La Presse Bisontine 161 - Janvier 2015

LE GRAND BESANÇON 44

La Presse Bisontine n° 161 - Janvier 2015

ARC-ET-SENANS Patrimoine Saline royale : des travaux pour mieux la protéger Le Département lance d’importants travaux de restauration de trois toitures afin de garantir la pérennité et la sauvegarde de cet édifice inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1982.

À la Saline royale d’Arc-et- Senans, quand un chantier se termine, un autre reprend. “Il faut sans cesse rénover et nous sommes heureux de constater que le Département prend garde à préserver ce patrimoine” témoigne le maire d’Arc- et-Senans Jacques Maurice. Ce n’est heureusement pas à cette localité de 1 428 habitants de supporter finan- cièrement la restauration mais au Département, le propriétaire, qui enga- ge un vaste programme de restaura- tion de trois toitures avec l’appui finan- cier de la D.R.A.C. et du Conseil régional. Dans ce lieu,œuvre magistrale de Clau- de-Nicolas Ledoux inscrite au patri- moine mondial de l’Unesco depuis 1982, des échafaudages cachent les pierres blanches. Ils vont permettre aux entre- prises retenues après appels d’offres de restaurer la première toiture du bâtiment de la Maréchalerie jusqu’à mai 2015. Une seconde phase prendra le relais à partir de mai 2015 (et jus- qu’à mai 2016) pour le bâtiment du “Bernier Est”. Enfin, le troisième et dernier bâtiment dit du “Commis Est” sera totalement remis à neuf entre mai 2016 et mai 2017. Ces opérations d’un coût d’1,9 million d’euros, avec 1 600 heures réservées à l’emploi de personnes dites en inser- tion, permettront de restaurer les char- pentes en bois, les fenêtres de toit, tout en apportant une meilleure isolation. Elles se réalisent avec quelques contraintes que le Département a prises en compte : les bâtiments de la Maré- chalerie, Bernier Est, Commis Est accueillent des salles de restauration et de l’hébergement (gîte et chambres) qui impliquent de ne pas fermer ces espaces durant les périodes commer-

ciales (de mars à octobre). Des contraintes faunistiques ont égale- ment été prises en compte car le site accueille de nombreuses espèces pro- tégées (oiseaux et chauves-souris). Ce chantier, d’envergure, doit rénover mais paradoxalement ne pas tout remettre à neuf pour une simple ques- tion de visuel. On posera donc un pana-

Première phase de travaux pour la Saline royale : la toiture du bâtiment de la Maréchalerie. Fin des opérations en 2017.

chage de tuiles neuves et anciennes. Daniel Blon- dey, directeur du pôle technique, sécurité et exploitation logistique, veille au grain. La Saline, fermée le jour de Noël et de l’An, est le troisième site le plus visi- té de Franche-Comté avec 93 776 habitants derriè- re la Citadelle de Besan- çon et le Dino-Zoo.

1,9 million d’euros de travaux.

Le site est ouvert toute l'année. On peut même y séjourner.

HISTOIRE L’époque où l’on démantelait la Saline pour vendre ses pierres

C lassée Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1982, la Sali- ne Royale d’Arc-et-Senans est le chef-d’œuvre de Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), architecte vision- naire du siècle des Lumières. Manu- facture destinée à la production de sel, la Saline royale a été créée de par la volonté de Louis XV et construi- te entre 1775 et 1779, soit 10 ans

avant la Révolution Française.À cet- te époque, le sel était utilisé notam- ment pour la conservation des ali- ments, la fabrication du verre et de l’argenterie, l’agriculture et la méde- cine. L’État prélevait sur sa vente une lourde taxe impopulaire, la gabel- le, qui alimentait en grande partie les caisses de l’État. La Saline Royale fonctionnait com-

me une usine intégrée où vivait presque toute la communauté du tra- vail. Construite en forme d’arc de cercle, elle abritait lieux d’habitation et de production, soit 11 bâtiments en tout. Le processus de fabrication du sel était particulièrement com- pliqué si l’on tient compte du fait que la matière première se trouvait à une vingtaine de kilomètres d’Arc-et- Senans. Partant du principe qu’il était plus facile de “faire voyager l’eau que de voiturer la forêt”, des canalisations souterraines en bois permettaient de faire venir la sau- mure (eau salée) depuis son lieu d’extraction, Salins. Quant au com- bustible nécessaire à sa cuisson, on le trouvait en périphérie, dans la forêt de Chaux, plus grande de France à cette époque. Une fois acheminée sur place, la saumure était chauffée dans des grandes poêles pour procéder à l’évaporation de l’eau. Le sel ainsi recueilli était vendu en grains ou moulé en pains selon sa destination. Rendue obsolète par l’apparition de nouvelles technologies, la Saline roya- le a fermé ses portes en 1895.

“Au début du XX ème siècle, les habitants venaient chercher les pierres” explique le maire

d’Arc-et-Senans Jacques Maurice.

Abandonnée, pillée, endommagée par un incendie en 1918, on commençait même à faire le commerce de ses pierres, lorsqu’en 1927, le Départe- ment du Doubs en a fait l’acquisition la sauvant ainsi de la ruine. Trois campagnes de restauration succes- sives achevées en 1996 par le réamé- nagement des espaces verts, lui redon- nèrent son éclat.

La Saline version authen- tique.

C’est le troisième site le plus visité en Franche-Comté.

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