- mencer par nous dire pour quelles rai- sons il fallait faire cette réforme ter- ritoriale. On nous a dit pour commencer que c’était pour faire des économies, et maintenant on la justifie en expli-

“Des hypothèques sur notre appareil de formation.”

de l’industrie ? D.R. : Il y a actuellement une multipli- cité d’acteurs qui viennent accompa- gner les entreprises. Dans cette jungle, les patrons ne s’y retrouvent pas. Or, je le répète, c’est le rôle de la C.C.I. que d’accompagner à la fois les entreprises et le développement du territoire à tra- vers une relation de proximité. Nous sommes enmesure d’apporter des solu- tions par rapport à des problèmes iden- tifiés sur le développement interna- tional par exemple, ou sur des questions d’ordre environnemental. Les chefs d’entreprise n’ont peut-être pas le réflexe de nous solliciter quand ils ont un besoin à satisfaire ou qu’ils ren- contrent une difficulté particulière. D’un mal, il faut faire un bien. C’est dans la tourmente que nous devons nous remettre en question. L.P.B. : D’ici 2017, le gouvernement envisage de réduire de 37 % les ressources fiscales des C.C.I. et de leur prélever en plus 500 mil- lions d’euros sur leur fonds de roulement. Quelles sont les conséquences de ces mesures sur la C.C.I. du Doubs ? D.R. : Des calculs très obscurs sont en cours. À l’arrivée, la C.C.I. devrait ver- ser 7,5 millions d’euros. Mais tant que la loi de finance n’a pas été votée, nous

quant que c’est pour obtenir une taille cri- tique. Je suis d’accord, mais quelles seront les compétences, quelles seront les ressources de la future région ? Alors que nous passons de 22 à 13 régions, tout cela donne l’impression d’avoir été dessiné sur un coin de table. L.P.B. : Cette fois-ci, les petits patrons sont dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol. Sou- tenez-vous leur action ? D.R. : Je comprends cet- te mobilisation puisque je suis moi-même entre- preneur. Nous nous demandons pour la majorité d’entre nous quand nous serons enfin entendus par le gou- vernement. Au regard

“Le C.I.C.E., c’est trop long, trop complexe.”

BESANÇON

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Le tram réussit son entrée TRANSPORT 1 er bilan de fréquentation À 32 000 transportés quotidiennement par le tram, les premiers chiffres de fréquentation sont plutôt encourageants. Mais des problèmes demeurent en particulier sur le plan du bruit.

Jean-Louis Fousseret a fait part de sa satisfaction lors de la présentation des chiffres, sans nier les problèmes qui subsistent.

L a société Transdev-Besan- çon Mobilités qui exploi- te le réseau Ginko, vient de rendre publics les pre- miers chiffes de fréquentation sur la ligne de tram. Depuis leur mise en service début septembre, les 17 rames bleues en circula- tion transportent “32 000 voya- geurs par jour” annonce Lau- rent Gelhaye, directeur de BesançonMobilités. Des chiffres plutôt encourageants sachant que l’objectif pour l’opérateur de transport public est d’atteindre d’ici 2017, 45 000 voyageurs par jour. “Plutôt nous y serons et mieux ce sera pour la rentabilité de la ligne” ajou- te-t-il. Le tram représente envi- ron 36 % des voyages, les bus urbains 54 %, les cars périur- bains et les Diabolo environ 10 %. La complémentarité de ces différents moyens de trans- port s’accompagne d’une haus- se de la fréquentation sur l’ensemble du réseau de l’ordre de 11 % par rapport à 2011 (avant les travaux de construc-

tion de la ligne). “On dit que le tram représente- ra 40 % des voyages. Nous sommes déjà à 36 % C’est un motif de satisfaction. Le taux de remplissage des rames est de 75% (l’équivalent du réseau nan- tais)” remarque Jean-Louis Fous- seret, maire de Besançon et pré- sident de l’Agglo, la collectivité qui a porté le projet. L’élu se féli- cite de ces premiers résultats qui seront affinés à court ter- me par la mise en place d’ici le mois de mars d’un système de

Ainsi pour répondre à une demande des usagers, des poi- gnées doivent être installées dans les rames avant la fin de l’année pour leur permettre de s’accrocher. Pour limiter les à- coups au démarrage, la solution technique est demodifier la puis- sance des rames lorsqu’elles quittent une station. Le caden- cement doit également évoluer pour l’adapter au flux de voya- geurs aux heures de pointe et améliorer la coordination avec l’arrivée des trains à la gare Viotte. L’information aux usa-

gers sera elle aussi précisée pour mieux les renseigner en cas de problème sur la ligne. Reste un problème de taille : le bruit. Il y a un an, La Presse Bisontine publiait un article à ce sujet intitulé “Le bruit, prin- cipal défaut du tram”.À l’époque, cela nous a valu une volée de critiques de la part des promo- teurs du projet qui nous accu- saient de faire de “l’anti-tram”. Mais aujourd’hui, les faits nous donnent raison. 17 causes de bruit qui peuvent se combiner ont été identifiées sur la ligne

de Besançon ! Pluviométrie, angle du virage, approche du virage, “nous les avons toutes énumérées pour essayer de trou- ver des solutions. Pour l’instant, il n’y a pas d’améliorations notables” regrette Laurent Gel- haye. “Il y a un problème de cris- sement des rames sur les rails. J’en ai conscience” poursuit le maire avant de conclure. “Il faut qu’on arrive à trouver une solu- tion. On connaît les endroits qui posent souci. Ce n’est pas facile à régler.” T.C.

“Je note que plus de 7 000 véhi- cules par mois stationnent sur les parkings-relais existants” dit-il. “Le tram est bien au ren- dez-vous” enchérit Michel Loyat, le vice-président de l’Agglo. Mais derrière ce satisfecit géné- ral, aussi bien du côté de Trans- dev que de la communauté d’agglomération, on reconnaît qu’il y a encore des améliora- tions à apporter. Depuis le mois de septembre, l’opérateur de transport a enregistré 720 récla- mations “qui ont toutes été étu- diées” indique Laurent Gelhaye.

comptage auto- matique des voya- geurs aux portes du tram. Face à ce début d’engouement, le maire songe déjà à l’aménagement de nouveaux par- kings-relais où les automobilistes déposent leur voi- ture avant de se déplacer en trans- port en commun.

“Il faut qu’on arrive à trouver une solution.”

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SANTÉ

C.H.U. Minjoz Au cœur du futur pôle de cancérologie À Besançon, à l’arrière de l’hôpital Minjoz, le futur pôle de cancérologie est en cours de construction. Découverte en avant-première, un an avant son ouverture.

S e faire soigner pour un cancer, ce n’est déjà pas réjouissant. C’est encore plus déprimant de devoir

faire ses séances de chimiothé- rapie ou de radiothérapie dans des locaux situés en sous-sol d’un hôpital. C’est le cas pour-

tant de centaines de patients suivis par les services de can- cérologie du C.H.U.Minjoz. Plus pour longtemps.

Car l’hôpital régional est en train de se doter d’un outil ultra- moderne : sur un bâtiment de 19 000m 2 construit sur 6 niveaux, le futur “P.C. Bio” (pour Pôle de cancérologie et laboratoires de biologie) accueillera l’an prochain les services du pôle cancérologie ainsi que les onze laboratoires du pôle biologie du C.H.R.U., et le siège de l’Institut régional fédé- ratif du cancer (I.R.F.C.). Pas moins de 65millions d’euros (hors équipements) ont été investis dans ce nouvel outil.Trois niveaux seront réservés à la cancérolo- gie et 2 autres pour les labora- toires. Pour les traitements par rayonnements ionisants, quatre bunkers ont été construits, dotés de murs de plus de 2 m d’épaisseur en béton baryté qui absorbe les rayonnements. Le pôle comprendra 45 lits d’hospitalisation de jour, 30 lits d’hospitalisation complète, et 4 chambres de chimiothérapie. “La livraison du bâtiment est prévue mi-2015 et l’ouverture aux patients se fera à l’automne” indique Guy Lang, le directeur des infra- structures, de la sécurité et de la maintenance au C.H.U. Min- joz. Pour équiper ce nouveau pôle, deux accélérateurs de particules nouveaux seront acquis par le C.H.U. Coût de chaque appareil :

Pour protéger des rayonnements ionisants, les bunkers ont des murs de 2 mètres d’épaisseur.

Le chantier en chiffres 150 professionnels du bâtiment sur le chantier 17 000 m 3 de béton 23 000 m 2 de plancher 34 000 m 2 de placoplâtre 1 300 tonnes dʼacier 6 niveaux, 19 000 m 2 de surface 28 km de tuyaux 1 300 tonnes dʼacier Un coût de 65 millions dʼeuros

4 millions d’euros. Le bâtiment du nouveau pôle cancéro a été conçu pour dépen- ser le moins d’énergie possible. Sa performance énergétique sera de 80 kWh par mètre car- ré et par an, contre 400 pour l’ancienneTour Minjoz. “On n’est pas loin de ce qui est demandé pour un pavillon individuel” se félicite Pierre-Yves Siramy, chef de projet de ce P.C. Bio. Ce nouvel équipement est finan- cé pour moitié par le C.H.U. et pour l’autre par une aide du ministère de la Santé. J.-F.H.

De gauche à droite, Pierre-Yves Siramy, chef de projet Bio P.C., Guy Lang, directeur des infrastructures au C.H.U. Minjoz et Noël Pretano, directeur de projet chez Vinci Construction France.

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BESANÇON

L e c h if f re

Quel avenir pour le C.I.S. ? HÉBERGEMENT 18 salariés

Placé en redressement judiciaire depuis le 1 er septembre, le Centre International de Séjour (C.I.S.) attend toujours un coup de pouce des collectivités pour se remettre sur les rails.

tifs. Sauf que cette compensation n’a jamais été réévaluée.” A cela s’ajoute aussi le poids des charges de fonc- tionnement qui n’ont pas changé pen- dant les derniers travaux de rénova- tion de l’établissement engagés par la Ville et co-financés par le Conseil géné- ral et le Conseil régional. “Pendant les trois ans de travaux, on a maintenu la structure en puisant dans nos fonds propres sans toucher de compensations si ce n’est l’exonération de loyer.” La question du renouvellement de cet- te exonération suscite d’ailleurs un vif débat entre les élus bisontins. Certains C.I.S. membre du réseau Éthics Étapes comme Besançon occupent des locaux mis gracieusement à disposition par les collectivités propriétaires. C’est le cas à Dijon par exemple. “On souhai- terait vraiment que le C.I.S. s’inscrive

C’ est la baisse du montant de leurs indemnités à laquelle les élus du conseil municipal de Besançon risquent d’être soumis en cas d’absentéisme. Pour ne pas renouveler l’expérience malheureuse du précédent mandat au cours duquel quelques élus avaient brillé par leur absence pendant six ans, le maire de Besançon a vou- lu donner un vrai signe. Le nouveau règlement intérieur du conseil municipal a retenu le principe d’une modulation des indemnités allouées aux élus en fonction de leur parti- cipation aux séances du conseil ou aux commissions. C’est ainsi qu’à compter du 1 er janvier 2015, 30 % à 50 %d’absences non justifiées constatées sur un semestre échu donneront lieu à un abattement de 30 % de l’indemnité mensuelle ser- vie. Et au-delà de 50 % d’absences non justifiées constatées durant le semestre, le montant de l’indemnité men- suelle servie subira un abattement de 50 %. Un bel exercice de transparence votée par l’unanimité des groupes politiques au conseil municipal. Il est tout de même précisé que le dispositif ne s’appliquera pas à M. le Maire, président de droit des diverses commissions…

L a période de redressement s’étale jusqu’en février. D’ici là, rien ne change au C.I.S. qui continue à offrir les mêmes prestations que ce soit en terme d’hébergement, de res- tauration ou de location de salles. “Le mandataire doit faire des demandes auprès des collectivités” , observe San- drine Sigonney. La directrice du C.I.S. explique que les difficultés financières ne sont pas le fait d’une baisse d’activité mais d’une augmentation des charges. Association de gestion créée de toutes

pièces par les collectivités il y a plus de 30 ans, le C.I.S. avait et a toujours pour mission d’accueillir les groupes de sportifs et autres à Besançon. Au départ, le loyer versé à la Ville pro- priétaire des locaux s’élevait à l’équivalent de 30 000 euros. Le mon- tant a été réactualisé chaque année suivant l’indice de la construction pour atteindre près de 90 000 euros. “La convention qui nous lie à la Ville prend en compte le loyer mais aussi une com- pensation versée pour l’accueil des spor-

dans la politique de Besançon voire de la Région. On a besoin d’avoir des réponses précises des collectivités par rapport à la vocation du C.I.S. On ne peut pas envisager un prévisionnel sans savoir ce que les collectivités attendent de nous” ajoute la directrice. En 2013, le chiffre d’affaires du C.I.S. s’élevait à 1,1 million d’euros, pour un déficit de 15 000 euros sans prendre en compte l’exonération de loyer. L’accueil des sportifs représente aujour- d’hui 30 % de l’activité.Au fil du temps, le C.I.S. s’est orienté vers la mixité des publics. “On travaille avec les groupes

et les individuels. Des sportifs mais aussi des scolaires, des touristes et la clientèle des autocaristes.” Sur le plan de l’hébergement, le taux de remplissage atteint 56 % de la capa- cité sachant que le C.I.S. comprend 55 chambres et 103 lits. La location de salles fonctionne toujours bien. Le ten- don d’Achille du C.I.S. concerne pro- bablement la restauration en perte de vitesse. “Cette activité ne demande qu’à évoluer si on parvenait à rénover ce service” , suggère la directrice à la tête d’une structure de 18 salariés.

Le Centre International de Séjour est situé 3, avenue des Montboucons à Besançon, au cœur des pôles sportifs.

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