La Presse Bisontine 161 - Janvier 2015

BESANÇON 12

La Presse Bisontine n° 161 - Janvier 2015

L ’ H u m e u r

SOCIAL

Un rapprochement territorial

L’A.D.D.S.E.A. mutualise

C’ est samedi soir à “Besac”. Une bande d’amis, quelques verres, ils décident de “descendre” en ville. Pas en tram parce qu’à 1 heure du mat’, il n’y en a plus. Vas- y pour le taxi. C’est 13 euros pour arriver devant le bar le Brys- tol avenue Édouard-Droz mais ça fait toujours classe d’être déposé devant la porte d’entrée pendant que d’autres se gèlent bras nus. Vient une interrogation. Vont-ils pouvoir rentrer ? Quatre mecs en mode B.G. (beau gosse), deux filles apprêtées, ça passe. Sauf que l’un d’eux se prénomme Mounir… Pour- quoi serait-il refoulé ? Belle veste en cuir, petite écharpe, pla- ce de directeur d’une moyenne surface en banlieue lyonnaise, ce Français (d’origine tunisienne) fête la naissance de sa niè- ceAdèle, un joli poupon de 3,4 kg né le 5 décembre. Alors que les amis rentrent, Mounir, lui, reste dehors. “Tu rentres pas” lui dit le videur du Brystol. Tout s’écroule. Se faire refouler à l’entrée d’une boîte par un mauvais videur est une épreuve ter- rible…Une insulte à son ego et un camouflet pour le V.I.P. qui sommeille en soi. Mais le sentiment d’exclusion est encore plus dur lorsque le pote blanc passe et pas l’autre. Du coup, Mounir tente quand même la stratégie de négociation. D’explications, il n’a pas eu. Ce n’est pas pour autant qu’il eut recours à la perte de sang-froid. Mounir et ses amis sont partis plus loin… Sa gueule est reve- nue aux videurs du Still, bien plus accueillants. La bande a pu arroser la naissance d’Adèle. Avec le sourire… et dans le calme. Délit de sale gueule

ses services à Planoise

Trois services, soit 80 salariés, ont été transférés dans les nouveaux locaux de l’A.D.D.S.E.A. situés au 4, rue Bertrand-Russel, dans les anciens locaux de France Télécom. Entretien avec Sylvain Donnet, directeur général de l’A.D.D.S.E.A. du Doubs.

L a Presse Bisontine : Dans quel contexte s’inscrit ce déménagement ? Sylvain Donnet : Au départ, l’A.D.D.S.E.A. suit l’évolution des politiques sociales qui visent à décloisonner et à renfor- cer les liens entre différents disposi- tifs existants sur les territoires, en l’occurrence Besançon et ceci au ser- vice de l’usager. Fort de ce principe qui s’inscrit dans la loi de 2007, l’A.D.D.S.E.A. a réfléchi sur la maniè-

re d’accompagner cette évolution des politiques sociales. Concrètement, cela se traduit par le rapprochement phy- sique des services de façon à fluidifier l’information et les modalités d’accueil du public. En regroupant, on mutua- lise aussi les coûts d’infrastructures si bien, qu’au final, on augmente l’efficience du service rendu.

ce transfert ? S.D. : On va pouvoir répondre aux besoins de différents publics. Le site regroupe le pôle hébergement-logement de l’A.D.D.S.E.A. On a aussi le Centre d’Accueil pour les Demandeurs d’Asile ou C.A.D.A. qui s’adresse aux migrants. Le public qui bénéficie d’un soutien éducatif pourra se rendre à Planoise où se trouvent les services de milieu ouvert. Ce sont 80 salariés qui sont désormais installés au 4, rue Bertrand- Russel.À titre indicatif, on reçoit entre 2 500 et 3 000 bénéficiaires par an. L.P.B. : Et pourquoi Planoise ? S.D. : Cela relève d’une volonté d’aller au plus près des publics. Le site de Pla- noise a l’avantage d’être facilement accessible en tramway ou en bus. L.P.B. : Vous disposez de quelle surface ? S.D. : Les locaux de l’A.D.D.S.E.A. occu- pent 1 300 m 2 sur deux niveaux. L.P.B. : C’est l’aboutissement d’un pro- jet de longue haleine ? S.D. : On travaille depuis deux ans sur ce rapprochement. C’était assez com- pliqué de trouver le bien adéquat. Ces locaux sont plus vastes qu’on ne pou-

L.P.B. : Quels sont les services concernés par

“Le rapproche- ment des dispositifs sur le même site améliore au final la qualité de la prise en charge”, souligne

locaux plus spacieux favorise non seu- lement la transversalité mais aussi les conditions de travail. On espère aussi un retour sur investissement. Même si on reste locataire, cela va per- mettre demutualiser un certain nombre de coûts, notamment dans le fonc- tionnement des pôles. Propos recueillis par F.C.

vait l’espérer. Cela représente une bel- le opportunité qui nous a permis d’être plus ambitieux dans la mutualisation. Ce transfert répond aussi aux attentes de nos partenaires financiers. L.P.B. : Finalement, chacun s’y retrouve, le public comme les salariés ? S.D. : Le regroupement combiné aux

Sylvain Donnet.

TOURISME Le recrutement d’un nouveau directeur La Ville reprend la main sur la Citadelle Après être passée d’une société d’économie mixte (S.E.M.) à un établissement public, la Citadelle s’apprête à redevenir un service municipal comme un autre. Le directeur actuel s’en va fin décembre.

N ouvelle remise à plat complète pour la Cita- delle, le phare touris- tique de Besançon qui aura pourtant fait cette année, avec 280 000 entrées à fin novembre, une des meilleures saisons de son histoire. Et pour- tant, laVille de Besançon a déci- dé de reprendre les affaires de la Citadelle enmain et de remu- nicipaliser intégralement le site, cinq ans après un premier chan- gement de statut. En 2009, la Citadelle était pas- sée d’une société d’économiemix- te (S.E.M.) à un établissement public. L’ancien directeur de la S.E.M. Philippe Mathieu avait quitté la Citadelle pour d’autres cieux plus cléments à Brest où il est à la tête d’une des plus grosses S.E.M. de France. Le passage en établissement public tait censé redonner de la cohé- rence à la gestion de la Cita- delle. Un établissement public (E.P.) est une personne morale de droit public disposant d’une autonomie administrative et financière pour remplir unemis- sion d’intérêt général sous le contrôle de la collectivité publique

dont il dépend. Il dispose donc d’une certaine souplesse, même s’il est moins autonome qu’une S.E.M. Les élus bisontins ont appa- remment jugé que la Citadelle disposait encore de trop d’autonomie et viennent de voter pour la transformation de l’E.P. en régie municipale, comme l’est par exemple lemusée des beaux- arts de Besançon. Une manière pour laVille – et surtout le mai- re dit-on en coulisses – de remettre complètement la main sur la destinée du lieu touris- tique. Conséquence collatérale à ce changement : le contrat de l’actuel directeur Patrick Porte

Si la Ville souhaite reprendre la main sur la Citadelle, c’est aussi pour réaliser des écono- mies. Pour couvrir le budget glo- bal annuel de la Citadelle (5,5 millions d’euros), laVille appor- te 60% en subventions. Les éco- nomies se feront en premier lieu sur le poste de directeur “qui devrait coûter deux fois moins. Un recrutement en interne est en cours. Patrick Porte était un bon expert issu du ministère de la Culture, il n’a sans doute pas été le manager d’équipes et de projets que l’on était en droit d’attendre. On n’a pas eu la plus- value qu’on attendait” commente ThierryMorton, l’adjoint au tou- risme. “Ce passage en régie faci- litera aussi énormément la ges- tion, poursuit l’élu : les ressources humaines seront mutualisées et tout le personnel sera munici- pal, il n’y aura plus de statuts différents. Les économies se feront dans la gestion au profit du finan- cement des projets.” Sur le plan politique, certains élus bison- tins craignaient aussi que ce sta- tut d’établissement public soit un premier pas vers une priva- tisation totale du site. Cette

Patrick Porte ne sera resté que deux petites années en tant que directeur de la Citadelle (photo archive L.P.B.).

remunicipalisation va les ras- surer. Avec la suppression de l’établissement public, la Cita- delle n’aura plus, de fait, de conseil d’administration propre. Une manière là encore pour le maire de reprendre lamain com- plètement sur le site. Car en l’absence d’un conseil d’administration spécifique, “une instance de concertation et de validation des projets sera mise en place pour poursuivre la col- laboration entre l’ensemble des partenaires présents au conseil d’administration actuel” indique laVille. Ce Conseil Scientifique et Technique de la Citadelle sera

présidé par... le maire de Besan- çon. “L’ensemble des projets et des programmes d’action du site lui seront soumis pour valida- tion avant présentation en com- mission et en conseil municipal et mise en œuvre par la nouvel- le direction” ajoute la Ville. La Citadelle, pour laquelle l’actuel maire de Besançon s’implique depuis plusieurs décennies, quand il n’était qu’un simple adjoint,sera donc plus que jamais sous sa protection. “Le maire considère ce site comme à lui. Il a toujours considéré qu’il était le seul vrai directeur de la Cita- delle depuis toujours et pour tou- jours. Il se mêle de tout à la Cita-

delle. Il en arrive même à choi- sir la couleur d’un chapiteau quand il y a une expo. Quand un visiteur remarque qu’un lion souffre d’une petite blessure, le maire est au courant avant même le personnel de la Citadelle !” note un habitué des lieux. Les détracteurs de ce change- ment de statut disent qu’il est symptomatique d’un maire qui à l’occasion de son dernier man- dat, souhaite “tout resserrer autour de lui. Vous avez remar- qué, il n’y a même plus d’adjoint à la communication dans la nou- velle municipalité...”

est rompu. Ce dernier, arrivé il y a à peine deux ans, ne met d’ailleurs plus les pieds à la Cita- delle depuis octobre, il occupe un provisoire pos- te de “conseiller culturel” à lamai- rie, il est toujours payé comme un directeur.

“Le maire considère ce site comme à lui.”

J.-F.H.

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