La Presse Bisontine 161 - Janvier 2015

La Presse Bisontine n° 161 - Janvier 2015

7

“Il faut mettre les pieds dans la fourmilière” Entretien Le chef de la Police du Doubs évoque les stupéfiants Commissaire divisionnaire depuis un an à Besançon, Benoît Desferet ne minimise pas la présence de drogues dans la capitale comtoise avec une recrudescence pour la cocaïne dont un gramme se négocie 50 euros. Des réseaux viennent de tomber.

C est aussi la GESTION/LOCATION

Nicolas HENRY et Valérie ROSAT Nos conseillers sont à votre service pour la gestion et/ou la location une étude personnalisé vous est offerte pour valoriser au mieux

L a Presse Bisontine : Besançon, vil- le de province, est-elle moins tou- chée que d’autres agglomérations par le commerce de la drogue ? Benoît Desferet : Toutes les villes de Fran- ce sont aujourd’hui touchées qu’elles

soient de 5 000 ou de 100 000 habi- tants. Je ne dirais pas que Besançon est moins touchée qu’une autre, ni plus. Il nous arrive parfois dans des affaires de remonter jusqu’à un petit village situé en zone gendarmerie.

le loyer de votre bien immobilier. BESANCON - 03 81 50 40 00

(groupe d’intervention régionale). Le but est de s’attaquer et de déman- teler des réseaux; Ain- si un réseau dont les membranes se déployaient à Montbé- liard et à Belfort a été démantelé fin novembre avec 23 personnes pla- cées en garde à vue. La seconde manière d’opérer est de se rendre dans les lieux grâce à l’appui des données four-

te, donc on retrouve parfois les simples lieutenants à la tête d’un nouveau réseau. L.P.B. : Cannabis, héroïne, cocaïne : lequel de ces produits a la faveur des consommateurs bisontins ? B.D. : On constate que la résine de can- nabis est la drogue la plus usitée à Besançon comme dans l’ensemble du département. La cocaïne revient clai- rement en force. L’héroïne est toujours présente mais au-delà de ces trois drogues, le reste est plutôt écoulé de manière homéopathique. L.P.B. : A combien se négocie un gramme de cocaïne ? B.D. : Environ 50 euros actuellement. L.P.B. : On a compris que Besançon n’est pas Marseille. Mais les armes sont-elles devenues aussi l’apanage des dealers ? Peut-être se baladent-ils avec... B.D. : Il y en a. Il faut faire attention mais ne pas généraliser. On a trouvé lors d’une opération une arme de poing…qui était une carabine à plomb, réplique d’un Beretta. Propos recueillis par E.Ch.

L.P.B. :Dans le quartier de Planoise par exemple, la vente de drogue ressemble parfois à un dri- ve. Les voitures s’arrêtent, les clients achè- tent et repartent. Où est la Police ? B.D. : Pas plus tard que le week-end du 6 et 7 décembre, nous avons interpel- lé un dealer en possession de stupé- fiants et d’argent dans le secteur Ile- de-France. Il ne se passe pas une journée sans que l’on intervienne sur cette pro- blématique de stupéfiants. Il faut y venir, y revenir, et mettre les pieds dans la fourmilière. Le problème est que la demande est là : il ne suffit pas donc pas de mettre des personnes hors d’état de nuire mais bien de revenir régulièrement, car la nature a horreur du vide… L.P.B. : S’il y avait un palmarès des quartiers ou des secteurs de Besançon où trouver de la drogue. Lequel serait-ce ? Planoise en pre- mier ? Les 408 ? Le centre-ville ? B.D. : Tous les endroits. Je ne fais pas de palmarès. Dans le cadre de la lut- te contre les produits stupéfiants, nous menons deux genres de dossiers. Le premier consiste à sortir des affaires au long cours nécessitant parfois l’ap- pui de la police judiciaire ou du G.I.R.

“La cocaïne revient clairement en force.”

nies par les caméras de vidéo-protec- tion. Il n’y a pas de lieux sanctuarisés comme il n’y a pas de zone de non-droit à Besançon. L.P.B. : Combien d’affaires ont été élucidées grâce aux caméras de vidéo-protection à Besançon ? B.D. : Je n’ai pas de chiffres à donner mais elles sont devenues pour nous un élément d’enquête important. L.P.B. :Comment expliquer qu’un réseau déman- telé soit aussi vite remplacé ? B.D. : Je le répète, la demande est for-

Le commissaire divisionnaire Benoît Desferet (à droite) ici sur le terrain est arrivé en 2013 à Besançon après un passage en Picardie.

Vandalisme

Tendance

Les caméras attaquées

Les derniers chiffres de la délinquance

Le quartier plongé dans le noir

Doubs : les faits de

violence augmentent

H ausse des vols avec violence, légère dimi- nution des cambrio- lages en ville et bais- se du sentiment d’insécurité : l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (O.N.D.R.P.) a rendu public mardi 9 décembre son rapport réalisé avec l’I.N.S.E.E. sur l’insécurité ressentie par les Français en 2013. Toujours selon lui, la délinquance est restée, dans l’ensemble, stable en France en 2014. En revanche, les chiffres sont plus contrastés lorsqu’on épluche les résultats par dépar- tements. Le Doubs, certes épar- gné, connaît une recrudescen- ce des faits de violence note le rapport de l’Office sur les crimes et délits enregistrés en 2014. constatés cette année en zone Police. + 7,4 % en zone gendarmerie. Détails. + 26% de faits constatés d’atteintes volontaires à l’intégrité physique ont été

Pour échapper aux caméras de vidéo-protection, des individus court-circuitent les candélabres aux 408, plongeant le quartier dans le noir total. Le commerce illicite peut ainsi perdurer.

L es caméras de vidéo-pro- tection installées par la Ville à Besançon ne connaissent pas toutes le même destin. À Planoise ou aux 408, elles gênent et font l’objet d’un rare acharnement. Incendiées, sciées, dégradées : elles sont aujourd’hui court-circuitées car plongées dans le noir à la Gret- te. Des personnes arrivent en effet à placer des bouts de fer- raille dans les candélabres, ce qui a comme conséquence de court-circuiter toutes les lumières de la rue. Le quartier est ainsi plongé dans le noir. Les camé- ras, qui fonctionnent par réseau filaire (et non en Wi-Fi) sont hors-service. Cet acte de van- dalisme fait à chaque fois l’ob- jet d’un déplacement d’un tech- nicien…quand celui-ci n’est pas caillassé. C’est ce qui est arrivé en septembre dernier (nuit du 29 au 30) lorsque les pompiers sont venus circonscrire le feu sur un poteau supportant une caméra. Deux jours plus tôt, des

individus s’étaient déjà attaqués à ce même poteau en tentant de l’attaquer à la disqueuse. Les pompiers et les policiers ont été victimes de jets de projectiles si bien qu’il a fallu l’intervention de la brigade anti-criminalité. La Police dit élucider de nom- breuses affaires grâce aux camé- ras (celles qui fonctionnent) sans toutefois préciser de chiffres. La mairie a depuis pris desmesures en scellant les poteaux dans du béton. Elle a équipé les poteaux de tiges pour éviter que des per- sonnes montent au mât. Dom- mage que ces prédispositions n’aient pas été prises dès leurs installations, en 2012. Cette caméra de vidéo-protection a été attaquée à plu- sieurs reprises dans le quartier des 408. Depuis, le mât a été scellé dans du béton.

En ville, la délinquance augmente sensiblement selon le rapport de l’observatoire national.

violence est aussi visible (+ 7%) alors que la courbe des actes crapuleux diminue dans cette zone gendarmerie (- 8 %). Des nouvelles plus réjouissantes concernent les atteintes aux biens en zone Police (ville) qui ont diminué de 5,4 % (8 801 faits entre novembre 2013 et octobre 2014 contre 9 300 en 2012-2013). En revanche, les vols ont augmenté en zone gen- darmerie avec 480 faits en plus (+ 7%,soit 6 636 faits entre 2013 et 2014).

Les mauvais chiffres concer- nent les faits de violence sur les personnes qui augmentent. Ainsi, 552 atteintes aux per- sonnes supplémentaires ont été recensées en 2014 en zone police par rapport à l’année précédente, soit une augmen- tation de 26 % avec 2 605 faits enregistrés contre 2 053 un an plus tôt. Pire, les actes dits “crapuleux” explosent (+ 60 %) avec 416 faits contre 258 en zone Police. Dans les secteurs ruraux, l’augmentation de la

Made with FlippingBook flipbook maker